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Journal Identification = PNV Article Identification = 0430 Date: December 4, 2013 Time: 10:48 am
S. Cabillic, et al.
psychomotrice [4]. Le risque de déclin fonctionnel est non
négligeable et impacte la qualité de vie, compte tenu de la
restriction dans les activités habituelles [5]. Les personnes
âgées présentant des chutes à répétition vont être insti-
tutionnalisées dans 40 % des cas dans les 2 ans [3, 6].
On admet que 25 à 30 % des personnes de plus de 65
ans vivant à domicile vont subir une chute dans l’année
[7]. L’incidence est doublée pour les personnes résidant
en institution. Chez les personnes âgées de 65 ans et plus,
les chutes représentent 84 % des accidents de la vie cou-
rante et celles motivant un recours aux urgences ont une
incidence annuelle estimée à 4,5 % [8]. Cette fréquence éle-
vée a donc des conséquences médico-économiques. Des
études récentes ont montré que le cout moyen lié à la chute
était de 11 400 dollars au Canada et de 11 000 dollars aux
États-Unis [9, 10]. Face à ce problème majeur de santé
publique, il importe de mettre en place des mesures de
prévention.
Les chutes constituent le premier motif de consulta-
tion aux urgences pour les plus de 75 ans avec de 10 à
22 % des motifs d’admissions [11, 12]. La fréquence de la
récidive, associée au vieillissement de la population devrait
encore accroître l’afflux aux urgences dans les années à
venir. De plus, la consultation pour chute est longue car
elle implique le diagnostic des complications traumatiques
et l’identification des facteurs de risque dans un temps
réduit. Pourtant, peu d’études se sont intéressées à la qua-
lité de la prise en charge et de l’orientation à l’issue de la
consultation aux urgences. À notre connaissance, il n’existe
ainsi pas de protocole validé ou de recommandations spé-
cifiques pour les urgences. Baraff et al. ont étudié en 1997
l’intérêt de la sensibilisation des soignants des urgences à
la problématique de la chute et ses facteurs de risque [13].
Le protocole a permis d’obtenir une meilleure documen-
tation de la chute, une augmentation des diagnostics de
syncope, d’accident vasculaire cérébral et une plus grande
fréquence de supplémentation en vitamine D. Malheureu-
sement, cette étude n’a pas mis en évidence de diminution
du risque de récidive de chute, probablement parce que
le suivi des recommandations n’a pas pu être contrôlé.
En France, des recommandations de bonne pratique sur la
prise en charge des chuteurs récidivants de plus de 65 ans
ont été éditées en 2009 par la Haute autorité de santé (HAS)
[14]. Elles préconisent la recherche de facteurs de risque de
chute grave, des facteurs précipitants et l’instauration de
mesures de prévention. Les recommandations de la HAS
sont destinées à un public large (médecins généralistes,
gériatres, rééducateurs) et ne semblent pas avoir été tes-
tées dans les services d’urgences. Les recommandations
des sociétés de gériatrie américaine et anglaise émises
en 2011, concernent les personnes âgées consultant leur
médecin traitant pour des chutes récidivantes ou admis aux
urgences pour une première chute [15].
L’objectif principal de notre étude a été de réaliser un
audit pour apprécier si la consultation aux urgences des
patients non hospitalisés donnait lieu à une recherche de
facteurs de risque de chute conforme aux recommanda-
tions de la HAS [14], des sociétés de gériatrie américaine
et anglaise (American geriatrics society, British geriatrics
society) [15] et aux indicateurs de bonnes pratiques aux
Etats-Unis (Assessing care of vulnerable elders : Acove
3) [16], avant l’application d’un programme de sensibili-
sation et de formation des équipes. L’objectif secondaire
de l’étude a consisté à analyser les associations entre le
recours à l’évaluation gériatrique et la recherche de facteurs
de risque de chute.
Méthodes
Type d’étude
Il s’agit d’une étude observationnelle descriptive rétros-
pective multicentrique portant sur les personnes âgées de
plus de 75 ans ayant consulté aux urgences pour une chute
involontaire, d’avril à octobre 2010. Conformément à la litté-
rature, la chute a été définie comme le fait de se retrouver
involontairement au sol ou dans une position inférieure à sa
position de départ [17].
L’étude s’intègre dans la phase initiale d’un pro-
gramme d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP)
et d’amélioration de la qualité des soins aux personnes
âgées consultant pour chute aux urgences, mis en place
en 2010 par le Réseau nord alpin des urgences (Renau).
Le Renau, dont les missions sont l’homogénéisation des
pratiques et l’organisation des filières de prise en charge,
regroupe les services d’urgences des départements de la
Savoie, la Haute-Savoie et l’Isère. L’hypothèse était que
la prise en charge des sujets âgés chuteurs aux urgences
pouvait être améliorée en sensibilisant le personnel para-
médical et médical au dépistage des facteurs de risque de
chute, de récidive et de complication ultérieure.
Population d’étude
Toutes les personnes de 75 ans ou plus dont la chute
était le motif principal d’admission (chute, chutes répéti-
tives, bilan de chute, malaise avec chute) aux urgences ont
été incluses, à l’exception de celles ne résidant pas sur le
territoire couvert par le réseau nord-alpin des urgences. Les
13 centres de l’arc alpin ayant participé à l’inclusion sont :
Aix-les-Bains, Annecy, Annemasse-Bonneville, Albertville-
Moutiers, Brianc¸on, Chambéry, Echirolles les cèdres,
352 Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 11, n ◦4, décembre 2013
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