La Lettre du Neurologue - n° 3 - vol. II - juin 1998 135
être utilisée dans les dysphonies spasmodiques en abduction
avec injection dans le muscle crico-aryténoïde postérieur. Les
résultats obtenus sont habituellement d’une qualité moindre.
Les effets secondaires le plus souvent observés sont une hypo-
phonie transitoire et parfois une dysphagie.
4. Dystonies oro-mandibulaires (8) :Les dystonies en fermetu-
re responsables d’une occlusion plus ou moins complète de la
cavité buccale répondent bien à une injection de toxine dans les
muscles masséters à une dose comprise entre 25 et 75 U de
Botox®par muscle. Les dystonies en ouverture sont d’un trai-
tement plus difficile à cause du risque de troubles de la dégluti-
tion provoqués par les injections de toxine dans les muscles sus-
hyoïdiens. Certains proposent l’injection des muscles ptérigoï-
diens internes.
5. Autres dystonies : En fonction des caractéristiques d’une dys-
tonie focale, ou bien du fait d’une gêne spécifique observée
dans le cadre d’une dystonie généralisée, il est possible d’effec-
tuer des injections de toxine botulique dans d’autres muscles,
par exemple dans le muscle de l’épaule en cas de dystonie pré-
dominant sur la racine d’un membre ou dans le muscle grand
pectoral lors de mouvements dystoniques provoquant une
adduction-rotation interne du bras, etc.
• Autres mouvements anormaux : La toxine botulique a été
essayée dans le traitement de nombreux mouvements anormaux
avec une efficacité variable. Seules certaines équipes spéciali-
sées et très habituées au maniement de la toxine l’utilisent dans
ces indications. La toxine a également été utilisée pour traiter
les tremblements de la voix, de la tête et des membres supé-
rieurs (essentiel, cérébelleux). Des résultats intéressants ont été
obtenus pour traiter certains tics moteurs. Les dyskinésies
bucco-faciales post-neuroleptiques peuvent être améliorées par
la toxine.
• Spasticité : Depuis le début des années 90, de nombreux tra-
vaux ont montré tout l’intérêt que pouvait apporter la toxine
botulique de type A dans le traitement des spasticités de l’adul-
te et de l’enfant.
Chez l’adulte (9), l’efficacité de la toxine botulique A a été
démontrée dans la sclérose en plaques, les accidents vasculaires
cérébraux et les traumatismes crâniens. La plupart des travaux
ont été effectués en cas de spasticité des membres inférieurs
avec injection de toxine dans les muscles adducteurs des
cuisses. Les résultats montrent une diminution de la spasticité
facilitant le nursing. En revanche, l’amélioration des scores
fonctionnels et de la qualité de vie est encore discutée. La toxi-
ne donne des résultats remarquables dans le traitement des spas-
ticités distales, par exemple lors d’un équinisme gênant la
marche. Les résultats sont d’autant meilleurs qu’il n’y a pas de
rétraction tendineuse. L’intérêt de la toxine botulique dans le
traitement de la spasticité du membre supérieur est plus discuté,
car si la toxine peut entraîner une diminution de la spasticité,
elle n’améliore que très partiellement la fonction motrice. La
toxine peut, néanmoins, être utilisée en cas de spasticité digita-
le importante responsable d’une attitude vicieuse à l’origine de
blessures (hyperflexion des doigts et du pouce blessant la face
palmaire de la main, etc.). Les résultats sont d’autant meilleurs
que la toxine est injectée tôt, c’est-à-dire dès l’installation de la
spasticité.
Actuellement, des études sont en cours afin de déterminer
exactement la place de l’utilisation de la toxine botulique
d’une part dans le traitement de la spasticité de l’adulte, et
d’autre part concernant son effet sur l’amélioration de la
qualité de vie. En effet, ces traitements sont contraignants
(injections répétées) et particulièrement onéreux du fait du
coût de la toxine, les doses injectées étant élevées dans les
muscles de gros volume (100 à 300 U de Botox®, 500 à
1500 U de Dysport®).
La toxine botulique a également montré une efficacité remar-
quable dans le traitement de l’infirmité motrice cérébrale
(paraplégie, hémiplégie spastique) (10). Les injections sont
surtout réalisées dans la musculature du membre inférieur,
soit dans les muscles de la jambe pour diminuer l’équinisme,
soit dans les muscles adducteurs de la cuisse. Les doses de
toxine utilisées sont souvent importantes, variables selon le
type de muscle injecté. La plupart des études montre une
amélioration de la marche, les résultats étant d’autant
meilleurs que les injections sont faites avant l’âge de six ans.
Là encore, d’autres travaux doivent être réalisés afin de déter-
miner la place exacte de l’utilisation de la toxine botulique
chez l’enfant. La toxine botulique devrait permettre de retarder
de plusieurs années la chirurgie et ainsi d’éviter la multiplicité
Applications en neurologie de la toxine botulique
• Dystonies focales
• Blépharospasme
• Dystonie cervicale
• Dystonie oromandibulaire
• Dysphonie spasmodique
• Dystonies de fonction
(crampe de l’écrivain, du musicien, etc.)
• Dystonies focales secondaires (L-dopa, neuroleptiques)
• Autres mouvements anormaux
• Tremblements de la voix, tête, membres
• Myoclonies du voile du palais
• Spasme hémifacial
• Tics
• Autres applications
• Spasticité
• Nystagmus
• Myokimies
• Bruxisme
• Hypertrophie massétérine
• Vessie neurogène