déchirement s’opère entre un jeune agriculteur qui veut cultiver selon de nouvelles
méthodes de production, plus respectueuses de l’environnement, ou qui veut
développer une production qui est destinée à des consommateurs spécifiques,
comme celle de la viande halal, et un homme d’un âge plus avancé qui est attaché à
une agriculture productiviste et intensive, qui rappelle celle développée au XXe siècle
dans de nombreux pays, et qui ne prend en compte que l’accroissement de la
productivité dans l’unique but de faire du profit. On assiste donc au déchirement
d’un homme d’une nouvelle génération qui tente de ne pas faire les mêmes erreurs
que ses aînés en s’empêtrant pleinement dans le système capitaliste de l’agriculture
moderne. D’ailleurs, si la pièce n’est pas engagée, à proprement parler, elle pose
toutefois le problème d’un corps de métier qui traverse une vraie crise humaine et
économique depuis le début du XXIe siècle et qui peine à se faire entendre.
D’ailleurs, le spectateur est violemment “jeté” d’emblée dans l’univers de tension qui
règne pour les agriculteurs, métier peu rémunéré, difficile à soutenir physiquement
et psychologiquement sur le long terme, qui dépend des aléas de la nature et qui est
bien souvent soumis à de grands groupes alimentaires. La scène d’exposition est en
effet une scène d’insultes entre Davy et son parrain, qui mêle les cris et la violence
presque physique. Voilà qui déstabilise et agresse le spectateur : celui-ci n’est
clairement pas dans sa zone de confort. Cette tension permet de résumer plusieurs
années de leur vie en quelques minutes seulement. Cette scène d’exposition permet
de placer le spectateur directement dans les conditions ténébreuses de la pièce, ce qui
favorise par la suite l’arrivée de la sorcellerie.
La grosse heure et demie se déroule très vite tant l’intrigue est dense et les
rebondissements fréquents. En effet, cette pièce a tout d’une pièce contemporaine à
mi-chemin entre théâtre et cinéma : même si le plateau est entièrement nu et les
décors très rares, exceptée une table et quelques chaises, en son centre. ce sont les
uniques accessoires de la pièce qui représentent le centre de l’intrigue, là où la
sorcellerie est la plus puissante. Les acteurs tournent donc autour de ce meuble, sans