Université PARIS-SORBONNE Master Sciences humaines et sociales Mention Philosophie Spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie Responsable de la spécialité : M. le Professeur Vincent CARRAUD Année universitaire 2016-2017 __________________________________________________________________________________ Équipe de formation Thomas AUFFRET, maître de conférences, histoire de la philosophie antique Vincent CARRAUD, professeur, histoire de la philosophie moderne Emmanuel CATTIN, professeur, métaphysique et idéalisme allemand Fabien CHAREIX, maître de conférences, philosophie et histoire des sciences (en mission à l’Etranger) François CHENET, professeur, philosophie indienne et philosophie comparée Jean-Louis CHRETIEN, professeur, histoire de la philosophie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge Claire CRIGNON, maître de conférences habilitée, histoire de la philosophie moderne Raphaël EHRSAM, maître de conférences, histoire de la philosophie allemande Suzanne HUSSON, maître de conférences, histoire de la philosophie antique Elise MARROU, prag, docteur en philosophie, philosophie générale Pasquale PORRO, professeur, histoire de la philosophie médiévale Dominique PRADELLE, professeur, histoire de la philosophie contemporaine Laurence RENAULT, maître de conférences, histoire de la philosophie moderne (en délégation à PSUAD) Marwan RASHED, professeur, histoire de la philosophie ancienne et de la philosophie arabe Claude ROMANO, maître de conférences habilité, métaphysique Jacob SCHMUTZ, maître de conférences, histoire de la philosophie médiévale L’équipe de formation comprend en outre des professeurs et des directeurs de recherche d’autres établissements d’enseignement supérieur et des universitaires étrangers associés. -1- Attendus et objectifs de la formation L’histoire de la philosophie, dans ses différentes langues et traditions, impose à la philosophie ses arguments et ses problèmes. L’objectif de cette formation est de permettre aux étudiants de se former aux arguments et aux problèmes par leur compréhension intrinsèque mais aussi par l’accès à leur histoire, par l’étude des différents types de textes et de corpus au moyen desquels, selon des enjeux variables, cette histoire s’est faite et continue de se faire. Cette spécialité s’étend des présocratiques à la philosophie contemporaine, selon une quadruple périodisation : Antiquité (jusqu’à la philosophie du Haut Moyen-Age), Moyen-Age, philosophie moderne, philosophie contemporaine. Cet empan rend la formation sensible à l’évolution sur un temps long des problématiques philosophiques ainsi qu’à la diversité des méthodes, jusqu’à la phénoménologie, l’herméneutique et la philosophie analytique. Un enseignement de philosophie indienne et comparée permet d’ouvrir l’horizon des étudiants intéressés en direction de traditions philosophiques non-occidentales, tout en soulignant l’influence de ces traditions sur les pensées philosophiques classiques. Au cours des deux années du Master, la formation progresse en allant de l’approfondissement des acquis en philosophie générale et en histoire de la philosophie à l’initiation aux méthodes et aux objets contemporains de la recherche en histoire de la philosophie. Elle se fait notamment en préparant un mémoire qui constitue la trame principale de la seconde année du Master. Offre de formation La formation comprend trois grands types d’enseignements qui sont constitutivement articulés : 1) Deux cours de tronc commun, en Master 1 uniquement. Le premier est composé de deux semestres d’enseignement, chaque semestre portant sur une thématique de la spécialité. Une notion, un couple de notions, une question relevant de la tradition philosophique et en particulier de l’histoire de la métaphysique sont suivis dans leur évolution, leur invariance, leur structure. L’objectif est de parfaire et d’approfondir la connaissance des grandes questions philosophiques, de donner les moyens de ressaisir chacune dans son horizon et ses attendus propres. Le second, composé de deux semestres également, est un cours de méthodologie de l’histoire de la philosophie, qu’accompagne un TD. L’objectif de cet enseignement de deux semestres également est de procurer une formation aux techniques et outils philologiques, historiographiques, bibliographiques et informatiques nécessaires à la rédaction des mémoires. 2) Les TD de lecture de textes philosophiques en langue étrangère (grec, latin, allemand, anglais). Il ne s’agit pas de cours d’apprentissage de ces langues, mais de véritables lectures de textes philosophiques dans leur langue originale, traduits et commentés, qui requièrent donc un bon niveau de langue. Le TD peut être lui-même, le cas échéant, enseigné dans la langue concernée (allemand, anglais). Les textes étudiés sont parfois accessibles en français, comme ils peuvent faire l’objet d’une traduction inédite. Dans certains cas, une articulation avec les thèmes des séminaires permet aux étudiants une approche plus complète des auteurs. Ces TD sont communs aux deux années du Master. L’objectif de ces TD d’1h30 hebdomadaire est d’offrir aux étudiants, au terme des deux années, une approche autant que possible indépendante des traductions des œuvres des auteurs étudiés en langue étrangère. 3) Des séminaires de recherche. Neuf séminaires (huit en M2) qui se rapportent aux différentes spécialités sont proposés : philosophie antique, philosophie de l’antiquité tardive et du Haut Moyen-Age, philosophie arabe, philosophie médiévale, philosophie moderne, philosophie contemporaine (deux séminaires annuels au choix), métaphysique et idéalisme allemand, philosophie indienne et comparée. Les séminaires sont consacrés à l’étude et à l’interprétation des textes majeurs de l’histoire de la philosophie. Dans le cadre de ces séminaires, diverses formes d’enseignement se complètent : cours magistral, -2- travail en commun, discussions. Des exposés d’étudiants avancés, de doctorants et d’invités extérieurs permettent aux participants de prendre connaissance des différents aspects de la pratique de la recherche scientifique. La validation des séminaires de Master 1 peut prendre la forme de la rédaction d’un petit mémoire, d’un examen oral ou d’examens écrit ; en Master 2, le séminaire principal donne lieu à la rédaction d’un mémoire plus ambitieux. Ces travaux représentent un premier exercice de rédaction d’une étude scientifique et permettent de se familiariser avec les méthodes d’analyse et d’exégèse des textes philosophiques. En première année (M1), les enseignements obligatoires comportent donc : 1) Un tronc commun constitué de deux éléments : – deux cours magistraux portant sur les thématiques de la spécialité, – deux cours magistraux et deux TD d’initiation aux méthodes de la recherche. 2 ) Un TD de langue étrangère et de lecture de textes philosophiques. 3) Trois séminaires : – Un premier, choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie, définit en principe l’orientation de l’étudiant pour l’ensemble de son Master. – Un deuxième séminaire, lui aussi choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la Philosophie, métaphysique, phénoménologie. – Un troisième séminaire, choisi dans la même liste des séminaires spécifiques de la spécialité, ou bien parmi les séminaires de même niveau offerts dans les autres spécialités de la mention Philosophie de l’Université Paris-Sorbonne, ou encore dans certaines autres mentions délivrées à l’Université de Paris-Sorbonne. En seconde année (M2), l’étudiant rédige un mémoire, un TD de langue étrangère et de lecture de textes philosophiques et suit quatre séminaires : – Le premier séminaire est obligatoirement celui du professeur qui dirige le mémoire. – Le deuxième séminaire est lui aussi choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie. – Le troisième séminaire est ou bien un séminaire également choisi dans la liste des séminaires spécifiques de la spécialité Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie, ou bien un séminaire d’une autre spécialité de la mention Philosophie de Paris-Sorbonne (Philosophie politique et éthique ; esthétique et philosophie de l’art ; Lophisc : Logique, philosophie des sciences, philosophie de la connaissance) ou bien enfin un séminaire d’autres mentions de Paris-Sorbonne ou aussi un séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre établissement d’enseignement supérieur reconnu par le Master Histoire de la philosophie, métaphysique, phénoménologie (Paris I, Paris X, École Pratique des Hautes Études, ENS, ENSLSH). – Le quatrième séminaire (UE 6) n’est pas nécessairement un « séminaire » : il implique d’assister, au moins deux fois par semestre, à un séminaire, à une conférence, à une journée d’études ou à un colloque, qui soient organisés par l’ED V, l’équipe de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité (EA 3552, dir. Vincent Carraud), le Centre de recherche sur la pensée antique Léon Robin (UMR 8061, dir. Jean-Baptiste Gourinat) ou par une autre équipe de recherche, en accord avec le directeur de mémoire (par exemple les Archives Husserl, ENS, dir. Dominique Pradelle). La simple présence, dûment attestée, suffit à valider l’UE 6. Il est vivement recommandé aux étudiants de prendre l’avis du professeur directeur du mémoire principal pour s’orienter dans le choix des autres séminaires en fonction de leurs objectifs de formation à la recherche. -3- Maquette des enseignements M1 : schéma commun aux deux semestres S1 et S2 ects Intitulé des UE CM semaine CM semestre 3 UE1 Cours de tronc commun 1 Cours portant sur une des thématiques de la spécialité UE2 Cours de tronc commun 2 Méthodologie de l’histoire de la philosophie UE3 TD lié au CTC 2 1,5 29,25 Écrit oral ou 1,5 29,25 Écrit oral ou Écrit oral Écrit oral ou 3 3 3 6 UE4 Textes philosophiques en langue étrangère (grec, latin, anglais, allemand) UE5 Séminaire 1* 1,5 29,25 6 UE6 Séminaire 2** 1,5 29,25 6 UE7 Séminaire 3*** 1,5 29,25 7,5 146,25 30 TD semaine TD semestre 1,5 19,5 1,5 19,5 MCC ou Oral, écrit ou petit mémoire Oral, écrit ou petit mémoire Oral, écrit ou petit mémoire 3 39 * À choisir dans la liste : Histoire de la philosophie antique (Alexandra MICHALEWSKI et Thomas AUFFRET) Histoire de la philosophie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge (Jean-Louis CHRETIEN) Histoire de la philosophie arabe (Pauline KOETSCHET et Marwan RASHED) Histoire de la philosophie du Moyen Âge (Pasquale PORRO et Jacob SCHMUTZ) Histoire de la philosophie moderne (Vincent CARRAUD et Claire CRIGNON) Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel CATTIN) Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique PRADELLE et Claude ROMANO) Philosophie indienne et comparée (François CHENET) ** À choisir dans la liste * ci-dessus. *** À choisir dans la liste * ci-dessus ou parmi les séminaires de même niveau offerts dans les autres spécialités de la mention Philosophie de l’Université Paris-Sorbonne ou parmi d’autres mentions délivrées à Paris-Sorbonne. -4- M2 : schéma commun aux deux semestres ects Intitulé des UE CM semaine CM semestre 6 UE1 Séminaire 1* 1,5 29,25 5 UE2 Séminaire 2* 1,5 29,25 5 UE3 Séminaire 3** 1,5 29,25 4 UE4 Textes philosophiques en langue étrangère (grec, latin, anglais, allemand) UE5 Projet de mémoire lié à l’UE1 UE6 Séminaire adossé à l’EA 3552 ou à l’UMR Léon Robin ou à un autre séminaire S3 et S4 8 2 30 TD semaine 1,5 TD semestre 19,5 MCC Ecrit, oral ou petit mémoire Écrit, oral ou petit mémoire Ecrit, oral ou petit mémoire Ecrit ou oral Écrit 12 4,5 87,75 1,5 Présence 31,5 * À choisir dans la liste : Histoire de la philosophie ancienne (Suzanne HUSSON et Marwan RASHED) Histoire de la philosophie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge (Jean-Louis CHRETIEN) Histoire de la philosophie arabe (Lucile El HACHIMI et Marwan RASHED) Histoire de la philosophie médiévale (Pasquale PORRO et Jacob SCHMUTZ) Histoire de la philosophie moderne (Vincent CARRAUD) Métaphysique et idéalisme allemand (Emmanuel CATTIN) Histoire de la philosophie contemporaine (Dominique PRADELLE) Philosophie indienne et comparée (François CHENET) ** Au choix : Un des séminaires de la liste * ci-dessus ; Un séminaire d’une autre spécialité de la mention Philosophie de Paris-Sorbonne ; Un séminaire d’une autre mention de Paris-Sorbonne (avec l’accord du directeur de mémoire) ; Un séminaire d’histoire de la philosophie ou de métaphysique d’un autre établissement (sous réserve de conventions interuniversitaires, à vérifier lors des inscriptions pédagogiques) : – Université Paris I Panthéon-Sorbonne (J. BENOIST, Ph. BÜTTGEN, R. BARBARAS, D. KAMBOUCHNER, J.-F. KERVEGAN) ; – Université Paris X (C. BERNER, P. HAMOU) ; – École Pratique des Hautes Études, Ve section (O. BOULNOIS, J. BRUMBERG-CHAUMONT, C. GRELLARD, Ph. HOFFMANN, I. ROSIER-CATACH) ; – École Normale Supérieure (D. ARBIB, D. COHEN-LEVINAS, F. WORMS) ; – en philosophie indienne et comparée, les étudiants ont la possibilité de choisir pour leur troisième séminaire un séminaire d’études indiennes classiques à l’Université Paris III – La Sorbonne Nouvelle ou à l’École Pratique des Hautes Études, Ve section. -5- Inscriptions et contrôle des connaissances Lors des inscriptions pédagogiques, nécessaires pour passer les examens et, par conséquent, pouvoir obtenir UE du master, les étudiants ont le choix entre une inscription en régime de contrôle continu et une inscription en régime de « dispense d’assiduité ». Le régime de contrôle continu est le régime normal. L’inscription en régime de « dispense d’assiduité » est une inscription dérogatoire qui peut être accordée sur décision du directeur de l’UFR aux étudiants — ayant une activité professionnelle ; — ayant des enfants à charge ;— inscrits dans deux cursus indépendants ; — handicapés ; — sportifs de haut niveau ; — engagés dans la vie civique ; — élus dans les Conseils. Les étudiants qui répondent à l’une de ces conditions doivent faire la demande d’une inscription en régime de « dispense d’assiduité » (comprenant tous les justificatifs), auprès du secrétariat de l’UFR deux mois au plus tard après la date de la rentrée universitaire. Si la situation de l’étudiant l’exige (maladie, changement de contrat de travail, etc.), le délai de deux mois pourra être repoussé. L’étudiant s’inscrit dans le groupe « dispensés d’assiduité » lors de ses inscriptions pédagogiques et produit les justificatifs nécessaires. En l’absence de ces derniers, le secrétariat inscrira l’étudiant en régime de contrôle continu et l’affectera à un groupe de TD. Les inscriptions pédagogiques se font chaque semestre. Conformément aux modalités de contrôle des connaissances adoptées par le Conseil d’administration, toutes les UE de master sont évaluées en régime de contrôle continu intégral et ne font donc pas l’objet d’une session de rattrapage. Ce contrôle continu peut prendre des formes différentes qui seront précisées par l’enseignant responsable de l’UE (exercice sur table, interrogation orale, exposé, petit mémoire, etc.). Les étudiants dispensés d’assiduité valident leurs UE en participant au dernier examen de contrôle continu organisé par l’enseignant ou en lui remettant un travail préalablement défini par l’enseignant. Les étudiants inscrits dans ce régime dérogatoire doivent donc prendre contact avec l’enseignant pour connaître les contenus du cours ainsi que les modalités d’évaluation. Les étudiants étrangers inscrits dans les programmes d’échange, notamment ERASMUS, sont soumis aux mêmes conditions de contrôle des connaissances. Les étudiants ayant un handicap peuvent bénéficier de mesures particulières lors des épreuves. Les évaluations des UE de master peuvent avoir lieu durant la période de cours comme durant la période d’examens définie par le calendrier universitaire voté au CA. Pour le calcul de la moyenne de chaque semestre, la note de chaque UE est affectée d’un coefficient égal au nombre d’ECTS (European Credits Transfer System) de l’UE. Le passage de Master 1 en Master 2 est conditionné par l’obtention d’une moyenne annuelle supérieure ou égale à 10/20 (éventuellement après compensation entre les deux semestres de M1). En Master 2, la remise du mémoire doit avoir lieu en juin ; elle peut éventuellement être différée au mois de septembre. Les dates de dépôt des mémoires sont indiquées en cours d’année dans l’ENT et affichées à l’UFR. La soutenance du mémoire a lieu devant un jury composé d’au moins deux enseignantschercheurs, dont le directeur de recherche. -6- Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2016-2017 Programme M1 Tronc commun 1/ Thématiques de l’histoire de la philosophie Semestre 1 Cours. M1PHHI11 Emmanuel CATTIN L’esprit et la chair : Hegel et Nietzsche Le cours étudiera la dimension philosophique de l’opposition, paulinienne et johannique, de l’esprit et de la chair, et se propose d’établir à partir d’elle le principe d'une confrontation entre Hegel et Nietzsche. Bibliographie Hegel, L’Esprit du christianisme et son destin, tr. Fr. Fischbach, Paris, Presses-Pocket, 1992. Gesammelte Werke, Bd. 2, Frühe Schriften II, hrsgg. v. W. Jaeschke, Hamburg, Meiner, 2014. —, Phénoménologie de l’esprit, tr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 2006. Phänomenologie des Geistes, Hamburg, Meiner, rééd. 2011. —, Encyclopédie, Philosophie de l’esprit, tr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 1986. Enzyklopädie der philosophischen Wissenschaften im Grundrisse (1830), Meiner, 1991. B. Bourgeois, Hegel à Francfort. Judaïsme, christianisme, hégélianisme, Paris, Vrin, 1970. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, tr. G.-A. Goldschmidt, Paris, Le Livre de Poche, 1983, nombreuses rééditions. —, Fragments posthumes, 1881-1889, Paris, Gallimard. —, Sämtliche Werke, Kritische Studienausgabe, v. G. Colli u. M. Montinari, Berlin, de Gruyter, 1986. D. Franck, Nietzsche et l’ombre de Dieu, Paris, PUF, « Épiméthée », 1998. Semestre 2 Cours. M2PHHI11 Claude ROMANO Le possible Nous voudrions envisager la notion de possible dans la longue durée en isolant des moments particulièrement significatifs de ses mutations et de ses transformations, de la notion aristotélicienne de puissance à la distinction scotiste possible logique / possible réel, de l’émergence du concept transcendantal de conditions de possibilité chez Kant au possible envisagé comme détermination fondamentale de l’existence chez Kierkegaard et Heidegger. Aristote, De Interpretatione, I, 9. Les philosophes hellénistiques, II, Les Stoïciens, Long et Sedley (éd.), Paris, GF-Flammarion, 2001. Alexandre d’Aphrodise, Traité du destin, trad. de P. Thillet, Paris, Les Belles Lettres, 1984. Cicéron, Traité du destin (De fato), trad. d’A. Yon, Paris, Les Belles Lettres, 1933 (plusieurs rééd.). Augustin d’Hippone, Le libre arbitre, livre III, trad. de G. Madec, in Le Maître, Le libre arbitre, Paris, Institut d’Etudes augustiniennes, 1993. Boèce, La Consolation de philosophie, trad. de J.-Y. Guillaumin, Paris, Les Belles Lettres, 2002, livre V. Anselme de Cantorbéry, « Sur l’accord de la prescience, de la prédestination et de la grâce de Dieu avec le libre choix », in L’œuvre de Saint Anselme, tome 5, Paris, Le Cerf, 1988. Thomas d’Aquin, Somme théologique, I partie, question 14, articles 7, 8, 9, 13. Duns Scot, Ordinatio, Distinctions 42 à 44, traduites dans O. Boulnois, La puissance et son ombre de Pierre Lombard à Luther, Paris, Aubier, 1994. —, Traité du premier principe, Paris, Vrin, 2001. Ockham, Traité sur la prédestination, trad. Cyrille Michon, Paris, Vrin, 2007. Molina, Luis (de), Extraits, in Bardout, J.-C. et Boulnois, O. (éds), Sur la science divine, Paris, PUF, 2002, p. 367-381. -7- —, « Libre arbitre et contingence » (extraits) trad. de J.-P. Anfray, Philosophie, n° 82, 2004, p. 9-35. —, On Divine Foreknowledge. Part IV of the De Concordia, trad. de A. Freddoso, Ithaca and London, Cornell U. Press, 1988. Descartes, Méditations métaphysiques. Leibniz, Essais de théodicée, GF-Flammarion. Kant, Critique de la raison pure. Kierkegaard, L’Alternative (Ou bien ou bien), éditions de l’Orante/Gallimard. Heidegger, Martin, Être et temps, trad. d’E. Martineau, édition Authentica (hors commerce). Téléchargeable : http://www.laphilosophie.fr/ebook/Heidegger%20%20%CAtre%20et%20temps%20 (traduction%20Martineau).pdf 2/ Méthodologie de l’histoire de la philosophie Semestre 1 Cours. M1PHHI20 Claire CRIGNON Les traditions méthodologiques Ce cours présentera les différents types de méthodes qui peuvent être mobilisées dans le travail de recherche universitaire en histoire de la philosophie. On interrogera les paradoxes ou les tensions inhérentes à l’idée même d’histoire de la philosophie, on posera la question de l’objet de l’histoire de la philosophie. On tiendra surtout compte de la diversité des traditions méthodologiques et des débats que cette diversité suscite (entre partisans d’une approche « continentale », « herméneutique » / « analytique » ; entre « l’archéologie des doctrines » et la « technologie des systèmes », entre partisans de l’histoire intellectuelle, de l’histoire des idées, de l’histoire de la philosophie, etc). On interrogera aussi de manière critique la place donnée aux traditions nationales dans ces débats (école « française » d’histoire de la philosophie vs tradition analytique « anglo-saxonne »). On s’intéressera enfin à la naissance et à l’essor de traditions historiographiques, à leur institutionnalisation (Victor Cousin). Des séances plus spécifiques pourront être consacrées aux débats méthodologiques propres à des domaines ou à des périodes particulières (philosophie des sciences, philosophie de l’art, histoire de la philosophie antique, médiévale, moderne ou contemporaine). L’objectif est triple : premièrement ouvrir aux étudiants des perspectives sur différentes manières de travailler (sur les manuscrits, les archives, les correspondances, les bibliothèques des philosophes, les textes en langue originale etc.). Deuxièmement, leur donner les outils pour construire leurs mémoires en respectant les exigences du travail de recherche. Troisièmement, leur faire prendre conscience des débats qui traversent l’histoire de la philosophie et les rendre sensibles aux choix méthodologiques qu’ils seront amenés à opérer dans leurs travaux de recherche. Une brochure d’articles et de textes sera distribuée en début d’année, accompagnée d’une bibliographie. TD. M1PHHI30 Deux groupes : François OTTMANN et Ghislain CASAS Conçu comme une introduction au travail de recherche, ce TD a pour but de présenter et de justifier l’essentiel des contraintes formelles qu’impose la rhétorique savante. Comme toute discipline académique, la recherche en philosophie obéit à des exigences autant littéraires que scientifiques. Le discours philosophique apparaît d’autant plus libre qu’il donne à voir lui-même en toute clarté les conditions de sa propre légitimation. Semestre 2 Cours. M2PHHI20 Elise MARROU « Toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques » : du doute à la limite au Cogito. Nous partirons d’une lecture attentive de la Meditatio prima et mettrons en évidence de manière immanente à la progression méditative les traits distinctifs du doute cartésien. Ce prisme nous permettra de revenir de manière précise sur la certitude du Cogito. Chaque séance mettra ainsi en lumière une manière particulière de faire de l’histoire de la philosophie en révélant les choix qui président à l’exégèse du texte cartésien. -8- Bibliographie Descartes, Œuvres, publiées par Adam et Tannery, 11 tomes, Vrin, 1996. Descartes, Méditations métaphysiques, éd. Jean-Marie Beyssade et Michelle Beyssade, GF, 1979. Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, trad. et notes Jacques Brunschwig, Paris, Libraire Générale française, 2002. Descartes, Discours de la méthode, texte et commentaire par Étienne Gilson, Vrin, 1925 (plusieurs rééd.). Descartes, Principes de la philosophie, trad. Denis Moreau, intr. et notes Xavier Kieft, Vrin, 2009. Descartes, L’entretien avec Burman, éd., trad. et annotation par Jean-Marie Beyssade, PUF, 1981. Ferdinand Alquié, La découverte métaphysique de l’homme chez Descartes, PUF, 1950. Julia Annas, Jonathan Barnes, The Modes of Scepticism, Cambridge University Press, 1985. Jonathan Barnes, Myles Burnyeat, Malcolm Shofield, Doubt and dogmatism : studies in hellenistic epistemology, Oxford, Clarendon Press, 1989. Jonathan Barnes, The Toils of scepticism, Cambridge University Press, 1990. Jean-Marie Beyssade, La philosophie première de Descartes, Flammarion, 1979. Marc-André Bernier, Sébastien Charles, Scepticisme et modernité, Publications de l’Université de SaintEtienne, 2005. Sacha Bourgeois-Gironde, Reconstruction analytique du Cogito, Vrin, 2001. Jacques Brunschwig, Études sur les philosophies hellénistiques, épicurisme, stoïcisme, scepticisme, PUF, 1995. Vincent Carraud, L’invention du moi, PUF, 2010. —, « Le véritable auteur du Cogito : traits d’anti-augustinisme», Pascal, des connaissances naturelles à l'étude de l'homme, Vrin, 2007, p.65-104. —, « Nihil esse certi, point à la ligne ? », Les Études philosophiques, 2011/1. Jean-Pierre Cavaillé, « Le retour des sceptiques », Revue philosophique de la France et de l’Etranger, 2, 1998, p.197-220. Stanley Cavell, The Claim of Reason, Clarendon Press, Oxford, 1979. Jacques Derrida, « Cogito et Histoire de la folie », L’Écriture et la différence, Seuil, 1967. Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique. Folie et déraison, Plon, 1961. — « Mon corps, ce papier, ce feu », Dits et écrits, tome 1, Quarto Gallimard, 2001. Frédéric Gabriel (éd.), « Positions du scepticisme chrétien », Les Études philosophiques, 2008/2, 1985. Henri Gouhier, La pensée métaphysique de Descartes, Vrin, 1962. —, Essais sur Descartes, Vrin, 1937, rééd. sous le titre Descartes. Essais sur le Discours de la méthode, la métaphysique et la morale, 1973 (tout particulièrement « Le Malin Génie et le bon Dieu »). Jaakko Hintikka, (1962), « Cogito, Ergo Sum : Inference or Performance ? », Philosophical Review, 1962, 71, 1, 3-32 (nombreuses rééd.) ; trad. fr. Philosophie, 6, 1985, 21-51. Denis Kambouchner, Les Méditations métaphysiques de Descartes, Introduction générale, Première Méditation, PUF, 2005. Anthony Kenny, Descartes, A Study of his Philosophy, Thoemmes Press, 1968. Xavier Kieft (éd.), « Figures du Cogito », Cahiers de philosophie de Caen, n°50, 2014. Jean Laporte, Le rationalisme de Descartes, PUF, 1945. Carlos Levy, Cicero Academicus : recherches sur les Académiques et sur la philosophie cicéronienne, Ecole Française de Rome, 1992. José R. Maia Neto, Richard Popkin (éds.), Skepticism in Renaissance and Post-Renaissance Thought, Amherst, NY, 2004. José R. Maia Neto, Gianni Paganini, John Christian Laursen, Skepticism in the Modern Age, Leiden, Boston, 2009. Jean-Luc Marion, Sur le prisme métaphysique de Descartes, PUF, 1986. — , Questions cartésiennes I et II, PUF, 1996, chap. I. — , Le Discours et sa méthode, N. Grimaldi et J.-L. Marion (éds), PUF, 1987. Gilles Olivo, Descartes et l’essence de la vérité, PUF, 2005. Richard Popkin, The History of scepticism from Erasmus to Descartes, Assen, 1960 ; trad. fr. PUF, 1995. Gregory Tullio, Genèse de la raison classique, de Charron à Descartes, PUF, 2000. Bernard Williams, Descartes, The Project of Pure Enquiry, Humanities Press, 1978. —, « La certitude du cogito », La Philosophie analytique, Minuit, 1971. -9- TD. M2PHHI30 Mai-Lan BOUREAU Les collègues qui enseignent à Paris-Sorbonne présenteront leurs recherches en cours en mettant en évidence la méthodologie qui les a permises. Lecture de textes philosophiques en langue étrangère (TD à choisir parmi quatre langues) Grec Semestres 1 et 2. M1PHLAN1 et M2PHLAN1 Thomas AUFFRET Semestre 1. Théophraste, Métaphysique. On traduira et commentera dans son détail le court opuscule de Théophraste transmis par la tradition sous le nom de Métaphysique, en replaçant son projet dans le contexte académicien de discussion autour des principes fondamentaux du système de Platon. On prêtera notamment attention à la manière dont Théophraste reçoit et problématise les thèses du Timée et du livre Lambda de la Métaphysique d’Aristote. Il s’agira également de s’interroger sur la portée positive et constructive du projet de Théophraste, trop souvent réduit à une simple série d’apories, en revenant sur la composition de l’ouvrage. Un texte grec sera distribué lors de la première séance. Bibliographie W.D. Ross & Fobes, Theophrastus’ Metaphysics with Translation, Commentary and Introduction, Oxford, 1929. Théophraste, Métaphysique. Texte établi et traduit par A. Laks et G.W. Most, Paris, 1993. Theophrastus, On principles (known as his Metaphysics). Greek Text and Medieval Arabic Translation (…) ed. by D. Gutas, Leiden-Boston, 2010. A. Jaulin et D. Lefebvre (éd.), La Métaphysique de Théophraste. Principes et apories, Louvain-la-Neuve, 2015. Semestre 2. Platon, République, VI 506 B-VII. On reviendra sur ce texte classique du corpus platonicien, en tâchant d’en proposer une traduction et une interprétation les plus exactes possibles. On commentera ainsi en détail la suite composée de l’analogie du Bien-Soleil, de l’image de la Ligne et de l’allégorie de la Caverne en s’efforçant de souligner l’unité de cette triple représentation. On tâchera ensuite, en étudiant jusqu’à son terme le cursus propédeutique exposé par Platon dans ce livre, de déterminer la fonction et la nature exactes de la dialectique dans la formation du philosophe-roi, et sa relation tant avec les sciences mathématiques qu’avec la philosophie. Bibliographie J. Adam, The Republic of Plato, Cambridge, 1902. Y. Lafrance, Pour interpréter Platon, vol. I–II, Montréal, 1986–1994. L. Robin, Les rapports de l’être et de la connaissance d’après Platon, Paris, 1957. S. R. Slings, Platonis rempublicam, recognovit brevique adnotatione critica instruxit, Oxford, 2003. J. Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris, 2001. Latin Semestre 1. M1PHLAN4 Pasquale PORRO Jean Duns Scot, Le principe d’individuation. Introduction, traduction et notes par G. Sondag, Paris, Vrin, 1992. Les références bibliographiques seront communiquées tout au long des séances. - 10 - Semestre 2. M2PHLAN4 Jacob SCHMUTZ La théologie médiévale à l’aube de la modernité : les Prologues de Jean Mair Ce TD de textes latin proposera une initiation au latin scolastique à partir d’une sélection de textes tirés des différents prologues au commentaire des Sentences composés par Jean Mair (ou Major, Joannes Maior, 1467-1550) : philosophe et théologien d’origine écossaise, figure phare de l’Université de Paris au tournant des XVe et XVIe siècles. On proposera un extrait représentatif par séance, qu’il s’agira de (1) retranscrire, (2) éditer, (3) traduire et (4) commenter. Parmi les thèmes abordés : la nature et la fonction du théologien ; les sources de la théologie chrétienne ; les différentes voies de la théologie ; le statut épistémologique de la foi ; le rapport entre christianisme et islam ; humanisme et scolastique. Ces textes sont disponibles dans des éditions post-incunables (des années 1510-1520) et n’ont jamais fait l’objet d’une édition critique. Prérequis : une connaissance élémentaire du latin est requise. Les étudiants apprendront à constituer un glossaire scolastique. A titre de lecture introductive sur le contexte, les étudiants devront avoir lu l’ouvrage classique d’A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), Paris, 1916 [édition originale téléchargeable sur archive.org]. Bibliographie R. García Villoslada, « Un teológo olvidado : Juan Mair », Estudios eclesiásticos 15, 1936, p. 83-118. J.H. Burns, « New Light on John Major », The Innes Review 5, 1954, p. 83-100. T.F. Torrance, « La philosophie et la théologie de Jean Mair ou Major, de Haddington (1469-1550) », Archives de philosophie 32, 1969, p. 531-576. A. Broadie, The Circle of John Mair, Oxford, 1985. J.T. Slotemaker, S.V. Kitanov & J.C. Witt, « John Major’s (Mair’s) Commentary on the Sentences of Peter Lombard : Scholastic Philosophy and Theology in the Early Sixteenth Century », in Mediaeval Commentaries on the Sentences of Peter Lombard, vol. III, ed. Ph. Rosemann, Leiden, 2015, p. 369-415. J.T. Slotemaker & J.C. Witt (eds), A Companion to the Theology of John Mair, Leiden, 2015. Allemand Semestre 1. M1PHLAN2 François OTTMANN E. Kant, Metaphysische Anfangsgründe der Naturwissenschaft Les Premiers principes métaphysiques de la science de la nature sont souvent considérés comme d’un intérêt strictement local (comme théorie kantienne des sciences de la nature, voire comme simple traduction métaphysique des fondements de la physique newtonienne). Cette lecture réductrice semble pourtant contredite par l’exposition, dès la préface, de l’esquisse de la deuxième déduction transcendantale, signe du caractère décisif de l’entreprise pour l’ensemble de l’édifice critique. La traduction du texte nous conduira à une lecture plus emphatique de ce traité dans l’économie du discours critique. Nous essaierons d’en dégager le rapport exact avec le système des principes de la première Critique, afin d’éclairer la portée de certains concepts cardinaux (comme celui de nature ou d’objet empirique), ce qui nous permettra de faire apparaître les apports et apories de la révolution transcendantale pour la théorie scientifique. La préface fera l’objet d’une attention particulière et nous amènera à une lecture et traduction des textes charnières de l’ouvrage. Les étudiants devront se procurer un texte allemand de l’ouvrage de Kant, de préférence celui reproduit dans le tome IX des œuvres de Kant chez Suhrkamp, intitulé Schriften zur Naturphilosophie Semestre 2. M2PHLAN2 Raphaël EHRSAM Psychologie et métapsychologie freudiennes Freud a forgé le terme de « métapsychologie » par analogie avec le concept traditionnel de « métaphysique », afin de désigner la partie de son œuvre destinée à fonder la psychanalyse en explicitant ses assises conceptuelles et théoriques. Les écrits dits « métapsychologiques » arborent de ce fait une ambition proprement philosophique, au moment d’exposer la division de l’appareil psychique en - 11 - instances, l’origine et le destin des pulsions, le processus du refoulement, ou encore en évaluant les bénéfices et limites des points de vue dynamique, topique et économique. Nous traduirons, au cours de ce TD, les passages clés des textes métapsychologiques de Freud afin de prendre la mesure de la déclaration de Freud, dans sa lettre à Fliess du 2 avril 1896 : « Je n’ai aspiré, dans mes années de jeunesse, qu’à la connaissance philosophique, et maintenant je suis sur le point d’accomplir ce vœu, en passant de la médecine à la psychologie ». Bibliographie Freud Sigmund, Triebe und Triebschicksale, édition internet : www.psychanalyse.lu/Freud/FreudTriebschicksale.pdf — , Das Ich und das Es, Stuttgart, Reclam, 2013. —, Jenseits des Lustzprinzips, Stuttgart, Reclam, 2013. Assoun Paul-Laurent, Freud, la philosophie et les philosophes, Paris, PUF, 1976. —, Introduction à la métapsychologie freudienne, Paris, PUF, 1993. Contou Terquem Sarah, Dictionnaire Freud, Paris, Robert Laffont, 2015. Jones Ernest, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, Paris, PUF, 2006. Laplanche Jean et Pontalis Jean-Baptiste, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF, 1967. Ricœur Paul, De l’interprétation : Essai sur Freud, Paris, Seuil, 1965. Anglais A l’issue d’un test de langue organisé en début de semestre, les étudiants seront répartis dans les groupes de niveau. Semestre 1. M1PHLAN3 Niveaux 1 et 2 Claire CRIGNON John Locke, An Essay Concerning Human Understanding, ed. R. Woolhouse, Penguin Classics, Book IV. Dans l’épître au lecteur de An Essay Concerning Human Understanding, John Locke, relatant l’histoire de l’ouvrage, explique que c’est à propos d’un sujet fort éloigné de questions épistémologiques qu’il a été amené, avec ses amis, à se poser la question de l’objet de l’entendement, de ses capacités et de ses limites, et de la méthode pour parvenir à des connaissances. Ces questions pratiques, relatives à la morale et à la religion, se retrouvent au cœur du livre IV de l’Essay, dans lequel Locke interroge non seulement les limites de la connaissance, mais aussi celle de nos motivations à rechercher la vérité et où il ajoute, à l’occasion de la 4e édition, un chapitre consacré à la question de l’enthousiasme. Nous lirons et traduirons le livre IV de l’Essay en accordant une place toute particulière à la question de l’articulation entre projet épistémologique et critique de l’enthousiasme, ce qui nous permettra de poser la question du rapport de Locke à l’enthousiasme religieux mais aussi celle de son rapport critique à la philosophie de Malebranche. Semestre 2. M2PHLAN3 Niveaux 1 et 2 Samuel WEBB Identité personnelle, selfhood et connaissance de soi dans la tradition anglophone. Lectures classiques et contemporaines Une personne est-elle la même au cours de sa vie (et au-delà) ? Qu’est-ce qui fait cette identité ? Dans la philosophie anglophone, c’est Locke qui a inauguré la réflexion sur ces questions, réactivée de nos jours dans la philosophie analytique. La réponse de Locke a ceci de remarquable qu’elle fait entrer en scène un nouveau personnage philosophique – « the self ». Qu’est-ce que ce « self », exactement ? Être soi-même est-ce être un self ? Avoir un self ? Le self de la métaphysique, est-ce la même chose que la personne morale ou le sujet politique ? Sommes-nous les mêmes « selves » en dépit de nos changements, parfois radicaux ? Ou, au contraire, faut-il suivre Hume et conclure que le self est illusoire (ou, avec d’autres auteurs encore, affirmer que le self n’est pas donné, mais qu’il se fait ou est fait) ? Par ailleurs, la connaissance de soi (du soi ?) a-t-elle quelque chose de distinctif par rapport à la connaissance d’autrui ? Est-elle, par exemple, plus directe, plus sûre ? Ou, au contraire, rencontre-t-elle des obstacles spécifiques? Comment expliquer cette éventuelle différence ? Nous lirons et commenterons une sélection de textes modernes et contemporains de cette tradition anglophone, - 12 - en les envisageant de façon à la fois historique, textuelle et conceptuelle. Une part importante du travail sera également consacrée à l’exercice de la traduction. Extraits de : Hobbes, Leviathan (1651), l’édition d’Oxford ou de Cambridge University Press. Anscombe, G.E.M (1957), Intention, 2e édition, Cambridge, USA, Harvard University Press, 2000. Moran, R., Authority and Estrangement: An Essay on Self-Knowledge, Princeton University Press, 2001. Butler, J., Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, New York, Routledge, 1999. Rawls, J., A Theory of Justice, Revised ed., Cambridge, USA, Harvard University Press, 1999. Indications bibliographiques Perry, J. (ed)., Personal Identity, Berkeley, University of California Press, 2nd ed., 2008 (sélections classiques de Locke, Butler, Hume, Reid... ainsi que d'auteurs contemporains comme S. Shoemaker, B. Williams, D. Parfit). Rorty, A. (ed.), The Identities of Persons, Berkeley, CA: University of California Press, 1976. Cassam, Q. (ed.), Self-Knowledge, Oxford University Press, 1994. Balibar, É., John Locke, Identité et différence. L’ invention de la conscience. Présenté, traduit et commenté par É. Balibar, Paris, Seuil, 1998. Carraud, V., L'invention du moi, Paris, PUF, 2010. Descombes, V., Le parler de soi, Paris, Gallimard, 2014. –, Les embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013. Larmore, Ch., Les pratiques du moi, Paris, PUF, 2004. Ricoeur, P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990. Schectman, M., The Constitution of Selves, Ithaca and London, Cornell University Press, 1996. Taylor, C., Sources of the Self : the Making of Modern Identity, Cambridge, Harvard University Press, 1989. - 13 - Séminaires (1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas) Philosophie antique Semestre 1. M1PHHI51 Alexandra MICHALEWSKI Réminiscence et formation des concepts : histoire d’une question disputée de Platon à Plotin L'objectif de ce séminaire est de retracer l'histoire des développements, issus de l'opposition devenue classique entre innéisme et induction, concernant l'origine et la formation des concepts dans l'âme. Il s'agira de présenter les différentes interprétations données à la théorie platonicienne de la réminiscence dans le cadre des débats post-hellénistiques sur le critère de la connaissance. Nous commencerons par reprendre l'étude des textes fondateurs de Platon et d'Aristote, avant de suivre leurs lectures et leurs utilisations dans la tradition platonicienne jusqu'à Plotin. Ce parcours nous permettra d'ouvrir des perspectives sur le devenir de cette question dans la tradition ultérieure, qui subordonne la saisie par induction du concept abstrait à une théorie de la connaissance des Formes intelligibles. Les textes étudiés seront distribués au fur et à mesure des séances, accompagnés de la bibliographie pertinente et plus détaillée. Bibliographie M. Bonazzi, A la recherche des Idées. Platonisme et philosophie hellénistique d'Antiochus à Plotin, Paris, Vrin, 2015. M. Bonazzi & J. Opsomer (éds.), The origins of the Platonic System, Leuven, Peeters, 2009. J. Brunschwig, « L’objet et la structure des Seconds Analytiques d’après Aristote », in Aristotle on Science. The Posterior Analytics, Proceedings of the 8th Symposium Aristotelicum (Studia Aristotelica 9), E. Berti (éd.), Padoue, Editrice Antenore, 1981, p. 61–96. R. Chiaradonna, « Plotin, la mémoire et la connaissance des intelligibles », Philosophie Antique, 9, 2009, p. 5–33. F.A.J. de Haas, M. Leunissen, M. Martijn (eds.), Interpretations of Aristotle’s Posterior Analytics, Leiden, Brill, 2010. A. de Libera, La querelle des universaux. De Platon à la fin du Moyen Âge, Paris, Seuil, 1996. C. Helmig, Forms and Concept, concept formation in the Platonic tradition, Berlin, de Gruyter, 2012. G. Van Riel & C. Mace (éds.)́, Platonic Ideas and Concept Formation in Ancient and Medieval Thought, Leuven, University Press, 2004. Semestre 2. M2PHHI51 Thomas AUFFRET Réalisme et mathématiques chez Platon On s’attachera à reconstruire le plus précisément possible l’ontologie de Platon en se fondant sur les dialogues platoniciens comme sur les témoignages d’Aristote. Il s’agira, par conséquent, de proposer une reconstitution de la théorie platonicienne des Idées et des nombres, tout en interrogeant la difficile question de la participation que Platon aurait, selon Aristote, laissée en suspens. A cet égard, on s’intéressera en particulier au statut des objets mathématiques qui, selon le témoignage explicite d’Aristote, occupaient un rang intermédiaire entre les Idées-Formes et les objets sensibles. La prise en compte de témoignages remontant à l’ancienne Académie devrait permettre de clarifier les débats relatifs à cette question, tant du point de vue de sa genèse historique que de sa réception systématique dans les cercles proches de l’Académie. On voudrait ainsi examiner plus précisément la nature de la critique aristotélicienne de cette ontologie réaliste, telle qu’elle s’exprime principalement dans la Métaphysique. Les textes étudiés seront distribués au fur et à mesure des séances, accompagnés des indications bibliographiques nécessaires. - 14 - Bibliographie J. Burnet, Platonis opera omnia, vol. I–V, Oxford, 1900–1905. (On pourra se reporter à la traduction complète des œuvres de Platon par L. Robin, avec la collaboration de J. Moreau, « Bibliothèque de la Pléiade ».) J. Burnet, Plato’s Phaedo. Edited with notes and introduction, Oxford, 1911. K. Gaiser, Platons ungeschriebene Lehre, Stuttgart, 19682. (On pourra aussi se reporter à la synthèse de M.-D. Richard, L’enseignement oral de Platon, Paris, 1986.) L. Robin, La théorie platonicienne des Idées et des nombres d’après Aristote, Paris, 1908. W. D. Ross, Aristotle’s Metaphysics. A Revised Text with Commentary, vol. I–II, Oxford, 1924. A. E. Taylor, Plato : The Man and his Work, Londres, 19374. J. Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris, 2001. Philosophie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge Semestres 1 et 2. M1PHHI52 et M2PHHI52 Jean-Louis CHRETIEN Vices et péchés majeurs des Pères de l’Eglise à Dante : décrire et penser le mal Philosophie arabe Semestre 1. M1PHHI56 Pauline KOETSCHET Physique et théologie. Les transformations du platonisme chez Abū Bakr al-Rāzī Le séminaire portera sur l'articulation de la physique et de la théologie dans les traités du philosophe et médecin Abū Bakr al-Rāzī (m. 925), et notamment dans les Doutes sur Galien. Nous étudierons le rôle que joue la réception du Timée dans l'élaboration de la philosophie naturelle d'al-Rāzī et dans les discussions qu'il engage avec les théologiens du kalām. La critique de Galien est centrale dans la construction du platonisme d'al-Rāzī, comme nous le montrerons à partir de textes traduits portant sur la matière, la génération du monde sensible, ou encore la nature de l'âme. Aucune connaissance préalable de l’arabe n'est requise. Bibliographie Al-Rāzī, La médecine spirituelle, trad. Rémi Brague, Paris, 2003. Platon, Timée. Peter Adamson, Studies on Early Arabic Philosophy, Ashgate, 2015 (la section intitulée « Galen and alRāzī »). Marwan Rashed, « Les débuts de la philosophie moderne (VIIe-IXe siècle) », in Ph. Büttgen, A. de Libera, M. Rashed, I. Rosier-Catach (eds), Les Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l’islamophobie savante, Paris, 2009, p. 121-169. Semestre 2. M2PHHI56 Thomas AUFFRET Existence et infini, entre mathématiques et philosophie On reviendra d’abord en détail sur les arguments aristotéliciens développés notamment dans le livre Γ de la Physique afin de critiquer la thèse de l’existence d’un infini en acte. Il s’agira, ce faisant, de reconstituer corrélativement la conception platonicienne contre laquelle polémique Aristote, fondée sur une ontologie réaliste des ensembles infinis de nombres héritée en partie des pythagoriciens anciens. Après avoir rappelé les termes de la polémique anti-aristotélicienne soulevée au VIe siècle par Jean Philopon, qui détermine le cadastre conceptuel dont hérite le IXe siècle bagdadien, on voudrait examiner plus particulièrement la thèse « platonicienne » défendue par Thābit ibn Qurra (826–901) dans ses réponses aux Questions posées par son disciple Ibn Usayyid. Il s’agira ainsi de comprendre au mieux la spécificité de cette thèse, qui associe à la considération des ensembles infinis de nombres, propre à la tradition arithmétique platonicienne – éminent arithméticien, Thābit fut également le traducteur de l’Introduction arithmétique de Nicomaque de Gérase –, celle de la géométrie infinitésimale et de ses procédés mettant en jeu des sommes infinies. On confrontera alors cette réponse, mathématique et - 15 - philosophique, à la défense traditionnelle de l’infini potentiel aristotélicien formulée par al-Kindī, en envisageant pour conclure la reprise de cette question chez Fakhr al-Dīn al-Rāzī. Bibliographie Aristotle’s Physics. A Revised Text with Introduction and Commentary by W.D. Ross, Oxford, 1936. J. Philopon, De aeternitate mundi contra Proclum, éd. H. Rabe, Leipzig, 1899. M. Rashed, « Thābit ibn Qurra sur l’existence et l’infini : les Réponses aux questions posées par Ibn Usayyid », in R. Rashed (ed.), Thābit ibn Qurra. Science and Philosophy in Ninth-Century Baghdad, Berlin/ New York, 2009, p. 619–673. R. Rashed (ed.), Thābit ibn Qurra. Science and Philosophy in Ninth-Century Baghdad, Berlin/ New York, 2009. Œuvres philosophiques et scientifiques d’al-Kindī, vol. II : Métaphysique et cosmologie, par R. Rashed et J. Jolivet, Leyde/ Boston/ Cologne, 1998. J. Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris, 2001. Philosophie du Moyen-Âge Semestre 1. M1PHHI53 Pasquale PORRO Dieu, l’étant, la métaphysique. Pluralité des sens de l’étant, analogie et univocité dans les débats scolastiques Le cours vise à examiner la manière dont l’alternative entre les doctrines de l’analogie et celles de l’univocité de l’être s’est historiquement constituée, en considérant leurs formes paradigmatiques au XIIIe siècle et au début du XIVe : d’un côté, les positions de Thomas d’Aquin et d’Henri de Gand, de l’autre celle de Jean Duns Scot. Cette alternative permet en même temps de mesurer un glissement épistémologique : la question de l’analogie ou de l’univocité, en effet, cesse peu à peu de porter exclusivement sur la possibilité de constituer la métaphysique comme science, et impose d’envisager aussi (voire surtout) la possibilité d’attribuer à la théologie un statut strictement scientifique. Bibliographie Les textes des auteurs mentionnés seront mis à disposition dans les éditions de référence, avec une traduction française. On peut d’ores et déjà signaler Jean Duns Scot, Sur la connaissance de Dieu et l’univocité de l’étant. Introduction, traduction et commentaire par O. Boulnois, Paris, Presses Universitaires de France (« Épiméthée »), 1988, 2ème édition 2011. B. Montagnes, La doctrine de l’analogie de l’être d’après saint Thomas d’Aquin, Louvain, Nauwelartes, 1963 ; Paris, Les Éditions du Cerf, 2008. O. Boulnois, La destruction de l’analogie et l’instauration de la métaphysique, in Jean Duns Scot, Sur la connaissance de Dieu et l’univocité de l’étant, introduction, traduction et commentaire par O. Boulnois, Paris, Puf (« Épiméthée »), 1988, p. 11-81. P. Aubenque, « Sur la naissance de la doctrine pseudo-aristotélicienne de l’analogie de l’être », in Les études philosophiques, juillet-décembre 1989, p. 291-304. A. de Libera, « Les sources gréco-arabes de la théorie médiévale de l’analogie de l’être », in Les études philosophiques, juillet-décembre 1989, p. 319-345. O. Boulnois, Duns Scot, théoricien de l'analogie de l'être, in L. Honnefelder / R. Wood / M. Dreyer (eds.), John Duns Scotus: Metaphysics and Ethics, Leiden-New York-Köln, Brill (« Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters », 53), 1996, p. 293-315. S. Brown, L’unité du concept d’être au début du quatorzième siècle, in L. Honnefelder / R. Wood / M. Dreyer (eds.), John Duns Scotus : Metaphysics and Ethics, Leiden-New York-Köln, Brill (« Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters », 53), 1996, p. 327-344. G. Pini, Scoto e l’analogia. Logica e metafisica nei commenti aristotelici, Pisa, Scuola Normale Superiore, 2002. J. Lonfat, « Archéologie de la notion d’analogie d’Aristote à saint Thomas d’Aquin », in Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge, 71 (2004), p. 35-107. J.-F. Courtine, Inventio analogiae. Métaphysique et ontothéologie, Paris, Vrin (« Problèmes et controverses »), 2005. E.J. Ashworth, Les théories de l’analogie du XIIe au XVIe siècle, Paris, Vrin (« Conférences Pierre Abélard »), 2008. D'autres références bibliographiques seront communiquées tout au long des séances. - 16 - Semestre 2. M2PHHI53 Jacob SCHMUTZ La haine de Dieu dans la théologie médiévale Dieu peut-il ordonner qu’on le haïsse ? La question n’est pas une provocation athée, nihiliste ou nietzschéenne du XIXe siècle, mais un lieu commun de la tradition scolastique médiévale. Condamnée à plusieurs reprises au XIVe siècle (Avignon, 1323 ; Paris, 1346, 1347), ses défenseurs supposés (Guillaume d’Ockham, Jean de Mirecourt et d’autres) ont acquis la réputation d’être des « relativistes » et des « positivistes » juridiques avant la lettre, en affirmant que la haine de Dieu pourrait être juste et méritoire si ce dernier l’imposait aux hommes, et que l’amour de Dieu n’est donc aucunement un destin naturel pour l’homme. Dans ce séminaire, nous retracerons l’origine et le développement de cette question disputée entre les XIIIe et XVIIe siècles, au croisement d’une multitude de problématiques : l’anthropologie des passions humaines ; les théories du libre-arbitre ; la structure métaphysique de l’agir humain ; les fondements du droit naturel et de l’éthique en général ; la rationalité des normes – sans compter bien entendu certains aspects spécifiquement théologiques, comme la doctrine de l’acceptation ou du mérite. Support du cours : sélection de textes d’Augustin, Thomas d’Aquin, Henri de Harclay, Jean Duns Scot, Guillaume d’Alnwick, Jean de Reading, Guillaume d’Ockham, Arnold de Strelley, Pierre d’Ailly. Ces textes seront présentés en traduction française. Connaissances requises : une connaissance du latin est bienvenue, mais non requise pour ce séminaire. Les étudiants doivent avoir une connaissance préalable des grandes traditions théologiques du Moyen Age tardif, à partir de la lecture d’un manuel classique (F. Copleston, Histoire de la philosophie, vol. II : La philosophie médiévale d’Augustin à Duns Scot, trad. fr., Casterman, 1964 ; E. Gilson, La philosophie médiévale, Payot, 1944, nombreuses rééditions ; P. Vignaux, De saint Anselme à Luther, Vrin, 1976). Des bibliographies spécifiques seront distribuées lors des séances. Philosophie moderne Semestre 1. M1PHHI54 Vincent CARRAUD Leibniz et la philosophie antique Leibniz lui-même a théorisé ce que sa pensée devait, au fur et à mesure de son élaboration, aux philosophes de l’Antiquité, en particulier à Platon (singulièrement le Phédon) et à Aristote, avec la réhabilitation des formes substantielles et des causes finales puis, paradoxalement, celle du concept d’entéléchie, au moment de la « correction » de la philosophie première. Le séminaire s’intéressera aussi à l’interprétation du stoïcisme et de l’atomisme, avant d’examiner la lecture leibnizienne de plusieurs Pères de l’Eglise. Bibliographie Le thème envisagé nous conduira à citer et à étudier de nombreuses œuvres, opuscules et lettres de Leibniz, dont nous donnerons la référence dans l’édition Die philosophischen Schriften, herausgegeben von C.I. Gerhardt, Berlin, 1875-1890 (réimpression Hildesheim-New York, Olms, 1978), et, quand l’avancement de l’édition le permet, des Sämtliche Schriften und Briefe, herausgegeben von der Preussichen (puis Deutschen) Akademie der Wissenschaften, Darmstadt, puis Leipzig, puis Berlin, 1923 s. Les étudiants liront avec profit, avant le début du séminaire, le Discours de métaphysique (in G. W. Leibniz, Discours de métaphysique suivi de Monadologie et autres textes, éd. par Michel Fichant, Gallimard, Folio, 2004), le Système nouveau de la nature et de la communication des substances (éd. par Christiane Frémont, GF-Flammarion, 1994) et les Opuscules philosophiques choisis (traduits du latin par Paul Schrecker, Paris, Vrin, 1969). Pour une introduction à la philosophie de Leibniz, on pourra lire les deux ouvrages classiques que sont ceux de Joseph Moreau, L’univers leibnizien, Paris et Lyon, Vitte, 1956 (rééd. Hildesheim-New York, Olms, 1987) et d’Yvon Belaval, Leibniz. Initiation à sa philosophie, Paris, Vrin, 2e éd. 1962. - 17 - Semestre 2. M2PHHI58 : Claire CRIGNON Introduction à la philosophie de la médecine : santé et maladie La conservation de la santé est présentée par Descartes, dans le Discours de la méthode, comme « le premier bien et le fondement de tous les autres biens en cette vie ». Mais comment définir la santé et les maladies ? Cette question préoccupe médecins et philosophes depuis l’Antiquité (Hippocrate, Galien) jusqu’à la philosophie de la médecine contemporaine (Canguilhem, Boorse) en passant par la philosophie moderne (Locke). On mobilisera les ressources de l’histoire de la philosophie et de la médecine pour éclairer une question qui fait partie des enjeux majeurs de la philosophie de la médecine contemporaine. Bibliographie Bacon, Du progrès et de la promotion des savoirs, trad. M. Le Doeuff, Paris, Tel, Gallimard, 1989. Canguilhem, Georges, Le normal et le pathologique, Paris, Puf, 1966. —, Ecrits sur la médecine, Paris, Le Seuil, 2002. Dagognet, François, Pour une philosophie de la maladie, Paris, Textuel, 1996. Descartes, Discours de la méthode, éd. Adam et Tannery, Paris, Vrin, T. VI. Foucault, Michel, Naissance de la clinique, Paris, Puf, 1975, rééd. Quadrige, 2003. Gadamer, Hans Georg, Philosophie de la santé, trad. M. Dautrey, Paris, Grasset / Mollat, 1998. Hippocrate, L’art de la médecine, trad. et présentation J. Jouanna et C. Magdelaine, Paris, GF, 1999. Galien, Méthode de traitement, trad. J. Boulogne, Folio-essais, 2009. Locke, Manuscrits médicaux (en particulier Morbus) dans Locke médecin, éd. C. Crignon, Paris, Garnier, 2016. Anthologies : Philosophie de la médecine, vol. I, M. Gaille ; vol. II. E. Giroux et M. Lemoine, Textes clés, Paris, Vrin, 2011 et 2012. Philosophie contemporaine A. Semestres 1 et 2. M1PHHI55 et M2PHHI55 Dominique PRADELLE Semestre I. Logique et théorie de la science Ce séminaire sera consacré à l’une des grandes et fascinantes figures de la philosophie française, Jean Cavaillès, et spécialement à son dernier écrit, rédigé en prison, Sur la logique et la théorie de la science. Texte difficile d’accès, qui est une confrontation de la philosophie des mathématiques et de la logique au kantisme, à Bolzano, au positivisme de logique du Cercle de Vienne, en particulier de Carnap, et à la phénoménologie transcendantale de Husserl, dans la version la plus austère et formelle de Logique formelle et logique transcendantale. Nous tâcherons d’expliquer les lignes de force du texte, tout en explicitant les références philosophiques qu’il met en jeu : Logique de Port-Royal, Kant, Bolzano, Carnap, Husserl. Nous nous concentrerons plus spécialement sur la confrontation de Cavaillès avec Husserl dans la troisième partie du texte : en quoi l’idée de dialectique remet-elle en question les principes fondamentaux de la phénoménologie transcendantale et constitutive – en particulier la thèse ontologique fondamentale selon laquelle tout étant est un sens visé et validé par les actes de la conscience pure ? Sommes-nous ainsi ramenés à une lutte entre kantisme et hégénianisme ? Bibliographie Cavaillès, Sur la logique et la théorie de la science, Paris, Vrin, 1976, 3e édition. Husserl, Formale und transzendentale Logik, Hua XVII, trad. fr. S. Bachelard, Logique formelle et logique transcendantale, Paris, Puf, 1957. Arnaud & Nicole, La logique ou l’art de penser (Logique de Port-Royal), 1662 (Paris, Flammarion, 1970, ou une autre édition). Kant, Kritik der reinen Vernunft, trad. fr. Critique de la raison pure, Delamarre-Marty, Paris, Gallimard, 1980 (Folio) ou A. Renaut, Paris, GF-Flammarion, 2006. Kant, Prolegomena zu jeder künftigen Metaphysik, trad. fr. L. Guillermit, Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, Paris, Vrin, 1986/93/2012. Carnap, Die logische Syntax der Sprache, 1934. Carnap, « La tâche de la logique de la science », in S. Laugier & P. Wagner, Philosophie des sciences, Paris, Vrin, 2004, p. 194 s. - 18 - Semestre II. Philosophie et phénoménologie du corps Ce séminaire sera centré sur le statut duel du corps, tel qu’il a été thématisé et élucidé par le pensée phénoménologique et quelques antécédents notables (Descartes, Maine de Biran) : chair accessible à la conscience purement sentante et motrice, et corps situé dans l’espace et dans la trame causale à titre de chose parmi les choses. Nous nous concentrerons sur la deuxième partie des Ideen… II de Husserl, « La constitution de la nature animale », où sont précisés les concepts essentiels d’une phénoménologie de la chair et du corps propre, puis ferons un retour en arrière vers la sixième Méditation de Descartes, dont nous opposerons les lectures respectives de Michel Henry et de Jean-Luc Marion, avant de prendre en considération la thématisation du corps propre chez certains phénoménologues ultérieurs : Henry, Levinas, Merleau-Ponty. Bibliographie Husserl, Ideen… II, Hua IV, trad. fr. Éliane Escoubas, Recherches phénoménologiques pour la constitution, Paris, Puf, 1982, pp. 137-241. Husserl, Ding und Raum, Hua XVI, trad. fr. J.-Fr. Lavigne, Chose et espace, Paris, Puf, 1989, chapitre VIII, « Importance des systèmes kinesthésiques… », pp. 189-243. Descartes, Meditationes de prima philosophia, Meditatio Sexta, AT VII, 71 s. et Œuvres philosophiques, éd. Alquié, Paris, Garnier Frères, 1967, tome II, p. 221 s. ; Méditations touchant la première philosophie, trad. du duc de Luynes, AT IX, 57 s. et Œuvres philosophiques, éd. Alquié, Paris, Garnier Frères, 1967, tome II, p. 480 s. M. Henry, Philosophie et phénoménologie du corps, Paris, Puf, 1965/87, not. chap. V, « Le dualisme cartésien ». J.-L. Marion, Sur la pensée passive de Descartes, Paris, Puf, 2013. B. Semestres 1 et 2. M1PHHI55 et M2PHHI55 Claude ROMANO Identité et ipséité dans la philosophie contemporaine Bibliographie indicative Descombes, Vincent, Les Embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013. Heidegger, Martin Être et temps, trad. d’E. Martineau, édition Authentica (hors commerce). Téléchargeable en ligne : http://www.laphilosophie.fr/ebook/Heidegger%20%20%CAtre%20et%20temps%20(traduction%20Martineau).pdf Levinas, Emmanuel, Autrement qu’être ou au-delà de l’essence, Paris, Le livre de poche. Parfit, Derek, Reasons and Persons, Oxford, Clarendon Press, 1984. Perry, John, Personal Identity and the Self, Hackett Publishing, 2002. Ricœur, Paul, Soi-même comme un autre, Paris, éd. du Seuil, 1990. Rosset, Clément, Loin de moi. Etude sur l’identité, Paris, éd. de Minuit, 2001. Taylor, Charles, Les Sources du moi. La formation de l’identité moderne, Parsi, éd. du Seuil, 1998. Métaphysique et idéalisme allemand Semestres 1 et 2. M1PHHI57 et M2PHHI57 Emmanuel CATTIN Métaphysique et tragédie Le cours étudiera au premier semestre l’interprétation philosophique des tragiques grecs dans l’idéalisme allemand, puis dans La Naissance de la tragédie de Nietzsche, avant de considérer, au second semestre, les thèmes tragiques de la période des Beiträge zur Philosophie de Martin Heidegger. Semestre 1. Hegel, Hölderlin, Nietzsche Bibliographie Les Tragiques grecs, tr. V.-H. Debidour, Paris, Le Livre de Poche, 2003. Phénoménologie de l’esprit, tr. B. Bourgeois, Paris, Vrin, 2006. Phänomenologie des Geistes, Hamburg, - 19 - Meiner, rééd. 2011. Esthétique, Paris, tr. J.-P. Lefebvre et V. von Schenck, Paris, Aubier-Flammarion. Vorlesungen über die Ästhetik, 3 vol., Frankfurt, Suhrkamp, 1986. Friedrich Hölderlin, Fragments de poétique, tr. J.-Fr. Courtine, Imprimerie Nationale, 2006. La Naissance de la tragédie, tr. Philippe Lacoue-Labarthe, Paris, Gallimard. Sämtliche Werke, Kritische Studienausgabe, v. G. Colli u. M. Montinari, Berlin, de Gruyter, 1986. Semestre 2. Heidegger, Eschyle, Sophocle Bibliographie Les Tragiques grecs, tr. V.-H. Debidour, Paris, Le Livre de Poche, 2003. Martin Heidegger, Beiträge zur Philosophie, Gesamtausgabe, Bd. 65, Francfort, Klostermann, 1986 (la traduction française de François Fédier, Apports à la philosophie, Paris, Gallimard, 2013, ne doit être utilisée qu’avec réserve). Reiner Schürmann, Des Hégémonies brisées, Mauvezin, TER, 1996. Karl Reinhardt, Sophocle, tr. E. Martineau, Paris, Minuit, 1971. Karl Reinhardt, Eschyle. Euripide, tr. E. Martineau, Paris, Minuit, 1972. Philosophie indienne et comparée Semestres 1 et 2. M1PHHI50 et M2PHHI50 François CHENET Le plaisir et la douleur, la sensibilité et l’affectivité en Occident et en Inde Y a-t-il expérience en apparence plus simple et plus originaire que celle du plaisir et de la douleur ? Or cette expérience se dévoile, à l’analyse, recouvrir tout un nœud de problèmes. De fait, la sensibilité, comprise comme faculté d’un être à accueillir des sensations ou à produire des sentiments, a constitué le cœur de nombreux débats dans l’histoire de la philosophie ; d’importants enjeux s’y sont articulés au fil des discussions. Car l’affectivité est essentiellement bi-polaire, plaisante et douloureuse. La polarité du plaisir et de la douleur n’a pas été sans solliciter la réflexion philosophique aussi bien en Occident qu’en Inde lors même qu’elle s’efforçait de comprendre comment il se peut que l’affectivité, avec ses attractions et ses répulsions, sa souffrance et ses plaisirs, soit le destin naturel de toute perception sensible. Quant à l’émotion, doit-on la penser comme ébranlement du corps ou bien comme ébranlement de l’âme (commotio animi) ? Mais si l’émotion pose le problème de la valeur, ce n’est cependant pas elle qui le résout : cette solution s’amorce à l’intérieur de l’affectivité elle-même de sorte qu’il faut étudier le rapport de la valeur avec le plaisir et la douleur, d’une part, avec le désir, de l’autre. De la philosophie grecque à la philosophie moderne et contemporaine, on retracera les lignes problématiques à traverse lesquelles les questions du plaisir et de la douleur, de la sensibilité et de l’affectivité ont été élaborées. La philosophie grecque est traversée par la question du plaisir et de la douleur : Aristippe et les Cyrénaïques, Platon (Philèbe notamment), Aristote (Traité de l’âme, Éthique à Nicomaque X), les Épicuriens et les Stoïciens ont tous médité sur la question, échangeant des arguments variés à ce sujet. La philosophie classique s’est concentrée plutôt sur les passions (Descartes, Traité des Passions), les passions et les sentiments (Malebranche) et les affections (Spinoza, Éthique III-IV). Plus tard, Maine de Biran devait introduire la dimension du corps dans la définition du fait de conscience. Mais la question du plaisir et de la douleur demeure toujours présente au cœur de la pensée de Schopenhauer (Le Monde comme Volonté et comme Représentation : « la souffrance est le fond de toute vie »), de la pensée de Nietzsche et de celle de Freud, tandis que des philosophes contemporains continuent d’interroger l’énigme de l’affectivité en l’homme (Heidegger, Sartre, Michel Henry notamment avec la notion d’auto-affection). De son côté, la pensée indienne n’est pas en reste, qui s’est penchée longuement sur ces questions et a développé des analyses originales à leur sujet. On présentera l’analyse bouddhique du mal-être et de la souffrance (duhkha) inhérents à l’humaine condition et son élaboration dans la dogmatique bouddhique (Vasubandhu, Abhidharmakosha). En regard s’inscrivent les analyses développées par les auteurs vedântins tels Mandana Mishra (Brahmasiddhi), Sureshvara ou Prakashânanda selon lesquelles c’est la félicité inhérente au Soi ou à l’Absolu qui filtre au travers des satisfactions empiriques mondaines. Mais l’idéal constant visé par les sotériologies indiennes a toujours été de passer au-delà de ce couple d’opposés ou de contraires (dvandva) que sont le plaisir et la douleur en transcendant le clivage originaire de l’expérience auquel ils s’originent, s’il est vrai que la dyade plaisir-peine est marquée de part en part au sceau de la souffrance. On examinera ensuite certaines méthodes originales élaborées en Inde pour - 20 - affronter le phénomène de la douleur (Vijñâna-Bhairava). Enfin on présentera la théorie des émotions qui sous-tend la théorie des « saveurs esthétiques » (rasa), pierre angulaire de la théorie esthétique de l’Inde ancienne. Bibliographie I. A. Généralités : L. Cournarie, P. Dupond, La Sensibilité, Ellipses, coll. « Philo », 1998 ; C. Tinoco, La sensibilité. Sensation et sentiments, Ellipses, coll. « Philo Notions », 1998 ; M. Pradines, Traité de Psychologie générale, PUF, 1943 ; L. Lavelle, Les Puissances du Moi, Flammarion, coll. Bibliothèque de Philosophie, 1948 ; Traité des Valeurs, PUF, 2 Tomes, 1951 ; Vl. Jankélévitch, Traité des Vertus, T. I, Flammarion, coll. Champs, 1983 ; Paul Ricœur, Philosophie de la volonté, I. Le volontaire et l’involontaire, Aubier, Paris, 1950. B. Études particulières : J. C. B. Gosling and C. C. W.Taylor, The Greeks on Pleasure, Oxford : Clarendon Press, 1982 ; G. Romeyer-Dherbey (sous la dir. de), Corps et Âme. Sur le De anima d’Aristote, Vrin, 1996 ; B. Besnier (sous la dir. de), Les Passions antiques et médiévales, PUF, coll. Leviathan, 2003 ; A. Damasio, L’erreur de Descartes, Odile Jacob, 1995 ; Spinoza avait raison. Joie et tristesse, le cerveau des émotions, Odile Jacob, 2003. II. Philosophie indienne : J. Marks & R. T. Ames (ed.), Emotions in Asian Thought. A Dialogue in Comparative Philosophy, State University of New York (SUNY) Press, 1994 ; J. Sinha, Indian Psychology, Calcutta, vol. II : Emotion and Will, Delhi : Motilal Banarsidass, rééd. 2008 ; Raghunath Safaya, Indian Psychology, Delhi : Munshiram Manoharlal, 1976 ; L. Silburn, Le Vijñâna-Bhairava, Collège de France : Publications de l’Institut de Civilisation Indienne n°15, De Boccard, 1961. - 21 - Intitulés des cours, travaux dirigés et séminaires 2016-2017 Programme M2 Séminaires (1h30 hebdomadaire ou 3 heures par quinzaine selon les cas) Philosophie antique Semestre 1. M3PHHI11 Suzanne HUSSON Le temps chez Platon et Aristote Platon dans le Parménide et le Timée, ainsi qu’Aristote (Physique IV, 10-14), ont mis en place beaucoup d’aspects de notre questionnement philosophique sur le temps. Le temps existe-t-il ? A-t-il un fondement psychique ou physique ? Est-il limité ou illimité ? Quels sont les rapports du temps à l’être, à l’éternité, à l’instant ? Nous verrons comment les ambiguïtés du texte platonicien ont nourri la réflexion ultérieure sur le temps et en particulier comment Aristote élabore, par rapport à lui, sa propre position, qui, elle-même, pose des problèmes d’interprétation, explorés par les commentateurs antiques aussi bien que modernes. L’assistance à ce séminaire ne requiert pas la maîtrise des langues anciennes. Bibliographie Balaudé, J.-F. et Wolff, F., Aristote et la pensée du temps, Paris, Université Paris X-Nanterre, 2005. Brague, R., Du Temps chez Platon et Aristote. Quatre Études, Paris, PUF, coll. “Epiméthée”, 1982. Brisson, Luc, « L’instant, le temps, et l’éternité dans le Parménide (155e -157b) de Platon », Dialogue 9, no 3 (décembre 1970), p. 389-96. Coope, U., Time for Aristotle : Physics IV. 10-14, Oxford University Press, 2005. Goldschmidt, V., Temps physique et temps tragique chez Aristote : commentaire sur le quatrième livre de la Physique (10-14) et sur la Poétique, Paris, Vrin, 1982. Golitsis, P., Les Commentaires de Simplicius et de Jean Philopon à la Physique d’Aristote. Tradition et Innovation, Berlin/Boston, De Gruyter, 2008. Roark, T. Aristotle on Time. A Study of the Physics, Cambridge University Press, 2011. Sorabji, R., Time, Creation, and the Continuum. Theories in Antiquity and the Early Middle Ages, University of Chicago Press, 1983. Semestre 2. M4PHHI11 Marwan RASHED Le labyrinthe du continu, de Zénon d’Élée à Damascius Le séminaire portera sur la façon dont les Grecs ont formulé et discuté le problème du continu, des apories inaugurales de Zénon jusqu’aux ultimes réflexions néoplatoniciennes sur la question. On commencera, en s’appuyant sur le témoignage d’un manuscrit byzantin jusqu’ici inconnu, par proposer une nouvelle édition du texte du plus célèbre paradoxe de Zénon, la Flèche. Ce préalable jettera une nouvelle lumière sur le sens de l’entreprise éléate et confirmera son ancrage dans les débats mathématiques du Vème siècle autour de la question de l’incommensurabilité. On montrera ainsi qu’il s’agit plus d’une question de métrique, ou d’espace, que de physique, ou de temps. Cette interprétation permettra de comprendre le nerf de la Physique d’Aristote : le geste inaugural du Stagirite, jusqu’ici inaperçu, et qui le distingue tant de Zénon que de Platon, consiste à traiter du temps comme d’une grandeur continue, au même titre que l’espace. La résolution aristotélicienne de la Flèche, fondée sur la distinction de l’acte et de la puissance, eut peu d’adeptes dans l’Antiquité. On s’attachera à reconstituer les solutions rivales développées durant la période hellénistique et romaine : minima épicuriens, continua stoïciens, sauts néoplatoniciens. - 22 - La connaissance du grec ancien n’est pas requise, mais les hellénistes sauront mettre à profit leur connaissance du grec. Les textes seront distribués en grec et en traduction. Bibliographie V. Brochard, « Les arguments de Zénon d’Élée contre le mouvement », Études de Philosophie ancienne et de Philosophie moderne, Paris, 1927. M. Caveing, Zénon d’Élée, Prolégomènes aux Doctrines du Continu. Étude historique et critique des Fragments et Témoignages, Paris, 1982. J. Lear, « A Note on Zeno’s Arrow », Phronesis 26, 1981, p. 91-104. H.D.P. Lee, Zeno of Elea, Cambridge, 1936. O. Magidor, « Another Note on Zeno’s Arrow », Phronesis 53, 2008, p. 359-372. F. R. Pickering, « Aristotle on Zeno and the Now », Phronesis 23, 1978, p. 253-257. M. Rashed, Alexandre d’Aphrodise, Commentaire Perdu à la Physique d’Aristote (Livres IV-VIII). Les scholies Byzantines, Berlin / New York, 2011. R. Sorabji, Time, Creation and the Continuum, Londres, 1982. P. Tannery, « Le concept scientifique du continu : Zénon d’Élée et Georg Cantor », Revue Philosophique de la France et de l’Etranger, 20, 1885, n° 2. G. Vlastos, « A Note on Zeno’s Arrow », Phronesis 11, 1966, p. 3-18. J. Vuillemin, Mathématiques Pythagoriciennes et Platoniciennes, Paris, 2001. J. Vuillemin, « Les témoignages aristotéliciens sur les arguments de Zénon d’Élée : une version double », in R. Morelon et H. Hasnawi, De Zénon d’Élée à Poincaré. Recueil d’études en hommage à Roshdi Rashed, Louvain / Paris, 2004, p. 1-26. M. J. White, The Continuous and the Discrete, Oxford, 1992. Philosophie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge Semestres 1 et 2. M3PHHI12 et M4PHHI12 Jean-Louis CHRETIEN La première personne du singulier en philosophie et en herméneutique, de Philon d’Alexandrie à saint Bernard Philosophie arabe Semestre 1. M3PHHI56 Lucile El HACHIMI Métaphysique et éthique : introduction à la pensée d’Al-Fārābī Le séminaire a pour but d’introduire au système de l’un des plus grands philosophes arabes, al-Fārābī. On étudiera son œuvre à partir de l’articulation de sa métaphysique et de sa pensée éthique, de la sphère du théorique et du pratique, lieu où se joue tant la cohérence que l’originalité de son système. L’enjeu sera de voir comment une structure ontologique nouvelle permet à al-Fārābī de repenser la distinction entre le théorique et le pratique, entre la science et l’action. On s’intéressera tout particulièrement à la redéfinition du champ pratique et de l’action humaine, au statut de la vertu délibérative, de l’art (sinā’a) et de la science. Entre aristotélisme et innovations conceptuelles qui supportent les nouvelles pratiques scientifiques de cette époque (algèbre, jurisprudence et théologie), il s’agira donc de voir, en s’attardant notamment sur l’Éthique à Nicomaque, comment le discours aristotélicien est réélaboré par notre auteur. La maîtrise de la langue arabe n’est pas requise. Bibliographie Al-Fārābī, Taḥsīl al-sa‛āda, éd. Al Yasin, Dar al-Manahel, Beyrouth, 1992. Traduction française, De l’obtention du bonheur, par O. Sedeyn et N. Lévy, Paris, Allia, 2010 ; trad. anglaise, The Attainment of Happiness, par M. Mahdi, dans Alfarabi, Philosophy of Plato and Aristotle, Cornell University Press, Ithaca, New York, 2001, p. 13-50. Al-Fārābī, Kitâb al-Ḥurûf, M. Mahdi, Beirut, 1970. Al-Fārābī, Le recensement des sciences, traduction et commentaire par A. Cherni, Beyrouth, Albouraq, 2015. - 23 - Al-Fārābī, La politique civile ou les principes des existants, texte, traduction et commentaire par A. Cherni, Beyrouth, Albouraq, 2011 ; Al-Fārābī, Le livre du régime politique, introduction, traduction et commentaires de Ph. Vallat, Paris, Les Belles Lettres, 2012. Al-Fārābī, L’Épître sur l’intellect, traduit de l’arabe, annoté et présenté par D. Hamzah, Paris, L’Harmattan, 2001 ; Épître sur l’intellect. Introduction, traduction, et commentaire de Ph. Vallat, Paris, Les Belles Lettres, 2012. Aristote, Ethique à Nicomaque. A. Benmakhlouf, P. Koetschet et S. Diebler, Al-Fârâbî. Philosopher à Bagdad au Xe siècle, Paris, Point Seuil, 2007. M. Mahdi, Alfarabi and the Foundation of Islamic Political Philosophy, Chicago, The University of Chicago Press, 2001 (disponible en traduction française). Herbert A. Davidson, Alfarabi, Avicenna, and Averroes, on Intellect : Their Cosmologies, Theories of the Active Intellect, and Theories of Human Intellect, Oxford, Oxford University Press, 1992. Semestre 2. M4PHHI56 Marwan RASHED Comment peut-on être anti-aristotélicien ? L’intuitionnisme d’Abū Hāshim al-Gubbā’ī (m. 933) Le séminaire portera sur l’un des plus grands métaphysiciens de terre d’Islam – l’un des plus grands métaphysiciens tout court –, Abū Hāshim al-Gubbā’ī (m. 933). Son œuvre, qui marque l’apogée de la théologie rationnelle dite « mu‘tazilite », ne nous est plus connue que par des témoignages postérieurs. Ceux-ci sont cependant assez nombreux pour nous permettre de reconstituer les grandes lignes de son système. Jusqu’à présent, Abū Hāshim était surtout célèbre pour sa théorie des états, ou modes (aḥwāl), qui marque de fait l’avènement d’un âge nouveau de la discipline, entre Antiquité et Âge classique. Nous étudierons comment, pour bien être comprise, cette doctrine doit être replacée dans une critique plus générale de la doctrine aristotélicienne de l’être et de la vérité. Abū Hāshim al-Gubbā’ī, pour la première fois après Épicure, et de manière encore plus systématique que ce dernier, adopte une doctrine de la vérité que l’on peut qualifier, en suivant une catégorisation proposée naguère par Jules Vuillemin, d’« intuitionniste ». Il s’agit, de manière encore informelle et, en un sens, « archaïque » (un millénaire avant Brouwer), de défendre et d’illustrer le principe selon lequel une proposition n’est vraie que pour autant qu’elle est soit immédiatement accessible, soit démontrée canoniquement à partir de données immédiates. Une telle doctrine refuse donc de définir la vérité adéquation de l’énoncé à la chose et limite les usages du tiers-exclu, refusant en particulier un certain usage de l’argument apagogique. L’on explorera donc cette ontologie non-aristotélicienne et l’on verra, chemin faisant, que le mode d’Abū Hāshim al-Gubbā’ī est, par excellence, un objet intuitionniste. La connaissance de l’arabe n’est pas requise, les textes seront toujours fournis en traduction (et en arabe pour les auditeurs intéressés). Bibliographie A. Alami, L’ontologie modale. Étude sur la théorie des modes d’Abū Hāshim al-Gubbā’ī, Paris, 2002. R. Frank, Beings and Their Attributes. The Teaching of the Basrian School of the Mu‘tazila, New York, 1978. D. Gimaret, « La théorie des aḥwāl d’Abū Hāshim al-Gubbā’ī d’après des sources ash‘arites », Journal Asiatique 257, 1970, p. 47-86. D. Gimaret, « La notion d’“impulsion irrésistible” (ilǧā’) ans l’éthique mu‘tazilite », Journal Asiatique 258, 1971, p. 25-62. D. Gimaret, « Matériaux pour une bibliographie des Ğubbā’ī », Journal Asiatique 254, 1976, p. 277-332. M. Rashed, « Abū Hāshim al-Gubbā’ī sur le langage de l’art », Histoire Epistémologie Langage 36, 2014, p. 85-96. J. Vuillemin, « Trois philosophes intuitionnistes : Epicure, Descartes, Kant », Dialectica 35, 1981, p. 2141. J. Vuillemin, Nécessité ou contingence, l’aporie de Diodore et les systèmes philosophiques, Paris, 1984. J. Vuillemin, « Les formes fondamentales de la prédication : un essai de classification », Recherches sur la philosophie et le langage, Cahier n° 4 du Groupe de Recherche sur la Philosophie et le Langage, Université des Sciences Sociales de Grenoble, 1984, p. 9-30. J. Vuillemin, What are Philosophical Systems ?, Cambridge, 1986. - 24 - Philosophie du Moyen-Âge Semestre 1. M3PHHI13 Pasquale PORRO Providence et contingence. La tradition boécienne au tournant du XIVe siècle Selon une lecture historiographique bien connue, la théologie médiévale chrétienne s’oppose, dans son ensemble, au nécessitarisme de la tradition péripatéticienne gréco-arabe, en affirmant la contingence radicale du monde créé. Pourtant, selon les mêmes théologiens chrétiens, aucun événement naturel ou humain n’échappe en réalité à la science et à la providence de Dieu. Après avoir rappelé quelques présupposés classiques d’Aristote sur la causalité et le déterminisme, le cours se propose d’envisager l’opposition entre la défense de la contingence du monde et de l’agir humain (contre toute forme de déterminisme naturel) et la thèse de l’absolue infaillibilité de la connaissance divine, en considérant surtout les positions de Boèce, Thomas d’Aquin, Siger de Brabant et Jean Duns Scot, et le rôle de la condamnation parisienne du 7 mars 1277. Bibliographie Les textes des auteurs mentionnés ci-dessus seront mis à disposition des étudiants dans les éditions de référence, avec une traduction française. On peut d’ores et déjà signaler Thomas d’Aquin, Somme contre les Gentils. III. La Providence, Présentation et traduction par V. Aubin, Paris, Flammarion, 1999. D. Piché (éd.), La condamnation parisienne de 1277, avec la collaboration de Claude Lafleur, Paris, Vrin (« Sic et non »), 1999. Jean Duns Scot, Traité du premier principe. Traduction et texte (bilingue latin-français) par R. Imbach. Introduction par F.-X. Putallaz, Paris, Vrin (« Bibliothèque des textes philosophiques »), 2001. A. Maier, Notwendigkeit, Kontingenz und Zufall, in Ead., Die Vorläufer Galileis im 14. Jahrhundert. Studien zur Naturphilosophie der Spätscholastik, Roma, Edizioni di Storia e Letteratura, 1949 (« Storia e Letteratura », 22), p. 219-250. J. J. Duin, La doctrine de la Providence dans les écrits de Siger de Brabant, Louvain, Éditions de l’Institut Supérieur de Philosophie (« Philosophes Médiévaux », 3), 1954. C. Schabel, Theology at Paris, 1316-1345. Peter Auriol and the Problem of Divine Foreknowledge and Future Contingents, Aldershot-Burlington-Singapore-Sydney, Ashgate (« Ashgate Studies in Medieval Philosophy »), 2000. J. Marenbon, Le temps, l’éternité et la prescience de Boèce à Thomas d’Aquin, Paris, Vrin (« Conférences Pierre Abélard »), 2005. V. Cordonier, Sauver le Dieu du Philosophe : Albert le Grand, Thomas d’Aquin, Guillaume de Moerbeke et l’invention du Liber de bona fortuna comme alternative autorisée à l’interprétation averroïste de la théorie aristotélicienne de la providence divine, in L. Bianchi (éd.), Christian Readings of Aristotle from the Middle Ages to the Renaissance, Turnhout, Brepols (« Studia Artistarum », 29), 2011, p. 65-114. P. Porro, « Lex necessitatis vel contingentiae. Necessità, contingenza e provvidenza nell'universo di Tommaso d'Aquino », in Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 96 (2012), p. 401-450. D’autres références bibliographiques seront communiquées tout au long des séances. Semestre 2. M4PHHI13 Jacob SCHMUTZ L’héritage du nominalisme à l’âge classique Initié par Guillaume d’Ockham et d’autres maîtres du XIVe siècle, le nominalisme s’est constitué en « voie » (via) universitaire à la fin du Moyen Age, en concurrence avec le thomisme et le scotisme. Dans ce séminaire, nous chercherons à comprendre quels sont les principaux thèmes du « nominalisme » qui ont survécu dans la philosophie de la Renaissance et dans la tradition scolastique moderne des XVIe et XVIIe siècles. Nous étudierons (notamment) les discussions scolastiques modernes sur l’objet de la logique et de la métaphysique, les théories de l’intentionnalité et de la formation des concepts, la querelle sur les universaux, la dispute sur les accidents, les modes et les distinctions. Il sera alors possible de porter un regard plus qualifié sur une historiographie influente, de Victor Cousin à Hans Blumenberg, qui a toujours vu dans le nominalisme la principale puissance de « dissolution » de la rationalité médiévale et le vecteur décisif du passage à la modernité. - 25 - Support du cours : la plupart des textes étudiés en classe sont issus d’imprimés anciens ainsi que de quelques sources manuscrites, dont on présentera la spécificité. Ils seront commentés en traduction française sommaire, mais une sensibilité élémentaire au latin scolastique sera la bienvenue de la part des étudiants. Bibliographie R. Ariew, Descartes among the Scholastics, Ithaca/London, 1999. A. Broadie, The Circle of John Mair, Oxford, 1985. V. Carraud, « Arnauld : From Ockhamism to Cartesianism », in Descartes and His Contemporaries, ed. R. Ariew & M. Grene, Chicago, 1995, p. 110-128. E. Caruso, Pedro Hurtado de Mendoza e la rinascita del nominalismo nella Scolastica del Seicento, Florence, 1979. W. J. Courtenay, Ockham and Ockhamism. Studies in the Dissemination and Impact of His Thought, Leiden, 2008. A. A. Coxito, Lógica, semântica e conhecimento na escolástica peninsular pré-renascentista, Coimbra, 1981. W. Hübener, « Die Nominalismus-Legende. Über das Missverhältnis zwischen Dichtung und Wahrheit in der Deutung der Wirkungsgeschichte des Ockhamismus », in Spiegel und Gleichnis. Festschrift für Jacob Taubes, ed. N.W. Bolz & W. Hübener, Wurzbourg, 1984, p. 87-111. Z. Kaluza, Les querelles doctrinales à Paris : nominalistes et réalistes aux confins du XIVe et du Xve siècle, Bergame, 1988. V. Muñoz Delgado, La lógica nominalista en la universidad de Salamanca 1510-1530. Ambiente, literatura, doctrinas, Madrid, 1964. R. Paqué, Le statut parisien des nominalistes: recherches sur la formation du concept de réalité de la science moderne de la nature, trad. E. Martineau, Paris, 1985. R. Pasnau, Metaphysical Themes, 1274-1671, Oxford, 2011. Philosophie moderne Semestres 1 et 2. M3PHHI14 et M4PHHI14 Vincent CARRAUD Descartes : physique et théologie : l’Entretien de Descartes et Burman, III Le séminaire, qui poursuivra celui donné en 2014-2016, sera consacré à ce que l’on désigne ordinairement comme l’Entretien avec Burman : il s’agit en effet d’un entretien que Descartes à accordé à François Burman le 16 avril 1648 à Egmond, dont le contenu a été communiqué à Johann Clauberg le 20 avril et que nous connaissons par une copie anonyme prise sur le manuscrit de Clauberg les 13 et 14 juillet 1648. Cette copie, découverte tardivement (1895) porte pour titre (en latin) : Réponses de René Descartes en personne à quelques difficultés tirées de ses Méditations et autres ouvrages. Nous examinerons ce texte exceptionnel où Descartes répond, dans un style oral, aux « difficultés » que le jeune Burman lui a adressées sur les Meditationes de prima philosophia, les Principia philosophiae et le Discours de la méthode. Parfois jugé « imprécis et non exempt contradictions » (Ferdinand Alquié), l’Entretien a souvent été négligé par les éditeurs et les commentateurs de Descartes (il ne figure pas, par exemple, dans l’éd. Alquié des Œuvres philosophiques), qui ne lui ont accordé que le statut de « document sur Descartes » ; nous entendons au contraire lui accorder une grande confiance, à condition de rétablir certains passages, manifestement mal déchiffrés, à l’aide des commentaires cartésiens de Clauberg qui le citent. C’est pourquoi ce séminaire introduira aussi à la lecture de certaines œuvres de Clauberg. Ainsi découvrira-t-on un Descartes interprète de lui-même, à la fois plus intime et plus libre dans ses réponses que dans bien des lettres qu’il savait destinées à être diffusées, en particulier concernant les rapports de sa philosophie avec la théologie. Une bonne connaissance de l’œuvre de Descartes est requise. La connaissance de la langue latine ne l’est pas. Bibliographie Responsiones Renati Des Cartes ad quasdam difficultates ex Meditationibus ejus, etc., ab ipso haustae, in René Descartes, Œuvres, publiées par Charles Adam et Paul Tannery, nouvelle présentation par Bernard Rochot et Pierre Costabel, vol. V, Paris, Vrin-C.N.R.S., 1974, p. 144-179. René Descartes, Entretien avec Burman, texte présenté, traduit et annoté par Ch. Adam, Paris, Boivin, 1937. Descartes, L’entretien avec Burman, édité, traduit et annoté par Jean-Marie Beyssade, Paris, PUF, 1981. - 26 - Colloquio con Burman, curatela, traduzione e note di Francesco Marrone, in René Descartes, Opere postume, 1650-2009, a cura di Giulia Belgioioso, Milan, Bompiani, 2009, p. 1241-1307 (bilingue). Johann Clauberg, Opera omnia philosophica, Amsterdam, 1691, 2 t., réimpression Hildesheim-New York, Olms, 1968. Philosophie contemporaine Semestres 1 et 2. M3PHHI15 et M4PHHI15 Dominique PRADELLE Semestre 1. Scientificité et historicité Ce séminaire sera centré sur l’idée d’historicité des sciences et de la rationalité scientifique. Si ce thème de l’historicité, non seulement du savoir scientifique, mais encore de la forme même de la rationalité scientifique et de la compréhension de son sens, est une caractéristique de l’épistémologie française de Duhem à Foucault en passant par Bachelard et Koyré, nous voudrions ici explorer le versant allemand de l‘élucidation de ce motif. Tout d’abord chez Husserl, dans le célèbre § 9 de la Krisis, où il thématise le « violent changement de sens » qui affecte la compréhension du sens de la rationalité physicienne et de son rapport aux mathématiques avec Galilée ; mais aussi et surtout chez Heidegger, dans le cours La question de la chose – qui, sous couvert d’une interprétation de l’Analytique des propositions fondamentales de la Critique de la raison pure, présente une investigation de l’historicité de la rationalité physicienne –, mais également dans les textes consacrés à la science dans les Beiträge zur Philosophie (Contributions à la philosophie. Sur l’Ereignis) et le volume Leitgedanken zur Entstehung der Metaphysik, der neuzeitlichen Wissenschaft und der modernen Technik (Pensées directrices sur la genèse de la métaphysique, de la science contemporaine et de la technique moderne). Si la compréhension du sens de la rationalité et de la scientificité est sujet à des mutations, est-on nécessairement conduit à un relativisme apparenté à la position de Kuhn ? Ou bien peut-on échapper à un tel relativisme en mettant au jour la logique interne de telles mutations épistémologiques ? Bibliographie Husserl, Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die transzendentale Phänomenologie, Hua VI, §§ 8-9, trad. fr. G. Granel, La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, 1976. Heidegger, Die Frage nach dem Ding, Pfullingen, Neske, 1962, puis Klostermann, GA 41, trad. fr. O. Reboul & J. Taminiaux, Qu’est-ce qu’une chose ?, Paris, Gallimard, 1971, partie B, p. 67 s. Heidegger, Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis) [Contributions à la philosophie (sur l’Ereignis)], Klostermann, GA 65, §§ 73-80, trad. fr. F. Fédier, Apports à la philosophie. De l’avenance, Paris, Gallimard, 2013, pp. 68-94. Heidegger, Leitgedanken zur Entstehung der Metaphysik, der neuzeitlichen Wissenschaft und der modernen Technik [Pensées directrices sur la genèse de la métaphysique, de la science contemporaine et de la technique moderne], Klostermann, GA 76. Semestre 2. Principe de raison et histoire de l’être Ce séminaire sera consacré au principe de raison, et centré sur le livre éponyme de Heidegger, Der Satz vom Grund (Le principe de raison). On s’attachera à la volonté de fonder et à son inscription dans l’histoire de la pensée, c’est-à-dire à l’émergence du projet fondationnaliste et du principe de raison, selon lequel rien n’est sans raison. Si l’apparition même de la philosophie semble dès l’abord dominée par le souci de légitimer le savoir, par opposition à la pure et simple opinion, pourquoi l’énoncé du principe de raison a-t-il dû attendre des siècles (jusqu’à Leibniz) pour venir au jour ? Quelle est la temporalité ou le type d’historicité qui rend compte d’une occultation et d’une gestation aussi longues ? Y a-t-il, au sein de l’histoire de la métaphysique, des mutations du régime d’évidence telles que le principe de raison et la nécessité de fondation du discours puissent demeurer occultés, puis devenir évidents ? La compréhension du fondement comme axioma, principium ou Grundsatz renvoie-t-elle à des domaines de pensée hétérogènes, et quelle est alors la dimension au sein de laquelle peuvent se comprendre les mutations qui conduisent d’un domaine à l’autre ? On sera ainsi conduit à expliciter quelques figures historiques cardinales du principe de raison. - 27 - Bibliographie Heidegger, Der Satz vom Grund, Pfullingen, Neske, 1957, puis GA 10, trad. fr. A. Préau, Le principe de raison, Paris, Gallimard, 1962. Aristote, Physique, VIII, trad. fr. A. Stevens, Paris, Vrin, 2012. Aristote, Métaphysique, Λ, trad. fr. J. Tricot, Paris, Vrin, 1986, trad. fr. M.-P. Duminil & A. Jaulin, Paris, Flammarion, 2014. Descartes, Meditationes de prima philosophia, Meditatio Tertia, AT VII, 40-41, et Œuvres philosophiques, éd. Alquié, Paris, Garnier Frères, 1967, tome II, p. 196 ; Méditations touchant la première philosophie, trad. du duc de Luynes, AT IX, 32, et Œuvres philosophiques, éd. Alquié, Paris, Garnier Frères, 1967, tome II, p. 438. Leibniz, Recherches générales sur l’analyse des notions et vérités, <24 thèses métaphysiques>, éd. J.B. Rauzy, Paris, Puf, 1998, p. 467 s. Kant, Über eine Entdeckung, nach der alle Kritik der reinen Vernunft durch eine ältere entbehrlich gemacht werden soll, trad. fr. J. Benoist, Réponse à Eberhard, Paris, Vrin, 1999, pp. 95 s. et 147 s. On consultera avec profit la somme de V. Carraud, Causa sive ratio. La raison de la cause, de Suarez à Leibniz, Paris, Puf, 2002. Métaphysique et idéalisme allemand Semestres 1 et 2. M3PHHI17 et M4PHHI17 Emmanuel CATTIN Morts de Dieu Le cours étudiera au premier semestre l’appropriation et le renversement nietzschéens de la mort de Dieu. Au cours de cette étude, le rapport de Nietzsche à Luther fera l’objet d’une considération particulière. Au second semestre, le cours étudiera la figure énigmatique du « dernier dieu » dans les Beiträge zur Philosophie de Martin Heidegger. Semestre 1 : Nietzsche et Luther Nietzsche, Fragments posthumes, Paris, Gallimard. Sämtliche Werke, Kritische Studienausgabe, v. G. Colli u. M. Montinari, Berlin, de Gruyter, 1986. Jean-Louis Chrétien, Lueur du secret, Paris, L’Herne, 1985. Philippe Büttgen, Luther et la philosophie, Paris, Vrin/EHESS, 2011. Didier Franck, Nietzsche et l’ombre de Dieu, Paris, PUF, « Épiméthée », 1998. Semestre 2 : Heidegger : le dernier dieu. Martin Heidegger, Beiträge zur Philosophie, Gesamtausgabe, Bd. 65, Francfort, Klostermann, 1986 (la traduction française de François Fédier, Apports à la philosophie, Paris, Gallimard, ne doit être utilisée qu’avec réserve). Didier Franck, Heidegger et le christianisme, Paris, PUF, « Épiméthée », 2004. Reiner Schürmann, Des Hégémonies brisées, Mauvezin, TER, 1996. Philosophie indienne Semestres 1 et 2. M3PHHI10 et M4PHHI10 François CHENET La philosophie du Vedânta : psychologie, ontologie, sotériologie Le Vedânta (« achèvement, couronnement du Veda ») représente la systématisation des conceptions philosophiques des Upanishad et des Brahma-sûtra, c’est-à-dire de la philosophie brahmanique orthodoxe qui devait être considérée comme l’axe majeur de l’Hindouisme. La doctrine professée par le Vedânta est un « non-dualisme » métaphysique. La thèse centrale du Vedânta est l'identité du Soi-même que chacun découvre en la profondeur de son être métaphysique et de l’Absolu impersonnel, universel et sacré, de l'âtman et du Brahman. L'expérience de cette identité n'est rien d'autre que la connaissance salvatrice, elle-même incommensurable à tout acte méritoire, nécessairement fini et temporel. Expérience - 28 - homogène à l'essence du Brahman qui est éternellement, qui est transparent à lui-même et source de toute lumière intellectuelle, qui est bienheureux, qui est infini. De par sa puissance spéculative, la finesse et la profondeur de ses analyses, le Vedânta constitue l'un des sommets non seulement de la philosophie indienne classique mais encore de la philosophie universelle. Le Vedânta s’est ramifié en plusieurs traditions (au nombre de cinq) : l’école du « non-dualisme strict » (kevalâdvaita), issue de l’enseignement de Shankara (vers 700-750 de notre ère), l’a peu à peu emporté sur les autres en autorité, mais sans les éliminer. Le Vedânta oscille, en effet, entre une conceptualisation plus strictement moniste et mille nuances de monisme tempéré. Au nombre des autres écoles du Vedânta figure notamment celle de Râmanuja (1050-1137), d'orientation théiste et l'une des sources de la mystique vishnouite. Une bibliographie spécialisée sera distribuée en début d’année, mais on peut consulter : M. Hulin, Shankara et la non-dualité, Paris, Bayard, 2001. E. Deutsch, Qu’est-ce que l’Advaita Vedânta ?, Paris, Les Deux Océans, 1986. O. Lacombe, L’Absolu selon le Vedânta, Paris, Geuthner, 2e éd., 1966. L. Gardet et O. Lacombe, L’expérience du Soi. Étude de mystique comparée, Paris, Desclée de Brouwer, 1981. P. Martin-Dubost, Shankara et le Vedânta, Paris, Le Seuil, coll « Maîtres spirituels », 1973. G. C. Pande, Life and thought of Shankarachâcârya, Delhi, Motilal Banarsidass, 1994. M. Hulin, Qu’est-ce que l’ignorance métaphysique (dans la pensée hindoue) ?, Paris, Vrin, 1994 (traduction de la partie en prose du Traité des mille enseignements). Vidyâranya, Être, Conscience, Félicité. La Pancadasi ("(Traité en) quinze (chapitres)"), trad. A. CahnFung, Paris, Éd. Accarias L’Originel, 2006. A.-M. Esnoul, Râmanuja et la mystique vishnouite, Paris, Le Seuil, coll . « Maîtres spirituels », 1964. UE 6 (rappel de la p. 3 de cette brochure) Le quatrième séminaire n’est pas nécessairement un « séminaire » : il implique d’assister au moins deux fois par semestre, à un séminaire, à une conférence, à une journée d’études ou à un colloque, qui soient organisés par l’ED V, l’équipe de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité (EA 3552, dir. Vincent Carraud), le Centre de recherche sur la pensée antique Léon Robin (UMR 8061, dir. Jean-Baptiste Gourinat) ou par une autre équipe de recherche, en accord avec le directeur de mémoire (par exemple les Archives Husserl, ENS, dir. Dominique Pradelle). La simple présence, dûment attestée, suffit à valider l’UE 6. On conseillera en particulier aux étudiants d’assister, en janvier 2017, à deux colloques d’importance de l’équipe de recherche Métaphysique : histoires, transformations, actualité : — Leibniz et la philosophie antique, organisé par le Centre d’études cartésiennes, les 17 et 18 janvier à la Fondation Singer-Polignac ; — Franz Rosenzweig. Judaïsme, christianisme, idéalisme, organisé par le Centre Emmanuel Levinas, les 20 et 21 janvier en Sorbonne. Lecture de textes philosophiques en langue étrangère (TD à choisir parmi quatre langues) Grec Semestres 1 et 2. M3PHLAN1 et M4PHLAN1 Thomas AUFFRET Semestre 1. Théophraste, Métaphysique. On traduira et commentera dans son détail le court opuscule de Théophraste transmis par la tradition sous le nom de Métaphysique, en replaçant son projet dans le contexte académicien de discussion autour des principes fondamentaux du système de Platon. On prêtera notamment attention à la manière dont Théophraste reçoit et problématise les thèses du Timée et du livre Lambda de la Métaphysique d’Aristote. Il s’agira également de s’interroger sur la portée positive et constructive du projet de Théophraste, trop souvent réduit à une simple série d’apories, en revenant sur la composition de l’ouvrage. Un texte grec sera distribué lors de la première séance. - 29 - Bibliographie W.D. Ross & Fobes, Theophrastus’ Metaphysics with Translation, Commentary and Introduction, Oxford, 1929. Théophraste, Métaphysique. Texte établi et traduit par A. Laks et G.W. Most, Paris, 1993. Theophrastus, On principles (known as his Metaphysics). Greek Text and Medieval Arabic Translation (…) ed. by D. Gutas, Leiden-Boston, 2010. A. Jaulin et D. Lefebvre (éd.), La Métaphysique de Théophraste. Principes et apories, Louvain-la-Neuve, 2015. Semestre 2. Platon, République, VI 506 B-VII. On reviendra sur ce texte classique du corpus platonicien, en tâchant d’en proposer une traduction et une interprétation les plus exactes possibles. On commentera ainsi en détail la suite composée de l’analogie du Bien-Soleil, de l’image de la Ligne et de l’allégorie de la Caverne en s’efforçant de souligner l’unité de cette triple représentation. On tâchera ensuite, en étudiant jusqu’à son terme le cursus propédeutique exposé par Platon dans ce livre, de déterminer la fonction et la nature exactes de la dialectique dans la formation du philosophe-roi, et sa relation tant avec les sciences mathématiques qu’avec la philosophie. Bibliographie J. Adam, The Republic of Plato, Cambridge, 1902. Y. Lafrance, Pour interpréter Platon, vol. I–II, Montréal, 1986–1994. L. Robin, Les rapports de l’être et de la connaissance d’après Platon, Paris, 1957. S. R. Slings, Platonis rempublicam, recognovit brevique adnotatione critica instruxit, Oxford, 2003. J. Vuillemin, Mathématiques pythagoriciennes et platoniciennes, Paris, 2001. Latin Semestre 1. M3PHLAN4 Pasquale PORRO Jean Duns Scot, Le principe d’individuation. Introduction, traduction et notes par G. Sondag, Paris, Vrin, 1992. Les références bibliographiques seront communiquées tout au long des séances. Semestre 2. M4PHLAN4 Jacob SCHMUTZ La théologie médiévale à l’aube de la modernité : les Prologues de Jean Mair Ce TD de textes latin proposera une initiation au latin scolastique à partir d’une sélection de textes tirés des différents prologues au commentaire des Sentences composés par Jean Mair (ou Major, Joannes Maior, 1467-1550) : philosophe et théologien d’origine écossaise, figure phare de l’Université de Paris au tournant des XVe et XVIe siècles. On proposera un extrait représentatif par séance, qu’il s’agira de (1) retranscrire, (2) éditer, (3) traduire et (4) commenter. Parmi les thèmes abordés : la nature et la fonction du théologien ; les sources de la théologie chrétienne ; les différentes voies de la théologie ; le statut épistémologique de la foi ; le rapport entre christianisme et islam ; humanisme et scolastique. Ces textes sont disponibles dans des éditions post-incunables (des années 1510-1520) et n’ont jamais fait l’objet d’une édition critique. Prérequis : une connaissance élémentaire du latin est requise. Les étudiants apprendront à constituer un glossaire scolastique. A titre de lecture introductive sur le contexte, les étudiants devront avoir lu l’ouvrage classique d’A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), Paris, 1916 [édition originale téléchargeable sur archive.org]. Bibliographie R. García Villoslada, « Un teológo olvidado : Juan Mair », Estudios eclesiásticos 15, 1936, p. 83-118. J.H. Burns, « New Light on John Major », The Innes Review 5, 1954, p. 83-100. T.F. Torrance, « La philosophie et la théologie de Jean Mair ou Major, de Haddington (1469-1550) », Archives de philosophie 32, 1969, p. 531-576. A. Broadie, The Circle of John Mair, Oxford, 1985. - 30 - J.T. Slotemaker, S.V. Kitanov & J.C. Witt, « John Major’s (Mair’s) Commentary on the Sentences of Peter Lombard : Scholastic Philosophy and Theology in the Early Sixteenth Century », in Mediaeval Commentaries on the Sentences of Peter Lombard, vol. III, ed. Ph. Rosemann, Leiden, 2015, p. 369-415. J.T. Slotemaker & J.C. Witt (eds), A Companion to the Theology of John Mair, Leiden, 2015. Allemand Semestre 1 M3PHLAN2 Raphaël EHRSAM Psychologie et métapsychologie freudiennes Freud a forgé le terme de « métapsychologie » par analogie avec le concept traditionnel de « métaphysique », afin de désigner la partie de son œuvre destinée à fonder la psychanalyse en explicitant ses assises conceptuelles et théoriques. Les écrits dits « métapsychologiques » arborent de ce fait une ambition proprement philosophique, au moment d’exposer la division de l’appareil psychique en instances, l’origine et le destin des pulsions, le processus du refoulement, ou encore en évaluant les bénéfices et limites des points de vue dynamique, topique et économique. Nous traduirons, au cours de ce TD, les passages clés des textes métapsychologiques de Freud afin de prendre la mesure de la déclaration de Freud, dans sa lettre à Fliess du 2 avril 1896 : « Je n’ai aspiré, dans mes années de jeunesse, qu’à la connaissance philosophique, et maintenant je suis sur le point d’accomplir ce vœu, en passant de la médecine à la psychologie ». Bibliographie Freud Sigmund, Triebe und Triebschicksale, édition internet : www.psychanalyse.lu/Freud/FreudTriebschicksale.pdf — , Das Ich und das Es, Stuttgart, Reclam, 2013. —, Jenseits des Lustzprinzips, Stuttgart, Reclam, 2013. Assoun Paul-Laurent, Freud, la philosophie et les philosophes, Paris, PUF, 1976. —, Introduction à la métapsychologie freudienne, Paris, PUF, 1993. Contou Terquem Sarah, Dictionnaire Freud, Paris, Robert Laffont, 2015. Jones Ernest, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, Paris, PUF, 2006. Laplanche Jean et Pontalis Jean-Baptiste, Vocabulaire de la psychanalyse, Paris, PUF, 1967. Ricœur Paul, De l’interprétation : Essai sur Freud, Paris, Seuil, 1965. Semestre 2. M4PHLAN2 François OTTMANN E. Kant, Metaphysische Anfangsgründe der Naturwissenschaft Les Premiers principes métaphysiques de la science de la nature sont souvent considérés comme d’un intérêt strictement local (comme théorie kantienne des sciences de la nature, voire comme simple traduction métaphysique des fondements de la physique newtonienne). Cette lecture réductrice semble pourtant contredite par l’exposition, dès la préface, de l’esquisse de la deuxième déduction transcendantale, signe du caractère décisif de l’entreprise pour l’ensemble de l’édifice critique. La traduction du texte nous conduira à une lecture plus emphatique de ce traité dans l’économie du discours critique. Nous essaierons d’en dégager le rapport exact avec le système des principes de la première Critique, afin d’éclairer la portée de certains concepts cardinaux (comme celui de nature ou d’objet empirique), ce qui nous permettra de faire apparaître les apports et apories de la révolution transcendantale pour la théorie scientifique. La préface fera l’objet d’une attention particulière et nous amènera à une lecture et traduction des textes charnières de l’ouvrage. Les étudiants devront se procurer un texte allemand de l’ouvrage de Kant, de préférence celui reproduit dans le tome IX des œuvres de Kant chez Suhrkamp, intitulé Schriften zur Naturphilosophie. Anglais A l’issue d’un test de langue organisé en début de semestre, les étudiants seront répartis dans les groupes de niveau. Semestre 1. M3PHLAN3 Niveaux 1 et 2 Claire CRIGNON - 31 - John Locke, An Essay Concerning Human Understanding, ed. R. Woolhouse, Penguin Classics, Book IV. Dans l’épître au lecteur de An Essay Concerning Human Understanding, John Locke, relatant l’histoire de l’ouvrage, explique que c’est à propos d’un sujet fort éloigné de questions épistémologiques qu’il a été amené, avec ses amis, à se poser la question de l’objet de l’entendement, de ses capacités et de ses limites, et de la méthode pour parvenir à des connaissances. Ces questions pratiques, relatives à la morale et à la religion, se retrouvent au cœur du livre IV de l’Essay, dans lequel Locke interroge non seulement les limites de la connaissance, mais aussi celle de nos motivations à rechercher la vérité et où il ajoute, à l’occasion de la 4e édition, un chapitre consacré à la question de l’enthousiasme. Nous lirons et traduirons le livre IV de l’Essay en accordant une place toute particulière à la question de l’articulation entre projet épistémologique et critique de l’enthousiasme, ce qui nous permettra de poser la question du rapport de Locke à l’enthousiasme religieux mais aussi celle de son rapport critique à la philosophie de Malebranche. Semestre 2. M4PHLAN3 Niveaux 1 et 2 Samuel WEBB Identité personnelle, selfhood et connaissance de soi dans la tradition anglophone. Lectures classiques et contemporaines Une personne est-elle la même au cours de sa vie (et au-delà) ? Qu’est-ce qui fait cette identité ? Dans la philosophie anglophone, c’est Locke qui a inauguré la réflexion sur ces questions, réactivée de nos jours dans la philosophie analytique. La réponse de Locke a ceci de remarquable qu’elle fait entrer en scène un nouveau personnage philosophique – « the self ». Qu’est-ce que ce « self », exactement ? Être soi-même est-ce être un self ? Avoir un self ? Le self de la métaphysique, est-ce la même chose que la personne morale ou le sujet politique ? Sommes-nous les mêmes « selves » en dépit de nos changements, parfois radicaux ? Ou, au contraire, faut-il suivre Hume et conclure que le self est illusoire (ou, avec d’autres auteurs encore, affirmer que le self n’est pas donné, mais qu’il se fait ou est fait) ? Par ailleurs, la connaissance de soi (du soi ?) a-t-elle quelque chose de distinctif par rapport à la connaissance d’autrui ? Est-elle, par exemple, plus directe, plus sûre ? Ou, au contraire, rencontre-t-elle des obstacles spécifiques? Comment expliquer cette éventuelle différence ? Nous lirons et commenterons une sélection de textes modernes et contemporains de cette tradition anglophone, en les envisageant de façon à la fois historique, textuelle et conceptuelle. Une part importante du travail sera également consacrée à l’exercice de la traduction. Extraits de : Hobbes, Leviathan (1651), l’édition d’Oxford ou de Cambridge University Press. Anscombe, G.E.M (1957), Intention, 2e édition, Cambridge, USA, Harvard University Press, 2000. Moran, R., Authority and Estrangement: An Essay on Self-Knowledge, Princeton University Press, 2001. Butler, J., Gender Trouble: Feminism and the Subversion of Identity, New York, Routledge, 1999. Rawls, J., A Theory of Justice, Revised ed., Cambridge, USA, Harvard University Press, 1999. Indications bibliographiques Perry, J. (ed)., Personal Identity, Berkeley, University of California Press, 2nd ed., 2008 (sélections classiques de Locke, Butler, Hume, Reid... ainsi que d'auteurs contemporains comme S. Shoemaker, B. Williams, D. Parfit). Rorty, A. (ed.), The Identities of Persons, Berkeley, CA: University of California Press, 1976. Cassam, Q. (ed.), Self-Knowledge, Oxford University Press, 1994. Balibar, É., John Locke, Identité et différence. L’ invention de la conscience. Présenté, traduit et commenté par É. Balibar, Paris, Seuil, 1998. Carraud, V., L'invention du moi, Paris, PUF, 2010. Descombes, V., Le parler de soi, Paris, Gallimard, 2014. –, Les embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013. Larmore, Ch., Les pratiques du moi, Paris, PUF, 2004. Ricoeur, P., Soi-même comme un autre, Paris, Seuil, 1990. Schectman, M., The Constitution of Selves, Ithaca and London, Cornell University Press, 1996. Taylor, C., Sources of the Self : the Making of Modern Identity, Cambridge, Harvard University Press, 1989. - 32 -