
Arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés : démarche du médecin traitant en ambulatoire
HAS / Service Bonnes pratiques professionnelles / Juin 2015
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Préambule
Les benzodiazépines (BZD) sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central et qui
possèdent des propriétés anxiolytiques, hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsives.
Alors que leur durée de prescription est limitée à 4 semaines pour les BZD hypnotiques et jusqu’à
12 semaines pour les BZD anxiolytiques (voir tableau ci-après), il est observé que les
recommandations d’utilisation de ces médicaments ne sont pas toujours respectées et que leur
consommation peut s’étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années (1, 2). Or, au-delà de
28 jours, l’efficacité est incertaine, les risques d’effets délétères augmentent (somnolence diurne,
troubles de la mémoire, chutes, accidents, etc.) ainsi que celui de dépendance.
Tableau 1. Indications et durées du traitement par BZD et apparentés pour anxiété et insomnie selon
les RCPs
Indications Durées *
Troubles du
sommeil
Les BZD sont limitées
aux troubles sévères du
sommeil dans les cas
suivants :
insomnie occasionnelle,
insomnie transitoire.
Quelques jours à 4
semaines, y compris
la période de réduction
de posologie.
Insomnie occasionnelle : par
exemple lors d’un voyage,
durée = 2 à 5 jours.
Insomnie transitoire : par
exemple lors de la survenue
d’un événement grave, durée =
2 à 3 semaines.
Anxiété
Traitement
symptomatique des
manifestations
anxieuses sévères
et/ou invalidantes.
La durée globale du traitement ne devrait pas excéder 8 à
12 semaines pour la majorité des patients, y compris la période de
réduction de la posologie.
Prévention et
traitement du delirium
tremens et des autres
manifestations du
sevrage alcoolique.
Traitement bref de l’ordre de 8 à 10 jours.
*Traitement aussi bref que possible. Dans certains cas, il pourra être nécessaire de prolonger le traitement au-delà des
périodes préconisées. Cela suppose des évaluations précises et répétées de l’état du patient.
En juillet 2014, face à l’effet faible des benzodiazépines sur le sommeil, la Commission de la
Transparence (CT) a positionné au plus bas niveau d’intérêt les benzodiazépines hypnotiques et
produits apparentés : estazolam (NUCTALON), loprazolam (HAVLANE), lormétazépam
(NOCTAMIDE), nitrazépam (MOGADON), témazépam (NORMISON), zolpidem (STILNOX),
zopiclone (IMOVANE) et leurs génériques, dans le cadre de la prise en charge des troubles
sévères du sommeil.
La Haute Autorité de Santé (HAS) s’est positionnée contre le renouvellement systématique des
prescriptions d’hypnotiques. Devant toute insomnie autre qu’occasionnelle, la HAS recommande
que les règles d’hygiène du sommeil soient observées. De plus, en cas de nécessité, le recours
aux thérapies cognitivo-comportementales devrait être favorisé en première intention. La
prescription d’hypnotiques devrait être envisagée seulement en cas d’échec des thérapies non
médicamenteuses et pour une courte période.
Ces avis s’inscrivent dans la continuité des actions menées pour lutter contre la surconsommation
et un mésusage important des benzodiazépines par la HAS, la Direction générale de la santé