4. Il est clair que les polynˆomes constants ´egaux `a un nombre premier conviennent. Montrons, par l’absurde, que ce
sont les seuls. Soit Pun polynˆome non constant `a coefficients entiers v´erifiant la propri´et´e de l’´enonc´e ; par hypoth`ese,
il existe un entier Ntel que pour tout n≥N,P(N) soit premier. Notons ple nombre premier P(N). Alors on peut
´ecrire
P(N+dp) =
deg P
X
k=0
a0+a1(N+dp) + ... +adeg P(N+dp)deg P
pour tout entier d≥0, avec a0, ..., adeg Ples coefficients (entiers) de P. Sur cette ´egalit´e, on voit que P(N+dp) est
congru `a P(N) = pmodulo p, c’est-`a-dire que P(N+dp) est divisible par p. Or P(N+dp) est premier car N+dp > N
; ceci impose P(N+dp) = ppour tout d≥0. Le polynˆome P(N+dp)−paurait alors une infinit´e de racines, donc P
serait constant ´egal `a p, ce qui est exclu. Le r´esultat est prouv´e.
Exercice 2
On dit qu’un corps Kest alg´ebriquement clos si tout polynˆome de K[X]de degr´e dadmet dracines (compt´ees avec
multiplicit´e) dans K.
1. Montrer que Kest alg´ebriquement clos si et seulement si tout polynˆome de K[X]de degr´e ≥1admet une racine
dans K.
2. On admet que Cest alg´ebriquement clos. Quels sont les polynˆomes irr´eductibles de R[X]?Rest-il alg´ebriquement
clos ? Le corps des fractions rationnelles `a coefficients complexes C(X)est-il alg´ebriquement clos ?
3. Soit Kun corps fini. Montrer que Kn’est pas alg´ebriquement clos.
Correction : 1. On va d´emontrer le r´esultat par double implication. Supposons que Ksoit alg´ebriquement clos ;
alors, par d´efinition, tout polynˆome de K[X] de degr´e d≥1 admet dracines dans K, or d≥1 donc Padmet au moins
une racine dans K. Supposons, r´eciproquement, que tout polynˆome de K[X] de degr´e ≥1 admette une racine dans
K. Soit Pun polynˆome de K[X]. Montrons par r´ecurrence la propri´et´e suivante : tout polynˆome P∈K[X] de degr´e
d≥1 admet dracines dans K. Pour d= 1, la propri´et´e r´esulte imm´ediatement de l’hypoth`ese. Supposons maintenant
la propri´et´e prouv´ee pour un entier d. Soit P∈K[X] un polynˆome de degr´e d+ 1. Par hypoth`ese, Padmet une racine
αdans K, et on peut ´ecrire
P(X) = (X−α)Q(X)
avec Qde degr´e d. Par hypoth`ese de r´ecurrence, Qadmet dracines dans K; ainsi Padmet d+ 1 racines dans K, et le
r´esultat est prouv´e par r´ecurrence. Ainsi Kest alg´ebriquement clos si et seulement si tout polynˆome de K[X] de degr´e
≥1 admet une racine dans K.
2. Montrons que les polynˆomes irr´eductibles de R[X] sont les polynˆomes de degr´e 1 et les polynˆomes de degr´e 2
de discriminant strictement n´egatif. Il est clair que de tels polynˆomes sont irr´eductibles, car un polynˆome de degr´e 2
est irr´eductible si et seulement s’il n’admet pas de racines. R´eciproquement, un polynˆome de degr´e 2 de discriminant
positif admet au moins une racine r´eelle, et est donc r´eductible sur R, et un polynˆome r´eel Pde degr´e ≥3 est r´eductible,
soit en effet αune racine complexe de P(on sait qu’il existe une telle racine d’apr`es le th´eor`eme de d’Alembert-Gauss).
Si αest r´eel, Pest divisible par X−αdonc est r´eductible sur R; si αest complexe, en conjuguant l’´egalit´e P(α) = 0
on voit que αest aussi racine de P, par cons´equent Pest divisible par le polynˆome `a coefficients r´eels de degr´e 2
(X−α)(X−α),
et est donc r´eductible sur R. Le corps Rn’est pas alg´ebriquement clos ; en effet le polynˆome `a coefficients r´eels X2+ 1
est de degr´e 2 et n’admet aucune racine r´eelle. Le corps C(X) n’est pas alg´ebriquement clos ; montrons que le polynˆome
T2−X∈C(X)[T] n’admet aucune racine dans C(X). Il est clair que 0 n’est pas une racine de ce polynˆome. Soit
R=P/Q ∈C(X)− {0}une fraction rationnelle non nulle telle que R2=X, cette ´egalit´e peut se r´ecrire P2=XQ2
(avec P, Q deux polynˆomes non nuls). Prenons alors le degr´e dans l’´egalit´e pr´ec´edente, on trouve 2 deg P= 1 + 2 deg Q,
ce qui est impossible (on a `a gauche un entier pair, `a droite un entier impair). Ainsi le polynˆome T2−X, de degr´e 2,
n’admet aucune racine dans C(X), et C(X) n’est pas alg´ebriquement clos.
3. Soit Kun corps fini de cardinal n≥2 (un corps contient au moins deux ´el´ements, le neutre de l’addition et le
neutre de la multiplication). Notons x1, ..., xnses ´el´ements. On consid`ere le polynˆome
P(X) = 1 + Y
1≤i≤n
(X−xi).
Le polynˆome Pest de degr´e n≥2 mais n’a aucune racine dans Kpuisque P(xj) = 1 pour tout 1 ≤j≤n. Ainsi un
corps fini n’est jamais alg´ebriquement clos.
Exercice 3
Soit (un)n∈Nla suite r´eelle d´efinie par u0>0,u1>0, et la relation de r´ecurrence un+2 = 2√un+1un.
1. Montrer que la suite (vn)de terme g´en´eral vn:= log unest bien d´efinie. Donner une relation de r´ecurrence d’ordre
2