La dette odieuse Une possible application aux pays du Nord

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La dette odieuse
Une possible application aux pays du
Nord ?
CADTM – week-end droit
Octobre 2011
Renaud Duterme
Sommaire
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•
•
•
La dette odieuse grecque
Les origines odieuses de l’endettement
L’Europe : politique économique odieuse ?
La crise de 2008
La dette odieuse grecque
• La dette grecque a quadruplé sous la « dictatures des
colonels » entre 1967 et 1974.
ÞDéfinition de la dette odieuse
Þ« Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas
selon les besoins et les intérêts de l’Etat, mais pour
fortifier son régime despotique, pour réprimer la
population qui le combat, cette dette est odieuse pour
la population de l’Etat entier. Cette dette n’est pas
obligatoire pour la nation : c’est une dette de régime,
dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée ; par
conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir »
Alexander Nahum Sack, 1927
Vers un élargissement de la doctrine
« Les dettes d’États doivent être contractées et
les fonds qui en proviennent utilisés pour les
besoins et les intérêts de l’État »
Alexander Nahum Sack
« Dettes contractées contre les intérêts des
populations d’un Etat, sans leur consentement
et en toute connaissance de cause du côté des
créanciers »
Center for International Development, Montreal
D’autres motifs odieux
• La Grèce fut un des cinq plus gros importateurs
d’armes en Europe entre 2005 et 2009.
Exemples :
- Achat de 26 F-16 (USA) et de 25 Mirages 2000
(France) pour une valeur de 1,6 milliard €
- Achat de 6 frégates de guerre (France) pour 2,5
milliards €
- Achat de sous-marins (Allemagne) pour 5
milliards €.
• Les banques françaises possèdent 26% des titres grecs
• Les banques allemandes possèdent 15% des titres
grecs
« La combinaison entre l’endettement externe contracté
à l’égard de banques (…) originaires des mêmes pays
que les entreprises qui vendent des armes relève d’une
forme de subordination économique et politique
caractéristique de l’impérialisme ».
François Chesnais : Les dettes illégitimes, page 107.
• L’organisation des jeux olympiques de 2004: montant
estimé : entre 14 et 20 milliards $
Baisse des recettes
• Constitution grecque de 1975:
ÞPrévoit l’exemption fiscale des armateurs
grecs, de leurs familles et de leurs sociétaires
• Eglise orthodoxe (1er propriétaire terrien du
pays) exemptée d’impôts
• Baisse d’impôts des classes aisées constantes
depuis 30 ans
Généralisable aux autres pays du Nord
• 2 objets d’une dette publique:
a)Financer des investissements ou des
politiques publiques (grands travaux,
politiques d’enseignement, …)
b)Financer le déficit budgétaire
=> Dans les économies industrialisées,
l’endettement sert surtout à financer les
déficits
Un déficit en hausse constante ?
Baisse de la fiscalité en Europe (UE27)
(source Eurostat-DGTAXUD du 22 juin 2009)
2000
2008
Impôt sur le revenu
44,7
37,8
Impôt sur les sociétés
31.9
23.5
Différence
-6,9
-8,4
Taux d’imposition de la tranche de
revenus la plus élevée
Pays
1986
2007
France
65%
40%
Allemagne
53%
47,5%
Belgique
72%
50%
Espagne
66%
43%
Italie
62%
43%
Pays-Bas
72%
52%
Royaume-Uni
60%
40%
ATTAC : Dans le piège de la dette publique
Taux d’imposition des sociétés dans le
monde
Pascal Franchet - CADTM
Et la Belgique ?
• Différents mécanismes fiscaux favorables aux
grandes entreprises:
Exemples:
=> exemptions fiscales sur les plus-values –
exonération de 2,48 milliards € pour Fortis en
2006.
=> intérêts notionnels : manque à gagner de 2,3
milliards € en 2006
« Les déductions
fiscales sont
nécessaires à la
création d’emplois »
Didier Reynders, Bruno Colmant, …
Source: PTB
Augmentation des déficits
• Comment financer des déficits ?
ÞPar l’endettement
++ effet boule de neige ++
• 1979: augmentation des taux d’intérêt
décidées par la Réserve Fédérale Américaine
Année
Taux réel (inflation réduite
1979
1,4
1980
1,8
1981
8,6
Conséquences: augmentation du services de la
dette (PED + pays du nord)
Etape-clé dans la financiarisation de l’économie
=> Plus rentable que d’investir dans l’économie
productive
Qui achète les titres de la dette ?
Exemple d’une émission de titres belges en 2008 :
- Gestionnaires de fonds: 36%
- Banques : 19%
- Banques centrales et entités publiques: 19%
- Institutions financières : 12%
- Compagnies d’assurances et fonds de pensions:
10%
- Hedges Funds : 4%
Les organismes financiers sont les
principaux détenteurs des titres de
le dette
ÞIls perçoivent donc les remboursements
• Belgique : entre 1999 et 2009 : 179 milliards
• France: 37% des dépenses publiques vont au
remboursement de la dette (1er poste
budgétaire)
Pourquoi ???
• Indépendance des banques centrales
(lutte contre l’inflation)
=> Ces banques centrales ne peuvent plus
financer le déficit des Etats directement. Ces
derniers doivent donc se financer auprès des
marchés financiers (taux plus élevés).
Le rôle de l’UE
Traité de Lisbonne : article 3 repris du traité de
Maastricht
« Il est interdit à la BCE et aux banques centrales
des Etats-membres (…) d’accorder des
découverts ou autre type de crédit aux
institutions ou organes de la Communauté ,
aux administrations centrales, aux autorités
régionales , aux autres autorités publiques ».
1%
6;7;8;9;10;…%
Faire de l’argent avec… de l’argent
ÞMainmise de la finance : plus rentable que
d’investir dans l’économie réelle
ÞEffet levier de plus en plus important
Les banques empruntent pour pouvoir faire des
placements rentables
=> Origines de la crise financières
La crise financière
• Les Subprimes ?
• La titrisation
• Séparation entre banques de dépôts et
banques d’investissement
ÞCe qui a permit une concentration bancaire
toujours plus importante
Þ« Trop grande pour tombées »
La crise
• Aides européennes au secteur financier entre
2008 et 2010 : 4589 milliards €
ÞCes aides ont été utilisées pour …
Acheter des titres de la dette ... Grecs, …
• Plans de relance
• Crise de l’économie réelle
=> Baisse des recettes (TVA, …) ; augmentation
du chômage, …
Evolution de la dette publique
française
Source : Pascal Franchet, diapo.
Impact de la crise sur les recettes fiscales en %
du PI B.
(y compris les cotisations de sécurité sociale)
Source : diapo Pascal Franchet : dette et services publiques
Le serpent se mord la queue
Plans de sauvetage
Prêts à taux d’intérêts
bas
Financement sur les
marchés (banques
privées, …) à des taux
d’intérêts plus élevés
L’addition pour les peuples
• Conséquences de la crise financière (expulsion
des ménages américains, licenciements, …)
• Plans d’austérité injustes et inefficaces
(hausse de la TVA, diminution des aides
sociales, privatisations, …)
• On ne s’attaque absolument pas aux causes
de la débâcle (secteur financier de nouveau
sur pied et toujours à la recherche de profits
indécents).
Bibliographie
• CADTM, La dette ou la vie, Aden, 2011.
• ATTAC, Dans le piège de la dette publique, LLL,
2011.
• Marco Van Hees, Banques qui pillent, banques
qui pleurent, Aden, 2010.
• François Chesnais, Les dettes illégitimes,
Raison d’agir, 2011.
• www.cadtm.org
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