Le réaménagement d`anciennes friches industrielles en bordure de

Contexte - Présentation du projet
Les Sept Deniers est un quartier de Toulouse, proche
du pôle aéronautique et de l’aéroport de Toulouse
Blagnac, en bordure de la Garonne.
Le secteur d’étude, le site JOB, repose sur
d'anciennes friches industrielles ayant permis une
mutation en logements et équipements grâce à de
nombreuses emprises foncières libérées. Il englobe
notamment l’ancienne papeterie JOB, dont le
bâtiment principal (appelé « le vaisseau Amiral ») est
le seul vestige de l'usine à papier JOB, fermée en
avril 2001 puis réhabilitée en 2011 en complexe
socio-culturel et sportif.
Contexte historique
Construite en 1931, l'usine de 5 hectares produisait
essentiellement du papier à cigarettes. Elle
comportait plusieurs bâtiments et locaux, dont celui
du bâtiment « Amiral ». Victime de la déchéance de
l’industrie papetière, l’usine a alterné dépôts de
bilans et rachats successifs au cours de son histoire. Mais
l’entreprise n’a pu être sauvée et le site a été revendu. Un
plan social a finalement été mis en place afin de reclasser
les ouvriers, suite à leurs diverses actions de sauvegarde de
l’entreprise.
En février 2001, la liquidation judiciaire a été prononcée, et
la démolition du site lancée en décembre 2003. La
reconversion du site industriel a fait l’objet d’un schéma
d’aménagement établi par les services de la Ville de
Toulouse et d’un appel d’offres pour la désignation du Maître
d’Ouvrage chargé du projet. Les 5 hectares du site en friche
ont ainsi été acquis par un promoteur immobilier, BELIN
PROMOTION, pour réaliser une opération de construction de logements au bord de la Garonne. Le
projet est inclus dans un Périmètre d’Aménagement d’Ensemble (PAE).
En 2005, la Ville de Toulouse a racheté uniquement le bâtiment « Amiral » au promoteur immobilier, sous la
pression des associations, et négocié avec elles son utilisation. En effet, les associations ne souhaitaient
pas que l’immeuble soit intégré à l’opération immobilière, afin de conserver son caractère symbolique et de
saluer la mémoire de l’industrie toulousaine. La réhabilitation du bâtiment en complexe socio-culturel et
sportif a commencé en 2009 pour devenir l’« Espace Garonne », inauguré en 2011.
Les friches industrielles et les autres bâtiments restants de l’usine appartenant toujours au promoteur, ce
dernier a réaménagé les friches autour de l’usine pour en faire un lotissement. BELIN PROMOTION s’est
ensuite associé à d’autres promoteurs pour pouvoir réaliser cette opération immobilière.
L’ensemble des aménagements du site JOB s’étale dorénavant sur une superficie de 62 000 m², avec
54 987 de SHON constructible. 642 logements font face au fleuve, répartis entre 25 % de logements
sociaux, 50 % en accession à la propriété et 25 % pour la location. Le quartier est ainsi passé de 5 000 à
plus de 7 000 habitants depuis sa réhabilitation globale.
CETE du Sud-Ouest – Réaménagement du site JOB 7 Deniers 1/15
DGALN
CETE
Sud-Ouest
Le réaménagement d'anciennes friches industrielles
en bordure de la Garonne à Toulouse
Site JOB dans le quartier des Sept Deniers
Illustration 1 : localisation du quartier des 7 Deniers dans Toulouse
Source : mairie de Toulouse
Illustration 2 : le site de l'usine JOB dans les années 1950
Source : site 7 Deniersweb
L’illustration ci-après montre la répartition des espaces au sein du site JOB.
Contexte inondation
La Ville de Toulouse se trouve en zone inondable (15 % de son territoire). Le quartier des 7 Deniers, situé
sur sa rive droite, se trouve pour partie en zone inondable et est sensible en cas de rupture de digue.
Les crues
Le contexte lié aux inondations est prépondérant : crue historique de juin 1875, crue devrier 1952, de mai
1977 puis de février 2000.
CETE du Sud-Ouest – Réaménagement du site JOB 7 Deniers 2/15
Illustration 3 : extrait de l’étude "coeur de quartier JOB 7 Deniers"
Source : mairie de Toulouse
Illustration 4 : hauteur atteinte par les principales crues de 1875 à 2000
Source : site toulouse-inondation.org
La crue la plus importante connue jusqu’à ce jour s’est produite dans la nuit du 23 au 24 juin 1875. Elle a
provoqué la mort de 209 personnes, la destruction de 1 140 maisons et de 3 ponts. Seul le Pont Neuf a
résisté à cette crue dévastatrice. La hauteur d’eau (8,32 m en hauteur brute) correspond aux Plus Hautes
Eaux Connues (PHEC), dont le débit en pointe a été estimé à 7 500 m3/s. La hauteur corrigée, et
habituellement annoncée, est de 7,60 m à l’échelle du Pont Neuf. Ce débit constitue la crue de référence en
matière de politique de prévention du risque d’inondation à la traversée de Toulouse.
Le territoire communal, sensible et vulnérable, est donc exposé à des crues violentes et à une montée des
eaux rapide, comme pour celle de 1875. Fortement urbanisé et avec un rythme de croissance
démographique important, le territoire bordant la Garonne est actuellement en majeure partie « préservé »
par les digues, construites pour une protection contre les crues fréquentes. Le nombre de résidents protégés
par les digues de Toulouse pour une crue de type 1875 est estimé aujourd’hui à environ 50 000, chiffre
pouvant être doublé si l’on considère les personnes réellement présentes en journée dans ces mêmes
zones. En cas de rupture de digue, le risque est plus important qu’avec une montée des eaux lente.
Depuis la crue de 1875, de nombreux aménagements ont modifié les conditions d'écoulement : les digues,
les recalibrages en amont du seuil de Bazacle (centrale hydroélectrique EDF en bordure de la Garonne),
l'urbanisation, les remblais dans le lit majeur.
Les digues
La Garonne est endiguée dans la majeure partie de la traversée de Toulouse : 8 ouvrages en Rive Gauche
et 14 en Rive Droite (dont celui des 7 Deniers). Ce qui représente un linéaire de 15,9 km de digues (13,5 km
sont la propriété de l'État, 2 km appartiennent à la Ville, quelques centaines de mètres à des privés ou au
CHU). Ces ouvrages anciens, la plupart édifiés de 1950 à 1970, font l’objet d’un programme de travaux
importants d'entretien et de confortement. Le financement de ces travaux se répartit entre l'État et la Ville.
Plusieurs kilomètres sont actuellement en cours de travaux. Une portion de digue en terre la plus prioritaire
vient d’être refaite. La première tranche de travaux doit se poursuivre jusqu’en 2018.
La digue des 7 Deniers (répertoriée ouvrage D13), construite de 1964 à 1966, est encore propriété de
l'État. Elle a été sollicitée par les crues de 1977 et de 2000. Elle se présente sous la forme d’ouvrage mixte
(mur poids épaulé par un remblai) et d’ouvrage en terre revêtu par un perré (parapet de 0,80 à 0,85 m de
hauteur) en béton. Le mur de soutènement de l’ouvrage mixte présente, en section courante, une largeur de
1 m et une largeur en base, hors débords de semelle, variable entre 3 et 3,5 m. La hauteur du mur varie de
9,22 à 9,92 mètres à partir du dessus de la semelle jusqu’au sommet du parapet. Les fondations du mur de
la digue sont réalisées en béton de ciment, de dimensions variables.
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Illustration 5: digue des 7 Deniers
Source : site septdeniersweb
Prévision et alerte
En matière de prévision, le Service de Prévision des Crues (SPC) de la Garonne, basé à la DREAL Midi-
Pyrénées à Toulouse, assure le suivi en temps réel de tout le bassin de la Garonne. Ce suivi est basé sur
une observation continue des précipitations, complétée par un suivi des niveaux de la plupart des cours
d'eau de plaine grâce à un réseau de 200 stations automatiques de collecte de données.
En matière d’alerte, Toulouse est dotée d'un Plan d'Inondation Communal (PIC) qui fixe les modalités
d'alerte, de mise en place d'une cellule de crise et d'intervention des secours. Lors d’épisodes de crue, la
mairie est alertée par le préfet et applique ces modalités. À chaque niveau d’alerte correspondent des
actions à mener pour assurer la sécurité de la population.
Prévention du risque inondation : le PPRI
Dans un tel contexte d’inondation, un Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI)
sur la Garonne et ses affluents a été prescrit en 2002, permettant, outre ses objectifs
intrinsèques, de sensibiliser la population à la réalité des inondations, la plupart des
habitants ignorant les risques encourus. Le PPRI a été approuvé en décembre 2011.
Le message accompagnateur du PPRI est "Toulouse, ville inondée... ville inondable".
Un site internet (http://www.toulouse-inondation.org) a été mis en ligne par les
services de la Ville et de l'État afin de mieux sensibiliser les riverains au risque
d'inondation, préalablement à la période de concertation et d'enquête publique du
PPRI. On peut notamment y visualiser la simulation d’une brèche en amont de la
digue des 7 Deniers (modélisation réalisée par le Cemagref).
Élaborer un PPRI sur un territoire inondable s'est avéré complexe, ce qui explique la durée entre prescription
et approbation. Complexité du fait que les zones concernées, largement urbanisées, sont théoriquement
protégées par des digues. Le PPRI est censé reproduire le scénario d'une crue aussi grave que celle de
1875, celle des PHEC (Plus Hautes Eaux Connues), aléa de référence. Or si une crue identique à celle de
1875 survenait, elle trouverait des conditions d'écoulement et de submersion très différentes de celles de
l'époque, notamment de par la présence des digues protégeant une urbanisation très développée et
densifiée dans les zones naturellement inondables.
La problématique des digues est donc omniprésente tant sur le plan technique qu'en termes de zonage et de
règlement. Dans le cadre du PPRI de la Garonne, les effets de la "rupture de digue" ont été étudiés en
2006 par le CETE Méditerranée, puis complétés en 2008 par le CEMAGREF, le CSTB et le CETE du Sud-
Ouest, introduisant une composante sur la vulnérabilité des enjeux derrière les digues et ses conséquences.
L’étude devait permettre la prise de décision en matière d'aménagement urbain derrière les digues, et de
mieux communiquer avec la population lors de l'enquête publique du PPRI. Elle a consisté notamment à
mieux connaître les hauteurs d'eau et les vitesses d'écoulement pouvant survenir en cas de rupture de
digue, et à évaluer leur vulnérabilité à cet aléa. Des ruptures de digues (étude CEMAGREF Lyon) ont été
simulées après classification du linéaire de digues sur Toulouse en cas-types, en fonction de la hauteur de
charge, des pentes à l’arrière de la digue et de la présence de bâti (densité et retrait).
Définition de l’aléa PPRI
Pour évaluer l’aléa rupture de digue, le PPRI de Toulouse se base :
- à proximité des digues : sur les modélisations de rupture de digue les vitesses d’écoulement sont
prépondérantes en matière d’aléas de rupture,
- en retrait des digues : sur une modélisation digue transparente les hauteurs d’eau deviennent
prépondérantes en termes d’aléas (modèles de rupture moins pertinents pour décrire les conditions
d’écoulement et cas de plusieurs brèches pris en compte de cette manière).
Cela a permis de définir des zones d’aléas très fort avec vitesses aggravées (vitesse supérieure à 4 m/s),
d’aléa très fort (vitesse supérieure à 2 m/s) et des zones d’aléas fort, moyen et faible en fonction des
hauteurs d’eau attendues.
Il est à noter que l’on peut considérer que les études préalables à l’aménagement du site JOB (modélisation
d’aléa rupture de digue, remblaiement de digue, réduction de la vulnérabilité des bâtiments) ont été un
précurseur de ces études PPRI. La réduction du risque de rupture par le remblaiement de l’arrière de la
digue a conduit à ne pas afficher d’aléa très fort avec vitesses aggravées au droit du site JOB.
Toutefois, un aléa très fort subsiste, compte tenu de l’impact d’une rupture en amont ou en aval du site.
CETE du Sud-Ouest – Réaménagement du site JOB 7 Deniers 4/15
Illustration 6 : le site
internet dédié à la
concertation sur le PPRI
Source : site toulouse-
inondation.org
- aléa fort : pour les bâtiments situés
immédiatement derrière la digue des
7 Deniers,
- aléa très fort par rupture de
digue (vitesses comprises entre 2 et
4 m/s) : pour ceux juste derrière
cette première série de logements,
- à nouveau en aléa fort : pour le
reste du site JOB, situé encore plus
à l’arrière.
Ce qui se traduit, en matière de dommages sur le bâti :
- pour l’aléa fort : les bâtiments en maçonnerie récente (sauf si plus de 2 étages) et en structure légère ne
résistent pas, les risques d’affouillement et de chocs sont moindres,
- pour l’aléa très fort : les bâtiments en béton armé résistent, les risques pour les autres types de bâtiments
sont graves, les risques d’affouillement et de chocs sont encore élevés.
Zonage réglementaire et particularité du règlement PPRI pour le site JOB
De nombreuses discussions entre la Ville et l’État, au sujet des principes réglementaires à adopter pour
définir les conditions de constructibilité derrière les digues, ont marqué le déroulement du PPRI. En effet, il
n’y avait pas de référence nationale en matière de prise en compte des risques de rupture de digue en
centre urbain dense.
Dans le PPRI, le secteur du site JOB fait partie du centre urbain dense de Toulouse protégé par les digues.
Les enjeux locaux spécifiques ont fait que le secteur est considéré comme zone à enjeux stratégiques, du
fait des caractéristiques des aléas, de l’urbanisation ou de vulnérabilité particulière. Ces zones
correspondent à des linéaires de digues particulièrement sensibles au risque de rupture de digue. Elles
présentent néanmoins un potentiel d’aménagement ou de renouvellement urbain pour l’avenir et comportent
déjà un bâti très vulnérable.
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Illustration 7 : extrait de la carte d'aléas du PPRI
Source : PPRI de la Ville de Toulouse
Illustration 8 : extrait du zonage réglementaire
Source : PPRI de la Ville de Toulouse
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