6ème édition des Journées Interdisciplinaires de la Qualité de l’Air 4 & 5 février 2010
Trafic routier et pollution sonore à Sfax (Tunisie
méridionale) : étude pluridisciplinaire
S. DAHECH1, F. RKIK2, L. Borgi3
salem.dahech@univ-paris-diderot.fr
1 Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, département de géographie, Laboratoire
SYFACTE ;
2 Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, département de sociologie, Laboratoire
SYFACTE ;
3 Faculté de Tunis1
Une grande partie de la population urbaine mondiale est confrontée à des nuisances
sonores. Les répercussions de la pollution sonore sur la qualité de vie et la santé
deviennent de plus en plus préoccupantes dans les grandes agglomérations : le cas
à Sfax sur le littoral sud oriental de la Tunisie. Cette agglomération est considérée,
par son poids démographique (environ 550 000 hab), économique et son étendue
spatiale, comme le deuxième pôle urbain du pays, après la capitale, Tunis.
L’objectif du présent travail est d’étudier, dans un premier temps, la répartition
spatiale du bruit à Sfax en fonction de la densité du trafic routier et d’expliquer, en
deuxième temps, les pics de pollution sonore en se référant aux avis d’un sociologue
et d’une psychologue.
Le niveau sonore est mesuré par des sonomètres de type « Extech » équipés d’un
enregistreur ayant une résolution temporelle très fine (une seconde). Les capteurs,
programmés à l’avance, ont été placés à 2 m de la surface et à plus de 2 m des
parois dans cinq sites répartis selon la densité du bâti et du trafic routier, durant 6
mois. En outre des mesures itinérantes, réalisées par deux équipes ont permis de
spatialiser le niveau sonore dans toute l’agglomération ce qui nous a permis
d’élaborer des cartes animées montrant l’évolution saisonnière et journalière du bruit.
Le bruit à Sfax est en grande partie associé au trafic automobile, sa cartographie à
l’échelle de l’agglomération peut renseigner sur la répartition spatiotemporelle de
certains polluants et permet de fournir des éléments sur le problème de santé
environnementale. Au centre-ville, sillonné par environ 50 000 véhicules par jour, les
moments de congestion deviennent de plus en plus longs au cours des périodes de
pointe en raison de la modestie de l’infrastructure routière, d’un comportement
irrespectueux des conducteurs et d’un transport public défaillant. Durant ces périodes
de pointe, le niveau sonore s’élève à 82dB, en moyenne, avec des pics
exceptionnels dépassant les 110dB causés par des coups répétés de klaxons.
D’après les entretiens qualitatifs menés par notre sociologue, ces klaxons témoignent
de l’absence de civisme, d’un manque de sociabilité et d’une mentalité rurale qui
règnent encore à Sfax. D’après notre psychologue (enquête), les accélérations et les
klaxons s’expliquent par le non respect de la notion du temps par les conducteurs
ainsi que par le stress quotidien.
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