| 67 |
INTRODUCTION
Les forêts du globe, qu’elles soient tropicales
ou tempérées, ont toujours abrité une riche
ore adaptée aux conditions de faible lumi-
nosité. Les jardiniers de tous pays ont su en tirer
parti pour eurir et végétaliser les zones sombres
du jardin. Les horticulteurs s’y sont également
intéressé pour créer des variétés aux feuillages
colorés et aux eurs vives.
Les plantes pour l’ombre, que ce soit des vivaces,
des arbrisseaux ou des grimpantes, ont toujours
suscité l’intérêt des jardiniers qui se trouvent bien
souvent désemparés devant un coin trop sombre
du jardin. Les lierres, pervenches et autres varié-
tés de bergénias, entre autres, ont eu leur heure
de gloire. Mais on assiste depuis quelques années
à un renouveau sans précédent de ce type de
plantes. Tout d’abord, les pépiniéristes et amateurs
de plantes ont commencé à se tourner vers des
genres nouveaux pour nos jardins : Syneilesis, Dei-
nanthe, Isodon, Epimedium… Puis les horticulteurs
ont emboîté le pas et de très nombreuses variétés
apparaissent aujourd’hui dans les catalogues et sur
les stands des foires aux plantes. Il suft de voir
comme certaines plantes (les Isodon par exemple)
se sont propagées sur les étals des pépiniéristes
depuis 2 ans. Le public redécouvre également des
genres connus, comme les hortensias, mais avec de
nouvelles espèces et variétés, comme les Hydran-
gea serrata. Les horticulteurs japonais y sont pour
beaucoup, mais on note également de nombreuses
obtentions américaines et européennes.
Le chemin est parfois long pour qu’une plante se
trouve diffusée largement dans le circuit des pépi-
nières, pour que la presse grand public s’y intéresse
et il peut parfois se passer des années entre le
moment où un pépiniériste présente une nouvelle
plante et le moment où on la retrouve dans toutes
les jardineries.
Actuellement, on assiste donc à un renouvellement
de la gamme de végétaux proposés. Avec cette
arrivée massive de nouvelles plantes, il n’est pas
facile de comprendre toutes ces nouvelles appel-
lations. Il n’est également pas évident de trouver
les bons conseils de culture et d’associations au
jardin. Ce guide vous présente donc un large panel
de ces plantes, avec une courte description et les
meilleurs conseils pour les cultiver et les associer
aux autres plantes du jardin et créer ainsi de beaux
massifs dans les coins sombres du jardin.
Il est souvent difcile de s’y retrouver avec tous les
noms de cultivars. Chez les Epimedium par exemple,
il y a des nouveautés en permanence et, parfois, les
différences semblent minimes d’une plante à une
autre. Une autre difculté est que, bien souvent, les
cultivars sont renommés. Ceci arrive souvent avec
les noms japonais que les Occidentaux rebaptisent.
Par exemple, Ophiopogon japonicus ‘Kijimakuki-
doma’ se trouve plus souvent dans le commerce
sous le nom de ‘Silver Mist’. Plusieurs raisons
peuvent expliquer cela, comme le fait de simpli-
er un nom ou d’une impossibilité de traduire une
étiquette en japonais ! Nous nous retrouvons donc
avec des synonymes pour certains cultivars, que je
mentionne dans le texte.
Plantes d’ombre ne signie pas forcément qu’il faut
absolument avoir un coin frais et humide au jardin.
Les forêts des climats tempérés (car se sont surtout
ces plantes qui vous nous intéresser ici) ne sont
pas toutes couvertes de mousse épaisse et verte !
Nous trouverons donc aussi des plantes adaptées à
l’ombre sèche.
J’ai voulu ce livre avec de nombreuses informations
issues de mes expérimentations personnelles.
M’intéressant depuis de nombreuses années aux
plantes d’ombre dont je cultive plusieurs centaines
d’espèces et de variétés, d’abord dans le jardin
familial puis dans notre jardin-pépinière en Bour-
gogne, je trouve intéressant de vous livrer égale-
ment mes expériences de culture.
Comme pour le précédent ouvrage (Cultiver les
plantes de Chine et du Japon), j’ai sélectionné des
variétés disponibles dans le commerce. Alors bien
sûr, toutes ne se trouveront pas dans la jardine-
rie du quartier et il faut parfois « fouiller » sur les
stands des foires aux plantes, sur les catalogues ou
sur Internet, et être patient. Certaines nouvelles
obtentions sont encore assez rares mais j’ai sélec-
tionné les plus prometteuses qui devraient rapi-
dement devenir plus répandues. Il est difcile de
prévoir le nombre d’années entre la création d’un
nouveau cultivar en Amérique ou au Japon et le
moment où on le trouvera assez facilement chez
nous. Il suft qu’une grosse pépinière s’y inté-
resse et en fasse venir de grandes quantités pour
qu’une variété inconnue ou rare se retrouve alors
rapidement sur les étals. Mais il est également pos-
sible que certains cultivars restent à jamais très
condentiels.
Beaucoup de ces plantes d’ombre poussant natu-
rellement en forêts apprécient des sols frais à pas
trop secs mais bien drainés et humifères. Il est
donc conseillé d’alléger la terre du jardin si celle-
ci se montre un peu lourde. Le terreau grossier, le
sable, ainsi que tout élément aidant à drainer sera
le bienvenu. Je ne répéterais jamais assez d’éviter la
terre dite « de bruyère » pure. En effet, en quelques
années, celle-ci se décompose et se tasse et devient
vite asphyxiante et fait pourrir les plantes, en hiver
surtout. Donc, à utiliser toujours en mélange.
Sous-bois de montagne au Japon