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Solidaris n°3 • 2010
rapide et efficace. Durant
la thérapie, le patient ne
perd jamais le contrôle
de lui-même, en fait il
apprend à le retrouver là
où le traumatisme le lui a
fait perdre. En reprenant
ce contrôle, il arrive à éli-
miner la douleur d’une
maladie aux origines ner-
veuses ou émotionnelles
et souvent à supprimer la
maladie elle-même… En
général quelques séances
suffisent. »
Pour et autour du patient
Quand ils évoquent les différents patients communs dont
ils s’occupent, Luc Bruyninx et Gérald Brassine affichent
une complicité pleine de respect mutuel, essentielle au
bon fonctionnement de cette nouvelle approche psycho-
somatique.
« Il n’y a pas de maladies ou de douleurs psychosomatiques
« types », l’inconscient ne connait rien à l’anatomie, mais il est
vrai que ce sont assez souvent les voies digestives qui sont
touchées (intestin, estomac, anus…) ou génitales, précise le
Dr Bruyninx. Gérald peut intervenir auprès de mes patients
avant ou après une opération. Si l’opération est nécessaire mais
pas urgente et que la personne est dans un état dépressif, je
lui conseillerais d’être d’abord prise en charge par Gérald. Le
travail que la personne effectuera avec lui favo-
risera le bon déroulement de l’opération (qui
reste elle aussi un traumatisme), améliorera la
cicatrisation et la guérison. Lorsque j’ai affaire
à un patient qui, par exemple, a déjà subi
plusieurs opérations à l’anus sans amélioration
de son état et que cette personne a été abusée
sexuellement dans son enfance (cela concerne
20% de la population mondiale !), le travail
effectué avec Gérald évitera certainement à
cette personne d’être à nouveau opérée. »
Praticable auprès de tous les patients souffrant de mala-
dies ou de douleurs psychosomatiques quels que soient
leur âge, leur milieu social ou leur culture, la Psychothé-
rapie du Trauma Ré-associative ne remplace évidemment
pas la médecine traditionnelle, elle la complète efficace-
ment en permettant au patient d’être à nouveau acteur
de sa santé.
(*) Gérald Brassine est l’auteur d’un livre intitulé « Prévenir, détecter et
gérer les abus sexuels subis par les enfants » Editions Dangles
Partir de l’émotion derrière la douleur
« J’ai suivi une formation auprès de Gérald Brassine il y a
quelques années ce qui m’a permis de soigner mes patients
autrement, explique le Dr Bruyninx. Je me laisse «impression-
ner » par les personnes à la manière des plaques argentiques
des anciens appareils photos et je pose régulièrement une
question qui surprend toujours : « que ressentez-vous comme
émotion derrière votre douleur ? »… Cela donne la possibi-
lité à la personne d’exprimer cette émotion (tristesse, colère,
honte, peur, culpabilité…) et permet de déceler la présence
d’un traumatisme à l’origine d’une réaction psychosomatique.
Aujourd’hui je peux proposer à la personne, si elle est d’ac-
cord bien entendu, de rencontrer Gérald Brassine (qui est en
consultation deux jours par semaine à la clinique) pour qu’il
l’aide à faire le lien entre le traumatisme vécu et la maladie
ou les douleurs physiques ressenties.»
Faire ce lien, permet alors au patient de « reprendre le
pouvoir » sur sa vie et sur son corps, et de favoriser ainsi
le processus d’auto-guérison.
« Bien sûr, prendre cela en compte demande au médecin une
certaine ouverture d’esprit. Il faut accepter de perdre un peu
de son pouvoir… » sourit le Dr Bruyninx.
Une thérapie toute en douceur
Psychothérapeute, fondateur de l’Institut Milton Erickson
de Belgique, Gérald Brassine s’est spécialisé ces derniè-
res années dans la prévention et le traitement des abus
sexuels. C’est dans ce cadre qu’il a déve-
loppé des outils spécifiques aux traite-
ments des traumatismes, des techniques
thérapeutiques regroupées sous le nom
de Psychothérapie du Trauma Ré-asso-
ciative (PTR).
« Il s’agit d’une thérapie toute en douceur
spécialement adaptée aux psycho-traumas
et aux maladies psychosomatiques, explique
Gérald Brassine. En établissant une conversa-
tion avec le patient et en lui demandant de se souvenir d’une
expérience agréable vécue (un bon souvenir de grossesse, de
vacances, d’activités sportives ou culturelles…), je l’amène vers
un état modifié de conscience (qui s’apparente un peu à ce
qu’on ressent quand on dit être « dans la lune »). Grâce à cet
état de plénitude lié à une expérience agréable, nous allons
pouvoir ensemble « désensibiliser » le souvenir violent et mettre
la douleur à distance. Il faut savoir, qu’à la base, le traumatisme
induit un état modifié de conscience qui est négatif. En utilisant
un état modifié de conscience positif (souvenir agréable), la
PTR permet de « désactiver » le traumatisme de manière