qui a les couleurs du bon sens et de la simplicité et donc aussi de la
plausibilité. L'idée que les animaux sont des machines et que le monde est
une immense mécanique s'impose.
Or la physique du XXIème siècle s'inscrit en faux contre cette vision du
monde pourtant assez proche et rassurante. Le cadre des concepts familiers
doit absolument être dépassé.
Pour comprendre ce phénomène Bernard d'Espagnat dans « Traité de
physique et de philosophie » (2002) donne un exemple que nous allons
reprendre ici, celui de la création de particules dans les chocs à haute
énergie.
C'est un phénomène que l'on produit dans les grands accélérateurs de
particules et que l'on peut observer grâce à des « chambres à bulles » où les
particules laissent des traces. Nous accélérons deux protons et nous les
faisons se rencontrer, puis ils se séparent de nouveau. Ils sont intacts, mais
il y a eu création de nouvelles particules qui sont des particules à part
entière, avec masse, charge électrique... Elles ont été créées lors du choc
grâce et au dépens de l'énergie totale des protons qui se sont heurtés.
En somme un mouvement de protons a été transformé en particules, ce
qui va au-delà de notre entendement, car pour nous un mouvement qui est
une propriété des choses n'est pas un objet et ne peut pas créer d'objet.
C'est aussi absurde que si on disait que le choc de deux voitures, non
seulement a laissé ces voitures intactes, mais a permis d'en créer une
troisième. C'est incompréhensible selon nos cadres conceptuels familiers
et, en tout cas, c'est contre-intuitif. Or ce surprenant phénomène est prévu
et décrit par des équations mathématiques. Il n'est pas imaginaire; il est
corroboré par l'expérience observationnelle.
Dans la théorie quantique des champs, la création n'apparaît pas
comme une notion scientifique. Il faut la ramener aux concepts d'état et de