LES RÉSULTATS DE LA RECHERCHE MODERNE
La recherche moderne ne cesse de réviser le nombre de victimes à la baisse.
À Albi, ville de 8000 habitants, de 1286 à 1329 (43 ans), sur une population cathare estimée à 250
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croyants, 58 personnes seulement subissent des peines afflictives.
De 1308 à 1323, l’inquisiteur Bernard Gui prononce 930 sentences :
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139 sont des acquittements ;
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près de 286 imposent des pénitences religieuses (impositions de croix, pèlerinages ou service
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militaire en Terre sainte) ;
307 sentences condamnent à la prison ;
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156 sentences se partagent entre des peines diverses (emprisonnements théoriques ou remises
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théoriques contre des défunts, exhumations, expositions au pilori, exil, destructions de maisons).
Quant aux condamnations à mort, leur nombre s’élève à 42, soit une moyenne de trois par an sur
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quinze ans, à une période où l’Inquisition est particulièrement active. « L’Inquisition
languedocienne, précise Michel Roquebert, brûlera infiniment moins de gens en un siècle que Simon
de Montfort et ses croisés entre juillet 1210 et mai 1211. » [3]
L’INQUISITION INTOLÉRANTE ?
Au sens où l’entend le XXIe siècle, l’Inquisition est intolérante. Mais au Moyen Age, ce qui n’est pas
toléré, c’est l’hérésie ou l’apostasie de la foi catholique : les fidèles des autres religions ne sont pas
iusticiables de l’Inquisition.
En 1190, Clément III a déclaré prendre les juifs sous sa protection, défendant à tout chrétien de baptiser
un juif contre son gré, de gêner les célébrations judaïques ou d’attenter au respect dû aux cimetières juifs
; ceux qui violeraient ces prescriptions, précisait le pape, tomberaient sous le coup de l’excommunication.
En 1244, treize ans après la création de l’Inquisition, Grégoire IX insère cet acte pontifical dans le livre V
de ses Décrétales, ce qui lui redonne force de loi.
[…]
LA FIN DE L’INQUISITION MÉDIÉVALE
Après l’extinction de l’hérésie, l’Inquisition, en France, perd sa raison d’être. À la fin du XIIIe siècle, la
fusion du temporel et du sacré, caractéristique de la société féodale, est en recul. Au fur et à mesure de
l’affirmation de la puissance publique par la monarchie, l’État reprend en main l’ensemble du système
judiciaire. On le voit à propos du conflit qui oppose Philippe le Bel à l’ordre du Temple. En 1310, si le
procès des Templiers se déroule selon la forme d’un procès d’Inquisition, c’est le roi qui a pris l’initiative
de l’accusation, et pour des raisons politiques.
De 1378 à 1417, l’autorité de la papauté est ruinée par le Grand Schisme d’Occident, qui voit un pape en
Avignon, un autre à Rome et un troisième à Pise. L’Inquisition médiévale tardive n’est plus indépendante :
les inquisiteurs sont des instruments au service d’autres institutions, comme les officialités ou
l’Université. Cela se vérifie, en 1430, lors du procès de Jeanne d’Arc. Aux XIVe et XVe siècles, les