Table
Remerciements
Introduction. – Ce qui fut et ce qui reste
PREMIÈRE PARTIE Légendes modernes, réalités antiques
l – Les origines de la tyrannie
2 – La crise de la cité
3 – La fin de la démocratie
DEUXIÈME PARTIE Les égarements de la raison
4 – Conseiller le prince
5 – Éclairer le despote
6 – Guider le guide
7 – Informer le tyran
TROISIÈME PARTIE Une politique pour la philosophie
8 – La violence du concept
9 – Ni trop près, ni trop loin
Épilogue
Post-scriptum. – Despotisme éclairé, théories du complot et fantasmes des Lumières
REMERCIEMENTS
Celui qui, depuis tant d’années, poursuit en marge de toute institution philosophique son travail
d’écriture, bénéficie au moins d’un avantage : il n’a personne à remercier. À l’exception, bien sûr,
des quelques proches dont la présence et laffection l’ont aià maintenir, envers et contre tout, le
cap.
Je n’en ai que plus de plaisir à nommer, ici, Roland Jaccard, qui m’a très chaleureusement incité
à écrire ce livre, Paul Audi, dont le regard à la fois complice et critique ma considérablement ai
à laméliorer, Marcel Detienne, qui a eu la gentillesse de me faire bénéficier de ses conseils, Victor
Gourevitch, qui m’a longuement parlé de Strauss et de Kojève, Robert Proctor, grâce à qui jai
découvert Coluccio Salutati, et Alain Brunet, qui ma une fois de plus prouvé son amitié au cœur
d’un moment difficile sans oublier, last but not least, Manuel, dont les questions ont la vertu de
me faire douter de mes réponses.
Je die cet essai à Ariane. À cause de notre amour, d’abord. Et parce que son sourire maide,
jour après jour, à ne pas prendre trop au sérieux les philosophes ni la philosophie.
Ch. D.
New York (New York), 23 avril 2000.
Introduction
Ce qui fut et ce qui reste
Tout petit, jentendis des voix : la politique mappelait.
On n’en parlait pas beaucoup à la maison, moins encore dans la cour de l’école. Mais les
journaux me fascinaient. J’en lisais ce que je pouvais, dès que javais fini mes devoirs. N’importe
quel article du Figaro (mon père refusait de lire Le Monde) me paraissait plus intéressant que
n’importe quel roman. Pour dire la rité, un demi-siècle a passé depuis lors sans que jaie changé
d’état d’esprit. Si ce n’est que j’ai remplaLe Figaro par Le Monde. Et que tous les journaux
finissent par se ressembler.
L’expédition de Suez (octobre 1956 : je revois mes parents entasser, la mine sombre, des
provisions de sucre dans leurs cantines d’Afrique), le retour de De Gaulle au pouvoir (Noël 1959 à
l’Élysée, en compagnie des bons élèves de la ville de Paris, avec le général en uniforme me tapotant
la tête), la guerre d’Algérie (je me demandais si elle serait finie avant que jaie l’âge d’être appelé),
la colonisation (cette fois, c’est Mokhtar Ould Dadah qui me tapote la tête à la sortie de lécole),
le putsch des néraux (oreille collée au « transistor »), lOAS (lueurs bleues des « plasticages »
dans la nuit), la crise de la baie des Cochons, la jupe de Marilyn, lassassinat de Kennedy : voilà les
événements qui marquèrent mon enfance. Une enfance parmi d’autres, finalement bien tranquille
malgré le bruit du siècle.
Ensuite, ce fut la classe de philo. Là, commencèrent les choses sérieuses : Marx et Freud, bien
sûr, mais également les Grecs.
« Les Grecs, dit Cornelius Castoriadis, n’ont pas inventé le politique (c’est-à-dire linstitution de
la société, ni même celle du pouvoir explicite) ; ils ont inventé la politique (c’est-à-dire la mise en
question de l’institution établie de la sociétéce qui présupposait, et cela est clairement affirmé au
V siècle, qu’au moins de grandes parties de cette institution n’ont rien de “sacré” ni de “naturel”,
mais qu’elles relèvent du “nomos), en même temps que la philosophie et la mocratie (la
démocratie est le mouvement qui vise à ré-instituer globalement la société, et la philosophie,
l’instrument de réflexion critique qui doit permettre d’atteindre ce but) . »
Si cette phrase provient d’un texte publié en 1990, les définitions qu’elle propose correspondent à
ce que jattendais, dès 1966, de la philosophie. Dès le début de mes études, en effet, je sus qu’écrire
et lire étaient des actes politiques les seuls actes politiques qui en valaient la peine, ou les seuls,
en tout cas, dont je me sentais capable. Et, d’emblée, lobjectif ultime que jassignai à cette activité
fut la -institution de la société autrement dit, l’instauration d’une véritable démocratie (dont il
me semblait évident qu’elle était encore loin d’exister dans mon pays).
Sans que personne ne mait pous, j’avais choisi ma voie.
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