Livre blanc « le BIM selon Arcadis

publicité
LE BIM SELON ARCADIS
Figure 1 : Modèle
BIM de l’université de Leiden
présentant tous
les objets de la
structure et des
équipements
techniques sur
un modèle dit
« fédéré »
2
INTRODUCTION
Le Building Information Modelling (BIM) est un outil en vogue, et ce, à
juste titre. Cette toute nouvelle approche de l’utilisation des données et
des informations destinée au secteur de la construction aura un impact
considérable sur les méthodes de conception et de construction des
bâtiments et des infrastructures et sur la manière dont ces derniers sont
exploités. L’application du BIM connait aujourd’hui une évolution rapide. Les
perspectives d’utilisation associées sont multiples et peuvent engendrer une
certaine confusion.
Cette confusion commence par la signification du terme BIM lui-même.
Pour certains, ce sigle veut dire Modèle d’Information de la Construction
(Building Information Model), pour d’autres Modélisation des Informations
d’une Construction (Building Information Modelling) ou encore Management
des Informations d’une Construction (Building Information Management).
Chez Arcadis, nous privilégions la seconde définition, qui souligne que le BIM
s’attache au traitement des données, à leur gestion et à leur exploitation,
et est loin d’être une simple modélisation 3D. Nous définissons le BIM de la
manière suivante :
« Les processus de travail collaboratif liés à la création et au partage de bases
de données orientées objets d’une construction dans son environnement, et
ce à tous les stades de son cycle de vie, incluant la conception, la construction
et l’exploitation »
Si un modèle 3D peut constituer une première
approche du BIM, le concept va bien au-delà. Le BIM
permet aux équipes de travailler intelligemment autour de données partagées relatives à un ou plusieurs
actifs qui constitueront une base fiable pour la prise
de décisions tout au long du cycle de vie, depuis sa
construction jusqu’à son exploitation et sa réhabilitation. Ce Livre Blanc présente notre vision du BIM et les
bénéfices que nos clients en retireront. Nous décrivons
ce qu’est le BIM pour Arcadis, ses retombées, la façon
dont le BIM est utilisé par différents acteurs et les principes guidant l’utilisation du BIM chez Arcadis.
L’IMPACT DU BIM
Depuis des siècles, le secteur de la construction a
engrangé et échangé des informations, comme des
plans ou des rapports, sur papier. Ces documents
renvoyaient les uns aux autres mais possédaient
chacun leur structure propre. C’est la logique de l’objet
à construire qui présidait majoritairement à l’organisation des données : les plans étaient organisés en
vues et détails à différentes échelles, les quantitatifs
renvoyaient à des sous-parties et à des types de matériaux... En conséquence, articuler les documents entre
eux ou les vérifier devenait de plus en plus difficile, en
particulier avec la complexification des ouvrages et la
compression des délais de conception et de construction. Le défi lié à l’échange des informations entre les
acteurs, à différentes étapes du cycle de vie des actifs,
s’accompagnait d’un risque toujours croissant d’erreurs et de dédoublement des tâches.
Lorsque des technologies de type CAO ont commencé
à remplacer le papier par des fichiers numériques, le
processus de traitement de l’information n’a pas changé structurellement : les nouveaux logiciels permettaient de créer des plans et documents numériques
copiant la structure des versions papier précédentes.
Il s’agissait d’une technologie de continuité, qui n’a pas
changé notre façon de travailler.
À l’inverse, de nouvelles méthodes de gestion de l’information développées dans les années 1980, ont bouleversé en profondeur les industries manufacturières.
L’innovation dans les technologies de l’information a
permis de développer une nouvelle approche de la gestion de l’information dans laquelle les produits étaient
traités comme des collections d’objets. L’information a
ensuite pu être organisée en bases de données, suivant
des normes communes facilitant la communication.
Ce passage aux bases de données, en parallèle de
l’abandon du papier au profit des fichiers numériques, a
donné naissance à de nouvelles méthodes de création
et de gestion de l’information des projets.
Pour l’industrie manufacturière, l’intérêt majeur était
de pouvoir passer directement de l’information de
conception à l’information de fabrication. Dans la
mesure où les projets de construction sont généralement des projets uniques, réalisés in situ, il n’est pas
surprenant que l’adoption de ces technologies dans
notre domaine nous ait demandé plus de temps. Cette
nouvelle approche est toutefois en cours de transfert
depuis l’industrie manufacturière vers l’industrie de
la construction, sous le nom de BIM. Elle apporte une
technologie de rupture à fort potentiel pour l’amélioration des performances dans la conception, la construction et l’exploitation. Une autre motivation poussant à
la concentration et à la rationalisation des flux d’information dans un environnement BIM est la fragmentation des cycles de vie des actifs.
En permettant aux équipes de gérer leurs informations
et de communiquer différemment, le BIM permet
l’adoption de nouvelles façons de créer, gérer et échanger l’information - ce qui facilite également de nouvelles méthodes de gestion de projets et d’actifs.
Pour les projets basés sur le BIM, un ensemble de bases
de données (par exemple la maquette numérique) est
créé et alimenté à chaque étape du cycle de vie des
actifs. Ces bases de données peuvent être partagées
entre tous les acteurs du projet (maîtres d’ouvrage,
ingénieurs, architectes, constructeurs, sous-traitants et
opérateurs). Les avantages de cette méthode de travail
comprennent :
• Une meilleure efficacité grâce au partage
d’informations,
• Une conception de meilleure qualité (élimination
des risques) grâce à une coordination optimisée et à
une utilisation plus efficace des outils d’analyse,
• Une réduction des risques d’incohérences dans le
cadre du projet,
• Des délais de production réduits grâce aux mises
à jour dynamiques, définies dans le processus BIM
général,
• Des coûts réduits grâce à une conception plus
précise, à la réduction des doublons et à une
meilleure coordination,
• Une limitation des coûts liés à la transmission
d’informations, tels que l’échange de documents
avec les parties prenantes ou la création de
documents d’exploitation ou de maintenance,
• L’adoption de processus d’échange d’informations
ouverts et transparents avec les clients et les
parties prenantes du projet,
• L’optimisation du cycle d’exploitation, grâce à
la disponibilité des informations récapitulant les
hypothèses de conception, de construction et de
maintenance.
Leurs bénéfices se sont traduits très concrètement
lors de la mise en œuvre sur projets. Un des premiers
projets pilotes du gouvernement britannique, le centre
de détention pour mineurs de Cookham Wood, en est
un bon exemple. Le BIM a fait partie intégrante du
processus de conception, d’achats et de construction,
ce qui a permis de bénéficier de coûts de construction
situés dans le quartile inférieur et d’économies sur le
cycle de vie de l’ordre 400 000 €, grâce à des modifications de conception facilitées.
Signalisation
routière sur l’A15
La signalisation routière de l’A15 est un exemple d’utilisation du BIM sur un projet Arcadis. Notre challenge a
été de concevoir 250 portiques pour les 37 km de l’A15
aux Pays-Bas, soit plus de 500 livrables différents.
Notre approche a consisté à développer des outils
de conception paramétrique s’appuyant sur des
3
feuilles de calculs géotechniques et sur la gestion
des exigences fonctionnelles (une partie de « Systems Engineering ») pour intégrer automatiquement
toutes ces informations ainsi que celles des disciplines
connexes dans un seul modèle BIM. Les paramètres
ayant servi au calcul ont ainsi pu être directement importés dans l’outil de conception 3D (ici, Revit). Nous
avons ensuite pu générer automatiquement un dessin
3D orienté objets lié aux données de Systems Engineering et de durabilité. Un avantage important pour
le client et pour Arcadis a été une approche efficace
grâce à laquelle les produits ont pu constamment être
livrés avec le même niveau de qualité. L’approche BIM
contribue ainsi positivement à un travail cohérent,
efficace et de qualité supérieure.
Le BIM a fait ses preuves sur un projet d'Arcadis, la
gare Victoria de Manchester en Angleterre. La restructuration de la gare a inclus une nouvelle toiture courbe
en structure d’acier, supportant des panneaux ETFE.
Le client a exigé un modèle BIM entièrement de niveau
2 - des modèles initiaux structuraux et architecturaux
du nouveau toit ont permis de créer un modèle 3D
intelligent. De par la nature collaborative du logiciel,
les modèles ont pu être utilisés depuis l’analyse structurelle jusqu’à la fabrication.
Victoria Station,
Manchester
Le BIM a notamment permis de réduire considérablement le temps de remodélisation à chaque étape
(dessin architectural, études d’exécution, fabrication)
et ainsi de gagner plusieurs mois sur la livraison. En
outre, un accès rapide et sécurisé au Cloud a garanti à
toutes les parties prenantes, en particulier aux clients,
de pouvoir accéder et interroger le modèle depuis
n’importe quel type de terminal - PC fixe ou portable,
tablette, téléphone...
Un autre impact majeur sur le projet a été la détection instantanée des conflits de manière transversale,
entre les différents lots, depuis la conception jusqu’à
la fabrication. La possibilité de produire des dessins
techniques mis à jour en temps réel lorsque le modèle
était modifié a permis d’éviter les retards. Enfin, grâce
à l’utilisation d’un CDE (Environnement Commun de
Données), Arcadis a pu faire simultanément appel à
des ressources du monde entier
Un autre exemple de projet est la mise à niveau de
l’usine de lactose de notre client FrieslandCampina-DMV (Veghel, Pays-Bas). La difficulté consistait à
intégrer de nouvelles composantes à une usine existante en vue d’augmenter la production et de réaliser
des économies d’énergie. Les extensions devaient être
réalisées sans interruption de la production. Pour garantir une réussite dès le premier essai, un maximum
de parties prenantes et participants ont été impliqués.
Nous avons modélisé en 3D le bâtiment actuel et
inséré virtuellement les composantes existantes du
process. En combinant les nouveaux éléments et ceux
déjà en place en un modèle intégré, les ingénieurs
structure et process ont été en mesure d’identifier
la solution idéale par rapport à l’exploitation et la
maintenance, aux travaux de construction complexes
et aux normes de sécurité et d’hygiène. Ceci a
été rendu possible grâce à des réunions au cours
desquelles nos modélisateurs ont intégré tous les
éléments virtuellement en direct dans le modèle.
Nous avons pu mener les revues de conceptions et
financières dans un délai court, avec une forte valeur
ajoutée pour le client. Cette approche intégrée nous a
permis de renforcer notre partenariat avec ce dernier
et les autres consultants, et, au client, de comprendre
facilement un processus de conception pour lequel la
modélisation 3D a prouvé son caractère indispensable.
Grâce au BIM, nous avons pu adopter une approche
efficace pour livrer des produits de haute qualité et un
travail cohérent. Le calendrier du projet a également pu
être optimisé par rapport à une gestion classique, et,
point crucial pour notre client, le risque de voir des problèmes apparaître plus tard dans le projet a été réduit.
Usine de lactose
Le BIM et la gestion des actifs
Les clients portent un intérêt particulier au cycle de vie
des actifs, dont le suivi est facilité par le partage des
informations relatives à chaque objet. Il est largement
admis que les coûts et bénéfices d’un actif apparaissent principalement durant la phase d’exploitation
et de maintenance d’un projet. La connaissance des
hypothèses de conception, de construction et de maintenance permet, entre autres avantages, de gagner du
temps et de l’argent au moment de la maintenance.
En terme de développement, le BIM en est encore à
ses débuts et tandis que les savoir-faire et les sources
4
de données se développent, il ne fait aucun doute que
des opportunités nouvelles permettant l’amélioration
des performances émergeront. Grâce au BIM, Arcadis
est en mesure de rendre le secteur plus concurrentiel
et mieux valorisé pour ses clients. Pour qu’Arcadis
et ses clients puissent tirer le meilleur parti possible
de ces avantages, il est nécessaire d’investir dans de
nouvelles normes, de nouvelles organisations, de
nouvelles méthodologies, de nouveaux processus, de
nouveaux outils, et même dans de nouveaux modèles
d’affaires.
Le BIM peut, par conséquent, être vu comme une
technologie de rupture qui aura un impact significatif
sur l’industrie. Les difficultés seront bien là pour nos
clients et leurs fournisseurs, mais, en procédant par
petites étapes, son adoption en amont et sa mise en
œuvre peuvent être facilités. Le chapitre suivant décrit
la marche à suivre suivant le modèle de maturité BIM1 .
Cette approche suggère que cela prendra un certain
temps avant que le secteur de la construction ne
parvienne à un niveau de changement pouvant être
considéré comme une rupture.
L’UTILISATION DU BIM
Comme nous le rappelions en introduction, les
perspectives associées au BIM varient énormément
suivant les acteurs du projet. Elles varient également
en fonction de l’usage que l’on souhaite faire des
possibilités spécifiques du BIM. Par exemple, un chef
de projet pourra souhaiter rassembler les modèles
produits par tous les concepteurs afin de produire
un programme à partir des bases de données BIM,
tandis qu’un ingénieur voudra pouvoir importer les
informations des modèles dans son logiciel de calcul.
Inévitablement, chaque utilisateur aura tendance à
se concentrer sur les aspects bénéfiques à son propre
travail. Les avantages réels du BIM ne sont cependant
pas limités à ces possibilités individuelles mais sont
la somme de toutes ces possibilités. On pensera par
exemple à un utilisateur d’un bâtiment qui, bien que
n’ayant pas participé aux travaux initiaux, pourrait tout
de même en utiliser les données pour préparer ses
propres travaux d’aménagement. C’est une question
centrale pour comprendre la valeur ajoutée du BIM,
qui cause souvent une grande confusion. C’est aussi un
point sur lequel Arcadis peut aider les clients et leurs
Figure 2, Le modèle de maturité BIM, basé sur le modèle du
groupe de travail Royaume-Uni (Bew et Richards) .
équipes à mieux tirer bénéfice du BIM sur les projets et
les programmes.
Pour mieux décrire le BIM et ses usages potentiels,
il faut identifier ses différentes phases de maturité
(modèle de croissance). Le modèle de maturité
développé pour la Stratégie BIM au Royaume-Uni
(UK BIM Strategy) décrit très précisément ces phases.
Ce modèle a été adapté dans d’autres pays leaders en
matière de BIM et est donc repris dans ce document.
Si l’on considère les dessins CAO conventionnels en
2D comme le point de départ de la pratique du BIM
et l’utilisation d’une source unique de données pour
toutes les spécifications du projet (y compris pour
l’exploitation) comme le point d’arrivée, les phases
suivantes peuvent alors être identifiées :
0.
1.
2.
3.
Dessins CAO
Modèles orientés objets
BIM dit fédéré
BIM dit collaboratif ou intégré
CAO (niveau 0)
Il s’agit de la méthode conventionnelle du secteur de
la construction, toujours utilisée par la plupart des
concepteurs et entrepreneurs. Les dessins sont créés
sous des logiciels de CAO, les cahiers des charges
sous traitement de texte de type Word, les calculs de
coûts sous Excel. En CAO 2D et 3D, les géométries
sont représentées par des lignes entre des points.
Le partage d’informations est limité à l’échange de
ces formats de type papier, ce qui rend leur analyse
difficile, puisque ces données ne peuvent pas être
interprétées par ordinateur.
Modèles orientés objets (conception
paramétrique – Niveau 1)
La conception paramétrique repose sur le concept
d’objets. Les objets sont des représentations abstraites
et virtuelles d’entités homogènes réelles telles que
des portes, des fenêtres ou des poteaux. Ces entités
peuvent être représentées de différentes manières
et, notamment, par une représentation géométrique,
la plus courante en BIM. Elles ne prennent pas la
forme d’un ensemble de lignes sur un plan, mais
d’objets virtuels décrits géométriquement de manière
homogène. De plus, les objets peuvent intégrer
d’autres propriétés : un nom ou une spécification, des
informations de calendrier ou de coût...
Un ensemble d’objets constitue un modèle. Le modèle
peut décrire la conception, la séquence de construction ou les procédures opérationnelles. Les modèles
permettent de générer des plans, des analyses et des
rapports, et servent de source de données d’informa1
Afin d’encourager l’adoption générale du BIM pour la conception, la construction
et l’exploitation, le gouvernement du Royaume-Uni a prévu l’adoption du BIM
pour des projets qu’il finance directement. Ces mandats débutent en 2016 et
s’appliquent aux bâtiments et infrastructures. Le modèle de maturité BIM a été
défini afin de représenter les étapes nécessaires à cette ambition. Ces étapes étant
déjà largement reconnues, le modèle de maturité a pu être rapidement adopté
partout en Europe.
5
tion, de conception, de construction et d’exploitation
des actifs. L’approche objets a pour avantage d’offrir
aux équipes un modèle (3D) virtuel. Une représentation compréhensible du projet est immédiatement
accessible et il devient plus facile de faire des modifications : par exemple, pour modifier les fenêtres, il n’est
pas nécessaire de les traiter une à une dans chaque
document ou chaque plan. Modifier l’objet dans le modèle permet de modifier en cascade tous les dessins et
rapports dépendants. Autre avantage, des objets génériques de projets antérieurs peuvent être réutilisés
afin de gagner en efficacité et en qualité, plutôt que de
réinventer le travail déjà effectué auparavant.
Le plus grand potentiel du BIM réside dans l’association d’informations aux objets. Cette fonctionnalité a
été adoptée par les industries manufacturières dans
les années 1980 et est utilisée par les détaillants.
Le BIM permet de créer des objets intelligents – par
exemple, des objets « escaliers » préprogrammés pour
répondre aux normes d’accessibilité et de sécurité
incendie ou des objets capables de modifier leur géométrie en fonction de leurs dépendances avec d’autres
objets, comme des modèles prévus pour que les murs
et les escaliers s’adaptent en cas de modification de
l’épaisseur des dalles. Dans ces exemples, le modèle
vient appuyer le processus de conception et l’ordinateur se charge des détails, mais le concepteur reste
entièrement aux commandes.
Figure 3, BIM dit
fédéré, permettant entre autre
la détection de
conflits
L’information apportée par les objets intelligents peut
également être utilisée pour de nombreuses analyses
telles que l’analyse thermique, les sorties de secours,
les coûts, la programmation... Le BIM permet de plus
en plus de réaliser des scénarios multicritères pour
identifier la meilleure solution lors de la conception.
Par exemple, le BIM a permis d’optimiser la conception
des gradins d’installations sportives afin de maximiser
le nombre de sièges avec une bonne visibilité – ce qui
améliore la satisfaction des spectateurs et augmente
également le nombre de sièges plein tarif. Ce mode de
travail plus efficace autorise des solutions qui seraient
trop complexes à gérer avec un échange de données
et une CAO conventionnels.
La conception orientée objet, même lorsqu’elle ne
touche qu’à une seule discipline, apporte des avantages économiques significatifs et a été largement
adoptée, surtout pour la conception structurelle et,
de plus en plus, en architecture. Elle permet de se
concentrer sur les besoins et caractéristiques spécifiques de chaque discipline. Il est généralement
impossible d’utiliser le même logiciel pour toutes les
disciplines, mais chacune est en mesure d’adopter les
outils de son choix, ceux qui conviennent le mieux à
ses tâches propres. Ces besoins peuvent dépasser les
seules géométrie et conception spatiales pour inclure
le calcul des coûts, la planification et le cahier des
charges du bien. La possibilité de travailler ainsi de manière conjointe est primordiale pour l’étape suivante :
le BIM dit fédéré.
Le BIM dit fédéré (niveau 2)
Une fois les modèles créés pour chaque discipline (par
exemple la construction, l’architecture, les équipements techniques, le SIG), l’étape suivante consiste
à les intégrer en un modèle fédéré unique, pour
exploiter tout le potentiel du BIM. Un modèle fédéré
consiste en une vue commune de modèles séparés, permettant l’analyse des aspects intégrés de la
conception. La coordination spatiale, ou détection des
conflits, en est l’utilisation la plus courante.
La détection des conflits permet de vérifier s’il y
a d’éventuelles erreurs spatiales dans le travail de
conception de différentes disciplines : canalisations
devant passer dans un mur en béton plein, ossature
en acier non coordonnée avec les murs et la toiture...
Un prototype virtuel de la construction peut ainsi être
créé et utilisé pour vérifier l’intégrité de la conception.
Non seulement l’identification précoce des problèmes
en est facilitée, mais la qualité de la conception en est
également radicalement améliorée.
De nombreux constructeurs utilisent aujourd’hui le
BIM pour éliminer les risques de leurs projets, réalisant
au passage des économies considérables. Nous
devrions encourager nos clients à réduire les risques
lors des appels d’offre, afin qu’ils bénéficient d’une
partie de ces économies.
D’autres aspects de la construction peuvent être
simulés en liant le modèle au logiciel de planification.
Ce processus, connu sous le nom de BIM 4D, permet à
l’équipe d’intégrer les phases de construction au modèle, de vérifier les erreurs et goulots d’étranglement
et de rechercher des optimisations. De même, le BIM
4D améliore la qualité de la conception et le rapport
qualité-prix de la construction et de sa logistique.
6
En complément du processus de construction, les
concepteurs et propriétaires peuvent simuler l’exploitation et la maintenance – une excellente occasion
de faire l’interface entre conception et gestion des
actifs. Quelle sera la performance en exploitation du
bien et comment l’optimiser ? Sur le projet pilote de
Cookham Wood déjà mentionné, des simulations BIM
des processus opérationnels ont permis d’identifier
tous les problèmes potentiels avant leur apparition
et de modifier la conception en conséquence, pour
réaliser des économies de plusieurs milliers de livres
sur le cycle de vie.
Un BIM dit fédéré exige une certaine coordination
pour pouvoir utiliser ensemble les modèles de différentes disciplines. Les modèles créés par différents
outils logiciels doivent être rendus disponibles sous
une forme permettant de les fédérer. Il existe des
normes permettant une collaboration efficace, telles
que le manuel BIM Statsbygg en Norvège, le COBIM
en Finlande, et le PAS 1192:2 au Royaume-Uni. La
configuration de ces différents logiciels, y compris
ceux de visualisation et d’analyse, constitue ce que l’on
appelle une architecture BIM.
Arriver à fédérer des modèles au sein d’une seule
entreprise comme Arcadis est relativement simple.
Les standards de dessin y sont normalement cohérents et il n’existe aucun problème lié aux procédures
juridiques complexes ou au transfert des risques
associés au partage de données ou à leur utilisation.
Dès lors que le modèle fédéré est partagé entre
plusieurs organisations, par exemple entre plusieurs
concepteurs ou constructeurs, il devient important de
disposer d’accords régissant la façon de travailler et les
usages pouvant être faits des modèles, car la compréhension, l’approche et le niveau de maîtrise du BIM
de chacun diffèreront probablement. Un accord qui
couvre l’ensemble de ces aspects est désigné sous le
terme de BIM Execution Plan (BEP). Il doit être mis en
place dès le début du projet et mentionner des sujets
tels que les objectifs du projet - plus spécifiquement
ceux liés au BIM (objectifs BIM), les responsabilités des
différents acteurs traduites dans l’organisation BIM,
la façon dont les différents outils de Technologie de
l’Information et de la Communication (ICT) doivent
s’articuler (l’architecture BIM) ainsi que les formats des
données et les standards de sémantiques à utiliser.
Un autre document majeur est le protocole BIM, qui
décrira les éventuelles modifications contractuelles
nécessaires pour permettre l’usage du BIM. Des protocoles BIM standardisés, à adapter à chaque projet,
sont disponibles. Arcadis se tient à disposition de ses
clients pour les aider à mettre en place des protocoles
efficaces leur permettant de valoriser au mieux l’utilisation du BIM dans leurs projets.
Le BIM dit collaboratif (niveau 3)
Un BIM intégré suppose de rassembler des modèles,
ce qui peut inclure aussi bien des modèles d’une seule
entreprise que ceux d’une équipe projet dans laquelle
plusieurs entreprises sont impliquées. Lorsqu’un projet
BIM est intégré dans une seule entreprise ou une seule
équipe projet, un contrôle hiérarchique sur l’ensemble
des disciplines facilite l’organisation de cette approche. L’étape suivante consiste à travailler sur des
modèles intégrés avec des partenaires externes tels
que fournisseurs, sous-traitants et clients. Le modèle
unique permettant de travailler avec toutes les parties
prenantes s’appelle un « big BIM ».
Figure 4,
« L’itinéraire de
la maquette »,
métaphore du BIM
dit collaboratif
Le BIM dit collaboratif, ou « niveau 3 », est potentiellement plus bénéfique que le BIM dit fédéré. Dans
un BIM dit collaboratif, l’interprétation humaine est
contournée automatiquement au profit d’un transfert
sans pertes de la conception orientée objet vers le
fournisseur, qui peut s’en servir directement pour la
production. C’est précisément cette approche qui a
été adoptée par IKEA pour la conception, la fabrication
et l’envoi automatique de cuisines : tout est porté par
le BIM et par une chaîne d’approvisionnement uniforme et intégrée.
En pratique, le secteur de la construction ne connait
encore que très peu de travail collaboratif à cette
échelle. Les constructeurs et les consultants sont
généralement mandatés dans le cadre de contrats séparés, et le client n’a souvent que peu de contacts avec
la chaîne de production intégrant de la sous-traitance.
Les contrats découragent de plus l’échange illimité de
données, sans compter que les logiciels ne proposent
actuellement pas de solutions en mesure de traiter
l’ensemble de la chaîne de production.
Cette approche BIM est très adaptée à nos clients du
secteur public. Comme nous l’avons indiqué au début
de ce document, le BIM se concentre de plus en plus
sur le travail intelligent avec les données partagées sur
7
l’ensemble du cycle construction-exploitation-réhabilitation. Disposer au moment de la maintenance des
informations récapitulant les méthodes de conception, des spécifications techniques, de construction et
de maintenance permettra de réaliser des économies
considérables de temps et de coût. Ces avantages
et d’autres sont possibles grâce au BIM de niveau 3,
­synonyme de valeur ajoutée pour le client.
• Combinaison de données GIS et de données de
conception
• Utilisation de normes BIM ouvertes (IFC, IFD, COBie,
CityGML, PAS1192.2, bSDD, CB-NL...)
• Accord avec le client sur la livraison d’informations
pouvant être traitées informatiquement
Résumé
Dans un environnement particulièrement technique
tel que le secteur de la construction, le BIM est dans
un premier temps appréhendé en tant que défi technique. Il est désormais reconnu que la mise en œuvre
du BIM permettra d’imaginer de nouveaux modèles
de travail et que l’adoption d’un environnement BIM
constitue en définitive un défi bien plus culturel que
technique. Il nécessite une redéfinition des rôles et
responsabilités et offre l’occasion d’améliorer les
processus, procédures et normes métier. Il existe de
nouvelles manières de profiter des capacités BIM, par
exemple en utilisant les normes d’échange d’informations telles que la norme IFC, et de nouvelles questions contractuelles apparaissent.
Comme nous prévoyons de déployer les différentes
étapes de maturité du BIM décrites dans le présent
document, il est important de préserver les possibilités
de parvenir au BIM entièrement collaboratif, tout en
gardant à l’esprit les différents aspects nécessaires
pour y arriver – notamment les normes et outils. Notre
conclusion est que la signification et l’approche du BIM
diffèrent selon les rôles, ce qui implique que l’on ne
peut pas l’aborder de manière unique. Il existe certes
une approche globale pour l’introduction du BIM sur
les projets, mais le BIM est ensuite adapté à chaque
projet en fonction des objectifs de ce dernier et du rôle
des acteurs concernés (concepteur, chef de projet…)
qui se traduisent en objectifs BIM.
QUAND UTILISER LE BIM ?
Est-ce que cela signifie que l’on utilise le BIM seulement lorsque des informations sont partagées sur
l’ensemble du cycle de vie ? Chez Arcadis, toutes les
étapes décrites précédemment sont du BIM, du niveau
0 au niveau 3.
Pour définir un projet BIM, nous utilisons les critères
suivants, qui se rapportent aux quatre phases déjà
identifiées :
• Le produit est un modèle orienté objet (3D)
• La combinaison de différentes sources d’information
dans un modèle (de visualisation)
• BIM 4D (conception et planification)
• BIM 5D (conception, planification et coûts)
• BIM 6D (conception, planification, coûts de construction, coûts d’exploitation)
A PROPOS D’ARCADIS
Arcadis est le leader international en conception
et conseil de l’environnement naturel et construit.
Notre connaissance approfondie du marché,
ainsi que nos services de conception, de conseil,
d'ingénierie, de management de projets et
de gestion, nous permettent de travailler en
partenariat avec nos clients afin de leur offrir des
résultats exceptionnels et durables. Nous sommes
27 000 personnes dans plus de 70 pays et générons
3,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Nous
soutenons le programme ONU-Habitat par nos
connaissances et notre expertise afin d’améliorer
la qualité de vie dans les villes en croissance
importante, partout sur la planète.
8
UN CHANGEMENT CULTUREL
Le BIM permet à Arcadis d’offrir à ses clients une
meilleure qualité de service. Nos clients reconnaissent
les avantages d’un environnement BIM et souhaitent
adopter et mettre en œuvre les processus BIM. Le BIM
n’a pas encore été totalement déployé au sein de l’industrie de la construction. Il s’agit d’un domaine dans
lequel Arcadis peut, en tirant parti de son expérience
de l’accompagnement des clients, aider à faciliter et
accélérer son adoption.
Nous savons mobiliser les grandes organisations et
accorder les utilisateurs finaux et les parties prenantes
grâce à une vision d’ensemble et une familiarisation
qui font partie intégrante du développement de la
conception.
Les consultants d’Arcadis ont une vaste expérience
dans l’identification des gains potentiels, et ce, dans
tous les secteurs. Grâce au BIM, Arcadis se distingue
de ses concurrents par sa capacité à collaborer étroitement avec les clients, notamment lors de la mise en
œuvre de programmes de Business Transformation,
permettant ainsi de leur garantir que les systèmes et
processus BIM sont en adéquation, à la fois avec leurs
plans de transformation, et les processus de conception, construction et maintenance existants.
PLUS D’INFORMATION ?
Pour plus d’information, contactez-nous à l’adresse :
[email protected]
Site internet: www.arcadis.com
Téléchargement