Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux

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Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
Ostéotomie de Weil
des métatarsiens latéraux
Historique, définition
Cette ostéotomie a été pratiquée par L. S. Weil
(Chicago) depuis 1985. C’est une ostéotomie
oblique distale métatarsienne, maintenant bien
connue, qui procure une décompression longitudinale mais qui peut aussi procurer un déplacement
transversal médial et latéral.
En 1992, L. S. Weil vint à Bordeaux pour
participer à la première journée française sur le
scarf, et au cours d’une opération « live », il a
pratiqué le premier cas d’ostéotomie de Weil en
Europe. Depuis lors, les chirurgiens présents à
115
cette opération ont pratiqué l’ostéotomie de
Weil et ont étudié cette ostéotomie, maintenant
très connue à travers le monde. Elle procure une
grande amélioration dans ses indications spécifiques de la chirurgie de l’avant-pied. Ces indications sont principalement celles d’une décompression longitudinale qui peut être précise,
contrôlée et doit prendre en considération l’harmonie de la courbe métatarsienne.
Le problème principal de cette ostéotomie
est, mais surtout a été, la raideur de la MP principalement en flexion plantaire. Nous verrons
comment nous pouvons éviter et traiter cette
raideur, grâce aux choix des indications, à
l’amélioration de la technique et au management postopératoire.
Beaucoup d’auteurs ont déjà écrit sur cette
technique [13, 15, 32, 70, 75, 84, 85, 90, 93, 97,
108, 118, 126, 127, 133].
Fig. 17a1. Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux.
Cette technique représente un réel progrès dans le traitement des déformations transverses des orteils latéraux
(2), des métatarsalgies (3), des luxations MTP (4) et, d’une façon générale, dans tous les désordres nécessitant
une décompression longitudinale. Notons qu’une recoupe est très souvent nécessaire (4), de même qu’il faut
respecter la parabole métatarsienne (5).
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Reconstruction de l’avant-pied
Anatomie chirurgicale
Nous avons étudié cette anatomie chirurgicale,
essentiellement au point de vue osseux. Nous
avons surtout remarqué que le bord plantaire
était aigu. Ceci résultait en la formation d’un
pic osseux qui est l’extrémité proximale du fragment distal et ce pic n’est certainement pas à
laisser dans le but d’améliorer la stabilité et la
mobilité métatarsophalangienne. Pour ne pas le
laisser, une seconde recoupe est nécessaire (voir
Fig. 17a2). Au point de vue musculaire, comme
remarqué par Sobota, Sarrafian [113], et aussi
par E. Pisani et T. Leemrijse, il faut noter que le
2e métatarsien a seulement des interosseux dorsaux et non plantaires (Fig. 17a7). Dans cette
étude nous remarquons aussi les relations avec
la pente métatarsienne, notamment avec les
études de B. Valtin, T. Leemrijse et M. Benichou.
Nous pouvons combiner les études de Benichou
et Valtin pour mettre en avant qu’il n’y a pas
Fig. 17a2. Ostéotomie de Weil. Anatomie chirurgicale de l’extrémité distale des métatarsiens latéraux.
1. La section au niveau du col montre que le bord plantaire (pb) est saillant.
2, 3. Ainsi la réalisation de l’ostéotomie de Weil laisse à l’extrémité proximale du fragment distal,
une pointe, spike (s). Il peut aussi sans recoupe exister une instabilité interfragmentaire.
4, 5. Afin d’éliminer ce spike et pour améliorer l’instabilité, une deuxième coupe est nécessaire
dans les larges reculs.
6, 7. Dans le plan sagittal, la partie la plus épaisse de la tête est au niveau proximal (a) ; cela implique
de mettre en place la vis dans cette partie proximale afin d’avoir une meilleure prise, d’éviter l’instabilité
du fragment plantaire et également de placer la vis à égale distance des deux extrémités du fragment distal.
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
d’élévation de la tête, mais au contraire un léger
abaissement surtout dans les rayons latéraux.
Mais cela est moins important au niveau des
4e et 5e rayons puisque la mobilité proximale
(cuboïde) est plus importante.
L. S. Weil et W. Graff ont fait une étude géométrique. L’incidence radiologique oblique
médiale est utile pour tenter d’évaluer la pente
métatarsienne des métatarsiens latéraux.
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Une étude vasculaire très utile a été faite par
B. Valtin et T. Leemrijse (Fig. 17a3).
Dans un plan transversal la parabole métatarsienne a été un apport de Lelièvre et Viladot, étudié
par Tanaka [122], Maestro, Ragusa et Besse [24, 88].
Attention, ce plan n’est pas le seul et le sagittal doit être aussi pris en considération surtout
pour les relations entre M2 et M3, avec l’incidence oblique médiale (voir pages 223 et 321).
Fig. 17a3. Vascularisation des têtes des métatarsiens latéraux.
1. Vue dorsale : les artères dorsales intermétatarsiennes donnent des petites branches métaphysaires
capitales (a).
2. Vue plantaire : la vascularisation principale est une artère plantaire métaphysaire (c),
une pour chaque tête métatarsienne, qui provient de l’artère intermétatarsienne correspondante
(b). Cette artère spéciale pénètre la tête à sa face latérale à travers la capsule. L’ostéotomie de Weil
(lame de scie S) ne risque pas de léser cette artère et c’est probablement la raison pour laquelle
il n’y a pas de nécrose de tête dans cette ostéotomie. Cette vascularisation a été étudiée
par B. Valtin et T. Leemrijse (Paris, Bruxelles) qui ont fourni ces images. Cette étude a été menée
sur sept pieds de cadavres après injection artérielle de latex.
118
Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17a4. Ostéotomie de Weil. Relation avec la pente métatarsienne 1.
M. Benichou (Montpellier, France), qui nous a fourni ces images, a étudié la pente moyenne des métatarsiens
(1) et leur relation avec l’ostéotomie de Weil (4, 5, 6) : le trait (20 à 25 mm de long) peut être horizontal
pour le 2e métatarsien, mais il doit être incliné en plantaire pour les métatarsiens ayant une pente moins
importante, c’est-à-dire les trois derniers.
2. Le cliché de profil en charge peut évaluer seulement la pente du 1er métatarsien ; pour les autres,
le cliché en incidence oblique médiale (3) ne quantifie pas la pente, mais évalue la pente relative
entre chaque métatarsien.
Fig. 17a5. Ostéotomie de Weil. Relation avec la pente métatarsienne 2. Aspect scanner.
Les études menées par B. Valtin et T. Leemrijse (Paris) avec un scanner 3D montrent le trait de Weil
dans les différents métatarsiens. Sur le deuxième, le trait est horizontal ou légèrement dorsal (4).
Sur le 3e, le 4e et le 5e, le trait est incliné en plantaire (5).
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
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Fig. 17a6. Ostéotomie de Weil. Relation avec la pente métatarsienne 3.
– Pour M2, la lame de scie de 25 mm peut être horizontale et coupe entièrement le métatarsien
mais le fragment plantaire présente une pointe proximale (s).
– Pour M3, M4 et M5, si la pente est de 10° au moins, la lame de scie devrait être longue de 35 mm
pour rester dans un plan horizontal. La lame de scie de 25 mm coupe entièrement le métatarsien mais avec
une inclinaison plantaire qui induira un abaissement du métatarsien et va augmenter la pointe proximale (s).
Ces trois dernières figures (a4, a5, a6) démontrent la nécessité de réaliser un second trait dans la plupart
des cas. Le second trait associé à un large raccourcissement réduit l’insuffisance de flexion plantaire décrit
par Trnka et Myerson [127].
Fig. 17a7. Muscles interosseux de l’avant-pied.
1. Image du livre d’anatomie de Sobota.
a) Les interosseux plantaires ne sont localisés qu’au 3e, 4e et 5e métatarsiens.
b) Les interosseux dorsaux sont localisés sur les quatre derniers métatarsiens.
2. Image du livre d’anatomie de Sarrafian [113]. Quelques observations sur les interosseux dorsaux
et plantaires. Ces observations expliquent que la flexion plantaire active est plus difficile pour le 2e orteil
que pour les autres orteils.
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Reconstruction de l’avant-pied
Technique
Abord. Bien que plusieurs auteurs, dont L. S. Weil
lui-même, fassent une incision transversale pour
des ostéotomies multiples, nous préférons les incisions longitudinales, une incision pour deux
métatarsiens adjacents, sauf pour le 5e métatarsien
dans le cas d’hallux valgus associé (voir Fig. 17b1).
Pour les trois métatarsiens médians, l’approche métatarsienne est située entre les deux
extenseurs ; pour le 5 e métatarsien, elle est
située en dehors.
Ostéotomie. Le trait sera le plus horizontal
possible emportant le moins possible de cartilage mais cela dépend de la forme de la tête
(voir Fig. 17b2).
Un double trait est le plus souvent pratiqué
et utile. Les tissus mous sont respectés le plus
possible sur la face dorsale pour ne pas générer
de raideur MP. La longueur relative des métatarsiens est déterminée non pas avec les têtes mais
grâce au fragment proximal (voir Fig. 17b3).
La longueur relative des métatarsiens, telle
que définie par Maestro, Besse, Ragusa doit être
respectée [24] mais aussi les longueurs métatarsiennes dans une incidence oblique médiale.
L’ostéotomie de Maceira « 3 steps » (Fig. 17b4b)
[87] de même que l’ostéotomie de Benichou
sont complètement extra-articulaires et raccourcissent le métatarsien suivant son axe longitudinal sans abaissement de la tête. Cependant elles
sont de technique et de fixation plus délicates.
Fixation. On utilisera la cheville sécable que
nous avons développée en France avec le
groupe « Pied innovation »*. Elle procure une
compression, elle est autotaraudeuse et elle a
une tête très plate. On peut l’associer dans les
os très porotiques avec une broche filetée mais
nous préférons utiliser la nouvelle vis FRS de
2,5 mm.
* M. Augoyard (Lyon), L. S. Barouk, M. Benichou (Montpellier), M. Maestro (Nice), J. Peyrot (Lyon), M. Ragusa
(Grenoble), B. Valtin (Paris).
Fig. 17b1. Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux : technique. L’abord.
1. L’abord dorsal transversal est utilisé par plusieurs auteurs dont L. S. Weil lui-même.
Nous utilisons un abord longitudinal (2, 3) avec en général une incision pour deux métatarsiens.
Ceci notamment pour éviter les problèmes cutanés et pour faciliter l’intervention pour un large raccourcissement.
2. Abord si association avec une correction d’hallux valgus.
3. Abord s’il n’y a pas de correction d’un hallux valgus.
4. Abord entre le long et le court extenseur avec mise en place de deux daviers de Hohmann (5), section
dans la plupart des cas des ligaments latéraux (6) et mise en place de l’écarteur de Hinge pour protéger
les tissus mous (7).
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
121
Fig. 17b2. Technique de l’ostéotomie de Weil. Le trait.
1. a-b. Dans le cas d’une tête plate, la coupe peut être presque extra-articulaire.
2. a-b. En cas de tête bombée, le trait bute dans le cartilage.
3. Dans tous les cas, le trait doit être le plus horizontal possible
pour raccourcir sans abaisser.
Un contrôle radiographique est nécessaire à
la fois pour contrôler la longueur métatarsienne
et la rotation de la tête qui ne peut pas être
contrôlée cliniquement.
Enfin, la chirurgie des tissus mous est pratiquée
non seulement sur les tendons, mais aussi sur
les capsules s’il existe une déformation résiduelle
dans un plan transversal (médial ou latéral).
122
Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17b3. Parabole métatarsienne. Raccourcissement des métatarsiens.
1. La parabole métatarsienne doit être respectée : égalité des deux premiers métatarsiens
(le 2e peut être légèrement plus long, mais jamais le 1er), puis la règle des 4, 6 et 12 mm de façon décroissante
jusqu’au 5e métatarsien (étude de Tanaka, Maestro, Ragusa, Besse).
2. Il faut respecter le recul proximal spontané de la tête puis couper la « casquette » au niveau de la nouvelle
position de la tête (a).
3, 5. La longueur métatarsienne est difficile à évaluer par rapport aux têtes ; nous préférons donc effectuer
la résection sur le fragment métatarsien proximal.
3. Le 3e métatarsien (b) est recoupé pour avoir une différence de 4 mm par rapport au 2e (a).
4. Le 4e métatarsien (c) doit être plus court de 6 mm par rapport au 3e. 5. Le 5e métatarsien doit être plus
court de 12 mm par rapport au 4e.
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
123
Fig. 17b4a. Technique de l’ostéotomie de Weil. La recoupe.
1, 4, 5. Il faut exposer la face plantaire du fragment proximal pour repérer le sommet de l’angulation réalisé
par le trait de l’ostéotomie (e). Il se présente alors deux cas, suivant l’épaisseur distale du fragment proximal :
1. Cette extrémité est fine, on reprend l’extrémité proximale de l’ostéotomie.
2. Cette extrémité est trop épaisse, résection osseuse proximale et distale.
3. Résultat final : la pointe osseuse (s) a disparu, la tête est tournée vers le bas, ce qui améliore le contact
au sol de l’orteil et améliore la surface cartilagineuse plantaire de la tête. Enfin le contact interfragmentaire
est correct.
Fig. 17b4b. Observations et modifications par Trnka, Myerson et Maceira.
1. Trnka et Myerson [93] ont observé que, après une ostéotomie de Weil, le centre de la tête métatarsienne
se trouvait en dessous des muscles interosseux, rendant impossible la flexion plantaire de la 1re phalange.
Cette observation ne tient pas compte de l’ostéotomie de Weil réalisée avec la seconde recoupe.
2. L’ostéotomie « 3 steps » de Maceira, qui recule la tête sans l’abaisser. Le montage est cependant plus fragile.
Une ostéotomie à peu près similaire a été décrite par M. Benichou.
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Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17b5. Technique de l’ostéotomie de Weil. Évaluation finale de la position plantaire de la tête.
Cela se fait principalement par la palpation ou bien en regardant directement les têtes (1, 2). Si une tête
est trop basse, il faut réaliser une ostéotomie basale de relèvement de type BRT (3) (voir page 133 et suivantes).
Fig. 17b6. Ostéotomie de Weil. Déplacement transversal de la tête pour 2e orteil supra-adductus.
1, 2, 3. Dans le 2e supra-adductus, la tête du 2e métatarsien est en position latérale et doit être médialisée.
4. Vues opératoires avant et juste après l’ostéotomie de Weil : le déplacement médial de la tête est spontané
et il est suffisant pour corriger la déformation. Il faut simplement fixer la tête en prenant garde à la rotation
(contrôle radiographique).
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
Fig. 17b7. Ostéotomie de Weil. Déplacement transversal de la tête pour coup de vent latéral des orteils.
Dans cette déformation, la tête doit être déplacée latéralement mais avant tout proximalement pour assurer
la longévité de la correction.
125
126
Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17b8. Technique de l’ostéotomie de Weil. Fixation à l’aide de la vis sécable (DePuy).
1. La meilleure façon de réduire les fragments est de réaliser une pression plantaire de la tête avec un doigt
pendant que l’on maintient le fragment dorsal avec un davier de type Banaleck.
2. L’opérateur saisit ensuite la tête métatarsienne avec une pince type Kocher et avec l’autre main réalise
un pré-trou dans le fragment dorsal avec une broche (3). Ensuite la vis sécable est mise en place
avec une rotation lente du moteur jusqu’à ce que la tête vienne en contact avec l’os.
5. À ce moment, par un mouvement de la main et du moteur vers l’avant, le support casse (sans continuer
à visser). C’est la raison pour laquelle il est recommandé de ne pas avoir un moteur à rotation rapide.
Nous recommandons le moteur Aesculap.
6. Un vissage manuel termine l’opération.
4. La vis sécable est composée d’un support (a) avec une fine attache pour faciliter la rupture (b).
La tête est plate (c). La compression est assurée par une partie non filetée (d). Pointe auto-perforante (e).
7. f-g. Mauvaise position de la vis (trop distale) à l’origine de raideur.
8. h. Bonne position de la vis (à 1 cm de la tête métatarsienne).
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
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Fig. 17b9. Technique de l’ostéotomie de Weil. Fixation par la broche filetée.
Cette broche a été dessinée par L. S. Weil et N. Schwartz. Elle donne de la compression et peut se casser
au niveau du support. Nous utilisons cette broche en complément d’une vis sécable, notamment
en cas d’ostéoporose.
Fig. 17b10. Au niveau du deuxième et du cinquième métatarsien, la vis FRS 2,5 peut être préférée
à la vis sécable ; au niveau du 5e nous utilisons presque toujours la vis FRS (DePuy) car la tête de la vis sécable
peut rentrer en conflit avec la chaussure. Au niveau du deuxième métatarsien, et éventuellement des autres,
nous utilisons la vis FRS seulement en cas d’insuffisance de fixation par la vis sécable.
Fig. 17b11. Technique de l’ostéotomie de Weil. Aplanissement du sommet de la tête.
1. En général, ce sommet est fin et il ne faut pas l’aplanir.
2. Cependant, de temps en temps il faut le faire et cela peut requérir l’adjonction de cire osseuse.
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Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17b12. Technique de l’ostéotomie de Weil. Vérification de la rotation de la tête ; brochage des orteils.
1, 2, 3. Il est difficile cliniquement d’évaluer la rotation de la tête. L’usage du contrôle radiographique
peropératoire est ici très utile. La flèche blanche indique la rotation latérale de la 3e tête. Il faut donc dévisser
un ou deux tours, puis tourner la tête avec une pince type Kocher et revisser.
4, 5. Brochage d’orteil excluant la MTP assurant la correction des griffes, quand cela est nécessaire.
6. Une fois le brochage effectué, on peut évaluer la nécessité d’un allongement d’extenseur.
Fig. 17b13. Technique de l’ostéotomie de Weil. Correction des déviations d’orteils résiduelles.
1 à 4. En cas d’inclinaison latérale résiduelle, nous réalisons une médialisation de l’extensor brevis (2)
et une libération latérale de la métatarsophalangienne (3). Même pied : résultat (4).
5, 6. Libération médiale en cas d’inclinaison médiale résiduelle.
7. Vérification finale par le test de simulation d’appui.
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Indications
Métatarsalgie
Nous devons respecter les points suivants :
– la longueur relative des métatarsiens à la
fois dans le plan transversal mais aussi sagittal
(incidence oblique médiale) ;
– un second trait est indispensable.
Ces points seront détaillés dans le chapitre
« Métatarsalgies » page 217, et, en ce qui concerne
le deuxième rayon, page 273.
Grâce à cela, une insuffisance de correction
ou une récidive de métatarsalgie est extrêmement rare ; elle se produit bien sûr dans une
localisation plus proximale.
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Indication pour une décompression
longitudinale
(orteil en griffe, métatarsophalangienne)
Orteils en griffe
L’ostéotomie de Weil est très efficace en ce qui
concerne la correction des orteils en griffe. Grâce
à cette technique, la correction peut être effectuée
pratiquement sans arthroplastie interphalangienne proximale ou arthrodèse, avec une simple
manipulation de l’orteil ou avec une libération
plantaire de cette articulation.
Luxations MP
L’ostéotomie de Weil est certainement la
meilleure technique pour la correction de ces
Fig. 17c1. Indication de l’ostéotomie de Weil. 1. Translation proximale de la tête métatarsienne
pour métatarsalgies.
La récidive de métatarsalgies est rare après ostéotomie de Weil, qui est un excellent traitement
des métatarsalgies dues à un excès de longueur, mais à condition d’effectuer un désépaississement (2e coupe).
Fig. 17c2. Indication de l’ostéotomie de Weil. 2. Décompression longitudinale.
a) La correction des griffes d’orteil
1. La correction des griffes d’orteil est automatique après l’ostéotomie de Weil : même pied avant
et après l’ostéotomie de Weil.
2, 3. Résultat après ostéotomie de Weil et brochage. Aucune arthrodèse ou arthroplastie des orteils latéraux
n’a été nécessaire.
130
Reconstruction de l’avant-pied
luxations. Cela est détaillé dans le chapitre sur
ces luxations (page 243).
Excès de longueur des métatarsiens
latéraux
Dans cette indication, l’ostéotomie de Weil ne
raccourcit pas seulement les métatarsiens autant
que nécessaire, mais elle permet aussi d’ajuster
la longueur avec précision donc en respectant la
courbe métatarsienne. Ce raccourcissement peut
être nécessaire dans les excès de longueur des
métatarsiens latéraux, qu’ils soient primitifs ou
iatrogéniques.
Indication pour un déplacement
dans un plan transversal
(2e orteil en supra-adductus ou orteils
en coup de vent latéral)
Voir aussi les chapitres correspondants.
Un déplacement médial est indiqué dans le
2e orteil en position supra-adductus (page 255) ou
bien « bunionette » du 5e métatarsien (page 282).
Le déplacement latéral de la tête le plus souvent
accompagné d’un raccourcissement sera pratiqué
dans les orteils en coup de vent (page 263).
Enfin des déplacements combinés dans un
plan transversal seront pratiqués dans le cas
d’orteils divergents (page 268).
Fig. 17c3. Indication de l’ostéotomie de Weil. 2. Décompression longitudinale.
b) Luxation métatarsophalangienne
La translation proximale de la tête doit être au minimum au niveau de la base de la phalange pour assurer
la correction (point ms).
1, 2. L’ostéotomie de Weil permet la réduction de la luxation, quelle que soit son importance.
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
Fig. 17c4. Indication de l’ostéotomie de Weil. 3. Excès de longueur des métatarsiens
latéraux.
L’ostéotomie de Weil procure un raccourcissement précis et approprié. 1, 2. Aspect
préopératoire et à un an.
3, 4. Même pied : vue de trois quart. Noter la correction de la flexion dorsale MTP
et le brochage temporaire associé.
5. Attention au large raccourcissement des métatarsiens latéraux sans raccourcir
le premier : risque de syndrome de l’attelage. Il est nécessaire de sectionner l’attache
entre le 1er et le 2e tendon fléchisseur (image de P. Diebold).
Fig. 17c5. Indication de l’ostéotomie de Weil. 4. Déformation transverse.
1. Aspect préopératoire. Pied droit, deuxième orteil supra-adductus. Pied gauche,
coup de vent latéral.
2. Postopératoire, même patient. La correction est obtenue par un déplacement latéral
ou médial des têtes métatarsiennes (ici associé au raccourcissement).
131
132
Reconstruction de l’avant-pied
Ostéotomie de Weil :
complications
Les pseudarthroses ou retard de consolidation ou
bien les nécroses de têtes métatarsiennes sont très
rarement observés avec cette technique surtout
si l’on fait un double trait.
Le transfert de métatarsalgies peut être évité en
respectant la courbe métatarsienne à la fois dans
l’incidence dorsoplantaire mais aussi dans l’incidence médiale oblique. Il sera traité par l’ostéotomie BRT (Fig. 17d). Quant au syndrome de l’attelage, nous n’en observons pratiquement jamais
parce que la parabole métatarsienne entre le 1er et
les autres métatarsiens est respectée.
Fig. 17d. Inconvénients de l’ostéotomie de Weil.
1. La pseudarthrose peut être évitée par un meilleur contact produit par le désépaississement (2)
et une fixation solide.
3. Quand une seule ostéotomie métatarsienne est réalisée, la fixation doit être particulièrement solide
pour éviter un déplacement proximal secondaire qui se compliquerait d’une métatarsalgie de transfert.
De toute façon, un raccourcissement isolé d’un métatarsien est délicat. Pour illustrer ceci, il faut
se rappeler « qu’un train peut en cacher un autre » (4).
5, 6, 7. Si le premier rayon n’est pas raccourci (ou pas assez), la perte de l’appui plantaire
ou la persistance des griffes peut être observée, principalement à cause de l’anastomose entre le flexor
hallucis longus et le flexor digitarum tendon. Ce test permet d’expliquer et de dépister la nécessité
de couper cette anastomose par une voie médiale séparée (image de P. Diebold). C’est le syndrome
de l’attelage (de survenue très rare car, en général, le raccourcissement est harmonisé).
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
Raideurs de la MP
après ostéotomie de Weil
Généralement, après que les chirurgiens orthopédiques ont pratiqué les premiers cas avec
enthousiasme, ils reviennent sur leurs pas et
disent que « le Weil donne des raideurs ». Ceci
est vrai si l’on ne respecte pas certains points
que nous allons préciser, car nous pensons
maintenant avoir pratiquement éliminé cette
complication.
Fig. 17e1. Raideurs MP.
Quand ce problème survient, c’est principalement
le 2e rayon qui perd le contact au sol. Maintenant
les raideurs métatarsophalangiennes sont très rares
grâce à la prévention mise en place et détaillée
dans les figures suivantes.
Fig. 17e2. Prévention des raideurs MP. Aspects préopératoires.
1. Les contre-indications de l’ostéotomie de Weil sont les troubles trophiques avec des pieds froids,
des pieds très fins, une tendance à la cicatrisation chéloïde ou des patients anxieux et jeunes (2).
3, 4. Prévenir le patient : « Vous avez une déformation avancée : nous devons réaliser une chirurgie majeure
qui nécessite des soins postopératoires : l’autorééducation de vos orteils est essentielle aux bons résultats,
la récupération fonctionnelle sera longue. »
133
134
Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17e3. Prévention des raideurs MTP. Aspects peropératoires.
1. Préserver le plus possible le cartilage de la tête.
2. Réaliser le désépaississement pour éliminer la pointe proximale (s) et réaliser une rotation plantaire
de l’orteil (d).
3. Mise en place de la vis à 1 cm de la tête.
4. Préserver le plus possible les tissus mous dorsaux (mise en place de la vis sans « dénuder » le col).
5. Brochage excluant la MP.
6. Corriger la flexion dorsale MP par un allongement des tendons extenseurs.
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
En préopératoire, s’il existe des troubles trophiques, mais surtout s’il existe un pied froid
trop mince (sans tissus graisseux) et un patient
très anxieux, enfin s’il existe une déformation
modérée, alors nous pensons que le Weil, soit ne
doit pas être pratiqué, soit doit être pratiqué
mais avec un large recul.
En peropératoire, il faut absolument respecter
les tissus mous, surtout dans la face dorsale du
métatarsien, et pratiquer un double trait dans la
plupart des cas, une fixation solide, l’allongement
des tendons extenseurs si nécessaire et le respect
précis des longueurs relatives des métatarsiens.
135
En postopératoire, strapping des orteils en
flexion plantaire et autorééducation (Fig. 17e5a
et 17e5b).
Généralement, sauf dans le cas où le 2e métatarsien est excessivement long (plus de 4 mm),
nous pratiquons l’ostéotomie de Weil des 2e et
3e métatarsiens ou bien plutôt un recul généreux des 4 derniers métatarsiens et là aucune
raideur n’est observée.
Cependant si la raideur est observée après un
an, la libération MP qui peut être menée, soit en
percutané, soit plutôt en mini-invasif donne
d’excellents résultats.
Fig. 17e4. Diminution de la flexion active du 2e orteil.
Cette image pour rappeler qu’il n’y a pas d’interosseux plantaire au niveau du 2e métatarsien
et que cela peut expliquer pourquoi l’appui au sol du 2e orteil est plus difficile quelle que soit la technique
utilisée. (lllustrations tirées des livres d’anatomie de Sobota (1) et de Sarrafian (2).)
Fig. 17e5a. Prévention des raideurs. Aspects postopératoires 1.
1. Strapping MP en flexion plantaire.
2. Quand il n’y a pas de brochage d’orteils, il faut réaliser un strapping en flexion dorsale
de l’interphalangienne distale.
3. Quand il y a une broche, le strapping est plus facile.
136
Reconstruction de l’avant-pied
Fig. 17e5b. Autorééducation. Aspects postopératoires 2.
1. Mauvaise position car il est difficile de ne pas contracter les muscles extenseurs des orteils qui freinent
la flexion plantaire passive exercée dans la MP.
2. Position correcte : le pied est relâché et peut être facilement atteint par la main.
3. Meilleure position : le genou controlatéral est plié.
4. Une tierce personne peut être très utile dans cette rééducation (ici le mari).
5. Flexion plantaire réalisée par l’index pendant que le pouce effectue une résistance à la face plantaire.
Pendant que cette position est maintenue, une flexion dorsale de l’interphalangienne distale est réalisée
avec l’autre main.
6. La flexion active est plus facilement réalisée si le genou est fléchi et le pied tenu par la main homolatérale.
Les techniques – Ostéotomie de Weil des métatarsiens latéraux
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Fig. 17e5c. Traitement de la raideur. Aspects opératoires 4.
À un an, si nécessaire (maintenant très rarement), l’arthrolyse donne de très bons résultats.
L’approche métatarsienne peut être un peu difficile entre les tendons extenseurs à travers les tissus fibreux.
Un « ciseau de Cauchoix » (instrumentation DePuy) est introduit dans l’articulation métatarsophalangienne
aussi loin que nécessaire (2), l’excès osseux et fibreux est généralement observé quand la vis est trop distale (3).
4, 5. Mais les mêmes résultats peuvent être obtenus par une arthrolyse percutanée ou plutôt mini-invasive.
6. Excellent appui des orteils au sol après une arthrolyse.
Fig. 17e5d. Prévention des raideurs. Aspects postopératoires 3.
1, 2. Appui digitigrade et flexion plantaire active doivent être réalisés le plus tôt possible.
3. Si nécessaire (maintenant très rarement), mobilisation métatarsophalangienne sous anesthésie locale
ou régionale au 3e mois postopératoire.
138
Reconstruction de l’avant-pied
Transfert ou récidive d’une métatarsalgie
Bien que ce cas se présente rarement et soit souvent associé à une raideur de MP, donc à un
manque de flexion plantaire dans la MP, le traitement est facile. Il suffit de pratiquer une
ostéotomie BRT (voir page 139), associée également si nécessaire à une libération MP dorsale.
Résultats à long terme
Fig. 17f. Raideurs des métatarsophalangiennes ?
Le meilleur moyen d’éliminer la raideur est un recul
large et harmonisé des métatarsiens avec l’ostéotomie
de Weil (et si nécessaire avec un raccourcissement
du 1er métatarsien par un scarf).
En général nous n’observons ni détérioration de
la tête, ni nécrose secondaire.
Quant à la raideur MP, lorsqu’elle est observée, elle diminue légèrement avec le temps, toutefois sans disparaître totalement. Mais, rappelons-le, la seule manière efficace de l’éviter est le
recul large et harmonisé des métatarsiens.
Fig. 17g. Résultats à long terme de l’ostéotomie de Weil. Amélioration des résultats, notamment de l’aspect
fonctionnel.
1, 2, 3. Un cas préopératoire et à cinq ans : résultats clinique et radiologique.
4. La raideur MP décroît légèrement : aspect à quatre ans.
5, 6. Autres aspects fonctionnels, notamment recouvrement de l’appui au sol et du maintien sur la pointe
des pieds.
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