ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS
Document interdit à la vente
Service éducatif Architecture et Art religieux (Ville de Sées)
Arnaud Campain 14 03 2008
Collège et seconde Histoire - Français –
Arts plastiques
Au nom du Verbe
le lien texte et image dans la peinture
religieuse
Comment l’image et le texte se nourrissent-ils mutuellement dans la peinture religieuse ?
Les objectifs notionnels :
-La notion de religion du livre et le rôle du texte comme recueil de la parole.
-L’évolution de la tradition manuscrite et de la place de l’image par rapport au texte.
-La question de la représentation dans la religion catholique.
Les objectifs de savoir-faire :
-analyse de quelques tableaux évoquant l’Ancien et le Nouveau Testament
relevé des éléments narratifs, symboliques et esthétiques.
Les programmes :
Histoire 6e
II le peuple de la Bible : les hébreux
L’étude des Hébreux est abordée à partir de la Bible, document historique majeur et livre fondateur de la première
religion monothéiste de l’Antiquité, et des sources archéologiques.
Documents : extraits de la Bible
V Les débuts du christianisme
On présente Jésus dans son milieu historique et spirituel, et les évangiles comme la source essentielle des croyances
chrétiennes.
Documents : le Nouveau Testament
Histoire Seconde
Naissance et diffusion du christianisme
-Le contexte religieux et historique lors de la naissance du christianisme.
-La diffusion du christianisme jusqu’au IVe siècle.
Arts plastiques 6e
- Les élèves de 6e marquent un réel intérêt pour la représentation et la narration.
-La ressemblance : la question de la ressemblance, préoccupation des élèves de cet âge, est l’occasion de faire
prendre conscience des rapports et des écarts inévitables entre référent et représentation plastique.
-Acquisition des repères à partir des œuvres : chaque travail est l’occasion de mettre l’élève en relation avec le champ
artistique en lui faisant découvrir des démarches d’artistes contemporains ou des époques passées.
Arts plastiques 5e et 4e
L’image : le niveau de 5e et de 4e introduit un travail sur l’image tant du point de vue de sa fabrication que de son
utilisation.
Français au collège
L’image : elle est étudiée par plusieurs disciplines à la fois, son approche artistique est inscrite dans les enjeux des
enseignements d’art plastique. L’image porte sens en Français, le travail vise à appréhender le lien entre l’image et le
texte.
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I La relation entre l’image et l’écrit :
La place du texte dans les trois grandes religions monothéistes est fondamentale, c’est le recueil de la parole, il garantit
le lien entre le croyant et le créateur. Le judaïsme est fondé sur la Torah, la révélation de Dieu faite à Moïse ; dans le
christianisme, l’Évangile prolonge cette révélation et étend la promesse de salut à toute l’humanité. Enfin l’Islam elle
aussi est fondée sur un texte sacré, le Coran, révélé par l’ange Gabriel à Mahomet.
La forme et la place du texte dans la pratique religieuse des chrétiens ont varié avec le temps ; d’abord présenté sous
forme de rouleaux de papyrus pendant l’Antiquité, ainsi que le sont toujours les rouleaux de la Torah, le texte va évoluer
très tôt vers la forme d’un livre appelé codex constitué de feuillets manuscrits assemblés qui permettent d’accéder aux
chapitres et de faire une lecture collective de la Bible. Au IIIème siècle avant Jésus-Christ, la Bible hébraïque est traduite
en grec et au IVème siècle après Jésus-Christ, saint Jérôme est chargé par le pape de traduire la Bible en latin d’après
des versions grecques et des manuscrits hébreux qu’il consulte en Palestine. Après trente ans de travail, il rédige la
Vulgate qui est une version reconnue pendant des siècles.
La Bible est alors un objet précieux des monastères et des abbayes ; l’enseignement monastique est fondé sur la lecture
et la ditation de l’Ancien et du Nouveau testament, comme le veut la règle bénédictine. C’est dans les monastères
aussi que les bibles sont produites, les grandes abbayes possèdent un scriptorium dans lequel les moines recopient les
manuscrits, on les appelle les copistes. La relation des croyants avec le texte a varié avec le temps, vers la fin du Moyen
Age, les chrétiens se sont parfois éloignés des textes sacrés, craignant la mort et recherchant le salut dans la
superstition. Avec la Renaissance, la Bible reprend toute son importance. Comme elle représente l’autorité et la vérité de
la parole de Dieu elle fait l’objet de nouvelles recherches et de nouvelles traductions à partir des textes
anciens. L’imprimerie transforme le rapport à l’écrit en diffusant le texte imprimé auprès d’un plus large public et Luther
publie en 1522 la première Bible en allemand. Le texte en langue vulgaire doit permettre à chacun de comprendre le
message de Dieu. C’est dans ce contexte de la Renaissance que la division entre catholiques et protestants va prendre
forme et affecter le rapport de chacun avec le texte. Pour les luthériens, la relation de l’homme à Dieu repose sur
l’écriture seule, d’ailleurs les foyers protestants possèdent une Bible et en font la lecture quotidiennement. La position de
l’Église catholique est différente, elle reste fidèle à la version latine de saint Jérôme et considère que la parole de Dieu
se transmet par l’Écriture appuyée sur la tradition.
Les images tiennent une grande place dans la religion chrétienne, elle se distingue ainsi des deux autres religions
monothéistes. En effet, les religions juive et musulmane sont aniconiques, pour elles, le divin est infini donc forcément
indescriptible ; toute image serait réductrice ou mensongère. Dans la religion chrétienne, le dogme de l’incarnation, le
mystère de l’union intime de la nature divine et humaine du Christ donne le droit de représenter l’image du Très Haut. Le
verbe s’est fait chair, c’est à la fois le fils et la parole de Dieu adressée aux hommes.
Les images religieuses sont souvent allégoriques, elles sont alors des représentations complexes qui renvoient à autre
chose qu’elles mêmes, elles permettent de représenter un concept abstrait pour qu’il soit compris par le plus grand
nombre. De nombreuses images se basent sur les textes des saintes écritures et avec le temps et la tradition, elles ont
crée des codes visuels stables et compris par le plus grand nombre. Ainsi les attributs des personnages renvoient
toujours à une interprétation, le calice est le sacrement de l’autel et le symbole de la foi ; le crâne, l’attribut des ascètes
et des ermites, il renvoie au caractère caduc des choses terrestres.
Dans le contexte de la réforme catholique élaborée lors du concile de Trente, une nouvelle spiritualité apparaît chez les
catholiques et les images y ont une fonction majeure. Celles-ci doivent servir à la propagation de la foi, célébrer le
triomphe de l’Église pour renouveler la foi des fidèles. Les personnages les plus représentés sont les saints et la Vierge
alors que la façon de les peindre est plus maniériste, les feuillages et les anges donnant une vision joyeuse du paradis.
Ainsi l’Église exerce-t-elle un strict contrôle des images auxquelles elle reconnaît une fonction pédagogique.
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II Grille d’analyse de quelques tableaux :
Le sacrifice d’Abraham ; tableau de Glos-la-Ferrière
Le tableau. Le sacrifice d’Abraham.
Le texte :
Bible de Jérusalem
Genèse 22,1-19
Le sacrifice d’Abraham
Après ces évènements, il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me
voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya et tu l’offriras en
Holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. »
Abraham se leva tôt, sella son âne et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois de
l’holocauste et se mit en route pour l’endroit que Dieu lui avait dit. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit
l’endroit de loin. Abraham dit à ses serviteurs : « Demeurez ici avec l’âne, moi et l’enfant nous irons jusque là-bas,
nous adorerons et nous reviendrons vers vous. »
Abraham prit le bois de l’holocauste et le chargea sur son fils Isaac, lui-même prit en mains le feu et le couteau et
ils s’en allèrent tous deux ensemble. Isaac s’adressa à son re et dit : « Mon père ! » Il répondit : « Oui mon
fils » - « Eh bien, reprit-il, voilà le feu et le bois, mais est l’agneau pour l’holocauste ? » Abraham répondit :
« C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils », et ils s’en allèrent tous deux ensemble.
Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l’autel et disposa le bois, puis il lia son
fils Isaac et le mit sur l’autel, par dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.
Mais l’Ange de Yahvé l’appela du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici » L’Ange dit : « N’étends
pas la main contre l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton
fils, ton fils unique. »
Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s’était pris par les cornes dans un buisson, et Abraham alla prendre le
bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. À ce lieu, Abraham donna le nom de « Yahvé pourvoit »
L’Ange de Yahvé appela une seconde fois Abraham du ciel et dit : « Je jure par moi même, parole de Yahvé : parce
que tu as fait cela, que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta postérité
aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable qui est au bord de la mer, et ta postérité conquerra la porte des
ennemis. Par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre, parce que tu m’as obéi. » Abraham revint vers ses
serviteurs et ils se mirent en route ensemble pour Bersabée. Abraham résida à Bersabée.
Grille de lecture :
Éléments de narration :
- Si vous ne connaissiez pas le texte, quel titre donneriez-vous à ce tableau ?
- Après la lecture du texte, quel moment du récit est présenté ? Pourquoi ?
- Quels détails du texte retrouve-t-on ?
- Par quoi est remplacée la voix de l’Ange ?
La composition et la symbolique :
- Observez la place des personnages dans le cadre, l’un par rapport à l’autre, par rapport au spectateur. Vers où vont les
regards ? Pourquoi ? Qu’expriment-ils ? Faites la même observation pour les visages.
- Commentez les costumes et la nudité des personnages ! Servent-ils la narration, le symbolisme ou l’esthétique ?
- Dans quel registre littéraire classeriez vous cette scène ? Qu’est-ce qui y contribue ?
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Le serpent d’Airain ; tableau de Gacé
le tableau, attribué à Luca Giordano (1632-1705)
Huile sur toile, 2è moitié du XVIIè siècle
Hauteur 160cm, largeur 187 cm
Classé au titre des Monuments Historiques
Le tableau : placer
Le texte :
La Bible de Jérusalem
Les Nombres 21,4-9
Le serpent d’airain
Ils partirent des Hor-la-Montagne par la route de la mer de Suph, pour contourner le pays
d’Édom. En chemin, le peuple perdit patience. Il parla contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi
nous avez-vous fait d’Égypte pour mourir en ce désert ? Car il n’y a ni pain ni eau, nous
sommes excédés de cette nourriture de famine. »
Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de
monde en Israël. Le peuple vint dire à Moïse : « Nous avons péché en parlant contre Yahvé et
contre toi. Intercède auprès de Yahvé pour qu’il éloigne de nous ces serpents ! » Moïse
intercéda pour le peuple et Yahvé lui répondit : « Façonne-toi un Brûlant que placeras sur un
étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. » Moïse façonna donc un
serpent d’airain qu’il plaça sur l’étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il
regardait le serpent d’airain et restait en vie.
Grille de lecture :
Le serpent est symboliquement ambivalent, il peut guérir lorsqu’il est caducée, sa capacité à muer symbolise alors la
renaissance ; il peut aussi tuer, détruire ou corrompre, c’est la forme que prend le diable ou le mal pour tenter Adam et
Ève. Une fois vaincu, il est représenté au pied de la croix ou encore foulé aux pieds par Marie Immaculée, c’est à dire
sans péchés.
L’airain est un alliage de cuivre et d’argent, symbole d’incorruptibilité et d’immortalité, c’est le métal sacré employé pour
les objets du culte des Hébreux
Éléments de narration :
- Quels éléments du texte retrouve-on dans le tableau ?
- Différents moments du texte sont représentés simultanément, reprenez deux scènes, dites comment elles s’organisent
l’une par rapport à l’autre et ce qui les différencie ?
La composition et la symbolique:
- Tracez les grandes lignes qui composent le tableau (diagonales, verticales) ! Quelle est leur fonction ?
- À quoi vous fait penser l’étendard ?
- Où est Moïse ? Dites à quoi vous l’avez reconnu ?
- Quelle est la place accordée aux personnages ? au ciel ?
- Comment les corps sont-ils répartis dans l’espace ? Que font-ils sur chacune des scènes ? quelle est leur gestuelle ?
- Comment sont-ils les uns par rapport aux autres et par rapport aux spectateurs ?
- D’où vient la lumière ? Quel rôle joue-t-elle ?
- Comment est le ciel ? Quelle est la posture des personnages ?
- À quelle époque et à quelle tradition de la peinture vous font penser les femmes ?
Commentez les costumes, la nudité, les coiffures, les accessoires ! Dites en quoi tout cela sert-il l’esthétique
baroque
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Saint Jean l’évangéliste, tableau de Condeau
Le tableau Placer
Saint Jean L’évangéliste
Huile sur toile, XVIIè siècle
Hauteur 1, 40 largeur 1,08
Classé au titre des Monuments Historiques
Le texte :
La Bible de Jérusalem
Apocalypse
1,9-16
Vision préparatoire
Moi, jean votre frère et votre compagnon dans l’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus, je me trouvais dans l’île
de Pathmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage de sus. Je tombai en extase, le jour du seigneur, et
j’entendis derrière moi une voix clamer comme une trompette : « Ce que tu vois, écris le dans un livre pour l’envoyer
aux sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. » Je me retournai pour
regarder la voix qui me parlait ;et m’étant retourné, je vis sept candélabres d’or, et , au milieu, comme un fils d’homme
revêtu d’une longue robe serrée à la taille par un ceinture en or. Sa tête, avec ses cheveux blancs, est comme de la
laine blanche, comme de la neige, ses yeux comme une flamme ardente, ses pieds pareils à de l’airain précieux que
l’on aurait purifié au creuset, sa voix comme la voix des grandes eaux. Dans sa main droite, il a sept étoile, et de sa
bouche sort une épée acérée, à double tranchant ; et son visage, c’est comme le soleil qui brille dans tout son éclat.
Grille de lecture :
Jean l’Évangéliste est aussi acteur des évangiles en tant que disciple. Il aurait vécu non seulement en Palestine, mais
aussi à Éphèse et à Pathmos où il serait mort très âgé. Traditionnellement, il est représenté comme un tout jeune
homme, sans barbe, son symbole est l’aigle, symbole de l’élévation de la pensée et de la spiritualité. Enfin, il est
considéré comme l’auteur de l’un des évangiles et de l’Apocalypse.
Eléments de narration :
- Quels éléments du texte se retrouvent dans le tableau et sous quelle forme ?
- Par quoi est remplacée la voix ?
- Qu’est devenue la vision ?
- À quoi le spectateur reconnaît-il Jean ?
La composition et la symbolique :
- Quelle place tient le personnage dans le cadre ? Quelle place tiennent ses mains ? Sa jambe ?
- Vers où son regard est-il dirigé ? Pourquoi ?
- Quelle est la représentation de la nature et sa fonction ?
Eléments esthétiques
- Relevez les éléments atemporels ; les éléments datés et les anachronismes.
- À quel genre appartient le tableau ?
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