SUR LA FRATERNITÉ D'ABRAHAM A la suite de l'article du R.P. Riquet, « Espérance ou utopie, la Fraternité d'Abraham », paru dans le numéro de septembre de la Revue, nous avons reçu de S.E. S i Hamza Boubakeur une mise au point que nous publions ci-dessous. Dans un article consacré à la Fraternité d'Abraham, il est fait état de mon nom, de ma qualité et de ma participation à la création de cette association. Cette bette initiative, dont le Révérend Père Riquet fut à l'origine, a été effectivement amorcée au sein de l'établissement que j'ai l'honneur de diriger. Ceux qui étaient à mon cabinet pour en jeter les bases pourraient témoigner de l'espérance, de la foi et de la ferveur avec lesquelles j'y ai souscrit. Malheureusement, je me suis vu ultérieurement dans l'obligation de donner ma démission et de mettre fin à ma collaboration à cette association. Et ce pour les raisons suivantes : il est certain que les séquelles de suspicion des conflits qui opposent les hommes et la manie de bon nombre de nos contemporains de vouloir à tout prix trouver aux initiatives les plus généreuses des mobiles sordides, cachés, ne pouvaient épargner à la Fraternité d'Abraham les calomnies habituelles. On l'a suspectée, et on ne s'est pas gêné pour me le reprocher, d'être une machination sioniste, financée par des sionistes, cherchant, derrière des idées généreuses et lénifiantes, à servir la politique sioniste J'ai défendu l'association de mon mieux, contre une telle accusation. Dans le dialogue islamo-chrétien (je puis dire que j'ai participé à toutes les grandes rencontres islamo-chrétiennes), les docteurs de l'islam restent réticents, ne sachant pas pourquoi et en quoi consiste le dialogue envisagé, jugeant non sans sévérité les remous, contestations et innovations introduites par Vatican II, aussi bien dans les conceptions dogmatiques que dans les rituels liturgiques du christianisme romain. Au surplus, j'ai pu noter chez mes collègues musulmans une certaine prudence, et je dirai même une certaine hostilité, à l'égard de ce dialogue, parce qu'ils redoutent que l'intolérance et autres chefs d'accusation que les libres penseurs et les révisionnistes anti-chrétiens reprochent à l'Eglise catholique ne soient étendus et endossés par les autres religions et en particulier l'islam et le judaïsme dont le catholicisme voudrait faire des alliés. Beaucoup de musulmans confondent le conflit israélo-arabe avec une guerre judéo-musulmane, alors qu'il n'en est rien. J'ai eu à ce sujet de graves problèmes à résoudre à la Mosquée de