Phonak Field Study News | Vérification de l’avantage de l’audibilité avec Lyric 3
Le «gain porthétique tonal» est une autre
méthode parfois utilisée par les
audioprothésistes pour vérifier les performances
de l'aide auditive (Figure 2). Cette technique
est utile pour évaluer le son le plus faible qu'un patient peut
entendre pour différentes fréquences et, à cette fin, peut fournir
des informations précieuses sur les performances auditives avec
amplification. Elle peut également être utile dans les cas
problématiques de mesure de l’oreille réelle (REM) où
l'introduction d'une sonde induit un effet larsen ou dans les
rares cas où l'aide auditive bloque la sonde contre la partie
osseuse incompressible du conduit auditif.
Toutefois, comme le soulignent plusieurs auteurs (Dillon, 2001 ;
Scollie et Seewald, 2001), il existe plusieurs limitations à la
technique du gain prothétique tonal qui influencent la capacité
à évaluer correctement les performances de l'aide auditive. Par
exemple, cette technique évaluera uniquement les performances
de l'appareil à un seul niveau d'entrée, le niveau auquel le seuil
est obtenu. Il est clair que les aides auditives avec traitement de
compression modifient leur performance (gain) en fonction du
niveau d'entrée. Par conséquent, le bénéfice (gain fonctionnel)
déterminé pour les niveaux d'entrée faibles (avec et sans
appareillage) ne refléterait pas nécessairement le bénéfice
apporté pour des niveaux d'entrée plus forts.
De même, le gain prothétique tonal vise uniquement à nous
informer des performances de l'appareil aux fréquences discrètes
utilisées pendant le test, nous ne saurions pas ce qu'il se passe
pour les nombreuses fréquences se situant dans les régions entre
les fréquences audiométriques (c'est-à-dire, évaluer toute
crête/chute de la réponse en fréquences). Une part d'erreur est
également introduite dans le processus de vérification par la
nature de cette approche impliquant une réponse
comportementale et la variabilité de reproductibilité du test. En
réalité, certains chercheurs (Hawkins et al., 1987 ; Stuart,
Durieux-Smith et Stenstrom, 1990) ont découvert que les
différences de seuils doivent être d'au moins 10-15 dB pour que
l'on puisse conclure que la différence mesurée (l'impact de la
modification d'un réglage) constitue une «véritable différence».
Les seuils avec appareillage pour les personnes présentant une
audition quasi-normale à n'importe quelle fréquence seront
également souvent invalides du fait du masquage par le bruit
environnant ou le bruit de fond de l'aide auditive (Dillon, 2001).
Enfin, le gain prothétique tonal ne nous permet pas d'évaluer les
capacités de sortie maximum de l'aide auditive afin de
déterminer si cet aspect important de la performance est
approprié sur toute la réponse en fréquences fournie par
l'appareil.
Figure 2
Seuils moyens en champ libre avec et sans appareil (n=74) pour Lyric (d'Arbogast
et Whichard, 2009)
La norme de mesure de l’oreille réelle
Parmi les différentes approches utilisées pour
évaluer et vérifier les performances acoustiques
des aides auditives, la mesure de l'oreille réelle
(REM) est la méthode de référence. Cette
technique de vérification est disponible depuis plusieurs années
et est largement considérée par la communauté d'audiologie
comme étant la meilleure approche pour la vérification des aides
auditives. Outre le fait de garantir le bon fonctionnement des
aides auditives, la REM permet à l'audioprothésiste d'évaluer
objectivement l'audibilité sur toute une gamme de niveaux
d'entrée et d'utiliser ces informations pour les réglages fins. De
plus, la REM pallie les défauts des autres techniques de
vérification car elle est fiable, offre une meilleure résolution
fréquentielle, permet d'évaluer les performances à différents
niveaux d'entrée et n'est pas influencée par les seuils avec
appareillage masqués.
« …la mesure de l'oreille réelle…est
largement considérée par la
communauté d'audiologie comme
étant la meilleure approche pour la
vérification des aides auditives.»
Bien que la REM implique une certaine charge de travail
supplémentaire lors du processus d'appareillage et de vérification,
elle a le potentiel de faire gagner du temps à l’audioprothésiste
en guidant sa prise de décision. Par exemple, cette approche
permet d'évaluer objectivement les compromis nécessaires entre
réduction des niveaux d'audibilité et résolution des problèmes de
qualité sonore (par ex. finesse). La REM peut également être
utilisée pour anticiper différents problèmes du côté du patient.
Par exemple, un manque d'audibilité dans certaines régions de
fréquence particulières sur différents niveaux d’entrée peut être
observé et résolu via des modifications de réglages en observant
les réponses mesurées.