CONFIDENTIEL :
ETATS-UNIS D'AMÉRIQUE
A:
Négociateurs des Etats-Unis à la conférence des Nations unies sur le
changement climatique
OBJET:
Objectifs des négociations
Vous dirigez la délégation des Etats-Unis aux prochaines négociations sur le changement climatique.
Objectifs : Les Etats-Unis cherchent à négocier un accord global pour réduire les émissions en gaz à effet de serre (GES) qui nous
permettrait d'atteindre le meilleur résultat pour notre économie et nos intérêts vitaux ainsi que pour le reste du monde. Nous devons
décider :
1. Des actions à mener pour réduire nos émissions de GES (si nous en prenons). Sans interventions, les émissions des Etats-Unis
augmenteront dans le futur. Nous pouvons décider, si nous le souhaitons, quand nos émissions cesseront de croître, quand elles
commenceront à diminuer et à quel taux.
2. Nous devons décider si nous nous engageons à augmenter nos efforts pour le boisement des régions où cela est possible.
3. Les pays développés se sont engagés à créer un fonds pour fournir, à partir de 2020, 100 milliards de dollars par an pour
soutenir les politiques d'atténuation des émissions et d'adaptation au changement climatique dans les pays en développement.
Nous devons décider à quelle hauteur nous voulons participer à ce fonds.
Contexte : Le consensus scientifique est clair. Plus de 97% des scientifiques du climat s'accordent à dire que le changement climatique
est une réalité, qu'il est causé par l'utilisation des énergies fossiles et que ses effets pourront être dévastateurs. Les dernières études du
gouvernement américain ont montré que le changement climatique affecte d'ores et déjà les 50 états et que sans une réduction drastique
de nos émissions de GES, les conséquences n'en seront que plus sévères.
Opinion publique : Une majorité des citoyens américains, pensent que le changement climatique est réel et que l'activité humaine y
contribue de manière significative. La plupart soutiennent la mise en place de politiques qui règleraient ce problème. Cependant,
beaucoup s'opposent à une augmentation des taxes sur l'énergie ou à d'autres initiatives qui élèveraient le coût de la vie. Pour beaucoup
de citoyens, le changement climatique n'est pas une priorité, il se classe loin derrière la situation économique, le chômage. Plus
important, la population s'oppose fortement à un quelconque accord qui ne requerrait aucun engagement de la part des pays en
développement.
Politiques nationale : En octobre 2014, le Président Obama et le Président chinois Xi Jinping ont annoncé conjointement des
engagements pour limiter les émissions de GES. Les Etats-Unis se sont engagés à réduire de 28% leurs émissions en 2025 par rapport
au niveau de 2005. La réussite de la mise en œuvre d'un tel engagement nécessitera une réduction d'à peu près 1,6% par an jusqu'en
2025. Ce taux de réduction peut être obtenu en adoptant de nouvelles normes d'efficacité énergétique pour les véhicules, des règles très
strictes pour limiter la quantité de dioxyde de carbone (CO2) émise par les centrales électriques et l'industrie et un fort leadership tant au
niveau local que des états. Certaines de ces étapes ont été entamées mais beaucoup soulèvent une forte opposition politique qui rend
incertain l'accomplissement de ces engagements et d'autres plus ambitieux. Dans l'actuel climat politique, il n'y a aucune chance que le
Congrès ne passe les législations nécessaires. Des actions judiciaires pour contrer ces décisions de l'administration ont déjà commencé.
Opportunités : En dépit de ces obstacles, le rapport bipartite « Risky Business » (h ttp://riskybusiness.o rg), signé par des secrétaires au
Trésor américain des deux bords, montre que les coûts de l'inaction sont élevés alors que la plupart des régions des Etats-Unis
bénéficieraient d'une politique de réductions des émissions.
Contexte international :
La Chine est aujourd'hui la deuxième économie mondiale, sa croissance est bien plus rapide que celle des Etats-Unis et elle
génère environ 29% des émissions mondiales. La Chine a récemment fixé le pic de ses émissions « autour de 2030 ». Elles
seront alors 4 fois supérieures à celles des Etats-Unis. La Chine ne s'est engagée à aucune réduction de ses émissions par la
suite.
Entre-temps, les émissions des autres pays en développement, et en particulier l'Inde, augmentent très rapidement. Les Etats-
Unis ne s'engageront pas plus loin tant que le reste du monde ne signera pas des accords de réductions d'émissions ambitieux et
vérifiables. Sans réductions des émissions des autres pays en développement et des pays les moins développés, en 2050, leurs
émissions combinées vont représenter près de 3 fois celles des pays développés.
Les pays les moins développés porteront leur argument sur le fait qu'il leur suffit de limiter leurs émissions en GES à travers le
programme REDD (Réduction des Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts). Alors que la déforestation
est un véritable problème, nous pensons que cette position est une tactique pour pouvoir continuer à brûler des énergies fossiles
tout en arguant que c'est nous qui avons la responsabilité de réduire notre consommation d'énergies fossiles.De plus, il est
difficile de contrôler l'application des programmes chargés d'endiguer la déforestation. Enfin, les programmes de reforestation
ne sont que temporaires car les arbres sont finalement coupés, légalement ou illégalement, ou brûlés.
Au verso de cette page, vous trouverez des données qui peuvent vous être utile dans vos négociations. Bonne chance !
Préparé par MIT Sloan School of Management, Climate Interactive, et Umass Lowell Climate Change Initiative. Mise à jour : Juillet 2015.
www.climateinteractive.org/worldclimate / Révision et traduction : Laurent Richard, [email protected] / www.albedoclimat.org
Environ 3/4 du CO
2
émis par la
combustion dénergies fossiles,
depuis le début de la révolution
industrielle, provient des pays
développés et plus de la moitié est
postérieur à 1970.
Emissions de dioxide de carbone (CO
2
), principalement issues des combustibles
fossiles, pour chaque région de 1910 à 2013 (lignes continues), ainsi que leurs
projections jusquen 2030
La Suède, pour réduire sa
dépendance au pétrole, a su
maintenir une réduction de ses
émissions à un taux annuel de 4,5%
entre 1976 et 1986.
La France et la Belgique ont connu,
elles aussi
elles aussi, des réductions
similaires pendant la même période.
Sinon, les réductions démissions
signicatives ont été historiquement
dues à des crises politiques ou
économiques.
Selon un rapport de lONU, un taux
annuel de réduction de 3,5% est
annuel de réduction de 3,5% est
très ambitieux.
Les émissions en CO
2
par personne aux Etats-Unis, dans lUE et dans les
autres pays développés sont bien plus importantes que les émissions dans
les pays en développement (en Inde et dans les autres pays en
développement). Avec moins de 5% de la population mondiale, les Etats-
Unis génèrent, à eux seuls, 15% des émissions mondiales.
Emissions de CO
2
par personne
(en tonnes par an)
Le PNB par personne aux Etats-Unis est respectivement plus
de 7,5 fois et 35 fois supérieur à celui de la Chine et de lInde.
La Chine, lInde et les autres pays en développement
abritent 81% de la population mondiale, mais ne
représentent seulement que 35% des richesses et
29% des émissions cumulées.
Répartition de la population mondiale, du PNB (2013) et des
émissions cumulées de 1850 à 2013 pour toutes les régions.
Richesses des différentes régions mesurées à travers leur
PNB par personne en 2013 (en $ 2010 MEX/an)
climateinteractive.org/worldclimate
www.albedoclimat.org
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