AD E TE M
INTRODUCTION
Si la situation de crise que connaissent de nom-
breux pays européens affecte incontestablement les
dépenses des consommateurs, la Fédération
Française du Jouet confirme la bonne santé du sec-
teur du jouet en France(3). Les jouets apparaissent
ainsi comme une catégorie de produits préservée
que les consommateurs-adultes ne sont pas encore
prêts à sacrifier et la période de Noël est, à cet égard,
un moment crucial pour l’activité du secteur(4).
L’enfant, cible directe de cette catégorie de pro-
duits(5), est depuis longtemps au cœur de différents
travaux de recherche, tant son rôle d’acteur écono-
mique est aujourd’hui indiscutable (McNeal, 1992 ;
Roedder John, 1999 ; Brée, 2012). Pourtant, parmi
l’ensemble des études consacrées à cette cible parti-
culière, celles qui concernent sa relation au prix ne
sont pas légion et sont, pour la plupart, relativement
récentes (Damay, 2008 ; Damay, Guichard et
Clauzel, 2011).
Or l’enfant, parce qu’il est aujourd’hui de plus
en plus souvent en prise directe avec des situations
d’achat variées, est exposé à de nombreuses infor-
mations commerciales, dont le prix. Parmi ses diffé-
rentes occasions d’être confronté à cette information
numérique, la lecture du catalogue de jouets est sans
doute l’un des moments privilégiés. Pour les jeunes
enfants, le catalogue, contrairement aux spots publi-
citaires télévisés, « constitue un support tangible »
(Elmanssouri, 2010). L’enfant peut feuilleter le cata-
logue et traiter l’information qui y figure à son ryth-
me, sélectionner des images, les découper, etc. Si le
catalogue de jouets pâtit des mêmes défauts que la
presse magazine adressée aux enfants qui « offre
beaucoup moins de possibilités d’exécution (statique
versus dynamique, muet versus sonore…) que la télé-
vision » (Guichard, Pécheux, 2012), il est un pour-
voyeur d’idées et sert de matériau à l’élaboration de
nombreuses lettres envoyées au Père Noël. Le cata-
logue de jouets, comparé au magasin par exemple,
permet à l’enfant d’avoir une vision holiste et syn-
thétique de l’offre produits de l’enseigne et il est,
quel que soit son format, facilement manipulable
et/ou transportable. Les linéaires des magasins,
même s’ils apportent leur lot de rêves aux enfants,
par l’exposition directe avec les packagings des
jouets, ne permettent pas une telle synthèse. Par
ailleurs, les médias de l’écrit permettent une élabo-
ration cognitive plus grande car le lecteur peut choi-
sir la vitesse de transmission de l’information. En
particulier, chez les plus jeunes enfants, les médias
imprimés favorisaient la connaissance et la restitu-
tion des prix (Stephens, Moore, 1975). Le catalogue
de jouets est, de surcroît, un support particulièrement
impliquant, notamment à l’approche du 25 décembre.
La complexité croissante des stratégies de prix
des entreprises ciblant les adultes(6) invite à s’inter-
roger sur la façon dont cette variable est considérée
lorsque ces dernières visent plus particulièrement les
enfants. Plus précisément, différents travaux (e.g..
Schindler, Wiman, 1989 ; Schindler, Kirby, 1997 ;
Gueguen, Legoherel, 2004) ont permis de mettre en
exergue l’impact de la présentation des prix (prix
rond versus avec décimales, différentes terminaisons
du prix) sur l’image qu’ils renvoient et leur impact
sur la demande. Or, si l’attitude des enfants à l’égard
de différents formats de prix a déjà été envisagée en
recherche marketing (Damay, Guichard et Clauzel,
2011), le traitement de l’information-prix des cata-
logues n’a, lui, pas été considéré.
Si la plupart des catalogues de produits ne
ciblent pas les enfants, ceux de jouets les concernent
au premier chef – principalement les enfants de
maternelle et de primaire(7) –, notamment à l’ap-
proche de la fête de Noël. Ces catalogues sont nom-
breux et divers tant dans leur format que dans leur
contenu. Parmi les nombreuses informations qu’ils
renferment, figurent fréquemment les prix, présentés
de manière non uniforme. Dès lors, il est légitime de
s’interroger sur ce que cette présentation hétérogène
6
REVUE FRANÇAISE DU MARKETING - Septembre 2013 - N° 243 - 3/5
(3)
En 2011, 243,3 millions de jouets ont été achetés en France (+3 %
versus 2010), soit un marché total de 3,329 milliards d’euros (+5%
versus 2010) (source : fjp.fr/actus/actualites).
(4)
Les Français dépensent en moyenne 242 € par an et par enfant de
moins de 15 ans. Le quatrième trimestre 2011 a représenté 60 %
des ventes de l’année (source : fjp.fr/actus/actualites).
(5)
Plus de 12 millions d’enfants de moins de 15 ans en France, 34 %
sont âgés de 7 à 11 ans.
(6)
« Les prix n’ont plus de valeur », Enjeux Les Échos, février 2010, p.
24-30.
(7)
Considérant que le traitement du prix ne s’opère que lorsque l’en-
fant a appris les nombres, notre travail concerne les enfants de
primaire (6-11 ans).