La CFHM organise une seconde visite du porte- avions Char-
les-de-Gaulle le samedi 27 octobre 2012 à Toulon. Le nombre de
places est limité. Inscription (clôture : 1er juillet 2012) aups du
secrétaire général : secr[email protected]
Sandrine Monnerat, membre de la CFHM, a intégré le bureau
de l’Association suisse d’histoire militaire (ASHM). Elle est deve-
nue également webmestre du site internet de l’ASHM. Une collabo-
ration étroite et gulière entre la CFHM et l’ASHM va être mise en
place. Site de l’ASHM : www.militariahelvetica.ch
La CFHM est partie prenante du colloque international
« Paix et Constitutions » organisé le 20 et le 21 septembre
2012 par l’Université de Bourgogne, la Faculté de droit et de
science politique de Dijon (CREDESPO), la Maison des sciences de
l’homme de Dijon (UMS CNRS 2739) et l’Association française des
communes, départements et gions pour la paix (AFCDRP).
Le n° 90 de la Revue Internationale d’Histoire Militaire
(RIHM) est sous presse. Le thème de ce numéro porte sur « Les pri-
ses d’otages dans l’histoire ». Il contient les communications des
deux journées d’études organisées l’an dernier à Paris et à Boulogne-
sur-Mer, avec une participation italienne, hongroise, suisse et belge.
Ce volume sera distribué aux participants du congs de Sofia.
Le n° 100/101 de la revue Stratégique, consacré au thème « Insurrection et contre-insurrection », sera disponible
à partir du mois de juin.
Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 1
Histoire militaire & Stratégie
lettre d’information de l’
Institut de stratégie et
des conflits - Commission
française d’histoire militaire
Été 2012 – n° 28
ISC-CFHM
Vie de la Commission
Éditorial En route pour Sofia
L’année universitaire 2011-2012 se termine pour la CFHM dans un mélange de tristesse et de sentiment du
devoir accompli. Tristesse avec la disparition prématurée de notre président d’honneur, Hervé Coutau-Bégarie,
le 24 février dernier ; sentiment du devoir accompli car, en dépit de cette perte immense, la CFHM a continué et
développé ses activités. Nos réunions et nos conférences se sont déroulées avec régularité dans le cadre prestigieux
de l’École militaire. Deux de ces séances avaient un thème précis : l’armistice de 1940 et la guerre d’Indochine.
Elles ont toutes deux donné lieu à la projection d’un film. Une journée sur les blocus s’est déroulée à Paris en
avril. La parution régulière de la lettre d’information Histoire militaire et Stratégie a permis de maintenir le lien
indispensable entre les membres.
Sous la vigoureuse impulsion de notre trésorier, François Deleuze, le nombre de nos membres est en augmentation.
La sortie sur le porte-avions Charles-de-Gaulle à Toulon – qui a été un grand succès – montre la capacité de la CFHM
à organiser des visites sur des sites militaires majeurs.
Le processus de fusion de la CFHM au sein de la nouvelle structure, appelée ISC-CFHM, est entré dans sa phase
ultime. L’arrivée à sa tête du Pr. Georges Henri-Soutou, universitaire de renommée internationale, est une
garantie de rigueur scientifique et un gage de sauvegarde de l’autonomie de la CFHM au sein de cette structure.
L’organisation du congrès de Paris 2014, malgré les bouleversements politiques, s’est poursuivie. Le n°90 de la RIHM
est sous presse et sera distribué aux membres des délégations étrangères en Bulgarie.
Le congrès d’août 2012 à Sofia sera ainsi l’occasion pour la CFHM de prouver sa vitalité et son dynamisme.
À tous et à toutes, nous vous souhaitons un bon été.
Jean-Nicolas Corvisier, Pierre-Emmanuel Barral,
président de la CFHM secrétaire général de la CFHM
L’accession, fin janvier 1943, au rang de commandant
en chef de la Kriegsmarine, en remplacement du grand
amiral Erich Raeder, n’allait pas permettre à Dönitz de
donner toute sa mesure. Dans l’Atlantique Nord, la situa-
tion s’était largement retournée en faveur des alliés : le
taux de pertes en U-Boote, devenu inacceptable, contrai-
gnait Dönitz à ordonner en mai 1943 le retrait des sous-
marins de ce théâtre d’opérations ; ils ne pourront jamais
y retourner de façon durable, la bataille de l’Atlantique
était définitivement perdue. La guerre était parvenue à
un tournant : l’annonce par les alliés de l’exigence de la
capitulation sans conditions (janvier 1943, conférence de
Casablanca), la capitulation de l’armée Paulus à Stalin-
grad (fin janvier), l’échec de la bataille de Koursk (juillet),
aboutissaient du côté allemand à une radicalisation idéo-
logique de la guerre, qui, dans la propagande nazie, devint
une guerre de défense de la civilisation européenne contre
le bolchevisme. Pour Hitler lui-même, il fallait continuer
le combat jusqu’à ce que la dureté de la guerre et la crainte
d’une victoire finale des forces soviétiques aient fait écla-
ter le front adverse. Le peuple allemand était jugé parti-
culièrement préparé à ce combat de survie par les vertus
du national-socialisme. Entré dans le premier cercle des
fidèles du Führer, Dönitz s’y manifestera par son adhésion
fanatique au principe de guerre à outrance, et soutiendra
de façon inconditionnelle le refus de Hitler de der le
moindre pouce de terrain. Afin de convaincre Hitler de
sa capacité à maintenir l’esprit offensif dans la Kriegs-
marine, il ordonnera la reprise de la guerre sous-marine,
acceptant, selon ses propres termes, « des pertes sans
rapport avec les succès obtenus » : de novembre 1943 à
mai 1945, 455 U-Boote et 15 000 marins disparurent, les
pertes infligées aux amarins de conception nouvelle, dont
il avait garanti au Führer qu’ils changeraient la face de la
guerre sous- marine, ils ne purent être achevés à temps.
Redoutant, devant le développement rapide de l’of-
fensive alliée, une scission du territoire allemand, Hit-
ler avait nommé Dönitz commandant de la zone nord le
15 avril 1945. Le 21, il prenait sur son ordre congé du
Führer à Berlin, l’assurant de sa détermination à mobi-
liser tous les moyens à sa disposition pour continuer
le combat : il rassemblera tous les marins disponibles
(3 000 hommes environ dont une promotion de cadets) et
les enverra, sommairement armés, à Berlin. Convaincu
à la suite d’une visite au quartier général de la Wehr-
macht à Rheinsberg du caractère inéluc table de l’effon-
drement final, il n’en refusait pas moins encore toute idée
de capitulation. Le 30 avril vers 19 h 30, Dönitz recevait
à son QG de Plön un message de Borman, resté à Berlin
auprès du Führer, lui annonçant que ce dernier faisait de
lui son successeur en lieu et place de l’ex-Reichsmars-
chall Göring. Le message passait assez étrangement sous
silence le fait que le Führer s’était déjà donné la mort à
15 h 30. Dönitz observera, dans ses nombreux écrits, la
plus entière discrétion sur le message qu’il enverra le
lendemain au Führer pour l’assurer de sa fidélité incon-
ditionnelle, des efforts
qu’il allait faire pour le
dégager de Berlin, et de
sa détermination « si le
destin [le] contraignait
à diriger le Reich alle-
mand en tant que suc-
cesseur désigné par lui,
à conduire cette guerre
à une fin qui soit digne
du combat héroïque du
peuple allemand ». Le
1er mai à 10 h 53, un
nouveau message de
Borman l’informait, sans autre précision, que le « tes-
tament entr[ait] en vigueur », et lui demandait de diffé-
rer la publication de la nouvelle. Ce ne fut qu’à 15 h 18
qu’un troisième message, signé celui-là de Goebbels, lui
annonçait la mort du Führer, et le laissait libre du choix
de la forme et du moment de la notification à la troupe.
Le soir même, travestissant quelque peu la réalité, il
informait la population allemande par radio et la Wehr-
macht par ordre du jour, de la mort au combat du Führer
« à la tête des défenseurs héroïques de la capitale », de
sa prise de fonction comme chef de l’État, et du transfert
sur sa personne du serment de fidélité.
Changeant totalement d’attitude à l’égard de la pour-
suite de la guerre, il décidera de mettre fin aux combats
dans les plus brefs délais, sous la seule réserve de créer
les conditions qui permettraient au maximum de sol-
dats et de civils d’échapper, par une fuite vers l’ouest,
à la capture des « bolcheviks », et cela moins pour des
raisons humanitaires qu’afin de préserver pour l’avenir
l’« essentiel de la substance du peuple allemand ». Sa
tentative d’obtenir une capitulation séparée se solda par
un échec. Une ouverture du front à l’ouest et un repli à
l’est auraient sans doute eu davantage de succès. L’ac-
cent enfin mis sur l’évacuation des populations civiles, il
arrivait aussi, pour sa part, beaucoup trop tard.
Dönitz avait obtenu un premier résultat qui pouvait
être porté à son crédit : la capitulation signée s’était
effectuée rapidement et sans incident notable. S’agis-
sant du nouveau gouvernement allemand qu’il avait
formé, il semble bien qu’il ait espéré pouvoir continuer
à le diriger et que – sauf à concéder, peut-être, quelque
limitation au pouvoir absolu du Führer l’État natio-
nal-socialiste pourrait être maintenu dans son essence ;
toute forme d’État républicain, de « gouvernement de
partis », synonyme pour lui de mutinerie, de révolution
et de chaos, étant exclue. Mais les Alliés, qui n’avaient
jamais attendu du « gouvernement Dönitz » autre chose
que la bonne exécution de la capitulation, mirent fin
de façon volontairement spectaculaire, le 23 mai, à
l’« expédient provisoire » en déclarant prisonnier de
guerre l’ensemble de ce gouvernement. Inculpé de
« préparation de guerre d’agression » et de « crime
Dönitz, le dernier « Führer »
par François-Emmanuel Brézet*, le 21 janvier 2012
2 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 3
Les conférences de la CFHM
Corées, zone démilitarisée et frontières, poids
de l’histoire et espoirs de réunification
La zone démilitarisée intercoréenne (DMZ) sépare depuis
1953 les deux Corées, dans le cadre d’un accord « tempo-
raire » de cessation des hostilités signé le 27 juillet 1953
entre les commandants militaires des pays belligérants,
un armistice toujours en vigueur qui n’a jamais pu être
remplacé par un traité de paix.
Cette zone, de fait fortement militarisée, est l’héritage
de la partition de la péninsule coréenne au 38e parallèle
en 1945, une division qui portait en germe les causes
du conflit de 1950 et les séquelles qui perdurent jusqu’à
aujourd’hui. Sa partie sud est placée depuis ses origines
sous la responsabilité du commandement des Nations-
unies (UNC), instauré en juin 1950 par la Résolution 84
du Conseil de sécurité, toujours en vigueur. L’UNC agit
sous le drapeau des Nations-unies et opère un état-major
qui gère l’armistice et des mécanismes qu’il a créés.
Dispositif terrestre de séparation physique des bel-
ligérants, la DMZ est complétée en mer, à l’est comme
à l’ouest, d’une ligne de démarcation maritime (NLL)
établie unilatéralement par l’UNC en 1953, hors cadre
de l’armistice. La Corée du Nord ne reconnaît pas cette
ligne, qui est, depuis les années 1990, le théâtre d’inci-
dents intercoréens graves.
La DMZ, symbole de guerre et de division
sous influence étrangère
En 1945, la division de la péninsule au 38e parallèle n’est
au départ qu’une partition tactique temporaire, proposée
aux Soviétiques par l’état-major de Mac Arthur dans le
cadre de la guerre contre le Japon. Pour gérer la reddi-
tion des troupes japonaises en Corée, déployées jusqu’en
Mand chourie, les États-Unis devaient s’assurer que les
Forces soviétiques, seules présentes dans la région et
entrées en guerre sur le tard contre le Japon, cesseraient
leur avance vers le sud sans occuper totalement la pénin-
sule, une action qui les auraient mises aux portes du Japon
sans que les Américains puissent s’y opposer.
Les Soviétiques acceptèrent d’arrêter leurs Forces au
38e parallèle et de gérer cet espace géographique coréen
jusqu’à la frontière chinoise. Ils y installèrent Kim Il
Sung et ses cadres, vétérans des guérillas anti-japonaises
opérant en Mandchourie.
Le 38e parallèle devient ainsi de fait, dès 1945 lors de
la « libération » contre l’occupant japonais, la première
frontière séparant les deux régimes coréens, idéologique-
ment antagonistes, qui se créent en 1948-1949 de part et
d’autre, les Américains soutenant le Sud. Ligne de divi-
sion artificielle, difficile à tenir, qui sépare des milieux
géographiques et humains homogènes, la situation y est
d’emblée conflictuelle, chaque camp coréen s’évertuant
à gagner du terrain sur l’autre par les armes. À partir de
1948, avec le départ des Forces d’occupation soviétiques
et américaines, les accrochages intercoréens deviennent
quotidiens, et leur ampleur croît avec la détermination
des deux régimes à se lancer dans l’aventure de la réuni-
fication à son profit. Jusqu’à ce que le Nord envahisse le
Sud le 25 juin 1950, début de la guerre de Corée.
Tout au long du conflit, le 38e parallèle reste un enjeu
capital pour les belligérants. Après les échecs respectifs
de réunification par les armes en 1950-1951, qui ver-
ront le 38e être franchi plusieurs fois dans les deux sens,
la ligne devient, dès mi-1951, l’enjeu des négociations
de cessation des combats, avec l’idée de création d’une
zone tampon dont la vocation première serait la sépara-
tion physique des adversaires, pour atténuer le risque de
reprise des hostilités.
Constitution des frontières intercoréennes actuelles
Lorsque les négociations d’armistice débutent en 1951,
à Kaesong puis à Panmunjeom, points situés sur la ligne
de front et le 38e parallèle, il s’agit d’en revenir au statu
quo ante, donc à la division au 38e parallèle, et d’éta-
blir ensuite les conditions d’un règlement politique du
conflit. Plusieurs fois interrompues, entrecoupées de
périodes de combats intenses qui déplacent la ligne de
front vers le Nord, les négociations se concluent par
de guerre », Dönitzfut condamné à dix ans de réclu-
sion par le tribunal de Nuremberg, bien que celui-ci
l’ait lavé, dans ses attendus, du second motif d’incul-
pation. Cette condamnation contestable dont on sait
maintenant qu’elle fut le résultat d’un accord âprement
négocié entre les juges occidentaux, partisans de l’ac-
quittement, et les Soviétiques lui donnera la palme
du martyre et coupera les ailes à toute procédure ulté-
rieure de « dénazification » qui aurait pu être enclen-
chée contre lui. Dönitz sera crédité d’avoir assuré une
sortie de la guerre sans que se déclenche l’apocalypse,
qu’il avait lui-même prédite lorsqu’il préconisait la
résistance à outrance, et d’avoir joué un rôle détermi-
nant dans le sauvetage par mer de millions de réfugiés,
alors qu’il accordera jusqu’au bout la priorité au sou-
tien maritime des unités encerclées dans les poches de
résistance, dont il avait encouragé la constitution.
Ses Mémoires de guerre contribueront longtemps à
l’entretien du mythe de la guerre sous-marine, créé par
la propagande de guerre nazie. Il consacrera le quart de
siècle qu’il lui restera à vivre après sa sortie de prison à
la défense de sa propre légende, sans jamais exprimer
le moindre regret sur son allégeance fanatique à l’idéo-
logie nazie, ni la moindre réserve sur celui dont il avait
en couragé et suivi le jusqu’au-boutisme suicidaire :
Adolf Hitler.
*François-Emmanuel Brézet est le spécialiste français
de l’histoire de la marine allemande et a écrit plusieurs ouvrages
sur le sujet. Il est membre de la CFHM.
Corée : histoire, mémoire, actualité, par le colonel Alain Nass* le 4 février 2012
2 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 3
Les conférences de la CFHM (suite)
4 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 5
Les conférences de la CFHM (suite)
un armistice, le 27 juillet 1953, qui fige la ligne de
contact des Forces belligérantes.
Créée par l’armistice, la DMZ partage la péninsule
et en matérialise les conditions, toujours en vigueur.
Sa fonction principale est de séparer physiquement les
Forces des deux camps. À cet effet, la ligne de contact
devint la ligne de démarcation militaire (MDL), les For-
ces au contact reculant de 2 km par rapport à cette MDL.
Les installations militaires furent démontées et détruites
dans le no man’s land ainsi créé. L’ensemble constitue un
espace particulier de 4 km de large, divisant la péninsule
de la mer de l’est jusqu’à la mer de l’ouest sur 250 km.
La DMZ et la France
Pour la France, la DMZ est devenue un lieu privilégié de
mémoire : 269 de nos compatriotes y sont morts lors des
combats meurtriers de la guerre de Corée. Depuis 2007,
deux sites commémoratifs français y ont été créés, sur
les lieux mêmes des combats du Bataillon français de
l’ONU.
Le site d’Arrow Head (DMZ centre) comporte trois
monuments. À l’Est, le site des combats de Crèvecoeur
(1 000 m d’altitude) en comprend deux et un musée. La
France est ainsi, à ce jour, le seul pays à disposer de
monuments dans la DMZ, et à y organiser des activités
mémorielles.
(1) Il y avait eu, auparavant, la tentation de confier aux Forces
soviétiques, à partir de la péninsule coréenne, une action militaire
de revers contre le Japon, dans le but de soulager l’effort américain
de conquête île par île vers Tokyo. La capitulation rapide du Japon
après Hiroshima et Nagasaki ont rendu cette action caduque,
laissant en Corée des milliers de soldats japonais à démobiliser.
* Le colonel Alain Nass est ancien attaché de Défense en Corée
du Sud. Il est membre de la CFHM.
Au printemps 1940, les armées hitlériennes infligè-
rent une défaite décisive en moins d’une semaine à
une armée française qui passait alors pour la première du
monde. Le généralissime Maurice Gamelin et son état-
major ne réussirent nullement à reprendre l’initiative,
une fois le front percé à Sedan, le 14 mai. Le système de
commandement français montra alors au reste du monde
sa carence à réagir à temps aux initiatives allemandes
qui se manifestèrent sur l’ensemble du théâtre des opé-
rations. Les comptes rendus arrivaient trop tard et les
ordres, insuffisamment coordonnés, ne réussissaient pas
à atteindre les unités en heure et en temps voulus. Le
système de commandement français semblait paralysé…
Si les principes de commandement enseignés par les
doctrinaires français de l’entre-deux-guerres semblaient
encore infaillibles en ce début mai 1940, ils n’allaient
pas tarder à révéler leurs limites face aux réalités de la
guerre nazie, marquée par la vitesse, la violence et l’in-
novation technologique, notamment en matière de systè-
mes d’information et de communication. Aux principes
de l’École de guerre étaient opposés ceux de l’école de
la guerre plus durs, plus réalistes et aux termes des-
quels notre pays subit l’une des défaites les plus lourdes
de son histoire.
Au-delà des principes, on constate ainsi qu’à la guerre
comme dans d’autres activités humaines les réalités pri-
ment sur la théorie. Dans ce cas, l’utilisation astucieuse
par l’armée allemande de la technologie (en l’occurrence,
les ondes radioélectriques) permet à son commandement
de surpasser en réactivité l’armée française, qui ne comp-
tait comme premier moyen de communication que sur la
téléphonie. Alliant les ondes radioélectriques au moteur,
les Allemands mirent
en pratique les princi-
pes tactiques hérités
de la guerre précé-
dente, mais avec plus
d’efficacité. L’artille-
rie était avantageuse-
ment remplacée par
les chars mais aussi
par l’aviation d’as-
saut, guidée par des
opérateurs radio au
sol. Les trois jours de
la bataille de Sedan
servent de révéla-
teur à ce principe. Les chefs français sont aveugles et
sourds dans leurs bureaux ; et lorsqu’ils se déplacent sur
le champ de bataille, ce n’est que pour y constater la
gravité de la situation sans pouvoir y remédier. Ils dépê-
chent des estafettes qui se perdent, sont tuées ou arrivent
trop tard au contact de l’unité qu’elles doivent réorienter.
Aucune initiative n’est réellement prise, les décideurs ne
connaissant que très imparfaitement la situation qui les
environne.
Ce livre montre que le commandement et le contrôle
d’une armée sont non seulement basés sur ses chefs mais
également sur les moyens techniques qui en façonnent le
contour par leurs caractéristiques et l’effet qu’ils ont sur
l’exécutant. Les combattants français firent des efforts
désespérés, car isolés et non coordonnés, pour résister à
des Allemands mobiles, ayant confiance dans leurs chefs
et frappant sur le point faible de l’adversaire.
LÉcole de la guerre, Sedan 1940, ou la faillite du système
de commandement français, Vincent Arbarétier
Publication
4 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 Histoire militaire & Stratégie n° 28 – ISC-CFHM – Été 2012 5
Colloques
Sur le thème « Le soldat et le marin français dans
la guerre d’indépendance américaine » un colloque s’est
rou (à l’initiative de la branche française des Fils de la
volution américaine) le 9 juin 2012 à l’École militaire,
avec des interventions du ral Michel Hanotaux, du
lieutenant-colonel Gilbert Bodinier (CFHM), du professeur
Patrick Villiers, de Naoko Seriu et de Thierry Bouzard.
Le Service historique de la Défense organise, en parte-
nariat avec l’IEP de Grenoble et la 27e brigade d’infanterie
de montagne, un colloque intitulé « Cent ans d’opérations
en montagne. Permanences, adaptations et ruptures »,
qui se tiendra à Grenoble les 5 et 6 décembre 2012. Il por-
tera sur la question de la guerre en montagne, en favorisant
une approche novatrice, interdisciplinaire et internationale.
Le regain d’intérêt depuis une vingtaine d’années pour de
tels engagements permet en effet d’étudier les opérations
militaires en montagne sous un angle neuf, et de s’inter-
roger sur les facteurs de permanence comme sur les évo-
lutions rencontrées par les armées dans l’exercice de leur
mission.
4 demi-journées sont prévues : définition de la monta-
gne militaire et acceptation de cet espace comme lieu de
combats ; planification et opérations en montagne au regard
des évolutions technologiques ; étude du combattant ; repré-
sentation de la montagne par l’homme en guerre.
Contact : Lieutenant-colonel Max Schiavon
Chef de la Division études et enseignement (DEE)
Tél. : 01 41 93 22 09 – Courriel : [email protected]
Général Ély
Les Enseignements de la guerre d’Indochine (1945-1954)
Tome 1. SHD, 2011, 404 pages, ill., 26 €
aut-commissaire et commandant en chef en Extrême-Orient de juin 1954 à cembre
1955, le ral Paul Ély a jugé cessaire de faire une critique de nos échecs et de
nos ussites dans ce conflit. Le ral Robert, chef du Service historique, présente
ce rapport qui montre « comment une armée moderne s’est adaptée à une guerre révolution-
naire ». La réédition a été confe au capitaine Cadeau, qui, dans l’introduction, rappelle ce que
fut cette guerre et quelle a é la genèse du rapport. Le manque de moyens, l’indifrence des
Français et le financement américain caractérisent ce conflit mené par des soldats de métier,
dans un milieu physique difficile, contre une grilla généralisée qui s’est transformée en corps
de bataille de 125 000 hommes. Les épisodes principaux en sont le désastre de la RC4 en octobre 1950 (7 bataillons anéantis
par 30 bataillons viets), les victoires sans lendemain du général de Lattre en 1951-1952, et lafaite de Dn Biên Phu, où
60 000 soldats vietminhs ont submer 15 000 combattants du camp français. Quelques sucs locaux ont ensuite permis au
général Ély d’établir un réseau de manœuvre au Sud-Vietnam, en dépit de l’opposition à la France du président Diem.
Le rapport a fait la synthèse de 1 400 rapports d’officiers, de 60 rapports demandés aux généraux, des comptes rendus
du 3e Bureau et des synthèses du 2e Bureau. Le fascicule 1, critiquant la politique des gouvernements, n’a pas édiffusé.
Est donc publié ici le fascicule 2, consacré aux « aspects opérationnels et tactiques ». Le fascicule 3, qui porte sur les leçons
à tirer des formes du combat sino-soviétique, sera diffusé courant 2012.
La préface du général Ély est suivie d’un tableau des pertes de la guerre d’Indochine : une centaine d’officiers supé-
rieurs, 341 capitaines, 1 140 lieutenants, 2 683 sous-officiers et 6 000 soldats français, sans compter 12 000 légionnaires et
Africains, et 14 000 autochtones MPF. Au total, plus de 100 000 morts, 20 000 disparus. La première partie aborde la « guerre
des idées », qui montre l’absence d’une idéologie positive à opposer au vietminh, malgré des opérations de ception
réussies. La deuxième partie définit ce que fut cette « guerre sans front », marquée par la qualité du renseignement opé-
ratif comparé au renseignement tactique, par l’efficacité des regroupements de population et des bases de manœuvre,
par la priorité du contle des axes routiers et fluviaux, par le rôle des fortifications combinant tours et points d’appui.
Le « contrôle en surface » est assuré par les forces vietnamiennes, et les opérations de destruction par les groupements
mobiles. Des actions humanitaires et civilo-militaires contribuent à la pacification. La troisme partie passe en revue
toutes les « formes non orthodoxes » du combat mené par les difrentes armes et subdivisions d’armes. L’infanterie mène
un combat fluide avec le concours des supplétifs, des maquis montagnards, qui inquiètent les Viets ; elle lance des contre-
attaques à partir de môles ro-terrestres. La formation des Dinassauts, des groupements mobiles (18 GM constits), des
commandos de choc, des groupements amphibies de l’arme blindée et des bataillons légers vietnamiens sont des réussites.
Lors de 150 opérations aéroportées, 14 bataillons, motivés par l’esprit para, mettent au point une doctrine d’emploi. Le
maintien en condition est assuré par les centres d’instruction créés en 1952 et par la cupération de deux tiers des blessés
(9 640 évacuations en hélicoptère). 690 pièces d’artillerie (contre 135 côté vietminh) réalisent des appuis permanents, ins-
tantanés et précis. Le Génie, le Train et les Transmissions, malgré des moyens limités, s’efforcent de soutenir le combat ;
la logistique repose sur le système D (60 000 véhicules à soutenir) jusqu’à ce qu’arrive le soutien américain.
Les raisons de l’échec sont attribuées au manque de moyens : une infanterie en sous-effectif, incapable de contrôler un
territoire qui comprend deux tiers de forêts, de brousse dense et de marécages ; des appuis aériens insuffisants, appliqués en
priorité à l’appui direct et manquant d’autonomie pour soutenir Diên Biên Phu. Dans son journal de marche, le général Ély
« attribue la perte de l’Indochine à la politique des petits paquets ». Il ne dit pas (mais cest peut-être le sujet du fascicule 1,
resté inédit) l’orientation initiale utopiste, la dualité du commandement entre d’Argenlieu et Leclerc, la division des gouver-
nements absorbés par la reconstruction et par la défense contre les menaces soviétiques sur l’Europe. Maurice Faivre
H
Les classiques de l’art de la guerre
1 / 8 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !