Histoire militaire & Stratégie N° 11 – CFHM – Janvier-Février 2008 1
É d i t o r i a l
Cette nouvelle année 2008, pour laquelle
je vous présente tous mesux, est
celle de notre soixante-dixième anniver-
saire. Lhistoire de notre Commission est
riche. Comme toute organisation, elle a
vécu desriodes difficiles et d’autres plus
fastes. Toujours, elle a été fidèle
à ses objectifs scientifiques et humains.
Les publicationsdigées par ses membres
passent les dix mille pages. Des réunions
mensuelles ont permis à des dizaines de
chercheurs de trouver un espace
d’expression en toute liberté. L’ i m p o r t a n c e
de la représentation de la Commission au
sein des colloques de la Commission
internationale ne s’est jamais démentie. Il
nous incombe de poursuivre notre action et
je crois que nos projets, pour cette année
et à plus long terme, vont dans ce sens.
Nosunions se poursuivront à l’École
militaire à partir d’avril. Nous organiserons
le 12 juin, au musée de l’Armée, une
journée d’études consacrée à la diplomatie
militaire. Plusieurs délégations régionales
ont prévu, comme celles d’Artois et de
Méditerranée, d’organiser des journées
d’études et/ou des visites. Bien entendu,
le colloque international, à Trieste, sera
également une occasion de montrer notre
vitaliet notre aptitude à remplir notre
le de représentant de la France au sein
de la prestidigieuse organisation.
J’espère que notre effort permettra
d’améliorer la «visibilité» de notre
Commission à la fois dans l’Hexagone et
au dehors. C’est avec ce message d’espoir
que je vous réitère mesux pour 2008.
Jean Avenel
président de la CFHM
Janvier-Février 2008 – n°
11
Histoire militaire &S t r a t é g i e
l e t t r e d i n f o r m a t i o n d e l a
COMMISSION FRANÇAISE
D ’ H I S TO I R E M I L I TA I R E
CFHM
Voyage d’études de la CFHM en Belgique
30 mai - 1e r juin 2008
La CFHM organise son voyage annuel d’études en Belgique du
vendredi 31 mai au dimanche 2 juin 2008 sur quelques-uns des champs
de bataille de la guerre de la ligue d’Augsbourg et de la guerre de
succession d’Espagne.
Les personnes intéressées doivent prendre contact avec :
le secrétaire général, Pierre-Emmanuel Barral
ou avec :
Madame Claudine Denis ([email protected]).
légation Méditerranée-Dauphiné-Rhône
manifestations 2008
Une année chargée s’annonce pour la Délégation,
qui participe – du 28 février au 1e r mars 2008 – au
X V eSymposium international du Centre d’histoire
et de prospective militaires, à Pully-Lausanne, sur le
thème du mercenariat et du service étranger.
En préparation, un colloque est prévu en partenariat avec le musée
de l’École d’application de l’artillerie à Draguignan, sur le thème de
l’artillerie hippomobile, portant à quatre ce genre de manifestation
commune. Des conférences sur les dernières nouveautés en matière de
publication d’histoire militaire seront organisées, avec la participation
des auteurs. Enfin, la Délégation ne saurait oublier la tradition du
Kriegspiel, qui sera organisé sur un thème tactique de la Seconde Guerre
m o n d i a l e .
Philippe Richardot
Vie de la Commission
P R O G R A M M E
Vendredi 30 mai: Départ de Paris en voiture en début d’après-midi. Sur
le chemin, visite du champ de bataille de Malplaquet
(1709) et du musée de Bavai.
Samedi 31 mai: Visite, avec un guide privé, du champ de bataille
d’Oudenaarde(1708) et de l’exposition internationale
organisée pour la commémoration du tricentenaire de
la bataille.
Dimanche 1e r j u i n :Visite, avec un guide privé, du champ de bataille de
Steenkerque (1692).
2Histoire militaire & Stratégie N° 11 – CFHM – Janvier-Février 2008
X X X I V eCONGRÈS INTERNATIONAL D’HISTOIRE MILITAIRE, TRIESTE
31 août -5 septembre 2008
Le XXXIVeCongrès international d’histoire militaire se déroulera
à Trieste du 31 août au 5 septembre 2008. Le thème retenu pour cette année porte sur
«Les conflits militaires et les populations civiles :
guerres totales, guerres limitées, guerres asymétriques »
Les personnes désirant y participer sont priées de se mettre d’ores et déjà en rapport avec
le secrétaire général de la CFHM, Pierre-Emmanuel Barral, soit :
par courrier à l’adresse suivante : 13, rue Linné – 75005 Paris
par courriel ([email protected])
par téléphone au 01 43 36 72 50 (en laissant éventuellement un message sur le répondeur)
Site Internet :www.cihm.difesa.it
En raison de sa position géographique, la Russie a subi
pendant des siècles des invasions de nomades asiatiques.
Des Slaves, appelés Russes par la suite, ont peuplé la partie
centrale, forestière, de la Russie. Désireux d’atteindre la
m e r, ils ont progressé vers le nord au détriment de peuplades
finnoises établies dans la toundra glaciale des environs du
cercle polaire.
Les steppes sites au nord du Caucase, de la mer dAzov
et de la mer Noire ont été envahies pendant des siècles par
des vagues de cavaliers asiatiques Huns, Avars, Bulgares,
Khazars, Magyars, Petcgues, Oghouz, Polovtses dont
certaines ont atteint la Hongrie et ravagé une partie de
l’Europe occidentale.
La Russie est e au I X esiècle avec l’arrie de Va r è g u e s
scandinaves qui se sont mêlés aux Slaves de cette région.
Les Russes se sont convertis au christianisme sous le règne
de Vladimir le Grand (fin I X eet début Xesiècles), ont
progressé vers la mer Noire et interrompu ainsi les inva-
sions jaunes en direction de lEurope. La Russie a été
conquise et ravagée au X I I I esiècle par une invasion mongole
dont elle n’a pu se libérer qu’au X V I esiècle. Elle a ensuite
conquis la Sibérie et le Turkestan occidental, et mis fin aux
invasions jaunes.
Vers le sud, la Russie s’est heurtée aux Turcs ottomans
qui, depuis l’Anatolie – à laquelle ils ont donné le nom de
Turquie –, ont envahi l’Europe au X I V esiècle, conquis la
Grèce, les Balkans, la Roumanie, la Hongrie, et envahi
l’Autriche.
La Russie a fortement
contribué, au X I X esiècle, à la
libération de la Grèce, de la
Serbie, de la Roumanie et de
la Bulgarie.
La parenthèse a bou-
ché, en 1991, sur la dislo-
cation de l’URSS. Les
républiques musulmanes du
Turkestan occidental, riche
en pétrole, gaz et minerais,
ont conserdes liens avec la Russie par crainte de la Chine
et de l’islamisme.
La Russie joue à nouveau un rôle de rempart de
l’Occident, en raison de sa position géographique. La Chine
nest actuellement pas militairement agressive, mais progresse
par immigration clandestine. L’islamisme agit de même en
Europe. Les islamistes devenus majoritaires en Tu r q u i e
ne sont pas militairement agressifs envers l’Europe dans
laquelle ils veulent pénétrer par adhésion.
Si cette double situation évolue, la Russie est l’alliée
naturelle de l’Europe.
* Saint-cyrien, Dominique Farale est écrivain militaire. Il vient de
publier un ouvrage intitulé La Russie et les Turco-Mongols, 15s i è c l e s
de guerre, aux éditions Economica. Il est membre d’honneur de
la CFHM.
La Russie, rempart de l’Occident
par Dominique Farale* le 15 décembre 2007
C o n g rès inte r national dhisto i r e milita i r e
Les confé r ences de la CFHM
Histoire militaire & Stratégie N° 11 – CFHM – Janvier-Février 2008 3
Les confé r ences de la CFHM
À la fin du mois d’octobre 1806, Napoléon venait d’écraser
la Prusse dans une campagne éclair. Restait la Russie. La
campagne de Pologne allait commencer et se véler
autrement plus difficile que celles d’Austerlitz et d’Iéna.
Elle se divisa en trois phases distinctes : la manœuvre de
Pultusk (décembre 1806), la campagne d’Eylau (janvier-
février 1807) et celle de Friedland (juin 1807).
La Grande Armée atteignit les bords de la Vistule fin
novembre. Initialement, l’Empereur avait prévu de faire
prendre à ses troupes ses cantonnements d’hiver, mais le
repli des Russes vers la Narew lui donna l’occasion de
franchir la Vistule et de chercher à battre son adversaire.
Dans un océan de boue et souvent dans la pénombre, la
manœuvre échoua. Le 26 décembre, à Pultusk et à Golymin,
l’armée russe réussit à échapper aux Français. Épuisés, dans
une région ravagée par la politique de la terre brûlée de
l’ennemi, les soldats de la Grande Armée n’étaient plus
capables de poursuivre. Napoléon décida de ne reprendre
les opérations militaires qu’en mars. Le général Bennigsen,
commandant l’armée russe, ne lui en laissa pas le temps.
Fin janvier, ses régiments quittèrent la région des lacs
Mazures pour fondre sur le premier corps de Bernadotte et
lever le blocus de deux places prussiennes sur la Vi s t u l e ,
Danzig et Graudenz. La manœuvre surprit Napoléon, lequel
mit une semaine pour comprendre les intentions de son
adversaire. Deux raisons expliquent cette incertitude.
Premièrement, les renseignements sur l’ennemi lui
manquaient. La cavalerie légère se heurtait aux redoutables
rideaux de cosaques, lesquels masquaient le déplacement
des régiments russes. Pour la première fois, Napoléon put
mesurer le potentiel de nuisance de ces cavaliers. Deuxiè-
mement, la logique de Bennigsen lui échappait. L’ o f f e n s i v e
de ce dernier allait à l’encontre de tous les principes mili-
taires. Sans y être obligés, les Russes s’enfonçaient dans
une nasse formée par la Baltique, la Vistule et les corps de
la Grande A r m é e .
Le 30 janvier 1807, Napoléon décida d’en profiter en
lançant sa propre offensive vers le nord. Alerté, Bennigsen
se replia promptement vers Königsberg, évitant tout enga-
gement majeur et multipliant les combats d’arrière-garde.
À deux reprises (Jonkowo et Landsberg), Napoléon pensa
tenir la bataille tant recherchée, mais les Russes se défi-
lèrent de nouveau. Cette stragie, l’Empereur la retrouvera
cinq ans plus tard, durant la campagne de Russie. Persuadé
que Bennigsen ne s’arrêterait pas avant Königsberg, Napo-
léon n’estima plus nécessaire de garder concentes l’en-
semble de ses forces et ordonna au 6ecorps de Ney de
poursuivre ce qu’il restait de l’armée prussienne, dont il
ignorait la position exacte. Cette cision fut lourde de
conquences. Deux
j o u r s p l u s t a r d ,
Bennigsen accepta
de livrer bataille à
Eylau, et Ney, trop
éloigné, ne put
arriver qu’en fin de
journée, trop tard pour peser sur les combats. Cette bataille
indécise obligea les deux ares à bout de souffle à prendre,
enfin, leurs cantonnements d’hiver.
Napoléon sortit terriblement affaibli de cette campagne,
brève mais usante. Son armée n’était plus capable de
reprendre l’offensive avant le printemps, et un repli derrière
la Vistule fut envisagé. Tous les acquis de la manœuvre de
Pultusk seraient alors perdus. Plus grave, l’Empereur n’avait
pas écapable de battre les Russes dans une bataille rangée,
et ne semblait plus invincible. L’Autriche pouvait être tentée
de prendre sa revanche. Au grand désespoir de Bennigsen,
il n’en fut rien.
Le dernier acte de la campagne commea le 5 juin 1807,
avec l’offensive de Bennigsen contre le 6ecorps de Ney, à
Guttstadt, mais, pour le commandant de l’armée russe, la
seule chance de faire vaciller Napoléon n’avait pas ésaisie
après Eylau. Sans espoir sur l’issue de la campagne, il reprit
d o n c : éviter tout engagement majeur, sauf sur des positions
défensives choisies à l’avance. Ce fut la bataille meurtrière
d ’ H e i l s b e rg, le 10 juin. Après ce nouvel échec pour détruire
l’armée russe, Napoléon modifia sa stratégie et décida de
manœuvrer sans chercher à percer les desseins d’un adver-
saire bien difficile à comprendre. Il dirigea une grande partie
de ses forces vers nigsberg. Si les Russes abandonnaient
leur all, la Prusse perdrait sa dernre place forte. Si
Bennigsen volait à son secours, Napoléon disposerait de
s u f fisamment de forces pour l’aff r o n t e r. Contraint de marcher
vers Königsberg, le commandant de l’armée russe fit passer
son armée sur la rive gauche de l’Alle, à Friedland. Pour la
première fois, il fut obligé de livrer bataille sur le terrain
choisi par son adversaire et subit une cuisante défaite le
1 4 juin 1807. Quatre jours plus tard, il se repliait derrière
le Niémen. La paix fut signée le 7 juillet 1807. Jamais
Napoléon n’avait semblé aussi puissant. Pourtant, par bien
des aspects, la campagne de Pologne préfigurait celle de
Russie cinq ans plus tard.
* Docteur en histoire, Frédéric Naulet est spécialiste de l’artillerie.
Il est l’auteur d’un livre intitulé Antietam, le jour le plus sanglant de
la guerre de sécession (Economica, 2004). Il vient de publier deux
ouvrages aux éditions Economica : Eylau (8 février 1807), des Pultusk
aux neiges d’Eylau, et Friedland (14 juin 1807), la campagne de
Pologne, de Danzig aux rives du Niémen. Il est membre de la CFHM.
Les confé r ences de la CFHM
Eylau et Friedland: d’une campagne indécise au triomphe
par Frédéric Naulet*, le 12 janvier 2008
4Histoire militaire & Stratégie N° 11 – CFHM – Janvier-Février 2008
Rehearsals est le premier livre à fournir un récit détaillé
de l’invasion allemande de la Belgique, en août 1914, qui
a ffecta les civils. Reposant sur de nombreux témoignages,
le livre raconte les événements qui se déroulèrent autour
des villes de Liège, Aarschot, Andenne, Tamines, Dinant
et Leuven eurent lieu les pires destructions. Sans aucune
raison légitime, les soldats allemands tuèrent presque
60 0 0 non-combattants, y compris des femmes et des
enfants, et incendièrent quelque 25 000 maisons et autres
bâtiments.
Pendant plus de soixante-quinze ans, les accusations
d’assassinats, de viols, de pillages et d’incendies volon-
taires furent repoussées en Allemagne, au Royaume-Uni
et aux États-Unis comme relevant de la propagande de
guerre. Plus récemment, cette flambée de violence (qui
culmina entre le 19 et le 26 août 1914) fut expliquée par
la crainte qu’avaient les Allemands des francs-tireurs civils.
Ce livre apporte des preuves que les exécutions furent
le fruit d’une campagne délibérée de terrorisme ordonnée
par les autorités militaires allemandes.
Pierre-Emmanuel Barral
* Jeff Lipkes a étudié l’histoire
aux universités de Berkeley
et Princeton dont il est diplômé.
Il est l’auteur d’un ouvrage intitulé
Politics, Religion and Classical
Economy in Britain: John Stuart
Mill and his Followers.
Rehearsals. The German Army
in Belgium, August 1914,
Leuven
University Press, 832p. 49,90 euros.
ISBN 978-90-5867-596-5.
Rehearsals. The German Army in Belgium, August 1914
de Jeff Lipkes*
Pour commander l’ouvrage :
LEUVEN UNIVERSITY PRESS
Minderbroedersstraat 4, bus 502
B-3000 LEUVEN – Belgique
Pour la première fois, un ouvrage rédigé par deux histo-
riens se livre à une comparaison serrée des conditions dans
lesquelles le peuple suisse et son armée ont dû affronter
les deux dernières guerres.
Ce livre clair, objectif, fortement documen et richement
illustré, met en parallèle les préparatifs et l’organisation
militaires, les conditions politiques, économiques et sociales
des deux époques, face à la vie quotidienne et au dérou-
lement des hostilités. Leur comparaison fait apparaître le
rôle majeur de la milice et celui, fédérateur, du général
Guisan.
Un livre qui comble une lacune de l’historiographie.
Un livre nécessaire.
P.-E. B.
*Jean-Jacques Langendorf,
maître de recherches à l’Institut
de stratégie comparée de Paris,
a publié de nombreux ouvrages
d’histoire politique et militaire,
dont une récente Histoire de
la neutralité. Il est l’auteur de
plusieurs romans et recueils
de nouvelles.
Pierre Streit, historien, travaille
au Département fédéral de
la Défense. Il est directeur
scientifique du Centre d’histoire
et de prospective militaires
à Lausanne, et a publié une
Histoire militaire suisse.
Pour commander l’ouvrage :
INFOLIO éditions – CH-1124 GOLLION – Suisse
Téléphone : +41 (0)21 863 22 47 – Fax : +41 (0)21 863 22 49
Courriel : [email protected]
Site Internet : www.infolio.ch
P u b l i c a t i o n s
L’Armée et le peuple suisses face aux deux guerres mondiales,
1 9 1 4 - 1 9 18/1 9 3 9 - 1 9 4 5
de Jean-Jacques Langendorf et Pierre Streit*
Histoire militaire & Stratégie N° 11 – CFHM – Janvier-Février 2008 5
La « c h a r ge de la brigade légère» est l’épisode le plus connu
de la guerre de Crimée qui opposa à propos de la «q u e s t i o n
d ’ O r i e n t » – la Russie, qui souhaitait démembrer l’empire
ottoman, à la France et à l’Angleterre, qui le refusaient
fermement. L’essentiel du conflit eut pour théâtre la ville
de Sébastopol, principal port russe en mer Noire sur la côte
septentrionale de la Crimée.
Le 25 octobre 1854, les Russes clencrent une attaque
surprise contre la base britannique de Balaklava. Ils furent
victorieusement repoussés par la « brigade lourde» de lord
Raglan, mais purent réorganiser leurs défenses derrière de
puissantes batteries d’artillerie. C’est alors que, pour des
raisons inexplicables, le commandement anglais ordonna
à la brigade légère de lord Cardigan
de charg e r. Sur les 673 hommes
participant à cette action, 113 cava-
liers furent tués et 497 chevaux
furent perdus.
L’épisode, sanglant autant
qu’inutile, fut progressivement
élevé au rang de mythe par la litté-
rature et par le cima. Lord A l f r e d
Tennyson, dans son bre poème
contemporain de l’événement,
exalte la Charge des 600 dans la
«Vallée de la mort », transfigurant
l’absurde carnage en geste
roïque et en symbole des valeurs
de l’Angleterre impériale victo-
rienne. Le cinéma ne pouvait qu’être tenté de s’emparer
du sujet.
En 1936, l’Aricain Michael Curtiz réalise une première
version, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland dans les
rôles principaux, langeant habilement certains faits histo-
riques en les transformant pour les besoins de la cause avec
d’autres, fictifs. Le film se déroule aux Indes britanniques.
Le capitaine Geoffrey Vickers, du 27elanciers du Bengale,
escorte sir Humphrey Harcourt auprès de Surat Khan, le
puissant émir des Suristanis. Les Britanniques participent
à une chasse au léopard donnée par leur hôte, au cours de
laquelle Vickers s’illustre par son courage. Sir Humphrey
Harcourt annonce à Surat Khan la suppression de la pension
octroyée par le gouvernement britannique à son père. Cela
provoque l’ire de ce dernier, ce dont Vickers se rend compte.
Vickers retourne à Calcutta et couvre que sa fiancée,
Elsa, est amoureuse de son frère Perry. Vickers accomplit
avec un grand succès une licate mission consistant à ramener
des chevaux. Surat Khan s’emploie à soulever les tribus contre
les autorités britanniques, qui ne se doutent de rien. Sir
Benjamin Warrenton ordonne au colonel Campbell père d’
Elsa, l’ancienne fiancée de Vi c k e r s – d’envoyer le gros des
troupes de Chukoti à Lohara, garnissant ainsi dangereu-
sement la ville la plus proche du territoire de Surat Khan.
Chukoti est attaqué par Surat Khan, qui promet aux
assgés la vie sauve en échange d’une reddition sans
condition, ce qui est accepté. Mais, alors que les Britanniques
sortent du fort, les troupes de Surat Khan les massacrent,
y compris femmes et enfants. Cependant, Vickers q u e
Surat Khan a volontairement épargné en souvenir du jour
il lui sauva la vie – et Elsa parviennent à s’échapper.
Le 27elanciers est envoyé en Crie pour participer à
l ’ o ffensive franco-anglaise contre les Russes sous les murs
de Sébastopol. Vickers apprend que
Surat Khan a rejoint les Russes.
Avide de vengeance, il rédige un
faux ordre commandant au
2 7 elanciers d’attaquer les hauteurs
de Balaklava. Il éloigne préventi-
vement son frère pour assurer le
bonheur d’Elsa. Quand Vi c k e r s
arrive à la hauteur des lignes russes,
il aperçoit Surat Khan et le trans-
perce de sa lance avant de s’écrouler
à son tour, tué d’un coup de fusil.
Le haut-commandement endosse
la responsabilité de l’opération et
sir Charles Macefield brûle le
document rédigé par Vickers.
La psychologie des personnages est, comme souvent dans
les films d’aventures, sommaire, et l’intrigue, avec la rivalité
amoureuse entre les deux frères, très classique. Cependant,
le personnage de Vickers n’est point exempt d’une dimension
tragique sur le plan personnel (la rivalité amoureuse avec son
frère dont il sauve, finalement, la vie) et collectif (il est l’un
des deux survivants du massacre de Chukoti).
Le film livre une explication originale, bien qu’inventée,
de la charge de la brigade légère. Il aborde des problèmes
historiques et militaires qui eurent une importance réelle.
Le massacre de Chukoti est manifestement inspiré des
massacres de la révolte des Cipayes, lorsqu’une partie des
troupes indigènes se mutine contre l’autorité du R a j b r i t a n -
nique en 1857. Un problème stragique bien réel est évoq:
la nécessité vitale pour les Britanniques de défendre la fron-
tière nord-ouest des Indes contre les incursions des tribus
rebelles. Le personnage du colonel russe qui conseille Surat
Khan est une évocation du « grand jeu » qui oppose, au
X I X esiècle, la Russie et l’empire britannique, la Crimée et
les Indes apparaissant comme deux théâtres d’opérations
d’une même guerre.
La charge de la brigade légère au cinéma : mythe et réalité
L’ h i s to i r e milita i r e au cinéma
Errol Flynn dans
La Charge de la brigade
l é g è r e , de Michael Curtiz
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