LE CENTRE DE RAVENEL :
Cette incursion dans le passé commence par une excursion sur les lieux où s’est déroulée la captivité
de milliers de soldats vaincus, de juin 1940. Se rendre sur place, là où se sont produits les événements,
permet de saisir une atmosphère, de s’imprégner d’une ambiance. Après des années de recherches à
partir d’archives personnelles, départementales, nationales, Jean François Dray et Stéphane Cursan ont
décidé de se rendre pour la première fois sur le site du CHM, pour une visite du Domaine de Ravenel, du
nom d’une grande famille noble, propriétaire d’un fief en Lorraine. Aujourd’hui, et depuis 1946, il ne
reste rien du passage de la Wehrmacht, ni les miradors, ni les barbelés. Les bâtiments de captivités étant
les bâtiments neufs du centre psychiatrique de Ravenel en construction en 1939, ceux-ci sont les mêmes
qui aujourd’hui peuvent accueillir les 440 patients du centre hospitalier de Mirecourt.
APPEL A TÉMOIGNAGES
Plus que ce qu’on peut voir dans ces lieux de mémoire, c’est ce qu’on y ressent qui compte. Pour que
la mémoire soit vivante, le lieu de mémoire ne peut être totalement nu. Il faut donc des explications, des
témoignages pour bien saisir ce qui s’est passé. Cela implique donc des recherches préalables. Nous
voulons obtenir le maximum de témoignages afin de solliciter la pose d’une plaque commémorative en
l’honneur des soldats français de toute origine, qui furent prisonniers et qui subirent les pires difficultés
des horreurs de la guerre et rendre hommage à toutes celles et ceux qui par leurs actions ont pu aider
ces prisonniers (passage de courrier et évasions). Ce fut le cas de plusieurs personnes de Mirecourt
comme Madeleine Jacquot ou encore Yvonne Didelot.
LA FONCTION RITUELLE DES LIEUX
L’acceptation courante des lieux de mémoire est principalement liée en général à un événement trauma-
tique intervenu dans un contexte exceptionnel, le plus souvent une guerre. Le lieu possède alors le plus
souvent une fonction rituelle : celle de s’y rendre pour tenter de comprendre un événement pas toujours
appréhendable, pour se l’approprier et pour être capable de transmettre la mémoire à la génération sui-
vante. La visite du lieu, comme preuve matérielle d’un événement, permet alors de réintégrer sa propre
histoire personnelle et familiale dans la «
grande Histoire
». C’est dans ce sens que s’inscrivent nos
démarches respectives. L’oubli, dès le retour en 1945, des 1 600 000 prisonniers de guerre français
fut volontaire. Il relevait du parti-pris des vainqueurs au pouvoir, qui demandaient sans plus d’égards,
le silence de ceux qui avaient échoué en 1940 devant l’offensive allemande. Ce silence fut aussi un cri
gardé dans la gorge des milliers de membres des associations d’anciens prisonniers de guerre, consti-
tuées après 1945, qui perdurèrent et qui furent leurs seuls refuges où leur cas était écouté. Leur oubli
est inacceptable.
LIEU DE MÉMOIRE