LE FRONTSTALAG 120 DE MIRECOURT Ren é B L ED e t Roger CURSAN Appel à témoignages Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940- Re n é B L ED e t Ro ger CURSAN René Bled est né le 24 avril 1902 à Wavignies (60). Maréchal des Logis, il était de la 515e Compagnie du Train, de la 2e armée, constituée exclusivement de réservistes. Fait prisonnier le 22 juin dans «le Bois Barrès» près de Vaudemont à 48 km de Mirecourt, il séjournera dans un camp de tentes sur la commune de Poussay jusqu’au 26 juin puis sera amené au Centre de Ravenel, dans des bâtiments non terminés, mais le mettant à l’abri et au sec comme les milliers d’autres prisonniers (près de 15000 en juin). Il quittera Mirecourt le 23 août 1940 et sera transféré vers le stalag XVIIA près de Vienne en Autriche après quatre jours de voyage dans des wagons à bestiaux. Matricule 85847, il rejoindra un arbeitskommando/industrie, à la campagne, le 443 GW à Winzendorf où il restera jusqu’à l’arrivée de l’Armée rouge le 1 er avril 1945. Son retour le 31 juillet prendra quatre mois. Il a 43 ans. Roger Cursan est né le 04 novembre 1913 à Bègles (33). Il est soldat 1ère classe du 3eRégiment d’Infanterie Coloniale. Il partira pour l’est de la France où il connaîtra le feu en Argonne. Il sera fait prisonnier le 18 juin à Épinal et envoyé à la prison de la Vierge avant de rejoindre le 30 juillet le Frontstalag 120 de Mirecourt. Il connaîtra lui aussi les difficultés pour manger. Le 20 août 1940, trois jours avant René Bled, un train l’emmènera au Stalag XVIIA, à Kaisersteinbruch, près de Vienne. Ici passeront des milliers de soldats durant toute la durée du conflit. Affublé du matricule 82985, il sera affecté dans un Arbeitskommando au sein d’une ferme. Il repartira en octobre 1941 vers le Stalag VII, au nord-ouest de l’Allemagne sur les rives du Rhin. Il sera libéré le 29 avril 1945 à Hildesheim par les Américains. Il a 31 ans lorsqu’il rentre en France. LE CENTRE DE RAVENEL : LIEU DE MÉMOIRE Cette incursion dans le passé commence par une excursion sur les lieux où s’est déroulée la captivité de milliers de soldats vaincus, de juin 1940. Se rendre sur place, là où se sont produits les événements, permet de saisir une atmosphère, de s’imprégner d’une ambiance. Après des années de recherches à partir d’archives personnelles, départementales, nationales, Jean François Dray et Stéphane Cursan ont décidé de se rendre pour la première fois sur le site du CHM, pour une visite du Domaine de Ravenel, du nom d’une grande famille noble, propriétaire d’un fief en Lorraine. Aujourd’hui, et depuis 1946, il ne reste rien du passage de la Wehrmacht, ni les miradors, ni les barbelés. Les bâtiments de captivités étant les bâtiments neufs du centre psychiatrique de Ravenel en construction en 1939, ceux-ci sont les mêmes qui aujourd’hui peuvent accueillir les 440 patients du centre hospitalier de Mirecourt. APPEL A TÉMOIGNAGES Plus que ce qu’on peut voir dans ces lieux de mémoire, c’est ce qu’on y ressent qui compte. Pour que la mémoire soit vivante, le lieu de mémoire ne peut être totalement nu. Il faut donc des explications, des témoignages pour bien saisir ce qui s’est passé. Cela implique donc des recherches préalables. Nous voulons obtenir le maximum de témoignages afin de solliciter la pose d’une plaque commémorative en l’honneur des soldats français de toute origine, qui furent prisonniers et qui subirent les pires difficultés des horreurs de la guerre et rendre hommage à toutes celles et ceux qui par leurs actions ont pu aider ces prisonniers (passage de courrier et évasions). Ce fut le cas de plusieurs personnes de Mirecourt comme Madeleine Jacquot ou encore Yvonne Didelot. LA FONCTION RITUELLE DES LIEUX L’acceptation courante des lieux de mémoire est principalement liée en général à un événement traumatique intervenu dans un contexte exceptionnel, le plus souvent une guerre. Le lieu possède alors le plus souvent une fonction rituelle : celle de s’y rendre pour tenter de comprendre un événement pas toujours appréhendable, pour se l’approprier et pour être capable de transmettre la mémoire à la génération suivante. La visite du lieu, comme preuve matérielle d’un événement, permet alors de réintégrer sa propre histoire personnelle et familiale dans la « grande Histoire ». C’est dans ce sens que s’inscrivent nos démarches respectives. L’oubli, dès le retour en 1945, des 1 600 000 prisonniers de guerre français fut volontaire. Il relevait du parti-pris des vainqueurs au pouvoir, qui demandaient sans plus d’égards, le silence de ceux qui avaient échoué en 1940 devant l’offensive allemande. Ce silence fut aussi un cri gardé dans la gorge des milliers de membres des associations d’anciens prisonniers de guerre, constituées après 1945, qui perdurèrent et qui furent leurs seuls refuges où leur cas était écouté. Leur oubli est inacceptable. Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940Nous avons cherché à associer différentes personnes de Mirecourt, Charmes, Uzemain, des historiens, membres d’association, élus, susceptibles de nous aider dans nos recherches. La visite du centre de Ravenel en est le centre et le départ en présence des représentants de la presse locale pour faire un appel à témoignage. Les témoignages seront enregistrés pour en faire une matière de travail et feront l’objet de communication aux élus de Mirecourt et aux Mirecurtiens. Le travail final pourrait aussi être l’objet d’une conférence à déterminer dans l’année, à l’occasion de la journée du patrimoine par exemple. Jean-François Dray et Stéphane Cursan J - F r a n ç o i s DRAY- B L ED e t S t éphane CURSAN Deux petits-fils qui cherchent à connaître les vrais parcours de leurs aïeux dans le conflit et plus précisément durant leur captivité dans le frontstalag 120 de Mirecourt. Ils se sont rencontrés sur des forums dédiés à l’histoire de cette période et, après de nombreuses recherches, échanges de documents, ils viennent du 1er mai au 4 mai 2013, l’un de Paris, l’autre de Bordeaux, sur les lieux de cette captivité pour y trouver des témoignages et des documents et des photographies d’époque afin de reconstituer les récits de leurs vies et ainsi perpétuer leurs histoires. Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940- Des miradors étaient installés autour des bâtiments neufs de Ravenel et ces soldats en uniforme de la Wehrmacht y resteront de juin 1940 à mars 1941 Le Frontstalag 120 de Mirecourt fut un lieu important de la fin de la guerre de 1940. De nombreux prisonniers vont chercher à s’évader. Certains réussiront avec l’aide des villageois. La vie était difficile et surtout du côté nourriture. Les maladies inhérentes à la captivité comme la dysentrie, affaiblissaient davantage chaque jour les soldats sous-alimentés. Ce lieu est rempli d’histoire et ne peut rester oublié. C’est pourquoi nous demandons la diffusion de cette annonce afin de recueillir des informations encore conservées dans les familles des Vosges sur ce que fut le Frontstalag 120 de Mirecourt. Notre intérêt porte sur la recherche des témoignages et des vécus, sur les photographies et documents divers et administratifs comme tout autre, afin de répondre aux questions que nous nous sommes posées : Quelle était l’Armée française avant la défaite et l’armistice qui séjournait à Mirecourt ? Quelle était l’Armée allemande qui s’occupa de l’organisation du Frontstalag. Où vivaient les Allemands ? Quel était leur nombre ? Quels règlements, les sanctions, etc ? Comment se faisait le ravitaillement ? Comment était organisé le camp ? Les appels ? Comment fonctionnait le courrier ? Etat sanitaire des prisonniers ? Combien de soldats sont morts dans le camp ? Combien de prisonniers purent s’évader ? Quels étaient les liens des prisonniers avec la population qui faisaient des travaux pour eux sur ordre des Allemands à l’extérieur ? Combien de trains partirent de Mirecourt pour les camps en Allemagne ? Combien de prisonniers au total transitèrent par le Frontstalag 120 de juin 40 à mars 41? Pourquoi y a-t-il si peu de traces dans les archives locales ? etc... Autant de questions que nous vous soumettons en espérant votre contribution auprès de personnes ayant connu Ravenel à cette époque, en leur demandant de prendre contact avec nous. Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940- Le Frontstalag 120 était installé sur le site du Centre Psychiatrique de Ravenel, alors en fin de construction à l’arrivée de la Wehrmacht En 1940, quelques jours après la signature de l’armistice du 22 juin, l’Armée allemande était maître de l’Armée française restée à l’est. Devant un trop grand nombre de prisonniers, capturés en si peu ce temps, la Wehrmacht organisa rapidement le rassemblement des soldats et sous-officiers dans des camps de prisonniers. Les officiers allèrent très vite les premiers, rejoindre des camps en Allemagne. 1.650.000 prisonniers de guerre français,(sauf les coloniaux qui resteront en France jusqu’à la fin de la guerre) devaient se retrouver sur le territoire du Grand Reich, puis pour le plus grand nombre d’entres eux, dans des kommandos comme maind’œuvre bon marché pour l’économie allemande. L’armée allemande organisera les premiers Dulag (camp de transit pour les PG) souvent dans des champs, pâtures..) avant d’envoyer les soldats des Armées française et belge dans les Frontstalags (abréviation de Frontstammlager : camps de prisonniers de guerre créés en réquisitionnant des sites tels que les casernes, châteaux, bâtiments officiels, etc.). Pour une courte période, le Wehrkreis sera la structure militaire qui encadrera l’internement des prisonniers dans la soixantaine de Frontstalags sur le territoire français. Le Frontstalag 120 à Mirecourt sera édifié dans le Centre Psychiatrique de Ravenel dont le projet, unique en Europe, avait vu le jour en 1937. Les travaux n’étaient pas terminés à l’arrivée de l’Armée française en 1939, qui occupera le terrain durant la « Drôle de guerre » jusqu’à l’arrivée de l’Armée allemande. Le Frontstalag 120 de Mirecourt fonctionnera de la fin juin 1940 à mars 1941, avec les derniers convois de prisonniers vers l’Allemagne. Le CentreHospitalier de Ravenel accueillera de nouveau des malades durant quelques mois. Les Alle- Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940- L’armée française de l’est surprise par l’offensive éclair de l’armée allemande ne résistera pas longtemps et sera faite prisonnière avant la fin juin. mands reviendront en 1943, et l’utiliseront comme hôpital et petit aérodrome. Le site sera abandonné par eux en août 1944 face à l’avancée des Armées de libération, depuis le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. En octobre, un hôpital américain prendra place en arrière du front de l’est, le 21e Hôpital général, venu de Naples, dirigé par le Colonel Cady, où se dérouleront des centaines d’opérations par jour. Il faudra attendre 1946, pour que les travaux de réhabilitation du Centre Psychiatrique redonnent sa première fonction à ce Centre départemental. Le F ro n t s t a l a g 1 2 0 d e M i r e c o u r t -Juin 1940- Si vous avez des informations sur le Centre de R avenel en 1939, sur le Frontstalag 120, de juin 1940 à mars 1941, des documents d’époque, des témoignages à apporter sur la période entre 1941 et 1945, vous pouvez nous les communiquer. Par avance merci ! Contacts : Je an-François DR AY 06 76 81 24 40 co ur r iel : me tadray@wa n ado o.fr S té phane CUR S A N 06 85 03 87 83 co u r r iel : ste ph ane.c urs [email protected]