Boulian Sylvie Académie Polaire St-Pétersbourg – université de Nancy II DRAMA "MALGRE NOUS", NEMTSY PO NEVOLIE. LE DRAME DES "MALGRE NOUS", CES ALSACIENS ET LORRAINS INCORPORES DE FORCE A L'ARMEE ALLEMANDE de 1942 à 1945. L'incorporation de force des Alsaciens et des Mosellans (nord de la Lorraine) dans l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale est une blessure pour les 130 000 jeunes hommes qui ont été obligés de combattre dans une armée qui n'était pas la leur, et dont plus de 32 000 ne reviendront pas. Cet acte s'inscrit (touve son origine) dans la relation historique entre la France et l'Allemagne. Zones frontalières entre les deux pays, en partie germanophones (on y parle des dialectes proches de l'allemand), ces deux régions ont été plusieurs fois l'objet d'opérations militaires et d'annexions. Provinces françaises depuis le XVIIè siècle (auparavant duchés indépendants), l'Alsace et la Lorraine ont été annexées par l'Allemagne lors de la guerre francoprussienne de 1870 et sont devenues un Reichsland après la fin des hostilités. Durant la première guerre mondiale qui donne la victoire à la France et à ses Alliés, les troupes françaises reprennent les provinces perdues qui redeviennent françaises avec le traité de Versailles le 28 juin 1919. Ce rapatriement a occasionné quelques difficultés, car une grande partie des Alsaciens et Mosellans, bien que se sentant plutôt français, appréciaient le régime du Concordat entre les religions et le système de sécurité sociale. C'est ainsi que les autorités françaises ont décidé de conserver ce régime particulier à ces régions. En 1939, devant la nouvelle menace allemande, la France évacue une partie de la population alsacienne et mosellane dans les régions de l'ouest de la France, plus sécurisées. Mais le 14 juin 1940, l'Allemagne lance une offensive en Moselle et en Alsace et reprend les régions qu'elle considère avoir perdues en 1918. Le régime nazi est imposé dans ces provinces, Hitler libère les prisonniers de guerre alsaciens et mosellans et les éléments trop francophiles sont expulsés. Cependant les habitants conservent leur nationalité française encore quelque temps et ne répondent pas aux appels aux volontaires pour s'engager dans l'armée allemande. En 1942, l'Allemagne s'enlise dans la guerre contre la Russie. Elle perd beaucoup de soldats et utilise tous les moyens pour en recruter de nouveaux. Il est donc décidé d'enrôler les jeunes hommes des provinces annexées. Mais pour cela il faut d'abord leur donner la nationalité allemande car l'incorporation de force de non-nationaux est interdite par le droit international. Ce n'est pas chose facile à cause des critères raciaux de l'Allemagne nazie. Finalement, les populations d'Alsace, Moselle et du Luxembourg, ayant des racines germaniques, sont considérées comme aptes à recevoir la nationalité allemande. En leur accordant la double nationalité, les autorités allemandes contournent l'obstacle et à partir d'août 1942 une dure campagne de recrutement de force commence, et avec elle une terrible période de répression pour les populations qui ne veulent pas rentrer dans l'armée ennemie. En effet, ils n'ont pas le choix et pour les récalcitrants, on fait pression sur les familles. Ce sont des dizaines de milliers d'Alsaciens et de Lorrains qui sont incorporés de force à l'armée allemande. Cependant un jeune sur trois parvient à échapper à l'incorporation en se faisant faire des certificats médicaux ou en se réfugiant dans la zone française libre. Mais les moyens de pression augmentent et ceux qui s'obstinent à refuser leur incorporation sont envoyés dans des camps, ou même fusillés. Les familles des réfractères sont déplacées en allemagne ou placées dans des camps. Nombreux parmi les incorporés de force vont participer pendant trois ans aux combats les plus meurtriers de l'armée allemande, notamment sur le front de l'est de l'Europe car on s'arrange pour qu'ils se battent le plus loin possible de la France. Considérés comme des Allemands par les armées alliées et les Russes, objets de méfiance de la part des Allemands, leur sort se transforme en un véritable cauchemar. Après la défaite de Stalingrad en février 1943, ils sont envoyés essentiellement en Union Soviétique sur le front russe et en Ukraine. Si la plupart d'entre eux sert dans l'armée de terre, certains se sont portés volontaires dans la marine, pensant sauver plus facilement leur peau. Ceux-là sont envoyés sur la mer Baltique. Les femmes n'échappent pas à ces mesures et sont incorporées de forces dans les organisations nazies paramilitaires où elles subissent un entraînement intensif. Ou bien elles sont affectées au service du travail obligatoire ou à des tâches ménagères dans des familles allemandes. Les malgré nous, s'ils n'avaient pas le choix, ont cependant montré leur opposition à cette décision illégale de différentes manières. Ils chantaient la Marseillaise ou s'habillaient en bleu blanc rouge au moment de leur incorporation, et pendant leur service, leur comportement allait de l'absence de zèle à l'évasion. Parfois ils ont su aussi lier des liens d'amitié avec les soldats allemands. Sur le front, leur seule obsession est de s'évader. Ils s'arrangent aussi pour être faits prisonniers par les Alliés. Mais nombreux n'y sont pas parvenus et leur rébellion s'est soldée par la peine de mort et l'accusation de désertion. Le sort de ceux qui ont décidé de se rendre n'était pas toujours meilleur. Au mieux, ils ont pu prendre les armes aux côtés des Alliés ou entrer dans les mouvements de partisans, ou encore servir d'interprètes. Cela dépendait de l'endroit où ils étaient faits prisonniers. Le plus difficile était pour eux de se faire reconnaître comme Français, mais on avait bien souvent du mal à les croire car peu parmi eux avaient pu garder une ancienne carte d'identité française. Le plus dur a été le sort de ceux qui étaient faits prisonniers par les Russes. En Russie, ils étaient considérés comme des Allemands et partageaient le sort difficile des prisonniers ennemis. Cependant dès 1943, les "Français" sont regroupés en majorité dans le camp de Tambov (500 km au sud-est de Moscou). De 1943 à 1945, plus de 22 000 malgré nous sont ainsi retenus dans des camps. A l'ouest ils ont aussi été regroupés dans des camps américains car ils avaient servi dans la Wehrmacht. Après la capitulation de l'Allemagne, ils ont pu peu à peu être rapatriés des différents fronts après que l'on ait pu prouver leur identité. Le retour du camp de Tambov a été plus long (le dernier est rentré de Russie en 1955) car les aurorités soviétiques gardaient des doutes sur leur identité et ont demandé à la France d'établir des listes afin d'établir un accord franco-soviétique. Mais de retour en France, ils restent l'objet de la méfiance de la population française et sont souvent traités de collaborateurs avec l'ennemi. Il a fallu de longues années pour qu'ils obtiennent la reconnaissance de leurs droits et l'égalité avec les autres anciens combattants et les victimes du nazisme. En Allemagne, ce n'est qu'au cours des années 1980 que l'Allemagne reconnaît officiellement sa responsabilité dans l'incorporation de force des Alsaciens et des Lorrains avec le versement d'indemnités compensatoires. Literatura Perevod Ekaterina Moussina Spasibo E M za pomoch v perevode