Infections INTRA-ABDOMINALES et TOXI

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UE AGENTS INFECTIEUX & HYGIÈNE
DFGSM 3
FLORE DIGESTIVE & INFECTIONS
INTRA-ABDOMINALES
Dr Raphaël GUIHÉNEUF
Assistant Hospitalier-Universitaire
LABORATOIRE DE BACTÉRIOLOGIE - CENTRE DE BIOLOGIE HUMAINE
[email protected]
Amiens 12 octobre 2016
OBJECTIFS

Composition et rôle de la flore digestive
Bases microbiologiques des infections intra-abdominales
Diagnostic bactériologique des péritonites & bases du traitement
Déséquilibre de la flore digestive et diarrhées post-antibiotiques

Items iECN :








N° 274. Lithiase biliaire et complications : diagnostiquer une lithiase biliaire et ses
complications.
N° 277. Ascite : argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les
examens complémentaires pertinents
N° 284. Diverticulose colique et diverticulite aiguë du sigmoïde
N° 326. Prescription et surveillance des classes de médicaments les plus courantes
chez l'adulte et chez l'enfant. Connaître […], les principaux effets indésirables et
interactions
N° 352. Péritonite aiguë chez l'enfant et chez l'adulte
PLAN
I. Composition et rôle du microbiote digestif
II. Agents digestifs à risque pathogène
Bactériologie
Sensibilité aux anti-infectieux
III. Péritonites :
Classifications
Péritonites primaires (ILA)
Péritonites secondaires
Péritonites tertiaires
IV. Diarrhée post-antibiotique :
• Infection à Clostridium difficile
• Autres déséquilibres de la flore
I. FLORE DIGESTIVE


Composition et quantité variable selon le niveau

Estomac : contenu stérile en théorie (barrière pH acide) - 102-105/ml

Duodénum-jéjunum : 102-104/ml

Iléon 104-107/ml

Colon 109-1011/g, prédominance anaérobies (1/1000)

Fécès : 109-1012/g (40% du poids)
Microbiote : ensemble micro-organismes formant un éco-système
chez un hôte

bactéries, virus, bactériophages, levures et archées

Cultivable et non cultivable

Fraction cultivable : flore
COMPOSITION DU MICROBIOTE DIGESTIF

Etage sus-duodénal : prédominance de bactéries à Gram positif,.,
Streptococcus spp. α-hémolytiques, Lactobacillus spp … (pH acide)

Etage sous-mésocolique :
Flore intestinale (duodénum-jéjunum): pH neutre, diminution O2
 Prédominance espèces aéro-anaérobie facultatives (AAF) : E. coli (60-70%),
Enteroccocus spp. (10-30%), Lactobacillus spp.


Flore iléo-colique :
99% anaérobies, Bacteroides du groupe fragilis, Clostridiales (côlon +++)
 1% flore sous-dominante AAF


Flore de portage : autres Enterobacteriaceae, Candida, Pseudomonas aeruginosa
RÔLE PHYSIOLOGIQUE DU MICROBIOTE

Fonctions métaboliques :
Digestion : cellulose, sels biliaires secondaires
 Synthèse : vitamine K


Fonctions immunologiques :
Effet barrière contre les pathogènes
 Stimulation et tolérance immunitaire


Impact pathologique ?
Effet anti-inflammatoire (Faeclibacterium spp et MICI ?)
 « Entérotypes » et obésité

II. BACTÉRIES DIGESTIVES À RISQUES
PATHOGÈNES

Entérobactéries : E. coli

Entérocoques

Anaérobies strictes :

Bacteroides spp.

Clostridium spp.

Principale entérobactérie humaine

Habitat : flore iléo-colique

Bacille à Gram négatif, aéro-anaérobie facultatif (AAF)

Mobile grâce à une ciliature péritriche

Croissance rapide

Diversité des souches :
Majoritaires commensales : suppuration digestive
 Pathovars (facteurs de virulence) : UPEC, EPEC…


Entérobactérie multi-sensible pour les souches sauvages

Bêta-lactamines :
Sensible aux amino-pénicillines et aux céphalosporines de premières
générations :


Résistance acquise :
 Pénicillinase +++
 Céphalosporinase
 Bêta-lactamase à spectre élargie (BLSE) : résistance C3G
 Carbapénémase : risque de toto-résistance aux BL, mécanisme
émergent

Fluoro-quinolones :
Sauvage : sensible aux premières quinolones
 Résistances acquises en augmentation


Aminosides :



Co-trimoxazole :



Sensible
Résistance acquise enzymatique, meilleure activité de l’amikacine
Sensbilité naturelle
résistance acquise ++
Résistance naturelle :


Anti-Gram positif : macrolides, vancomycine,
Anti anaérobie strict : imidazolés


4 groupes de résistances aux BL
Groupe 1 : E. coli , Proteus mirabilis


Sensible à la PéniA
Groupe 2 : Klebsiella pneumoniae, Klebisella oxytoca
Pénicillinase chromosomique
 Résistance : Pénicillines
 Sensible : Pénicillines + IBL


Groupe 3 : Enterobacter cloacae, Enterobacter aerogenes, Morganella
morganii
Céphalosporinase chromosomique
 Résistance PéniA, Co-amoxiclav, C1G
 Sensible Carboxy- et Uréidopénicillines


Groupe 4 : Yersinia enterocolytica

Pénicillinase + Céphalosporinase chromosomique
Famille des Enterococacceae
(proche de la famille des Streptococacceae)
 Cocci à Gram positif en chaînettes


Anaérobie préférentiel - aérotolérant

Habitat : commensaux digestifs

Non exigeant, résistance aux sels biliaires

E. faecalis (80-85%) / E. faecium (10-15%)

D’autres espèces rares chez l’Homme

Pouvoir pathogène : site stérile



Endocardites
Intra-abdominal:

Péritonites (co-infectant)

Angiocholites (résistance aux sels biliaires)
Uropathogène facultatif
Pyélo/prostatite
 Colonisant urinaire+++
 Terrain urologique


E. faecalis
Sensible aux amino-pénicillines, uréidopénicillines et imipénem (pas de
résistance en France)
 Résistance naturelle aux pénicillines M et aux céphalosporines


E. faecium : faible affinité des PLP, nombreuses souches résistantes
aux pénicillines

Enteroccocus spp.:

Sensibles aux nouvelles fluoroquinolones et aux glycopeptides

Possible résistance aux glycopeptides : ERV (E. faecium)

Bacille à Gram négatif, anaérobie stricte
Habitat : flore commensale colique

Autres espèces :

complexe fragilis (50% flore anaérobie colique)
 Non fragilis


Facteurs de virulence :
Adhérence par des fimbriae
 LPS membranaire


Pouvoir pathogène :
Péritonites (co-infectant) et abcès digestifs secondaires
 Septicémies à point de départ digestif (translocation sanguine)


Toujours sensible aux imidazolés (métronidazole)


Toutes les bactéries anaérobies strictes
Autres anti-anaérobies à large spectre :
Linézolide
 Clindamycine (résistances acquises)


Résistance naturelle aux aminosides

Bêta-lactamines : B. fragilis





Enzyme chromsomique
À large spectre
Récupérée par les IBL
Sensible : co-amoxiclav, pipéra-tazobactam, carbapénèmes
Résistant : pénicillines et céphalosporines

Bacilles à Gram positif anaérobies stricts, sporulants

Ecologie :
Réservoir environnemental (spores) : C. tetani, C. perfringens, C. botulinum
 Flore colique (infections endogènes) : C. perfringens, C. difficile
+ Nombreuses espèces commensales


C. perfingens

Facteurs de virulence : hémolysines !
 Lécithinase (PLC) : Toxine Alpha
 Hémolysine O (oxygéno-labile)

Gangrène gazeuse :

Infection exogène : plaie contamination tellurique
Infection endogène : suppurations digestive/gynécologique
 myonécrose, emphysème sous-cutanée, rapidement extensif
 cholécystite gangrèneuse
 entérocolite-nécrosante


Septicémie toxinique : hémolyse intra-vasculaire
III. PÉRITONITES

péritonites primaires = spontanées par voie hématogène ou par
translocation, mono-microbiennes

péritonites secondaires = perforation ou à la nécrose du tube digestif,
polymicrobiennes

péritonites tertiaires =Infections intra péritonéales persistantes,
surinfection par un micro-organisme peu virulent mais résistant
PÉRITONITE PRIMAIRE

Péritonite médicale :


Infection du liquide d’ascite (ILA) chez le cirrhotique : E. coli, entérobactéries,
Enterococcus spp.
Diagnostic biologique :

Ponction d’ascite :
 > 200 PNN/mm3
 Liquide transudatif, faible en protéine (Ig)
 Direct négatif (inoculum faible)
 Culture + ensemencement flacon d’hémoculture (↑ sensibilité diagnostique)

Traitement ILA :
Céfotaxime/Co-amoxiclav
 Fluoroquinolone (documenté)

PÉRITONITE SECONDAIRE
Sus méso-colique : perforation d’ulcère gastro-duodénal


Appendicite
Diverticulite de
Meckel
Ischémie
mésentérique
•
•
•

Streptocoques, Anaérobies (type oro-pharyngé), inoculum faible
•
•
Diverticulite
sigmoïdienne
Cancer colique
Sous méso-colique : perforation compliquant une infection localisée
Flore iléo-colique, inoculum important
 Péritonite stercorale

PÉRITONITE SECONDAIRE

Diagnostic bactériologique :
Culture systématique épanchement liquide péritonéal
 Hémoculture (infection systémique)
 Utile si nosocomial


Traitement :
Médico-chirurgical !!
 Toilette péritonéale
 Antibiothérapie : couverture des anaérobies

 Pénicillines + IBL
 Céphalosporines + anti-anaérobies
 Nosocomiale/Tertiaire :
 Carbapénème +/- Vancomycine +/- antifongique
 Intérêt de la documentation bactério : BMR, entérocoques, levures
INFECTIONS INTRA-ABDOMINALES

Complexité de la flore, rôle des anaérobies

Infections endogènes

Agents pathogènes : E. coli, Anaérobies, entérocoques

Antibiothérapie probabiliste (épidémio microbienne)

Documentation bactériologique :
 ILA
 Péritonite nosocomiale
IV. DIARRHÉES POST-ANTIBIOTIQUE

Déséquilibre de la flore par l’action des antibiotiques:

Clindamycine (première décrite) : Colite Pseudo-Membraneuse (CPM)
β-lactamines
 Fluoro-quinolones


Agents étiologiques :
 Clostridium difficile toxinogène

Bacille à Gram positif sporulé,
anaérobie strict, odeur de crottin

Habitat :
côlon humain
 3% de porteurs chez les adultes


Transmission :
ingestion des spores
 manuporté (risque nosocomial)


Facteurs de virulence :
Toxine A (entérotoxine)
 et toxine B (cytotoxine)
 Pas de toxines : non pathogène


Action des antibiotiques à spectre anti-anaérobie

Sélection (résistance intrinsèque, spores) de C. difficile :
Contamination endogène/exogène
 Colonisation
 FDR : antibiothérapie, chimiothérapie anti-cancéreuse


Production des toxines :
Activité cytoxotique : inflammation
 Déstabilisation cytosquelette d’actine : perméabilité muqueuse


Infection à Clostridium Difficile (ICD)
 diarrhée toxinique +++
 Colite
Pseudo-Membraneuse (5-10 % des cas)
 complication : méga-colon toxique

Recherche spécifique en contexte nosocomial ou post-antibiotique
Uniquement selles diarrhéiques

Tests immuno-chromatographiques :







Première ligne :détection antigène spécifique (GDH)
Excellente VPN
Deuxième ligne si Ag +
toxines A+/- B : Sensibilité variable
Excellente VPP, moindre sensibilité
PCR :
Cibles les gènes de toxines
 En troisième ligne (sensibilité)
 VPN +++ (possible en première intention)


Culture : pour intérêt épidémio

Sensibilité constante :


aux imidazolés, à la vancomycine
Première intention :
Arrêt des antibiotiques (étiologique)
 Métronidazole / Vancomycine per os


Deuxième ligne : fidaxomycine
Spectre étroit
 Récidive (FdR : > 65 ans, comorbidités…)
 Coût élevé


Formes récidivantes : transplantation fécale

Précaution d’hygiène spécifique : isolement entérique
Chambre seule
 Javel (sporicide)
 Lavage des mains au savon (détersion mécanique)


Guérison :
Critères cliniques
 Retour des selles moulées
 Levée d’isolement à 24 h


Récidive :
Précoce si moins de 72 heures
 Diagnostic clinique
 Pas de diagnostic biologique : portage fréquent post-ICD

DIARRHÉE POST-ANTIBIOTIQUE : SYNTHÈSE

Première cause en fréquence : C. difficile


ICD/ CPM
Diagnostic ciblé :
Antigène commun GDH
 Toxines A et B
 Seules souches toxinogènes sont pathogènes


Traitement codifié :


Guérison/récidive :


Métronidazole/vancomycine/fidaxomycine
Clinique
Hygiène ! (sporicide)
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