OBJECTIF CONSEILLER
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client.» Pour les détecter, il suffit de lui poser les bonnes
questions. Quel rendement attendez-vous? Est-il réaliste?
Qu’est-ce qui compte le plus pour vous, le rendement ou
la sécurité? «Les questionnaires aident aussi», ajoute-t-elle.
Exercice primordial, souvent omis par manque de temps
ou par crainte d’importuner le client, qui permettra aux
deux parties d’être le plus possible sur la même longueur
d’onde. «Un jeune conseiller dynamique n’aura peut-être
pas la même définition que son client d’un profil
modéré», prévient-elle.
Se former et s’informer
Les programmes universitaires québécois réservent fort peu
de place au behaviorisme financier. «Son enseignement est
pratiquement nul», regrette M. Gosselin. Même chose dans
les milieux de travail. Aucun des professionnels interviewés
dans le cadre de la préparation de cet article n’a eu vent de
formations en psychologie de l’argent offertes dans son
entreprise. «Il faut vraiment lire les ouvrages de vulgarisa-
tion qu’on trouve surtout aux États-Unis», précise-t-il. Et
parcourir des magazines spécialisés tels le Journal of Beha-
vioral Finance, le Journal of Finance, le Financial Analysts
Journal et le Journal of Portfolio Management, qui traitent
régulièrement de la chose. «Au cours des années 1990, ren-
chérit celui qui anime des conférences sur le sujet, les
conseillers ont beaucoup expliqué à leurs clients que ce n’était
pas le choix des titres qui déterminait le rendement du por-
tefeuille, mais la répartition d’actifs. J’essaie de leur montrer
que le comportement de l’investisseur est beaucoup plus
déterminant. Il y a un travail d’éducation à faire.» OC
Entre la tête et l’argent
Auteur de sept ouvrages sur les stratégies d’investisse-
ment en Bourse (Les Éditions Transcontinental), André Gosselin
aborde,dans chacun d’eux,des aspects propres à la psychologie de
l’investisseur.Ce courant,apparu il y a une vingtaine d’années aux
États-Unis, réunit des spécialistes, en finance surtout, et des écono-
mistes qui ont développé un intérêt pour la psychologie cognitive.
Leur champ de recherche? «Tous les réflexes qui se manifestent dans
nos mécanismes de connaissance, explique-t-il. Comment les inves-
tisseurs se comportent vis-à-vis des marchés financiers en général,des
obligations, du marché monétaire...Tout ça, appliqué au domaine de
l’investissement et,surtout,aux marchés boursiers.» Ce gestionnaire de
portefeuille au sein d’Orientation Finance à Québec tire des stratégies à
partir des découvertes réalisées à ce sujet.
NOUVEAU COURANT DE LA FINANCE MODERNE
Test éclair
Quel type d’investisseurs est
votre client?
«Ce test démontre que les investisseurs ont deux
fois plus peur de perdre qu’ils ont envie de
gagner»,affirme d’emblée François J.Beauregard,
vice-président de CIBC Wood Gundy à Montréal.Le
conseiller en placement le propose aux investis-
seurs et aux conseillers qui assistent à ses confé-
rences, intitulées La psychologie de l’argent et pré-
sentées partout au Québec.Il nous en fait cadeau.
Choisissez l’un des deux scénarios suivants:
A Vous avez 80 % des chances de gagner 4 000 $;
B Vous êtes certain à 100 % de gagner 3 000 $.
La bonne réponse? A.«Car,à la longue, 80 % de
chances de gagner 4 000 $ donnent 3 200 $»,
signale M.Beauregard.
Choisissez l’un des deux scénarios suivants:
C Vous avez 80 % des chances de perdre 4 000 $;
D Vous êtes certain à 100 % de perdre 3 000 $.
Le choix le moins dommageable? D.«Vaut mieux
perdre 3000$ que courir le risque de perdre
4000$»,poursuit-il.
Les gens choisissent toujours la mauvaise réponse,
soit B et C,a-t-il observé.Résultat :«Quand il est
temps de prendre un risque raisonnable,les gens
sont trop prudents.Et quand il est temps de réduire
leurs pertes,les gens sont trop optimistes,ce qui
favorise la prise de risques démesurés.»