Services économiques TD | www.td.com/economics
3
15 décembre 2016
En ce qui a trait aux taux d’intérêt, les marchés ont réagi
rapidement après l’élection présidentielle américaine an de
tenir compte des répercussions potentiellement plus lourdes
de la politique budgétaire sur l’ination et la dette publique.
Cela s’est manifesté surtout du côté des taux d’intérêt à long
terme, le taux de l’obligation du Trésor américain à dix ans
ayant gagné 50 points de base dans les sept jours de bourse
suivant l’élection. Au Canada, les taux obligataires ont été
tirés vers le haut en raison de la réévaluation des attentes
qui s’est produite aux États-Unis et ailleurs dans le monde.
Le taux de l’obligation à cinq ans a atteint notre cible pour
la n de 2017 plus d’un an plus tôt que prévu. En ce qui
a trait aux perspectives pour les États-Unis, nous doutons
qu’une entente entre M. Trump et le Congrès en matière de
réformes scales et de dépenses d’infrastructure puisse ap-
porter le soutien nécessaire à la croissance et l’ination que
de nombreux investisseurs attendent à court terme. De plus,
l’an prochain apportera son lot d’incertitudes sur la scène
mondiale, y compris des élections déterminantes en Europe
et une décision en vertu de l’article 50 pour le Royaume-
Uni. Par conséquent, les taux obligataires devraient rester
élevés à l’échelle du globe, mais leur hausse pourrait être
limitée par un certain nombre de facteurs. C’est pourquoi
on ne s’attend pas à ce que les taux obligataires canadiens
connaissent une autre forte poussée. Même si c’était le cas,
nous pensons que la Banque du Canada s’y opposerait en
raison de ses prévisions de faible croissance économique.
La récente hausse des taux obligataires et hypothécaires
aura des effets négatifs sur l’activité dans le marché du
logement, lesquels seront ampliés par de nouvelles règles
d’admissibilité et des changements à l’assurance de porte-
feuille pour les prêteurs.
Ces changements à la réglementation limiteront la ca-
pacité d’emprunt de nombreux Canadiens et feront grimper
les coûts d’emprunt. Alors que les mesures de resserrement
antérieures n’avaient eu qu’un effet de courte durée, les
récents changements pourraient entraîner une plus grande
réaction de la part des acheteurs en raison de l’augmentation
simultanée des taux hypothécaires et de la plus grande sen-
sibilité aux taux d’intérêt dans des marchés où l’abordabilité
est limitée. Le meilleur taux hypothécaire xe sur cinq ans
a gagné près d’un quart de point depuis octobre, et de nou-
velles hausses sont attendues.
Les répercussions sur le marché ne devraient toutefois
pas être immédiates. En fait, il est plus probable que les
données indiquent une poussée de la demande à court
terme, en particulier à Toronto. En effet, les acheteurs ont
tendance à devancer leurs achats à l’annonce de change-
ments à la réglementation et aux taux hypothécaires, ce qui
devrait soutenir l’activité à l’approche de 2017. Cela dit,
on prévoit un ralentissement dans les marchés du logement
d’ici le troisième trimestre de 2017, et le processus devrait
s’intensier dans le courant de l’année. La seule inconnue
demeure la demande des investisseurs étrangers, qui pour-
rait soutenir les marchés plus longtemps que prévu. Les
acheteurs étrangers sont généralement moins sensibles aux
taux hypothécaires et peuvent être attirés par des marchés,
comme Toronto, où aucun changement d’ordre scal n’a
été imposé aux acheteurs étrangers.
Dans le nouveau marché, les investissements devraient
retomber à peu près au même niveau qu’au début de 2015,
ce qui représente un rajustement de l’activité d’environ 4 %
(graphique 3). Ce rajustement s’apparente à celui observé
en 2010, mais échelonné sur deux ans. Encore une fois,
mentionnons que le marché de Toronto jouera ici un rôle
central. Même s’il aura vraisemblablement été attribuable
à des facteurs différents, le ralentissement enregistré à Van-
couver en 2016 donne un aperçu de ce qui attend Toronto
vers la n de 2017.
Dans un contexte de ralentissement de l’activité sur le
marché du logement, on s’attend à ce que les consommateurs
canadiens continuent d’accroître légèrement leurs dépenses
globales, mais à ce qu’ils délaissent les marchés du loge-
ment et de l’automobile pour se tourner vers des services
et des biens non durables. Les dépenses de cet ordre sont
généralement nancées par le revenu plutôt que par emprunt,
ce qui contribuera à stabiliser le ratio d’endettement élevé
des ménages canadiens.
97
98
99
100
101
102
103
104
105
2015 2016 2017 2018
GRAPHIQUE 3 : REPLI DE L'INVESTISSEMENT
RÉSIDENTIEL AUX NIVEAUX DE 2015
Sources:StatistiqueCanada, ServiceséconomiquesTD.
Investissement résidentiel,T12015=100
Prévisions