Les bactéries du pain S ylvaine Quatravaux est chercheuse au laboratoire de microbiologie de l’ENSBANA* à Dijon. Elle prépare une thèse en collaboration avec une industrie qui cherche à améliorer la fabrication du pain au levain. Sylvaine s’intéresse aux bactéries qui sont responsables de la fermentation de ce pain. * ENSBANA : École Nationale Supérieure de Biologie Appliquée à la Nutrition et à l’Alimentation «Même si je ne m’attends pas à certains de mes résultats, je cherche toujours à savoir pourquoi ils sont ainsi, cela me permet d’évoluer en permanence. J’aime cette démarche parce qu’on fait toujours des choses nouvelles, comme dans la vie…» Sylvaine Quatravaux Experimentarium Copier la tradition Tradition La fabrication du pain au levain découle d’une tradition ancestrale. Pour réaliser une «mère» (un peu comme pour le vinaigre), il suffit de prendre des raisins secs et de les laisser macérer dans de l’eau tiède. Le jus ainsi obtenu est filtré et mélangé à de l’eau et de la farine. Dans cette préparation se développent des levures qui font lever la pâte et des bactéries qui lui donnent bon goût. C’est cette première fermentation qu’il faut entretenir toutes les dix heures, par des apports de farine et de petit lait par exemple. Cela rend le goût du pain de plus en plus typique du levain. Chaque jour, le boulanger mélange un morceau de son levain à de la farine et de l’eau et fait cuire la pâte. Il garde toujours un petit peu de son levain et l’entretient pour fermenter les pâtes suivantes. Ce morceau sert à fermenter les nouvelles préparations. La répétition de cette opération rend le goût du pain de plus en plus typique du levain. Recherche Aujourd’hui, les industriels vendent des préparations pour pâtes qui simplifient l’enchaînement de ces étapes traditionnelles. Sylvaine Quatravaux cherche à améliorer ces préparations. Depuis les travaux de Pasteur, les chercheurs savent que ce sont les bactéries qui sont à l’origine du bon goût du pain au levain. Pour mettre au point un produit qui imite plus rapidement les effets obtenus par la méthode traditionnelle, Sylvaine doit donc connaître le rôle de chaque bactérie, savoir dans quelles conditions elles se développent et les entraîner à être plus efficaces. Son travail passe par des expériences de microbiologie, des analyses d’ADN - pour savoir rapidement si la bactérie est performante et peut fermenter le pain correctement - puis une phase de dégustation pour finalement savoir si le pain a bon goût.