2. Origines de la démocratie
Le régime démocratique est apparu vers le milieu du premier millénaire avant notre ère dans un
certain nombre des centaines de cités qui constituaient la Grèce de l’époque, à la suite de la
disparition de l’autorité royale antérieure, qui engendra aussi deux autres formes de gouvernement,
tyrannique et oligarchique, d’après la classification établie par les historiens grecs eux-mêmes.
Le régime démocratique d’une cité grecque modèle fonctionnait de la manière la plus simple qui
soit. L’assemblée générale des citoyens ou ecclésia
dont l’effectif théorique de quelques dizaines
de milliers de citoyens se réduisait en général à quelques milliers de participants effectifs dans la
cité la plus peuplée, Athènes, débattait et décidait de tout : élection du pouvoir exécutif et des
magistrats, élaboration de la politique intérieure et extérieure… Il s’agissait donc du régime
d’assemblée dans sa forme la plus pure.
A l’usage, la faiblesse du pouvoir exécutif et la durée très courte des mandats, en général un an
souvent révocables à tout moment, rendait impossible une politique suivie, sauf pendant de rares
périodes où un homme « fort », tel Périclès à Athènes, dirigeait la cité en sous-main. Dans des
circonstances graves, les débats dans une assemblée toute-puissante et sans contre pouvoir ont pu
s’envenimer à tel point qu’à la suite d’un vote, les partisans du camp le moins nombreux furent
parfois traînés à l’extérieur de celle-ci et exécutés, ou à tout le moins bannis de la cité.
Les partis politiques censés structurer la vie politique autour d’un projet partagé par un certain
nombre de citoyens n’existant pas, même à l’échelle d’une cité, ni a fortiori à celle de la Grèce, la
politique de la cité épousait généralement les intérêts de groupes de pression ; à Athènes, les
principaux d’entre eux étaient celui des hoplites constituant l’infanterie lourde, pour la plupart
paysans suffisamment riches pour payer eux-mêmes leur équipement, et celui des marins dépourvus
de fortune personnelle mais qui fournissaient en rameurs la flotte de guerre.
Les membres du premier groupe, vainqueurs sur terre à Marathon (490 av JC) contre les Perses, et
plutôt satisfaits de leur sort, étaient généralement partisans d’une politique prudente, tandis que
ceux du second, vainqueurs sur mer des mêmes Perses à Salamine (480 av JC), poussaient à
l’expansion coloniale qui assurait des emplois pendant les expéditions, suivies en cas de succès
d’une redistribution aux citoyens, sous des formes diverses, des tributs versés par les cités soumises.
Idéologiquement, le régime démocratique athénien soutenait l’instauration de régimes analogues
dans le reste de la Grèce ainsi que dans les cités soumises qui malgré cela subissait une tutelle
politique et économique sévère de la part de la cité dominante, et une répression parfois féroce en
cas de révolte. Il n’est donc pas étonnant qu’un tel système de domination se soit effondré après la
défaite d’Athènes dans l’expédition de Sicile (415-413 av JC) qui fait l’objet de l’œuvre de
Thucydide.
Des deux autres modèles d’organisation politique mentionnés ci-dessus, le régime tyrannique se
définissait par le pouvoir assumé par un seul homme, qui y parvenait généralement par la force.
D’une grande prudence en politique extérieure, ce type de régime entreprenait souvent sur le plan
Mot grec n’ayant jamais eu d’autre sens et tombé en désuétude lorsque les Pères de l’Eglise le
remirent en vigueur pour désigner la communauté des fidèles.