Analyse des liens existant entre le changement climatique, les aires protégées, et les communautés en Afrique de l’Ouest. Version finale
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Résumé
La présente étude concerne une analyse des liens existant entre le changement climatique, les aires
protégées et les communautés en Afrique de l’Ouest, notamment dans les pays suivants : Gambie,
Mali, Sierra Leone, Tchad et Togo. Elle a été réalisée dans le cadre du projet PARCC (Aires Protégées
Résilientes au Changement Climatique), financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Le projet vise à améliorer la résilience des réseaux d’aires protégées aux impacts du changement
climatique dans la région. L’étude s’est basée principalement sur les résultats des études nationales
préalables sur cette question, mais également sur une revue documentaire. Elle vise à analyser les
relations complexes entre les aires protégées, les populations à la périphérie et le changement
climatique, et contribuer ainsi à l’amélioration des connaissances sur ces relations. Très peu de
travaux ont été conduits sur ces questions, les études nationales se sont donc basées sur la
littérature et également sur la perception des communautés locales consultées.
Les aires protégées d’Afrique de l’Ouest, et des cinq pays mentionnés ci-dessus en particulier,
subissent de nombreuses pressions dues principalement à l’action de l’homme (braconnage,
surexploitation, feux, etc.). Leur habitat se dégrade, se modifie, et les populations de faune
diminuent peu à peu. Les aires protégées deviennent donc de plus en plus vulnérables, en
particulier aux effets du changement climatique, tout comme les écosystèmes qui se trouvent
autour des aires protégées.
Cette étude rapporte que ces écosystèmes sont exploités par les populations vivant autour des aires
protégées. En effet, dans les cinq pays, les activités les plus importantes identifiées en périphérie
des aires protégées sont l’agriculture, l’élevage, la pêche, et l’exploitation forestière (bois et
produites forestiers non ligneux). Ces activités dépendent fortement du climat pour un
développement optimal. Les principaux aléas climatiques recensés par les populations locales et
dans la littérature (sécheresse, inondations, vents violents, irrégularité des pluies) ont des impacts
aussi bien sur leurs moyens d’existence que sur leur bien-être. Ainsi, on enregistre une perte de la
biodiversité faunique et floristique utilisée par les populations, une diminution des ressources
pastorales, une baisse des rendements agricoles et de la production animale, une baisse des
revenus des ménages, une insécurité alimentaire, une dégradation de la santé des populations, et
globalement l’augmentation de la pauvreté.
L’étude révèle que, face à cela, les ressources localisées dans les zones de conservation deviennent
plus attractives puisque celles en dehors des aires protégées ne suffisent plus à satisfaire les besoins
de subsistance des populations. Les populations pourraient ainsi, à leur tour, affecter négativement
les aires protégées, du fait des effets du changement climatique. En effet, on note des incursions
dans les aires protégées pour le braconnage, la recherche de pâturage, de nouveaux champs et de
produits forestiers non ligneux (UICN/PACO, 2011).
Les relations entre le changement climatique, les aires protégées et les populations vivant à leur
périphérie ne sont néanmoins pas encore très bien comprises par les chercheurs, les gestionnaires
des aires protégées, les populations à la périphérie et les décideurs politiques. Beaucoup d’efforts
de recherche, de sensibilisation et d’information restent encore à faire. Des plans et programmes
d’action ont déjà été mis en œuvre dans les pays et au niveau régional afin d’aider les communautés
à s’adapter. Ces plans ne prennent cependant pas en compte la relation entre ces trois éléments ; il
en est de même des politiques nationales existantes en matière de changement climatique. Des
efforts doivent donc être faits pour réduire les effets négatifs des interrelations entre les aires
protégées, les communautés à la périphérie et le changement climatique.