35le clinicien septembre 1997
Tribune d’éthique
et que le personnel qualifié était peu nombreux, on
ne pouvait traiter qu’une partie des personnes ayant
besoin de ce traitement. Il a été décidé que la sélec-
tion des patients serait effectuée par un comité qui
recourrait à des critères non pas médicaux, mais
sociaux. Le comité était composé de sept profanes
et de deux médecins.
Albert R. Jonsen explique ainsi ce partage de
l’autorité morale des médecins et des profanes :
«The issue in the debate over the Seattle committee
was the contemporary echo of an ancient Hippocratic
phrase: “into whatever houses I enter...”. The modern
nephrologist, armed with the new expensive dialysis
machine, could not enter every house where help was
needed. What standards should determine the choice
of houses? (...) The authorities of the past, namely
physicians, seemed inadequate. Fairness in selecting
candidates for medical treatment is not, in itself, a
medical skill.»1Aujourd’hui, déterminer qui pourra
accéder à un traitement peu disponible en ne
retenant aucune norme médicale paraît très con-
testable. À Seattle, cependant, la pratique médicale
a été à l’origine d’un remarquable bouleversement :
la création d’une instance morale plus large et plus
ouverte que celle de la consultation entre pairs. La
présence agissante, auprès des médecins, d’autres
groupes professionnels, conviait déjà au creuset
multidisciplinaire typique des comités d’éthique
clinique.
Le mandat du comité. Les établissements diffè-
rent quelque peu quant à leur manière d’organiser
leur comité d’éthique clinique. Cependant, l’expé-
rience et la réflexion sont à l’origine de conseils ap-
propriés dans la très grande majorité des cas. Qua-
tre fonctions constituent habituellement le mandat
du comité d’éthique clinique, soit l’éducation, la
consultation, le conseil institutionnel et la révision
interne.
L’éducation. L’activité d’éducation a pour objet de
sensibiliser l’ensemble du personnel de l’établissement
aux questions et aux problèmes de bioéthique suscepti-
bles de se poser dans le milieu. Des conférences et des
séminaires sont autant d’occasions d’éveiller aux enjeux
moraux et de réfléchir sur la résolution de problèmes en
fonction des principes de base en bioéthique. L’édu-
cation doit d’abord être exercée sous forme d’autofor-
mation par les membres du comité.
La consultation. Le service de consultation offert par
le comité est ouvert à tous les membres du personnel
et de l’administration, aux patients et aux tiers ayant
un intérêt à consulter, comme les proches d’un patient.
Le comité se prononce alors sur le cas d’une personne
en particulier. Par exemple, les proches et le médecin
d’un patient inapte interrogent le comité sur la valeur
morale d’une décision qu’ils envisagent. La réponse du
comité peut prendre deux formes : soit que le comité
suggère une démarche de réflexion à suivre pour par-
venir à une décision éclairée, soit que le comité se
penche lui-même sur le cas dans sa substance et sug-
gère une orientation. La consultation est prospective
quand elle concerne une décision future et elle est
rétrospective lorsqu’elle a pour objectif de revenir sur
des faits passés afin d’en tirer un enseignement.
Le conseil institutionnel. Le rôle du conseil institu-
tionnel consiste à élaborer des politiques d’ensemble sur
des questions soulevant des enjeux éthiques importants.