L’Association canadienne de physiothérapie (ACP) conteste ces suggestions. Les exercices
sont un traitement important de la douleur chronique, mais ils n’ont pas tous la même valeur, et
les patients ne réagissent pas tous aux mêmes types d’exercices. L’ACP est d’avis que, pour
prévenir la première prescription d’opioïdes et aider véritablement les personnes qui vivent avec
la douleur chronique, l’exercice, les conseils d’autogestion et l’éducation doivent reposer sur une
évaluation physique complète.
S’appuyant sur les résultats d’une évaluation approfondie, le physiothérapeute peut ensuite
prescrire les exercices appropriés, fournir l’information nécessaire, puis aider le patient à
déterminer le programme de prise en charge de la douleur qui lui convient. Le yoga et le tai-chi
peuvent être intégrés au plan de traitement, mais seulement après l’évaluation physique et
l’établissement des objectifs thérapeutiques.
En proposant que les Canadiens aux prises avec la douleur recourent à des programmes
d’exercices et des thérapies non réglementés et non spécifiques, les directives transmettent de
l’information qui, dans le meilleur des cas, est trompeuse et qui, dans le pire des cas, est néfaste
pour ceux qui recherchent un traitement légitime de la douleur. Tous les exercices et les conseils
sur l’autogestion doivent dépendre d’évaluations individuelles, de l’acuité de la douleur, de la
situation psychosociale ainsi que de l’origine des blessures.
Si on limite les prescriptions aux personnes souffrantes sans leur proposer d’autres solutions,
on leur porte un nouveau coup, mais on ne fait rien pour mettre un terme à la crise.
La douleur est un sujet complexe. Personne ne la ressent de la même façon. Dans un cabinet
de soins de première ligne achalandé ou une salle d’urgence surchargée, il est pratiquement
impossible pour le praticien d’expliquer convenablement la douleur et de proposer un traitement
et des conseils personnalisés. C’est là que des professionnels comme les physiothérapeutes
offrent la plus grande valeur ajoutée à la crise des opioïdes. Les physiothérapeutes possèdent les
compétences nécessaires pour fournir des solutions à la crise des opioïdes et éviter que les
patients se fassent prescrire une première dose d’opioïdes.
Si nous ignorons ce que les physiothérapeutes apportent aux patients qui souffrent de
douleur, nous limitons l’efficacité des traitements prudents et négligeons le rôle que peuvent
jouer les physiothérapeutes en amont pour prévenir la dépendance aux analgésiques opioïdes.
Les directives publiées aujourd’hui représentent une nouvelle étape intéressante, mais notre
société doit en exiger davantage.