thérapeutiques  auxquels  ils  participent.  Et  les  demandes  ou  récriminations  des  patients  se
développeront d’autant plus aisément!—!et de façon d’autant plus justifiées ne serait-ce que sur le plan
des principes!—!que les informations données au moment de leur inclusion dans l’étude, pour avoir
leur consentement, auront été peu à peu simplifiées.
Ces constats montrent, d’une part, qu’il est nécessaire de connaître les appréciations des patients
sur la démarche envisagée en essayant de comprendre comment eux-mêmes, avant même le début de
l’essai clinique, vivent avec leur maladie, se soignent et en parlent à autrui. Donc nécessité d’avoir une
connaissance  minimale  des  contextes  de  vie  avec  le  VIH.  Et  ensuite  nécessité  d’en  déduire  des
démarches qui seront forcément contextualisées, notamment en matière d’information du patient.
2) Autre situation, le cadre d’un essai de réduction de la transmission mère-enfant du VIH mené en
Côte d’Ivoire, les chercheurs ont très rapidement été confrontés au problème de l’information que la
femme (enceinte, séropositive) pouvait et devait donner à son mari et à ses proches : comment prendre
un traitement durant la grossesse sans que son mari ne soit informé qu’elle est infectée par le VIH!?
Comment réduire la durée de l’allaitement, comme cela été conseillé par les médecins participant à
l’étude, pour éviter un risque supplémentaire de contamination du bébé, mais sans que cela ne génère
de l’ostracisme chez des personnes non informées de sa séropositivité!? Là encore le contexte est
important!: nombre de femmes découvraient à l’occasion du test effectué pour participer à l’étude
qu’elles étaient séropositives, et donc n’avaient pas pensé cette question du partage de l’information.
Contexte important à préciser mais aussi contexte sur lequel il faut travailler, s’appuyer sans imposer
de règles intangibles.
Ainsi  les  médecins  et  épidémiologistes  ont  conçu  avec  les  femmes  qui  estimaient  être  dans
l’impossibilité totale d’informer leur mari des scénario d’information spécifiques!: de telle sorte qu’à
la fois elles puissent arriver à protéger leurs relations sexuelles!; réduire la durée de l’allaitement et
éviter tout risque, ressenti, d’exclusion!: comme exemple de discours tenu, elles expliquaient ainsi à
leur conjoint qu’elles souffrent d’une maladie affectant leur sein et que donc!:
a) elles ne doivent pas allaiter trop longtemps!;
b) il leur est déconseillé de tomber enceinte, par conséquent leurs relations sexuelles devront être
protégées.
On voit donc que des discussions entre soignants et malade permettent d’adopter des pratiques qui
touchent au plus près des principes éthiques (ne nuire ni au malade ni à ses proches, respecter ses
choix et donc son autonomie)!: cela été possible parce que ces principes auront été confrontés aux
difficultés rencontrées par les femmes pour partager l’information sur leur séropositivité.
3) Ce constat vaut pour l’anthropologie en général (Vidal 2004). En 1990, lorsque j’ai début mes
recherches en Côte-d’Ivoire, j’ai été confronté à la non-information fréquente des patients de leur
statut  sérologique.  D’où  une  question  de  fond!:  peut-on  continuer  à  suivre  des  patients  qui  ne
connaissent pas leur statut sérologique et qui, soit ont délaissé les mesures de prévention, adoptées un
temps, soit demandent des explications sur la nature de leur maladie!?
Ne plus les rencontrer aurait été une forme de rupture méthodologique (tant de patients ne seront
plus vus, donc les données jusqu’alors recueillies auprès d’eux resteront incomplètes, peu exploitables
dans  une  perspective  anthropologique)  mais  aussi,  simultanément,  un  recul  face  à  l’implication
critique qui doit guider les choix de l’anthropologue et relevant d’une éthique de la recherche sur le
sida. Dans les situations d’observation et d’échanges que l’on expérimente, cela revient à se considérer
comme un lien critique entre le discours médical et celui des malades. Par ailleurs, continuer un suivi
de ces malades en laissant sans réponse certaines demandes d’information!contredirait le choix d’une
relative  proximité  instaurée  avec  ces  personnes!:  attitude  contraire  à  une  simple  déontologie
professionnelle et qui, à terme, nuirait à la qualité de la relation établie, donc à celle des informations