Le méthanol encore appelé alcool frelaté ou
alcool à brûler se retrouve dans de nombreux
produits domestiques [1] et en particulier dans les
liqueurs (objet de trafic ou de production
artisanale) telles que le Pastis, le Rhum ou le
whisky [2]. L’intoxication par le méthanol est
rare dans les pays industrialisé [3-5] mais très
fréquente en Afrique et particulièrement en Côte
d’Ivoire où elle sévit sous forme d’épidémie
pendant les périodes de fête. Elle est responsable
de complications multiples dont les plus
courantes sont oculaires et conduit très souvent à
la mort. Son diagnostic est difficile en dehors du
contexte épidémique et devant l’absence de
laboratoires toxicologiques performants.
L’imagerie médicale représentée par l’IRM et la
TDM constitue une alternative diagnostique [2,
6]. A l’occasion de 3 cas que nous avons
observés, une revue de la littérature nous permet
d’attirer l’attention des praticiens sur le rôle de
l’imagerie dans le diagnostic et la prise en charge
précoce de cette redoutable intoxication chez le
sujet jeune sans antécédent particulier.
Observation 1:
Monsieur K.N. 38 ans, instituteur, a été admis
aux urgences médicales pour troubles de la
conscience survenu 24h après absorption de
Calao (nom commercial de whisky artisanal). Ces
troubles de la conscience étaient précédés
quelques heures de céphalées nausées et
vomissement sporadique et une vision floue. Le
patient était admis en même temps que d’autres
patients présentant les mêmes signes en dehors
des troubles de la conscience. A l’examen
physique, son état général conservé. Les
constantes vitales étaient les suivantes : TA
14/80, pouls 100b/mn, SpO2 100%, FR 16 c/mn.
L’auscultation cardio-pulmonaire était normale.
L’examen neurologique a objectivé un coma
(GCS 7) avec une contracture en flexion des
membres et une absence de déficit moteur. Il
existait un œdème papillaire et une mydriase
bilatérale aréactive sur le plan ophtalmologique.
Le bilan biologique standard (transaminasémie,
urémie, créatininémie, glycémie, les Gamma GT
et la CRP) était normal. Le scanner crânio-
encéphalique réalisé à J3 sans et avec injection de
PCI a mis en évidence une nécrose ischémique
bilatérale des noyaux gris centraux (figure 1 a et
b). Un Traitement de l’acidose et une prise en
charge non spécifique du coma associé à un
traitement étiologique faite d’une alcoolisation
par voie orale par la sonde nasogastrique
(Whisky) en l’absence d’éthanol par voie
injectable. L’évolution était marquée par
l’amélioration du Glasgow (GCS 14) avec des
lésions oculaires évolutive (cataracte, glaucome
et cécité persistante), une contracture persistante
et une absence de mouvements sporadique. Au
scanner à J30 il existait une persistance de la
nécrose, une résorption de l’œdème et une
réapparition des ventricules.
Observation 2 :
Madame K.Y. est une patiente de 30 ans,
institutrice dans le même établissement que le 1
er
patient. Elle a été admise aux urgences médicales
pour troubles de la conscience après absorption
de whisky artisanal en même temps que le patient
1. Elle présentait avant les troubles de la
conscience des céphalées et des troubles
digestifs. A l’examen physique on observait de
légers troubles de la conscience (GCS 12-13),
une contracture en flexion des membres sans
déficit moteur. Elle présentait également un
œdème papillaire et une mydriase bilatérale
aréactive. Le bilan biologique n’a pas été
effectué pour problème financiers. La TDM a
mis en évidence un œdème cérébral diffus avec
une nécrose ischémique putaminale bilatérale. Le
même traitement a été mis en route. Il a consisté
en la prise en charge du coma et de l’acidose et
une alcoolisation par voie orale. L’évolution a
été marquée par l’amélioration du Glasgow (GCS
J AfrImagMéd 2013; (5),2: 118-122
A M N’goan-Domoua et al