et est le plus souvent réfractaire aux traitements médicamen-
teux. Dans la majorité des formes héréditaires, des mutations
du gène FLNA codant pour la filamine A ont été identifiées
(Fox et al., 1998). Le gène étant situé sur le chromosome X, la
plupart des mutations sont létales chez l’homme, et seules les
femmes présentent généralement la pathologie. FLNA peut
également être muté dans des formes sporadiques. La filamine
A est une protéine exprimée de façon ubiquitaire et est cruciale
pour la formation du cytosquelette d’actine. Outre ce gène, des
mutations du gène ARFGEF2 (ADP-ribosylation factor guanine
nucleotide exchange factor 2), dont le produit protéique participe
au transport des vésicules dans la cellule, ont été retrouvées
dans des formes autosomiques récessives avec consanguinité
(Sheen et al., 2004). Il est fort probable que d’autres loci géné-
tiques soient impliqués, par exemple, par altérations du nom-
bre de copies de certaines régions génomiques du chromosome
5 (Sheen et al., 2003 ; Cardoso et al., 2008).
Lissencéphalie et hétérotopie laminaire sous-corticale
La lissencéphalie classique (encore dite de type I ou agyrie-
pachygyrie) est caractérisée par une gyration corticale défi-
ciente, voire absente. Son incidence est d’environ 1 pour
100 000 naissances. Les scissures principales (Rolando, Sylvius)
sont peu développées, et d’autres anomalies peuvent être diver-
sement associées. Les manifestations cliniques associent classi-
quement hypotonie à la naissance, crises épileptiques réfractai-
res et déficit intellectuel modéré à profond. Plusieurs gènes
responsables sont connus (Guerrini et al., 2008).
Un premier gène responsable de lissencéphalie est
PAFAH1B1, qui code pour la protéine LIS1, sous-unité alpha
non catalytique de l’isoforme 1b du facteur d’activation pla-
quettaire, et qui a une fonction acétylhydrolase. Un premier
partenaire protéique de LIS1, PAF-AH, est impliqué dans la
régulation des flux calciques au niveau des récepteurs synapti-
ques glutamatergiques de type NMDA. Par l’intermédiaire d’un
autre de ses partenaires, la protéine NDEL1 (NUDEL), LIS1 peut
interagir avec la chaîne lourde de la dynéine qui est fixée aux
microtubules cytoplasmiques. La perte de fonction de LIS1
pourrait ainsi perturber la translation des noyaux des neurones
au cours de leur migration. De plus, LIS1 pourrait également
intervenir au cours de la neurogenèse. D’autres gènes de lissen-
céphalie sont connus : YWHAE code pour une protéine égale-
ment impliquée dans la régulation du complexe de la dynéine.
DCX (double cortine) est un gène situé sur le chromosome X ;
les garçons porteurs de mutations de DCX ont une lissencépha-
lie classique, alors que chez les filles, les mutations du gène
causent « seulement » une hétérotopie laminaire sous-
corticale (« double-cortex »). DCX est une protéine capable
d’interagir avec LIS1 et avec la tubuline et participe à la stabili-
sation des microtubules. Des mutations de TUBA1A, qui code
pour une sous-unité alpha de la tubuline, ont d’ailleurs été
récemment rapportées. Des mutations des gènes ARX
(aristaless-related homeobox, X-linked)etRELN (reelin) peuvent
également causer des lissencéphalies parfois associées à d’autres
anomalies (hypoplasie cérébelleuse par exemple).
À côté de ces formes classiques, existent les lissencéphalies
dites pavimenteuses (cobblestone), dont la forme la plus com-
mune est le syndrome de Walker-Warburg, et qui peuvent
être associées à des défauts dans l’O-glycosylation du dystro-
glycane, une glycoprotéine dont l’isoforme alpha, située dans
la matrice extracellulaire, fait, avec la bêta-dystroglycane
transmembranaire, le lien entre le réseau fibrillaire extracellu-
laire et la dystrophine. Des mutations des gènes POMT1,
POMT2 et POMGnT1, tous trois impliqués dans le processus
d’O-glycosylation du dystroglycane, ont été identifiées.
Les gènes FCMD (fukutine) et FRKP, également mutés dans
des malformations cobblestone, codent probablement pour des
glycosyltransférases golgiennes. Une forme particulière de mal-
formation corticale cobblestone est celle touchant de manière
bilatérale l’aire frontopariétale. Historiquement appelé « poly-
microgyrie » frontopariétale, ce syndrome est dû à des muta-
tions du gène GPR56 qui code pour un récepteur couplé aux
protéines G (Piao et al., 2004). Les mutations semblent entraî-
ner un défaut d’adressage du récepteur à la membrane
plasmique.
Les mutations du gène DCX chez les filles (voir plus haut)
et, plus rarement, celles du gène LIS1 peuvent causer une hété-
rotopie laminaire sous-corticale. Dans le cas du gène DCX, les
filles ont, du fait de l’inactivation classiquement aléatoire d’un
des deux chromosomes X, la moitié de leurs neurones migrant
normalement (le gène muté est inactif) et l’autre moitié
migrant anormalement. Il arrive que des mutations de DCX
n’entraînent que retard mental ou épilepsie, posant la question
de l’existence d’anomalies de la migration non (encore ?)
détectables.
Anomalies de l’organisation corticale
Polymicrogyrie et schizencéphalie
La polymicrogyrie correspond à l’existence de gyri peu pro-
fonds et en nombre excessif. D’incidence inconnue, elle est le
plus souvent périsylvienne et peut être associée à diverses
autres anomalies (corps calleux, cervelet, etc.). Elle est classi-
quement considérée comme résultant d’une anomalie dans les
dernières étapes de la migration corticale et dans les premières
phases de l’organisation corticale. Outre des facteurs généti-
ques évidents (Jansen et Andermann, 2005), des causes non
génétiques telles qu’infection intra-utérine au cytomégalovirus
(CMV) ou hypoperfusion placentaire sont bien connues.
La polymicrogyrie bilatérale périsylvienne (BPP), qui asso-
cie diversement épilepsie, trouble de la parole et altérations
cognitives, est génétiquement hétérogène. Notamment, des
liaisons génétiques à plusieurs loci sur le chromosome X ont
été rapportées, et un gène, SRPX2, est muté dans une famille
avec BPP chez le garçon atteint et avec altérations cognitives
de degré variable chez les apparentées porteuses de la mutation
(Roll et al., 2006). La mutation est associée à une affinité accrue
de la protéine SRPX2 pour son récepteur uPAR (récepteur de
l’activateur du plasminogène de type urokinase) (Royer-
P. Szepetowski
Épilepsies, vol. 21, n° 1, janvier-février-mars 2009 14
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