LES ENIGMES DU SPHINX
Le documentaire prend pied dans le présent en soulignant la longévité de la statue mais également sa fragilité. Le sphinx,
symbole d'éternité, est menacé.
Les menaces planant sur le sphinx ne datent pas d'aujourd'hui, elles sont multiples et ont évolué avec le temps.
La première est l'ensablement qu'il a connu avec l'affaiblissement du pouvoir pharaonique, au gré des crises. Ainsi, l'ensablement
constitue un véritable baromètre de la santé du pouvoir pharaonique, seul capable d'entretenir ces gigantesques oeuvres de
pierres.
Ainsi, archéologues avant l'heure, certains pharaons du Nouvel Empire, au premier rang desquels Thoutmosis IV, entreprennent
de déblayer le sphinx. Le jeune pharaon raconte son geste dans la stèle du Songe, placée entre les pattes du sphinx. Il a même fait
édifier un mur d'enceinte de 9 mètres de haut afin de le protéger de l'érosion des vents de sable.
Après l'expédition de Bonaparte, Auguste Mariette en 1850 puis Gaston Maspero en 1880 tentent à nouveau de le désensabler,
sans grand succès.
Le sphinx est définitivement libéré de sa prison de sable en 1936 après onze ans de désensablement et restauration sous la
direction d'Emile Baraize1] . Cependant les restaurations de 1980-1987 sont catastrophiques, notamment par l'usage de ciment, «
cancer du sphinx » selon Zahi Hawass.
La dernière opération de restauration du sphinx, à l'aide de mortier naturel, fut conduite en 1988-1998 sous la direction de Zahi
Hawass.
Les désensablements successifs ont laissé la voie libre à une autre menace, l'érosion des vents.
La deuxième menace est celle plus insidieuse et invisible du sel et de l'humidité qui remontent d'une nappe phréatique située sous
le colosse et rongent les entrailles calcaires de l'animal mythique le transformant alors peu à peu en poussière2] .
Enfin, l'urbanisation, qui s'invite aux portes du plateau de Gizeh, drapée dans son manteau de pollution corrosive, rappelle au
sphinx qui l'aurait peut-être oublié, sa part d'humanité et donc sa fragilité...
Du sphinx à l'Atlantide, les dérives de l'égyptologie européenne
A la fin du XIXème siècle, en effet, fleurissent plusieurs hypothèses toutes plus farfelues les unes que les autres. Lehner raconte
qu'il a rencontré pour la première fois Zahi Hawass sur le plateau de Gizeh alors qu'il tentait de découvrir un passage creusé sous
le sphinx et menant tout droit à une salle d'archives renfermant les secrets de l'Atlantide. A l'époque, Lehner travaillait pour le
médium Edgar Cayce qui pensait que le sphinx était une trace laissée par une civilisation avancée ayant eu des contacts avec une
civilisation extraterrestre issue de la constellation d'Orion...
Trois puits creusés dans le sphinx, mais ne menant nulle part, ont un temps entretenu ces hypothèses.
Ces idées abracadabrantesques ont cependant le mérite de montrer l'engouement parfois teinté de mystique suscité par ce lion
anthropocéphale ainsi que les mystères qui l'entourent encore, et ce depuis le XIXème siècle.
Le sphinx, élément insolite au sein d'un gigantesque complexe funéraire
Long de 74 mètres, large de 14 mètres, haut de 20 mètres et lourd de 20 000 tonnes, le sphinx, autrefois coloré, prend place au
pied du plateau de Gizeh, gigantesque complexe funéraire dressé pour la vie dans l'au-delà de trois souverains presque successifs
de la IVème dynastie : Khéops, Khephren et Mykérinos.
Sous l'Ancien Empire, ces complexes funéraires étaient composés de quatre éléments : la pyramide dernière demeure du pharaon
défunt, le temple haut ou chapelle funéraire dédié aux offrandes journalières des prêtres, la chaussée montante et le temple bas
dans la vallée, lieu d'accueil.
Ce schéma est répété pour les trois pharaons et leur pyramide et pour d'autres encore. Cependant, le sphinx et son temple
inachevé restent uniques.
C'est cette étrangeté, qui déroge au schéma habituel, chose assez rare chez les Egyptiens qui a et intrigue encore les
égyptologues. Retracer l'histoire du sphinx et ainsi remonter à son origine permettra peut-être alors de lever un coin du voile sur
ce mystère.
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