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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 25 May 2017
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bio-ingénierie de William Ortmans à Gembloux Agro-bio Tech (ULg). Dans un premier temps, celui-ci
s'est intéressé aux performances des plantes adultes poussant tant en France que dans les stations
belges ou néerlandaises. Après avoir semé leurs graines dans un jardin expérimental, il s'est aperçu
que, quelles que soient la région et la latitude où elles ont été récoltées, ces plantes sont parfaitement capables
de boucler leur cycle de reproduction et de former, en une seule génération, une "banque" (stock) de graines
appréciable. "Les conditions climatiques plus froides de la Belgique n'expliquent donc pas pourquoi
l'espèce semble limitée dans nos régions", conclut-il dans un premier temps.
De toutes les couleurs
Le jeune chercheur a donc voulu savoir si les caractéristiques des graines ont une influence sur le
développement ultérieur des plantes. Les graines d'Ambroisie sont, en effet, d'une très grande
variabilité, tant en ce qui concerne leur taille que leur masse, leur couleur, leur densité, etc. Il paraissait donc
opportun de voir si ces caractéristiques ont un impact sur le développement des plantules et sur la viabilité de
la plante à long terme. Originalité de l'approche: alors que la plupart des recherches menées dans ce
domaine se limitent à la mesure de la masse des graines, William Ortmans s'est également intéressé
à l'aire (surface) de celles-ci. "J'ai travaillé sur 900 graines issues de 9 populations d'Ambroisie
différentes. Dans chaque population, j'ai sélectionné 10 plantes mères et j'ai récolté 10 graines par plante.
Après les avoir pesées, je les ai photographiées dans des conditions standardisées. Un logiciel m'a
permis de mesurer précisément la couleur de chaque graine et d'estimer l'aire de chacune à
partir de la mesure de la plus grande ellipse présente à la surface de celle-ci. Outre l'originalité de la
technique photographique, je voulais surtout éviter, en allant au-delà d'une simple mesure de la masse,
de passer à côté d'autres caractéristiques éventuellement décisives. Si je m'étais limité à la
masse, je n'aurais pas pu estimer, par exemple, la quantité de réserves nutritives réellement présentes
pour la future plantule".
Les graines ont ensuite été semées dans deux chambres de culture identiques, à l'exception des
conditions de température ambiante. L'une - la chambre chaude - était destinée à installer les conditions
de croissance idéales (simulant le sud de l'Europe), l'autre - la chambre froide - les conditions
suboptimales telles qu'on les trouve par exemple en Belgique. A l'âge de deux semaines, les
plantules ont été photographiées et leur surface foliaire a été estimée. Après deux mois, les 900 plantes
ont été coupées afin d'estimer leur biomasse aérienne. "La biomasse constitue un excellent indicateur
des performances de la plante, particulièrement la quantité de pollen et la quantité de graines produites.
J'ai par exemple constaté, sans surprise, que les graines semées en chambre froide étaient plus lentes
et moins nombreuses à germer. Mais ce qui m'intéressait surtout, c'était de comprendre si les
caractéristiques de la graine, à savoir la couleur, la taille, ou la masse, influençaient la croissance de la plantule,
qui est le stade où la plante est la plus vulnérable ".