vélisme de l’homme et la tragédie de l’indé-
pendance. Il lit l’histoire en général, celle de
l’Algérie en particulier, à travers la grille démo-
graphique : les colonies de peuplement sont in-
suffisamment peuplées. En revanche, grâce à la
France, la démographie arabe explose. Si la do-
mination anglaise s’explique aussi par le triple-
ment de sa population entre 1800 et 1900, l’ex-
plosion de la démographie arabe rendait
inéluctable le drame algérien. Zemmour n’ou-
blie pas la destinée romaine de la France, et
juge l’abandon à cette aune : « Avec l’indépen-
dance de l’Algérie, ce n’était ni un comptoir, ni
une colonie, mais un destin qui s’effaçait ». (5)
Et il n’élude pas l’échec du général. L’un des
motifs de l’indépendance fut d’éviter que Co-
lombey-les-deux-Églises ne devînt Colombey-
les-deux-mosquées. En 1960, De Gaulle confie
à Alain Peyrefitte : « Il ne faut pas se payer de
mots. C’est très bien qu’il y ait des Français
jaunes, des Français noirs, des Français bruns.
Ils montrent que la France est ouverte à toutes
les races et qu’elle a une vocation universelle.
Mais à condition qu’ils restent une petite mino-
rité. Sinon, la France ne serait plus la France.
Nous sommes quand même avant tout un peu-
ple européen de race blanche, de culture
grecque et latine et de religion chrétienne ». (6)
Et donc, conclut De Gaulle, « les musulmans
ne sont pas des Français ». Zemmour aime à
rappeler Marx : « L’homme fait l’histoire, mais
il ne sait pas l’histoire qu’il fait ». L’indépen-
dance a grossi les flux migratoires qu’elle était
censée éviter. Modèle d’hétérotélie et même, si
l’on osait ce néologisme, d’énantiotélie.
Avec l’avènement du « Commissaire », s’éva-
nouissent la volonté humaine et l’identité fran-
çaise. Le commissaire est sans visage, et Zem-
mour ne cite que Jean-Claude Trichet, devenu
gouverneur de la BCE et qui déclara dans sa
première conférence : « I’m not French ». Valéry
Giscard d’Estaing fut le « seul politique français
dans l’histoire du XXème siècle qui ait assumé
publiquement le déclin français ». (7)
À la place des chefs d’État qui n’ont plus le
pouvoir mais sont « aux responsabilités », mon-
tent en puissance les technocrates et les juristes.
Et ce pouvoir anonyme est incontesté : « l’Eu-
rope relève du sacré. Gauche et droite refusent
tout débat à ce sujet ». Les réticences ou les re-
fus d’un peuple sont escamotés. Zemmour a
des formules fortes : « diabolisation des fron-
tières ; l’euro, outil masochiste de torture pour
les industries françaises ». Et, pour une géogra-
phie devenue folle, « un Saint Empire américain
de nations germaniques ». (8)
Avec comme point d’ancrage Bruxelles :
« Un laboratoire. D’une Europe dont la capitale
est celle d’un empire sans État. Un rêve, un fan-
tasme, un aveu. Un laboratoire de la mondiali-
sation aussi ». (9) Bruxelles en Belgique, cette
Gallia Belgica qui était une des Gaules de Jules
César, que Zemmour aurait voulu réunir à la
Françe, à l’image de la réunification des deux
Allemagne.
Au-delà de l’homme qui n’est plus l’artisan
de l’histoire, « l’Europe subit une histoire
qu’elle n’écrit plus », (10) si bien qu’une « Eu-
rope réellement européenne ne pourrait naître
qu’en dehors et contre l’Union européenne ».
(11) La mondialisation est une revanche du no-
madisme sur la sédentarité, selon le songe de
Jacques Attali qui rêve d’un gouvernement
mondial, et de l’avènement d’un monde no-
made et déraciné.
Le dernier chapitre de Mélancolie française
se focalise sur le drame de l’immigration.
Comme il a comparé Sarkozy réintégrant
l’OTAN aux figures du XIXème siècle – « Louis-
Philippe l’emportait sur Napoléon et Talleyrand
Classement : 2Gf23 • 02/ 2017
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