Sujet de thèse EVA- POLYGONE 2
pas affecté mais la qualité protéique et/ou lipidique de la graine sont significativement altérées (Dubousset et
al. 2010 ; D’Hooghe et al. 2014). Par ailleurs, des travaux récents de protéomique ont mis en évidence que les
graines issues de plantes carencées en S depuis le début de montaison ou de la floraison présentent une faible
accumulation de caléosines, protéines impliquées dans la stabilité de la structure des corps lipidiques
(D’Hooghe et al. 2014). Etant donné que la composition en protéines de structure des corps lipidiques affecte
le rendement d’extraction en huile (Jolivet et al. 2013), une limitation en S peut aussi affecter les performances
en termes de potentialité de pressage. Par ailleurs, quel que soit le stade où survient la carence en S, les graines
présentent une perte de tout ou partie de leurs capacités à maintenir l’état redox, ce qui pourrait expliquer la
réduction de viabilité des graines, de vigueur germinative, d’aptitude à la conservation post-récolte et au final
réduire le rendement d’extraction en huile et/ou la qualité des acides gras et des protéines.
Ces résultats confirment (1) l’importance de l’alimentation en S sur l’élaboration de la qualité des graines de
colza et (2) l'intérêt de prendre en compte les interactions nutritionnelles S x N afin d'améliorer l’efficience
d’utilisation de ces 2 éléments tout en préservant voire en augmentant la qualité grainière. Ils mettent
également en évidence l’importance de raisonner les apports en fertilisants S en fonction des apports en N afin
d’optimiser le triptyque « bilan agro-environnemental, rendement et qualité des graines récoltées ».
Les effets du niveau de disponibilité en S et N minéral sur le rendement et la qualité de graines n’étant
quasiment jamais étudiés de manière conjointe, les connaissances fondamentales concernant l’impact des
interactions S x N sur la qualité des graines de colza restent très pauvres à ce jour. Dans ce contexte le premier
objectif de ce volet sera donc de caractériser l'état physiologique, biochimique et moléculaire de deux
génotypes de colza à efficiences d’usage de soufre contrastées face à une limitation en sulfate et/ou nitrate.
Cette tâche sera réalisée sur la plate-forme de phénotypage de l'INRA de Dijon (4PMI). Différentes modalités
d’apports d'engrais (dose et fractionnement) seront testées sur la base de pratiques conventionnelles ou
novatrices telles qu'une fertilisation S appliquée après la floraison. L’expérimentation sera réalisée grâce à un
double marquage 15N / 34S afin de cibler les phases du cycle de développement du colza les plus sensibles à une
limitation en S et/ou en N et celles ayant une forte incidence sur la qualité de l'huile et des protéines des graines.
D’autre part, le recours à des méthodologies de phénotypage haut-débit novatrices (analyseur XRF haute
performance) de la réponse de la plante à des modalités de fertilisation S et N variées, devrait permettre
d’étudier plus finement ces interactions S x N et de mieux comprendre leurs effets sur la qualité.
Le deuxième objectif sera d’étudier l'impact de différents niveaux de sulfate et de nitrate sur la qualité des
graines. Cette étude sera effectuée sur les semences produites par les plantes soumises à divers niveau de
fertilisation S et N en serre ou au champ ainsi que sur des siliques cultivées dans des conditions in-vitro. Pour
vérifier si l'état soufré des graines issues de plantes ayant été limitées en S peut affecter sa capacité de
conservation post-récolte et peut avoir un impact sur le rendement d’extraction en huile, des tests de viabilité
des semences et de conservation (cohérentes avec les recommandations de l’ISTA1