– des déficiences intellectuelles plus ou moins sévères,
– des déficiences physiques,
– des troubles psychopathologiques plus ou moins sévères (du caractériel au psychotique), des
comportements délinquants,
– des dangers réels ou présumés de nature psychologique, physique, sanitaire ou éducatif.
Sans prétendre ni à l’exhaustivité ni à une hiérarchisation des préoccupations dont sont l’objet ces
enfants, on note la volonté de les réadapter, de les éduquer, de les corriger, de les soustraire à
l’influence du milieu, de les distraire ou de les occuper. C’est à la rencontre de ces préoccupations et
de ces publics que sont créées de nombreuses associations visant, d’une part, à mettre en place et à
gérer les structures d’accueil de ces enfants et adolescents et, d’autre part, à former les intervenants qui
prenaient en charge les personnes qu’elles accueillaient. De nombreuses écoles de formation
d’éducateurs ont ainsi vu le jour. Mais c’est le ministère de la justice qui fut le premier à organiser la
formation des intervenants sociaux en créant dès 1945 le diplôme d’état de l’éducation surveillée.
C’est le début de ce l’on a appelé les métiers de l’éducation spécialisée. Les diplômes vont se succéder
en 1959, ce sera celui de jardinière d’enfant et en 1967 celui d’éducateur spécialisé. Bien qu’il soit
difficile de donner des dates charnières, les années 1967-1971 semblent par le nombre de diplômes qui
sont créés constituer un moment important dans la naissance et l’institutionnalisation de ce que l’on
commence à appeler communément le travail social4. En 1969 sont créés les diplôme de : délégué à la
tutelle, conseiller en économie sociale et familiale (il se substitue au diplôme de monitrice
d’enseignement ménager) auxquels on peut ajouter : le brevet d’aptitude à l’animation socio-éducative
et le certificat d’aptitude professionnelle à l’animation socio-éducative. Ils seront suivis en 1971 par le
certificat aux fonctions de moniteur éducateur, en 1972 celui d’aide médico-psychologique, en 1973
par le diplôme d’état de jardinière d’enfants, en 1976 le certificat d’aptitude aux fonctions d’éducateur
technique spécialisé ; et 1979 le diplôme d’état aux fonctions d’animation. Même si il est difficile
d’évaluer le nombre de travailleurs sociaux, l’étude des recensements de la population française entre
1954 et 1990 montre qu’entre ces deux dates le nombre de travailleurs qu’il est possible d’agglomérer
à la rubrique travail social a été multiplié par 16 mais qu’une bonne part de cette augmentation est due
à l’émergence de métier du social qui n’existait pas quelques années auparavant.
Population active ayant un emploi par profession de 1954 à 1990
Année de délivrance du diplôme
1954 1962 1968 1975 1982 1990
Assistant de service social 18 480 19 880 30 980 31 040 31 264 36 624
Éducateur spécialisé ………54 920 80 460 97 329
Animateur ………13 960 34 540 52 326
Conseiller conjugal … … … … 4 248 5 381
Aide maternelle 3 280 7 780 13 980 38 540 … …
Employés de garderie d’enfants (*) 6 060 28 920 49 640 61 300 … …
Assistante maternelle (**) … … … … 188 244 261 444
Total 27 820 56 580 94 600 199 760 338 756 453 104
Sources : Les recensements de la population de 1954, 1962, 1968, 1975, 1982, 1990.
(*) Cet effectif est composite, il comprend dans les nomenclatures de l’INSEE d’autres catégories que celle désignée
explicitement par l’intitulé de cette rubrique.
(**) Cette rubrique n’est apparue qu’avec le recensement de 1982, elle se substitue à celles d’employés de garderie
d’enfant et d’aide maternelle.
4. L’origine de l’emploi de ce terme reste l’objet de discussion entre spécialistes de l’histoire des professions sociales.
Certains comme Ion et Tricart rappellent que le terme est utilisé dès 1922 par une association de travailleuses sociales qui
fut remplacée par une fédération des travailleurs sociaux en 1950. Verdès-Leroux situe quant à elle l’apparition du terme
dans les années 1960. Pour autant de nombreux auteurs comme Bachmann et Simonin doutent de la pertinence de ce terme
pour désigner un ensemble de professions qui se sont développées avec des logiques spécifiques et de manière non linéaire.
À l’inverse Ion et Tricart insistent sur le fait qu’il s’agit de métiers différents mais qui se reconnaissent dans un mode
d’inter-vention qui leur serait pour une grande part commun. Ion J., Tricart J.-P., Les travailleurs sociaux, La découverte,
Paris, 1992. Verdès-Leroux J., Le travail social, Édition de Minuit, Paris, 1978. Bachmann C., Simonin J., Changer au
quotidien, Études vivantes, Paris, 1982.