4. En dessous des données numériques : les mesures prédictives sont basées sur les
comportements réels et non sur les déclarations.
Chacun de ces types de calcul correspond à un type de besoin, présente des avantages et des
inconvénients et emporte avec lui des effets sociaux et politiques particuliers.
Famille 1 - A côté du web : l’imprécise popularité des clics
La fréquentation des sites a d’abord été mesurée par le nombre de clics. Il y a une parenté
avec le processus démocratique : 1 clic = 1 vote = 1 opinion =1 citoyen.
L’audience des sites web sert essentiellement aux acteurs de la publicité et est mesurée de
plusieurs façons :
1. User centric (centrées sur l’utilisateur) : un panel représentatif est suivi et les
campagnes de publicité sont pensées en fonction de ses préférences exprimées. On
connaît les profils mais mal les comportements.
2. Site centric centrées sur le site) : les webmestres mesurent la fréquentation réelle du
site. Mais la fréquentation des sites peut être manipulée. On constate les
comportements mais les profils restent mal connus.
3. Cookie centric : le cookie est un fichier informatique déposé sur le site consulté par
l’ordinateur de l’Internaute. C’est le cheval de Troie des publicitaires.
Quel que soit le mode de calcul, la mesure d’audience porte uniquement sur la fréquentation
et non pas sur les actes : achats, votes, etc.
Famille 2 - Au-dessus du web : l’autorité des méritants
Pour donner une image qualitative de la visibilité sur Internet, Google (et Page Rank son
algorithme) enregistre les échanges entre internautes sans les influencer. C’est le nombre de
références croisées qui fait l’autorité d’un site. C’est un principe inhérent aux communautés
scientifiques : la reconnaissance par les pairs. La méritocratie élitiste remplace la
démocratie. Deux reproches récurrents sont adressés à ce système :
1. La centralisation : les sites les plus visibles reçoivent le plus de clics. La mesure de
l’autorité se dégrade en mesure de la popularité.
2. L’effet censitaire : font autorité les internautes les plus actifs qui produisent des liens
hypertextes. Cela exclut certaines voix de l’Internet, notamment celles des réseaux
sociaux (jeunes, peu éduqués, classes populaires).
« La voix de ces nouveaux internautes actifs peut difficilement être ignorée des
classements.4 »
Famille 3 - A l’intérieur du web : la fabrique de la réputation
Ce sont les internautes qui se mesurent eux-mêmes les uns les autres, en répertoriant les
approbations. La réputation débouche sur l’influence quand elle atteint un seuil de
« suiveurs » (followers). Toutefois, ce modèle de mesure a plusieurs limites :
• l’influence peut être fabriquée par des stratégies marketing
• les notes sont peu discriminantes et défient l’interprétation car la signification des
notes ou des approbations n’est pas standardisée
• il y a un décalage entre les contenus explicites d’approbations et les choix réels. Par
exemple, les notes les plus hautes sont données à des contenus valorisés socialement
mais les achats se portent vers les contenus populaires (films d’auteurs vs.
Blockbusters sur Netflix)
4 P. 29.