valeur » qui est le plus souvent assimilée au prix de marché, autrement dit déterminée par des
préoccupations de très court terme.
Cette notion est donc utilisée pour établir les comptes de nos entreprises et nos banques. Une
norme spécifique sur la juste valeur vient d’être adoptée par l’UE sans véritable débat
conceptuel alors que certains États membres, comme la France, ont été et demeurent réservés
sur cette notion sauf lorsqu’elle s’applique uniquement aux activités de trading.
En postulant que les prix de marché sont égaux aux valeurs fondamentales ou aux justes prix
des actifs, l’HEM est contredite par les faits, en particulier les crises et bulles financières, les
biais comportementaux à l’origine d’une déconnexion entre valeur fondamentale et prix. Les
crises financières montrent que l’efficience des marchés n’existe pas en tout lieu et à toute
heure. Elle est également mise en défaut lorsque les acteurs de marché s’asservissent à des
indices ou à des programmes automatiques d’arbitrage, fondent leurs anticipations
rationnelles sur des attitudes mimétiques ou autoréférentielles, et sont en nombre insuffisant,
ce qui conduit à des prix déterminés par des contraintes de liquidité.
Mieux représenter l'Europe au sein de l'IASB obnubilé par la convergence avec les
États-Unis
Dominées par les préoccupations des marchés financiers les normes internationales ne
prennent quasiment pas en compte les préoccupations environnementales et sociales. Jusqu’à
récemment l’IASB était obnubilé par la nécessaire convergence avec les États-Unis. Le
paradoxe est que ceux-ci ont reporté sine die l’adoption des IFRS sur leur territoire, mais que
dans l’élaboration de celles-ci des Américains sont membres de toutes les instances de
l’IASB, alors que l’UE n’y est pas représentée à parité. En tant que « premier client » de
l’IASB elle devrait l’être même davantage.
La situation actuelle est propice aux interrogations sur la légitimité et la gouvernance de
l’IASB et offre l’opportunité à l’UE d’aller plus loin dans le sens d’une souveraineté affirmée
en matière de normalisation comptable et financière. La constitution d’un véritable organisme
de normalisation comptable européen est susceptible de faire évoluer les IFRS vers une plus
grande prise en compte des préoccupations environnementales et sociales et des spécificités
des économies européennes. A ces conditions, les IFRS pourraient rester le référentiel utilisé
dans l’UE.
Mais l’Europe a-t-elle aujourd’hui la volonté de faire, dans un contexte nouveau, ce qu’elle
n’a pas pu ou su faire dans les années 1990 ? Les responsables politiques ne peuvent
continuer de se plaindre de la dictature des marchés financiers s’ils n’agissent pas
concrètement pour reprendre la main sur la finance.