Mini-revue
Tableau 3. Critères de consultation d’oncogénétique à la
recherche de mutation des gènes MMR (spectre étroit : côlon,
rectum, endomètre, intestin grêle, vessie et voies urinaires ;
spectre large : ovaire, voies biliaires, estomac).
3 cas
3 cancers colorectaux, un apparenté au 1er degré avec les
2 autres, sur 2 générations, dont un <50 ans
3 cancers spectre étroit, un apparenté au 1er degré avec les
2 autres, sur 2 générations, dont un <50 ans
3 cancers spectre chez apparentés au 1er ou 2edegré
2 cas
2 cancers spectre chez apparentés au 1er degré, dont un
<50 ans
1 seul cas mais :
-cancer colorectal <50 ans
-cancer colorectal avec histologie évocatrice <60 ans
-2 cancers du spectre (synchrones ou métachrones)
mie, qui sont évocatrices de cette pathologie génétique. La
seconde étape conduite sur l’ADN lymphocytaire consiste
en la recherche de mutations des gènes MMR.
Les patients déjà atteints de la famille de préférence ou,
en cas d’impossibilité, les personnes à risque non atteintes
doivent être adressées en consultation d’oncogénétique.
Dans le cadre du premier plan cancer, l’Institut national
du cancer a promu le développement de ces consulta-
tions spécifiques qui maillent le territoire national. Les
coordonnées sont disponibles sur le site de l’INCa (www.e-
cancer.fr), qui coordonne et soutient financièrement cette
activité depuis 2002 dans le cadre du plan cancer [16].
La consultation comporte un temps d’information, la
signature d’un consentement éclairé, un entretien avec un
psychologue. Dans le cadre d’un dépistage chez un sujet
sain (dépistage présymptomatique), un délai de réflexion
est également proposé avant la réalisation du prélèvement.
Ce dispositif a pour objectif de permettre à la personne tes-
tée d’anticiper l’impact de l’annonce d’un résultat positif,
mais aussi négatif.
Le prélèvement de sang périphérique permettra
l’analyse de l’ADN lymphocytaire. La recherche de muta-
tions ponctuelles comporte une étape de screening basée
sur la technique de denaturing high performance liquid
chromatography (DHPLC), qui permet de dépister en cas
de mutation des anomalies d’appariement des fragments
de gènes amplifiés. Cette étape peut être complétée par
un séquenc¸age direct permettant d’identifier la mutation
chez un cas index. La recherche de grands réarrange-
ments utilise les techniques de quantitative multiplex
PCR of short fluorescent fragments (QMPSF) ou multiplex
ligation-dependent probe amplification (MLPA) et elle est
systématiquement associée en cas de normalité de la pre-
mière étape.
Stratégie de surveillance
et de prise en charge
La surveillance et la prise en charge des personnes à
haut risque génétique de cancer nécessitent la réalisation
d’examens parfois lourds et complexes, annuellement, et
ce de manière prolongée toute la vie. Pendant une partie
de cette surveillance au moins, ces personnes ne sont pas
malades, ont une activité professionnelle et souhaitent que
cette surveillance ait un impact aussi faible que possible
sur leur vie.
Cette prise en charge est donc en cours de structura-
tion au niveau national. Des centres pluridisciplinaires de
prise en charge du haut risque de cancer lié aux muta-
tions de BRCA1 ou BRCA2 (six centres pilotes en France)
ou au syndrome de Lynch et apparentés (un centre pilote
en France) ont été mis en place avec le soutien de l’INCa
dans le cadre d’un appel à projet en 2009. La prochaine
étape consistera à partir de 2012 en la généralisation de
cette prise en charge en France. Le suivi de l’activité de
ces centres pilotes a mis en évidence un certain nombre
de points critiques : mise en place de logiciels permet-
tant le rappel systématique des personnes si besoin, utilité
d’un guichet unique d’organisation des consultations et
examens, nécessité de définir des modalités de collabora-
tion avec les professionnels de ville notamment sur le plan
financier. En effet, l’analyse génétique initiale est prise en
charge à 100 % par des fonds spécifiques du plan can-
cer. En revanche, tant que les personnes sont indemnes de
cancer, leur prise en charge est couverte comme tout soin
à 65 %, ce qui peut laisser une somme non négligeable à
la charge de ces personnes.
Les modalités de prise en charge globale des personnes
porteuses de mutations de BRCA1 ou BRCA2 et des gènes
MMR ont été définies par l’INCa [17, 18] et sont rappelées
dans les tableaux 4 et 5. Seuls seront détaillés ici les points
spécifiques au risque ovarien.
La principale caractéristique du risque de cancer de
l’ovaire dans ce contexte est la faiblesse des outils de
dépistage [19]. La seule prise en charge efficace repose
donc sur la chirurgie prophylactique.
Cette solution est fortement recommandée par
l’équipe médicale à la personne à risque dûment infor-
mée. Les points motivant cette attitude sont le haut risque
de survenue de ce cancer, évoqué plus haut, le pronostic
de cette maladie au stade où nous savons la dépister, et
donc surtout les très faibles moyens de dépistage précoce
dont nous disposons actuellement (par opposition par
exemple au cancer du sein). Dans le cas des mutations des
gènes BRCA1 et BRCA2, l’annexectomie prophylactique
réalisée avant la ménopause apporte le bénéfice complé-
mentaire de réduire de 50 % le risque de cancer du
sein [20].
6mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 14, suppl´
ement 1, septembre 2012
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