CAMEROUN La première apparition de l’expression ÉIE dans la réglementation camerounaise 1 figure au décret no 84-797 du 17 juillet 1984 organisant le Ministère du plan et de l’administration territoriale de l’époque. En effet, le premier alinéa de l’article 53 confie explicitement à la Sous-direction des établissements humains et de l’environnement la responsabilité de dresser un état de l’environnement à travers le pays et de conduire les ÉIE pour les projets de développement. Aucune précision n’est cependant donnée ni dans ce décret ni à sa suite en ce qui a trait aux projets concernés ou encore aux modalités de la conduite de ces études. C’est la loi 94/001 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche qui, pour la première fois au Cameroun, prescrit explicitement l’évaluation environnementale pour tout projet de développement susceptible d’entraîner des perturbations en milieu forestier ou aquatique. Depuis lors et à côté de plusieurs autres lois et règlementations sectoriels, la loi no96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement est venue prescrire plus généralement le recours à une ÉIE pour tout projet susceptible de porter atteinte à l’environnement. En règle générale, l’EIE est au frais du promoteur du projet et doit se faire avec la participation du public. La loi environnementale est opérationnalisée et précisée par plusieurs dispositions réglementaires dont : • Le décret no 2005/0577/PM du 23 février 2005 fixant les modalités de réalisation d’une ÉIE qui entre autres donne les montants des frais administratifs à défrayer pour la validation des termes de références et des rapports d’ÉIE. • L’arrêté no 0069/MINEP du 08 mars 2005 fixant les différentes catégories d’opérations dont la réalisation est soumise à une étude d’impact détaillée ou sommaire. Cet arrêté donne un délai de 36 mois aux promoteurs de projets assujettis, mais qui étaient déjà mis en œuvre au moment de sa signature, pour se conformer à la réglementation en procédant à des audits environnementaux dans des conditions définies ; • L’arrêté no 0001/MINEP du 03 février 2008 définissant le contenu général des TdR des EIE; • L’arrêté no 0004/MINEP du 05 juillet 2007 fixant les conditions d’agrément des bureaux d’études à la réalisation des ÉIE et audits environnementaux dont il ressort que, depuis janvier 2009, seuls les bureaux d’études nationaux agréés par la Ministère en charge de l’environnement sont autorisés à conduire des ÉIE au Cameroun. Par ailleurs, les bureaux d’études étrangers devant conduire des ÉIE sont tenus de travailler en partenariat avec les bureaux nationaux dans l’accomplissement de leur mandat. Ces dispositions règlementaires sont complétées par un guide général et quelques guides sectoriels de réalisation de l’évaluation environnementale. 1 Les auteurs remercient Dieudonné Bitondo, professionnel camerounais de l’ÉIE et chef du département d’Hygiène-sécurité et sûreté industrielle de la faculté de Génie industriel de l’Université de Douala. Sur le plan institutionnel, le système camerounais d’ÉIE repose au premier plan sur le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP) mis sur pied en 2005. Celui-ci comprend entre autres une Sous-direction de la planification environnementale dont l’une des attributions est de s’assurer de l’intégration des considérations environnementales dans les plans et programmes de développement et une Sous-direction des évaluations environnementales, composée de trois services : un service des études d’impact environnemental ; un service des audits environnementaux et un service des plans de gestion environnementale. Le relais du MINEP au niveau régional est assuré par les Délégations régionales. De même, les ministères et les structures dont les activités sont à forte implication environnementale de même que les collectivités territoriales décentralisées doivent se doter d’unités environnementales chargées de veiller à l’internalisation des aspects environnementaux. Le ministère en charge de l’environnement est assisté dans la gestion du processus d’évaluation environnementale par le Comité Interministériel de l’Environnement (CIE, prévu par l’art. 10 alinéa 2 de la loi-cadre sur l’environnement) créé par Décret no 2001/718/PM du 3 septembre 2001. En particulier, le CIE veille au respect et à la prise en compte des considérations environnementales, notamment dans la conception et la mise en œuvre des plans et programmes économiques, énergétiques et fonciers et émet un avis sur toute étude d’impact sur l’environnement. Il importe de relever que même si la prescription de l’évaluation environnementale stratégique n’est pas explicite, les attributions de la Sous-direction de la planification environnementale du ministère en charge de l’environnement et du CIE y font allusion de manière explicite. En pratique, depuis le décret de février 2005 fixant les modalités de réalisation d’une ÉIE, le nombre d’évaluations environnementales réalisées va croissant. L’Assemblée générale de l’Association Camerounaise pour l’Évaluation Environnementale (ACAMEE) sous le thème : « Évaluation environnementale : Analyse critique et perspectives » a identifié un certain nombre de défis à relever au rang desquels : l’amélioration du cadre juridique et institutionnel; le renforcement des capacités des acteurs (administration y compris le Comité interministériel de l’environnement, les bureaux d’études, les promoteurs, le public) ; l’efficacité de la participation publique ; le suivi de la mise en œuvre effective des plans de gestion de l’environnement issue de ces études.; le respect de l’éthique et de la déontologie professionnelles. Principaux liens Ministère de l’Environnement et de la Protection de la nature Plusieurs textes législatifs et règlementaires Tapez Cameroun EIA Secrétariat pour l’évaluation environnementale en Afrique centrale Cliquez Cameroun