Se souvenir pour mieux vieillir

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Synthèse
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2013 ; 11 (1) : 82-6
Se souvenir pour mieux vieillir
Remembering for the benefit of aging
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Nicole Caza
Centre de recherche, Institut
universitaire de gériatrie de Montréal,
Québec, Canada ; Département de
psychologie, Université de Montréal,
Québec, Canada
<[email protected]>
Tirés à part :
N. Caza
Résumé. La mémoire est souvent associée de façon négative au vieillissement. Cette perception est en partie issue des travaux de recherche ainsi que des plaintes subjectives
des personnes vieillissantes qui se sont principalement attardées sur les niveaux de performances mnésiques. Plus récemment, un nombre grandissant de chercheurs et cliniciens
s’est davantage intéressé aux rôles que jouent les souvenirs chez la personne âgée.
Cette synthèse a pour but de faire connaître les différentes fonctions des réminiscences
et leurs valeurs adaptatives dans le vieillissement. Trois méthodes narratives impliquant
l’évocation de souvenirs personnels sont présentées (l’examen de vie, la réminiscence et
l’autobiographie dirigée) et mises en lien avec les théories actuelles de la mémoire et du
développement psychologique. En dernière partie, une brève revue critique de l’efficacité
des méthodes narratives pour la santé psychologique des personnes âgées et celles
atteintes de démence est présentée.
Mots clés : mémoire autobiographique, vieillissement, démence, médecine narrative
Abstract. Memory is most often negatively associated with aging. This perception partially
arises from the research literature as well as from subjective complaints by older adults,
which have mainly focused on performance levels. More recently, however, there is a growing number of researchers and clinicians interested in the role of reminiscing in older
adults. The goal of this synthesis is to introduce the reader to the different functions of
reminiscence and their adaptive values in aging. Three narrative methods based on personal memories are presented (life review, reminiscence therapy guided autobiography) in
the context of current theories of memory and developmental psychology. A brief review
of empirical data regarding the efficiency of narrative methods in the well being of healthy
older adults and individuals with dementia is presented.
Key words: autobiographical memory, aging, dementia, narrative medicine
U
82
comprend aussi les connaissances sémantiques par rapport à soi [6, 7]. Par exemple, l’adresse de mon ami Pierre
ou la date de mon anniversaire.
Il apparaît évident que d’importants progrès ont été
réalisés, tant au niveau de la recherche que de la pratique clinique, par une connaissance accrue des systèmes
et processus responsables de la mémorisation et de la
façon de les évaluer. Toutefois un nombre limité d’études
vise à comprendre les fonctions des réminiscences pour
l’être humain, et plus particulièrement pour les personnes
âgées. Au-delà de la performance, il semble que les souvenirs épisodiques jouent un rôle cardinal, non seulement
dans la construction et le maintien de l’identité, mais aussi
au niveau de la santé et du bien-être psychologiques des
individus.
Pourquoi nous souvenons-nous ?
C’est le gériatre américain, Robert Butler [8], qui a donné
à la réminiscence ses lettres de noblesse. Il avait observé
Pour citer cet article : Caza N. Se souvenir pour mieux vieillir. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2013; 11(1) :82-6 doi:10.1684/pnv.2013.0388
doi:10.1684/pnv.2013.0388
n nombre important de personnes s’inquiète de
leur mémoire en vieillissant [1]. La recherche
indique qu’en effet certaines mémoires, et notamment la mémoire épisodique, sont fragilisées par les
processus du vieillissement normal et sont clairement
touchées par certaines maladies telles que la maladie
d’Alzheimer [2, 3]. Dans son acception originale, la mémoire
épisodique est définie comme la mémoire des souvenirs ou
évènements autobiographiques en lien avec un contexte
spatio-temporel particulier [4]. Par exemple, un repas festif
chez l’ami Pierre pour fêter mon anniversaire, samedi soir
dernier. Plus récemment, Tulving [5] a défini la mémoire épisodique par trois concepts : 1) le temps subjectif qui donne
la possibilité de voyager mentalement du passé vers le futur,
2) la conscience autonoétique qui permet de traiter consciemment les informations relatives à soi et 3) éprouver
le soi, un état momentané qui permet de construire une
identité sur la base de nos souvenirs et de se comporter
selon les valeurs et les croyances propres à cette identité. D’autres auteurs distinguent la mémoire épisodique
de la mémoire autobiographique puisque cette dernière
Se souvenir pour mieux vieillir
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cette tendance des personnes âgées à évoquer des souvenirs personnels. En opposition à la notion répandue à
l’époque, voulant que le fait d’évoquer des souvenirs soit un
signe de sénilité, Butler propose plutôt que la réminiscence
soit un acte naturel et universel faisant partie intégrante
du développement psychologique. Plus récemment, des
chercheurs canadiens ont tenté de mieux comprendre les
fonctions des réminiscences en proposant une évaluation
empirique et une modélisation des concepts sous-jacents
à la réminiscence.
Les fonctions des réminiscences
Quoique peu nombreux, différents auteurs ont tenté
d’identifier et de catégoriser les nombreux rôles des souvenirs, soit chez les jeunes adultes, soit chez les personnes
âgées (pour une revue voir [9-11]). Jeffrey Webster [12, 13]
est parmi les premiers auteurs à évaluer les fonctions des
réminiscences auprès de personnes âgées de 17 à 91 ans,
couvrant ainsi toute la durée de la vie adulte. À l’origine, il
avait demandé à des participants de donner deux raisons
pour lesquelles ils évoquaient des souvenirs personnels et
deux raisons pour lesquelles ils croyaient que les autres
personnes évoquaient des souvenirs personnels. Ses travaux ont permis la création de l’Échelle des fonctions des
réminiscences (Reminiscence function scale). Cette échelle
est composée de 43 raisons pour lesquelles il est possible
d’évoquer des souvenirs. La personne doit évaluer, sur une
échelle de Likert en 6 points, la fréquence avec laquelle elle
évoque des souvenirs pour une raison donnée. Par exemple,
« Je me rappelle mon passé pour transmettre à d’autres
personnes le savoir que j’ai acquis lorsque j’évoque des
souvenirs » [14]. Plusieurs analyses factorielles des 43 items
(totalisant environ 2 000 participants) ont permis d’identifier
huit fonctions distinctes : identité, résolution de problème,
instruire/informer, conversation, regain d’amertume, réduction de l’ennui, préparation à la mort et maintien de l’intimité
[12, 13, 15]. Ce questionnaire auto-administré peut être
complété en 35 minutes approximativement et constitue un
outil validé en français pouvant être utilisé dans la recherche
sur les fonctions des réminiscences [14].
Valeurs adaptatives des réminiscences
Cappeliez et O’Rourke [16] se sont intéressés aux
valeurs adaptatives des réminiscences plus tard dans la
vie. Plus particulièrement, ils ont examiné les liens entre
les huit fonctions des réminiscences telles que distinguées
ci-dessus [12, 13] et le bien-être psychologique et physique des personnes âgées. Ces chercheurs proposent
un modèle regroupant les réminiscences en trois suprafonctions : les fonctions positives du soi (identité, résolution
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 11, n ◦ 1, mars 2013
de problème et préparation à la mort), les fonctions négatives du soi (regain d’amertume, réduction de l’ennui et
maintien de l’intimité) et les fonctions pro-sociales (instruire/informer et conversation). Deux études évaluant le
bien-être physique et psychologique (incluant l’état de santé
général, la satisfaction de vie, la dépression et l’anxiété)
révèlent que les fonctions positives du soi sont associées
de façon directe et positive au bien-être des personnes
âgées [16, 17]. De même, une association directe et négative entre les fonctions négatives du soi et le bien-être
psychologique a été observée. Même si aucune association
directe n’a été démontrée entre les fonctions prosociales
et le bien-être psychologique, celles-ci semblent avoir un
effet indirect via les fonctions positives et négatives du soi.
En résumé, ces données suggèrent que les souvenirs liés
aux conflits non résolus et aux regrets affectent négativement les individus plus tard dans la vie, alors que l’évocation
de souvenirs personnels permettant de donner un sens à sa
vie et de mettre en valeur ses capacités à résoudre des problèmes, a un impact positif sur le bien-être des personnes
âgées.
Il n’est pas étonnant que différentes pratiques de la
réminiscence aient été utilisées dans les milieux cliniques
œuvrant auprès de populations âgées. Ces méthodes narratives sont généralement en résonance avec plusieurs
connaissances théoriques de la mémoire et du développement psychologique. Toutefois, ce n’est que tout
récemment qu’elles ont fait l’objet de recherche pour en
évaluer l’efficacité en lien avec les différents aspects psychologiques de la santé des personnes âgées.
Les méthodes narratives
L’examen de vie
Selon Butler [8], les fonctions des réminiscences chez
les personnes âgées cadrent bien avec le stade final du
modèle de développement psychosocial proposé par Érik
Erikson [18]. Ce modèle, qui s’échelonne sur toute la
vie, comprend huit stades dont le dernier est celui de la
rétrospection associée à la vieillesse. Selon que le bilan
de vie mène à la conclusion d’une vie bien remplie ou
plutôt inachevée, un sentiment d’intégrité ou de désespoir s’en suit. En lien avec la notion de rétrospection du
modèle d’Erikson, cette méthode narrative invite la personne âgée à procéder à un examen de vie afin de revoir
et d’évaluer les accomplissements et évènements marquants. L’examen de vie, préconisé par Butler et rendu
populaire par d’autres [19], inclut les souvenirs à la fois
positifs et négatifs qui couvrent toute la durée de vie. Par
83
N. Caza
conséquent, cette méthode est habituellement pratiquée
sur une base individuelle avec l’aide d’un professionnel
de la santé capable de gérer les conséquences psychologiques d’un bilan de vie négatif. L’examen de vie suppose
des capacités d’introspection et de métacognition préservées, et conséquemment, pourrait être moins indiqué
chez les personnes atteintes de démence aux stades plus
avancés.
« dirigée » renvoie au fait que le participant doive mettre son
histoire par écrit en lien avec des thèmes universels qui lui
sont proposés (par exemple, les points tournants de sa vie,
la famille, les buts et aspirations). Selon cette méthode, le
fait de partager certains souvenirs avec un groupe permet
d’obtenir une rétroaction et de découvrir des liens et de nouvelles significations à sa vie qu’une réflexion individuelle ne
pourrait offrir. La présence d’un groupe permet aussi de se
sentir écouté et valorisé par l’autre.
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La réminiscence
L’activité structurée de réminiscence consiste à évoquer des souvenirs anciens et agréables, généralement à
l’intérieur d’un groupe, mais peut se pratiquer en individuel
[20]. Cette méthode narrative peut être utilisée chez les personnes atteintes de démence [21] puisque l’évocation de
souvenirs anciens est tout à fait compatible avec la proposition de Théodule Ribot, fondateur de la psychologie
française. En 1881, ce dernier a énoncé la loi de régression de la mémoire, appelée ultérieurement « loi de Ribot »,
selon laquelle la dissolution de la mémoire observée dans
l’amnésie suit une règle du nouveau au plus ancien. Lors
de l’activité de réminiscence, des accessoires sont utilisés pour favoriser la récupération des souvenirs lointains
en mémoire, tels que des photographies personnelles, des
objets significatifs et de la musique préférée. En lien avec
la recherche montrant que la reconnaissance (choix de
réponses) est généralement plus facile que le rappel libre,
les accessoires fournissent des indices mnésiques favorisant la récupération des souvenirs lointains. Des mises en
situation permettant de recréer des scènes du passé (par
exemple, le jour du mariage) à l’aide de costumes peuvent
aussi être proposées, sollicitant la mémoire des gestes ou
« mémoire procédurale » qui résiste mieux que d’autres
mémoires aux effets délétères du vieillissement pathologique. La récupération des souvenirs est ainsi favorisée par
des activités qui font appel à toutes les modalités sensorielles (par exemple, toucher du velours, sentir de la menthe,
etc.). Enfin, des thèmes (par exemple, les jours d’école)
sont souvent utilisés afin de faciliter la récupération des souvenirs et s’inspirent ainsi de l’effet d’amorçage bien connu
en mémoire où la présentation préalable de l’amorce (par
exemple, le mot « médecin ») facilite la reconnaissance de
la cible (par exemple, le mot « infirmière »).
L’autobiographie dirigée
L’autobiographie dirigée est issue de l’expérience clinique et a été formalisée par le psychologue James Birren,
un des fondateurs du domaine de la gérontologie. Cette
autre méthode narrative consiste à raconter des évènements personnels à l’intérieur d’un groupe [22]. Le terme
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Revue critique des méthodes
narratives
Depuis les dix dernières années, un nombre croissant
de chercheurs a tenté de mesurer l’efficacité des réminiscences sur la santé psychologique et sur la qualité de
vie des personnes âgées. Ces études ont globalement
porté sur deux populations cibles : les personnes âgées
« saines » vivant dans la communauté, et celles atteintes de
démence.
Réminiscences chez les personnes âgées
saines
Plusieurs méta-analyses ont été réalisées afin de
mesurer (par la taille d’effet statistique) l’efficacité des réminiscences sur le bien-être psychologique et les symptômes
dépressifs des personnes âgées [23-29]. La majorité de
ces études inclut des personnes âgées autonomes, vivant
dans la communauté et saines en ce sens où elles n’ont
pas été diagnostiquées comme présentant une démence (il
est donc impossible d’exclure totalement le trouble cognitif
léger dans ces cohortes). Bohlmeijer et al. [27] ont montré
un effet bénéfique de taille modérée au niveau de la satisfaction de vie et du bien-être émotionnel des personnes âgées
(n = 15 études ; d = 0,54 unité de l’écart type). De même,
Chin [24] a observé une importante amélioration au niveau
de l’affect positif (n = 6 études ; d = 1,09) mais pas d’effet sur
l’estime de soi (n = 6 études ; d = 0,51) ni sur la satisfaction
de vie (n = 5 études ; d = 0,22). Enfin, plusieurs auteurs
ont observé un effet bénéfique de grande taille (n = 20
études ; d = 0,84 [23]) au niveau de l’amélioration des symptômes dépressifs chez des personnes âgées vivant dans
la communauté [24, 25, 28]. Toutefois, Forsman et al. [26]
n’ont pas montré d’effet bénéfique de la réminiscence au
niveau de la prévention de la dépression chez les personnes
âgées (n = 5 études ; d = 0,24). Dans une méta-analyse
récente incluant les résultats de 128 études, Pinquart et
Forstmeier [28] concluent que la réduction des symptômes
dépressifs suite à une intervention de réminiscence est
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Se souvenir pour mieux vieillir
plus importante chez les personnes âgées présentant à la
base plus de symptômes dépressifs et chez celles atteintes
d’une maladie physique chronique. De même, parmi les
méthodes narratives, l’examen de vie semble être plus efficace que l’intervention de réminiscence.
& Caza, en préparation). Toutefois, l’absence d’un groupe
témoin ne permet pas de conclure de façon significative
quant à la spécificité de la réminiscence dans l’amélioration
des symptômes psychologiques ; une étude contrôlée randomisée est planifiée afin de répondre à cette question.
Réminiscences chez les personnes âgées
atteintes de démence
Conclusion
Même si l’activité de réminiscence est utilisée depuis
de nombreuses années auprès des personnes atteintes de
démence, il n’a été réalisé qu’un nombre limité d’études
visant à mesurer l’efficacité des méthodes narratives
auprès de cette population. Woods et al. [30] ont effectué
une revue Cochrane comprenant uniquement des études
contrôlées et randomisées (n = 4). Les résultats indiquent
notamment des améliorations au niveau de la mémoire,
de l’humeur et de la communication auprès des patients.
Une meilleure connaissance de la personne atteinte de
démence de la part des intervenants est aussi rapportée,
ainsi qu’une diminution du stress de la part des proches
du patient. Livingston et al. [31] ont réalisé une revue
systématique sur les interventions non pharmacologiques
susceptibles d’améliorer les symptômes psychologiques et
comportementaux de la démence. Sur 162 études retenues, seulement cinq d’entre elles impliquaient une activité
de réminiscence. Les résultats sont divergents ; certains
indiquent une amélioration des comportements perturbateurs six mois après l’intervention, mais seulement dans la
condition où la réminiscence était précédée d’une thérapie
d’orientation. D’autres, au contraire, ne trouvent pas d’effet
sur le comportement, mais un effet bénéfique sur l’humeur
dépressive. La conclusion des auteurs est celle d’un urgent
besoin d’études de qualité pour évaluer l’efficacité des réminiscences chez les personnes atteintes de démence. A cet
effet, un projet pilote transdisciplinaire a été réalisé sous
la direction de l’auteure en partenariat avec le Centre de
recherche et différentes unités de soins de longue durée de
l‘Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Cette étude
visait le développement d’une formation en intervention de
réminiscence destinée au personnel soignant (infirmières
et aides-soignants) et impliquait huit séances de réminiscence, animées par le personnel soignant, auprès de huit
personnes atteintes de démence et un membre de leur
famille. Quoique préliminaires, les résultats indiquent des
effets statistiquement significatifs dans la réduction de certains symptômes psychologiques, notamment l’apathie et
l’anxiété, et ce jusqu’à trois mois post-intervention (Ciquier
Même si des changements de la mémoire autobiographique accompagnent inévitablement le vieillissement, qu’il
soit normal ou pathologique, les réminiscences jouent un
rôle essentiel dans la vie des individus. Tulving [5] soutient
que la conscience autonoétique est unique à l’être humain.
Même si cette affirmation demeure controversée, les
effets délétères du vieillissement sur la mémoire menacent
l’identité et les capacités d’adaptation des personnes et
soulèvent d’importantes questions au plan moral ; une
approche cartésienne « cogito ergo sum » amène inévitablement à la dépersonnalisation des individus souffrant de
processus démentiels. Des efforts doivent être fournis afin
d’encourager l’expression des réminiscences sous toutes
leurs formes. Les méthodes narratives offrent ainsi la possibilité d’obtenir « une vue de l’intérieur » du vieillissement
qui pourra nourrir notre réflexion et favoriser une approche
de soins centrée sur la personne. Il apparaît important de
mieux comprendre quels rôles essentiels jouent les réminiscences dans le vieillissement normal et pathologique.
L’intégration des méthodes narratives dans la pratique clinique et comme objet de recherche semble être une voie
prometteuse.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 11, n ◦ 1, mars 2013
Points clés
• La mémoire épisodique est fragilisée dans le vieillissement, menaçant du même coup l’accès aux souvenirs
personnels.
• L’évocation des souvenirs, appelée réminiscence, est
un acte naturel et universel qui répondrait à plusieurs
fonctions jouant un rôle dans le bien-être psychologique
des personnes âgées.
• Différentes méthodes narratives, incluant l’examen
de vie, la réminiscence et l’autobiographie dirigée et
reposant sur l’évocation de souvenirs, favoriseraient
l’adaptation psychologique des personnes âgées saines
ou atteintes de démence.
Liens d’intérêts : aucun.
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N. Caza
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