Représentations sociales de la maladie

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Représentations sociales de la maladie :
Comparaison entre savoirs « experts » et savoirs « profanes »
Christine JEOFFRION1
Pauline DUPONT2
Introduction et objectifs
En posant la question : « Qu’est-ce qu’une maladie ? », Cathébras (1997) souhaitait
illustrer deux principes aussi incontestables qu’ils paraissent contradictoires : la maladie est
une catégorie naturelle et une construction sociale. Le terme « maladie » est en effet complexe
et renvoie à de nombreuses situations qui peuvent aller du simple rhume ou état de fatigue à la
maladie chronique, dont la maladie mentale. Par nos expériences personnelles et/ou
professionnelles, mais aussi à travers l’information qui circule dans la société, nos
représentations à propos de la maladie se structurent.
Notre étude a donc pour objectif de mettre à jour les différences pouvant exister entre
les représentations sociales de la maladie chez les Professionnels de la Santé (PS), groupe
composé de médecins, de pharmaciens, et d’infirmiers, et les Non-Professionnels de la Santé
(NPS), composés de personnes « qui suivent un traitement » versus celles qui sont « sans
traitement ». Encore située à un stade exploratoire, elle vise à souligner l’importance de
prendre en compte ces représentations sociales pour favoriser la compréhension et la
confiance entre les PS et les NPS ainsi qu’une prise en charge plus adaptée et une meilleure
acceptation de la maladie chez les NPS.
Ce travail s’inscrit dans la suite d’un programme de recherche que nous avons mené
avec la CNAMTS3 (Jeoffrion, Lafon, Imbert De Balorre, 2004). En souhaitant comparer les
RS des PS et des NPS, il part du présupposé selon lequel les savoirs experts se différencient
des savoirs profanes (Morin, 2004), et que la pratique (Guimelli, 1989) et le statut
professionnel (Piaser, 2000, 2004) influencent les représentations sociales.
1. Contexte théorique
La maladie est à la fois une réalité décrite, expliquée, traitée par la médecine, et une
expérience individuelle comportant des retentissements psychologiques, sociaux, culturels,…
pour ceux qui en sont atteints, d’où les différents termes anglo-saxons pour l’évoquer
(Pedinielli, 1999). L’anthropologie médicale propose de distinguer trois réalités distinctes
sous les différents termes désignant la maladie en anglais : les altérations biologiques
(disease), le vécu subjectif du malade (illness) et le processus de socialisation des épisodes
pathologiques (sickness). Nommer une maladie est donc un acte aux conséquences humaines
et sociales considérables. De plus, les changements sociétaux profonds du dernier siècle ont
tranformé le nouveau « droit à la maladie et au soin » en « devoir de santé » (Pierret, 2008).
Nous assistons par ailleurs aujourd’hui à un double mouvement de désocialisation de la
maladie et de médicalisation de la société (Laplantine, 1986).
Etudier la représentation sociale de la maladie, c’est donc observer comment cet
ensemble de valeurs, de normes sociales et de modèles culturels, est pensé et vécu par des
individus de notre société.
1
Maître de conférences en psychologie sociale, Université de Nantes.
Consultante en ressources humaines, Nantes.
3
CNAMTS : Caisse Nationale d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés
2
1
1.1 Les représentations sociales
Le terme de « représentation sociale » a été introduit par Moscovici (1961) qui a ainsi
développé une approche nouvelle dans l’étude de la connaissance humaine. Moscovici s’est
appuyé sur le concept de « représentations collectives » de Durkheim afin de développer une
théorie située à l’interface du psychologique et du social. Elaborée et partagée par les
membres d’un même groupe, une représentation sociale est une « forme de connaissance
courante, dite « de sens commun » qui a comme finalité l’organisation et l’orientation des
communications et des conduites permettant d’acquérir une vision de la réalité commune à
tous les membres d’un ensemble social déterminé (Jodelet, 1989). Certains aspects des
représentations sont explicitement véhiculés dans les discours et d’autres sont enfouis dans les
pratiques. Il serait vain de chercher à savoir si ce sont les pratiques sociales qui produisent la
représentation ou l’inverse, la quasi-totalité des chercheurs s’accordant à dire que les
représentations et les pratiques sociales s’engendrent mutuellement.
Les modes d’approche de ce concept sont variés et complexes. Nous avons donc opté
pour la théorie dite du noyau central élaborée par Abric. Selon cette théorie fondée sur de
nombreux travaux débutés dans les années 1970 et validée expérimentalement par Moliner
(1989), les représentations sociales se forment autour d’un « noyau central » qui détermine la
signification de la représentation ainsi que son organisation. Des éléments périphériques sont
structurés autour du noyau central, et de manière hiérarchisée, constituant la partie la plus
concrète et accessible de la représentation (stéréotypes, croyances, préjugés). Le système
central est essentiellement normatif et le système périphérique est fonctionnel, c'est-à-dire que
c’est grâce à lui que la représentation peut s’ancrer dans la réalité du moment. Les éléments
périphériques exercent alors une véritable fonction de défense de la représentation afin d’en
éviter la transformation. C’est au niveau de ces éléments périphériques que la représentation
sera susceptible de se transformer et que l’individu pourra supporter des contradictions. D’un
point de vue quantitatif, les éléments centraux se distinguent des autres par une plus grande
saillance, dans la mesure où ils entretiennent un lien privilégié avec l’objet de représentation.
Etudier les RS de la maladie via cette théorie du noyau central va nous permettre de
comparer les groupes concernés : les Professionnels de la Santé (PS) d’un côté, qui côtoient
la maladie quotidiennement de par leurs fonctions, et les Non-Professionnels de la Santé
(NPS) qui peuvent être amenés à en vivre une expérience intime.
1.2 Les représentations professionnelles
Piaser (2000) s’est intéressé plus spécifiquement aux représentations professionnelles,
en tant qu’elles sont spécifiques à un groupe professionnel délimité. Elles sont élaborées dans
l’action et l’interaction professionnelles qui les contextualisent, par des acteurs dont elles
fondent les identités professionnelles correspondant à des groupes du champ professionnel
considéré, en rapport avec des objets saillants pour eux dans ce champ (Bataille, Blin,
Jacquet-Mias & Piaser, 1997). Ces représentations, si elles sont confirmées par notre étude,
viendront réaffirmer la distinction entre savoirs profanes et savoirs experts soulignée dans la
littérature.
La différenciation des deux groupes que nous avons investigués présente en effet
l’intérêt d’avoir été affinée par rapport à nos premières études en différenciant, au sein de nos
PS, trois professions médicales, en tant qu’elles risquent d’affecter le lien que les individus
entretiennent avec les objets de représentation et de modifier ce qu’Abric appelle la « distance
à l’objet » (2001). Cette distance permet en effet d’envisager le rapport à l’objet à travers une
élaboration composite qui prend en compte diverses dimensions signifiantes du lien à l’objet :
la connaissance plus ou moins grande de l’objet, l’implication du groupe par rapport à cet
objet et le niveau de pratique de l’objet. Des travaux récents ont formalisé cette notion dans le
champ des RS (Morlot & Sales-Wuillemin, 2008 ; Salesses, 2007 ; Dany & Abric, 2007).
2
2. Problématisation et hypothèses
De nombreux travaux ont montré qu’il existe une pensée « profane » sur la maladie
distincte de ce qu’en disent les « experts » et que ces deux types de pensée peuvent être
appréhendés par l’étude des représentations sociales des PS et des NPS (Jeoffrion, 2009).
L’objectif de cette étude est d’affiner la catégorisation PS-NPS afin de prendre en compte du
côté des PS les représentations professionnelles, et du côté des NPS la « pratique » reliée à
l’expérience ou non de la maladie. Trois métiers ont donc été différenciés du côté des PS : les
médecins, les pharmaciens et les infirmiers, et deux groupes ont été constitués du côté des
NPS : les personnes qui suivent un traitement de celles qui n’en suivent aucun. Cette variable
a été contrôlée du côté des PS en prenant le parti de retirer tous ceux qui suivent un
traitement, de manière à s’assurer que les représentations résultent de leur profession et non
de leur vécu personnel.
2.1. Hypothèses générales concernant l’échantillon global
Les représentations sociales des PS et des NPS, articulée autour d’un noyau central
commun, donneront lieu à des représentations spécifiques liées au statut professionnel propre,
à des connaissances différentes, et à une « pratique » différenciée.
 Hypothèse opérationnelle liée aux PS
Les PS devraient se référer davantage à des aspects descriptifs de la maladie et du
suivi des patients.
 Hypothèse opérationnelle liée aux NPS
Les NPS devraient se référer davantage au vécu de la maladie et aux aspects
émotionnels.
2.2. Hypothèses concernant les Professionnels de Santé (PS)
Les médecins, les infirmiers et les pharmaciens présenteront, par-delà des RS
partagées, des représentations spécifiques à propos de la maladie : la maladie sera perçue
comme objet de recherche pour les médecins, comme objet de soin pour les infirmiers et
comme objet d’application du diagnostic pour les pharmaciens.
 Hypothèse opérationnelle liée aux médecins
Les médecins auront des représentations de la maladie axées plutôt sur des
connaissances scientifiques descriptives et sur la prise de décision ; leurs représentations se
situeront plutôt du côté du diagnostic.
 Hypothèse opérationnelle liée aux pharmaciens
Les pharmaciens auront des représentations de la maladie fondées sur l’application du
diagnostic et le suivi du traitement ; leurs représentations se situeront à la fois sur les aspects
médicaux et relationnels.
 Hypothèse opérationnelle liée aux infirmiers
Les infirmiers auront des représentations de la maladie basées sur le suivi du patient et
sur la réalité du traitement ; leurs représentations se situeront du côté des effets de la maladie
et de l’accompagnement du patient.
2.3. Hypothèses concernant les Non-Professionnels de Santé (NPS)
Les personnes confrontées régulièrement à la maladie et celles qui ne suivent pas de
traitement, par-delà des RS partagées, des représentations spécifiques à propos de la maladie
3
: la maladie sera plus située du côté du ressenti pour les personnes qui suivent un traitement
médical régulier et sur un plan plus cognitif pour celles qui ne suivent aucun traitement.
 Hypothèse opérationnelle liée aux personnes qui suivent un traitement médical
Les personnes qui suivent un traitement médical régulier auront des représentations
sociales de la maladie concrètes, qui seront axées sur leurs expériences personnelles de la
maladie au quotidien. Ils utiliseront un vocabulaire qui se situe sur un plan émotionnel et
affectif.
 Hypothèse opérationnelle liée aux personnes qui ne suivent pas de traitement médical
Les personnes qui ne suivent pas de traitement auront des représentations de la
maladie plus « abstraites », basées sur des connaissances générales. Les mots cités
appartiendront davantage aux caractéristiques communes de toute maladie.
3. Méthodologie
Si les concepts de référence paraissent parfaitement adaptés à l’étude des connaissances
groupales, reste la nécessité de recourir à un ensemble de techniques de recueil et d’analyse
des données qui permet d’accéder au contenu et à l’organisation des représentations sociales
et professionnelles de la maladie.
3.1. Le questionnaire
Le travail repose sur un questionnaire d’associations libres constitué par une question
d’évocation (ou associations de mots) : « Lorsque l’on vous dit “MALADIE ”, quels sont les
mots ou expressions qui vous viennent à l’esprit ? ». La question d’évocation est suivie d’un
recueil de diverses variables classiques : âge, sexe, niveau d’études et emploi du sujet
interrogé, reliées à d’autres types de variables pertinentes eu égard à nos hypothèses : secteur
d’exercice de la profession si celle-ci s’inscrit dans le domaine de la santé, lieu d’exercice
(rural ou urbain), et pour tous, une question qui vise à savoir s’ils suivent ou non un
traitement médical, et le cas échéant, si ce traitement est momentané, à long terme ou à vie.
Les données ont été soumises à une analyse prototypique (classement des associations en
fonction de leur fréquence et de leur rang d’apparition) et catégorielle (classement
sémantique) à partir du logiciel « EVOC » créé par Vergès (Scano, Junique et Vergès, 2002).
3.2. L’échantillon
L’échantillon a été constitué à partir de contacts pris au sein de plusieurs structures
hospitalières d’une grande agglomération de l’Ouest de la France, et par la méthode des
« contacts en chaîne ». Les environnements professionnels des PS et des NPS sont de fait
diversifiés, et les NPS qui suivent ou non un traitement sont des « tout-venants » (Cf. Annexe
1). Au final, 270 questionnaires ont pu être exploités, dont 135 PS et 135 NPS, répartis de la
manière suivante :
Tableau 1. Composition de l’échantillon
Professionnels de la Santé
Non-Professionnels de la Santé
135
135
Traitement
Pas de
Médecins Infirmiers Pharmaciens
à long terme
traitement
45
45
45
67
68
Total
270
4
3.3. L’analyse des données
3.3.1. Analyse prototypique
Il s'agit d'une analyse quantitative qui met en évidence la structure de la RS. On obtient un
tableau de quatre zones ayant chacune une signification particulière par rapport à la RS. La
case 1 correspond aux éléments faisant partie de la zone centrale. Les mots qu’elle contient
sont cités fréquemment et dans les premiers. Ils donnent une signification, une cohérence à la
RS. Il s’agit des termes les plus saillants et les plus significatifs (Vergès, Op. Cit.). Pourtant
d’après Abric (2003), si le noyau central est bien dans cette case, elle comprend aussi des
éléments qui ne sont pas pour autant centraux. Les cases 2 et 3 sont plus ambiguës. Elles
comprennent des mots fréquents mais moins bien placés, ou bien placés mais peu fréquents.
Ceux-ci font partie de la périphérie, mais peuvent agir sur l’organisation de la représentation.
Il s'agit des "zones potentielles de changement". La case 4 enfin correspond à la zone dite
"périphérique". Les mots sont ici peu cités et en dernières positions.
Tableau 2. Les zones résultant de l’analyse prototypique
Fréquence
moyenne
Rang moyen
Zone centrale
Zone potentielle de changement
Fréquence élevée et rang faible
Fréquence élevée et rang élevé
(Case 1)
(Case 2)
Zone potentielle de changement
Périphérie extrême
Fréquence faible et rang faible
Fréquence faible et rang élevé
(Case 3)
(Case 4)
3.3.2. Analyse catégorielle
L'analyse catégorielle consiste à regrouper dans des catégories ad hoc les mots qui sont
proches d’un point de vue sémantique. On crée autant de catégories que nécessaire pour
classer toutes les évocations des sujets. Cette analyse permet d’approfondir l’analyse
prototypique et de vérifier que les mots repérés par la première analyse relèvent bien des
thèmes les plus récurrents dans les réponses des sujets. En effet, certains thèmes peuvent
contenir une multitude de synonymes qui n’apparaîtront pas forcément dans l’analyse
prototypique.
L’analyse catégorielle a permis de créer 6 catégories, renvoyant au total à quatorze souscatégories présentées dans le tableau ci-dessous.
5
Tableau 3. Présentation des catégories et des sous-catégories
CATEGORIES
Sous-catégories
Noms
TYPES DE
MALADIES
Caractéristiques
Causes
CONSEQUENCES
INDIVIDUELLES
LIEES A LA
MALADIE
Type et spécificités de
chaque maladie
exemples
cancer, sida,
Alzheimer,...
contagiosité, bénigne,
incurable,
psychologique,…
Origine des maladies et
antécédent, génétique,
explication de leur
vieillesse, virus,…
apparition
Conséquences
physiques
Effets de la maladie sur
l’état physique des
malades
alité, grabataire,
impotence, douleur,
affaiblissement,
invalidité, fatigue, ...
Conséquences
psychiques
Effets de la maladie sur
l’état psychologique
des malades
dépression, angoisse,
traumatisme, …
Rapport au
travail et à
l’argent
Conséquences
professionnelles et
financières liées à la
maladie
Changements de
vie
Transformations que la
maladie provoque sur
l’existence des
malades ou de leurs
proches
CONSEQUENCES
SOCIALES LIEES
A LA MALADIE
Médicaments
TRAITEMENT
Présentation
Maladies citées par les
personnes
Autres
interventions
Et après …
Différents traitements
médicamenteux
auxquels les personnes
ont recours pour traiter
la maladie ainsi que les
conditions de leur
administration
Autres moyens mis en
œuvre, au niveau
médical, pour
combattre la maladie
Evolution et issues
possibles de la maladie
arrêt de travail, arrêt
d’activité, astreinte,
argent, sécurité
sociale, mutuelle,
coût, ...
contraintes, projets
qui s’écroulent,
hygiène de vie,
désharmonie, ne
résonne plus pareil,
résilience, ...
antibiotiques,
homéopathie,
aspirine, …
chirurgie, piqûres,
vaccins, …
suivi, convalescence,
rétablissement,
gagner/perdre,
guérison, rémission,
décès, ....
6
CONDITIONS
SPATIOTEMPORELLES
Institutions et
acteurs
Rapport au
temps
Lieux ou
professionnels de santé
que les malades sont
susceptibles de
fréquenter
Conditions temporelles
liées à la maladie
Affects
Ressentis éprouvés
face à la maladie.
Soutien social
Personnes liées
émotionnellement aux
malades et
conséquences de la
maladie sur ces
relations
RESSENTIS
AFFECTIFS
urgences, hôpital,
aide-soignant,
médecin, …
durée, long terme,
récidive, …
abandon, anéanti,
désespoir, fatalité,
peur, tristesse,
panique, mal-être,
combat, défi, épreuve,
lutte, espoir, ...
famille, entourage,
accompagnement,
écoute, conseil,
réconforter,
rapprochement
familial, influence sur
le couple, …
4. Présentation des résultats
4.1. Résultats concernant l’échantillon global
4.1.1. Nombre d’occurrences et de mots cités par les PS et les NPS
7
Tableau 4. Tableau récapitulatif du nombre d’occurrences et de mots cités par les PS et les
NPS
Moyenne
Nombre total
des
d’occurrences
occurrences
Professionnels
de la santé
Médecins
Infirmiers
Pharmaciens
Nonprofessionnels
de la santé
Traitement à
long terme
Pas de
traitement
Nombre
total de
mots
différents
Moyenne
des
mots
différents
1032
7,64
294
2,17
330
386
316
7,33
8,58
7,02
129
139
135
2,87
3,08
3
1038
7,69
351
2,6
530
7,91
234
3,49
508
7,47
196
2,88
Concernant le nombre total d’occurrences, nous remarquons qu’il n’existe pas de
grande disparité entre les deux populations. Le nombre total d’occurrences citées par les PS
(N = 1032) est en effet très proche de celui des NPS (N = 1038), avec une moyenne
respectivement de 7,64 et de 7,69. Par contre, les NPS ont employé plus de mots différents
que les PS (351 vs 294). Ainsi, les PS se réfèrent à un registre un peu plus restreint et moins
diversifié que les NPS. Nous pouvons penser que cette moins grande disparité de la part des
PS est due à un vocabulaire médical partagé par les différentes professions de la santé, alors
que les NPS utilisent un vocabulaire varié en lien avec leurs expériences personnelles de la
maladie.
4.1.2. Analyse prototypique comparative PS – NPS
Les résultats comparant de manière indifférenciée chacun des deux groupes PS-NPS
sont sensiblement les mêmes que ceux trouvés à partir d’un échantillon plus restreint (N =
150) lors de notre précédente étude (Jeoffrion, 2009). En résumé, les mots les plus fréquents
(fréquence supérieure ou égale à 7) et les mieux placés (rang inférieur ou égal à 6.5) chez les
PS renvoient aux types de maladie et à leurs caractéristiques (gravité, handicap, chronicité ou
incurable). Un second registre particulièrement saillant est celui des conséquences physiques
liées à la maladie (douleur, mort ou complications). Enfin, le dernier registre sémantique
employé correspond au traitement et aux différents soins que ces professionnels sont amenés
à pratiquer (soins, examens ou diagnostic). Les NPS renvoient, quant à eux, la maladie à leur
vécu personnel et leurs ressentis face à leur expérience vécue ou imaginée. Ils citent, comme
les PS, des termes liés aux caractéristiques médicales de la maladie (pathologie, incurable ou
grave), ainsi qu’aux conséquences physiques qui s’en suivent (douleur, fièvre ou alité).
Néanmoins, ils évoquent plus d’affects (angoisse, peur et mal-être) que les PS, et font
également plus référence aux lieux et aux personnes que les malades sont susceptibles de
fréquenter (médecins, hôpital). Si l’on exclut les termes communs aux deux groupes, le
tableau présentant les mots qui ne sont présents que dans l’un ou l’autre des deux échantillons
vient confirmer nos propos, en opposant d’un côté des aspects formels et descriptifs de la
8
maladie (chronicité, complications, …), et liés à l’accompagnement d’un patient souvent
triste (psychologie), et de l’autre des termes renvoyant aux conséquences directes de celle-ci
sur le patient (fièvre, angoisse,…) ainsi qu’à l’importance du support social (entourage) et à
l’espoir d’une guérison par la recherche.
Tableau 5. Mots spécifiques à chaque groupe
PS
NPS
Chronicité
(f = 14, r =
Fièvre (f = 11, r = 3.64)
4.36)
Complications (f = 14, r
Angoisse (f = 10, r = 4.70)
= 4.43)
Diagnostic
(f = 11, r =
Arrêt de travail (f = 9, r =
3.81)
5.33)
Malade (f = 9, r = 1.66)
Alité (f = 8, r = 4.63)
Dépendance
(f = 9, r =
Entourage (f = 7, r = 6.43)
4.66)
Patient (f = 8, r = 4.50)
Recherche (f = 7, r = 6.43)
Contagion
(f = 8, r =
5.25)
Tristesse (f = 7, r = 3.57)
Psychologie
(f = 7, r =
4.14)
4.1.3. Analyse catégorielle comparative PS - NPS
Tableau 6. Analyse catégorielle chez les Professionnels de la Santé (PS)
et les non-professionnels (NPS)
Catégories
Types de maladies
Noms
Caractéristiques
Causes
Conséquences
individuelles liées à la
maladie
Conséquences physiques
Conséquences
psychiques
Conséquences sociales
liées à la maladie
Rapport au travail et à
l'argent
Changements de vie
Traitement
Médicaments
% du nombre
de mots
%
d'occurrences
% de mots
fréquents
(3 et plus)
PS
NPS
72,8
59,9
66
71,4
80,3
62,6
51,6
42,9
PS
23.9
6,5
11,6
5,8
NPS
22
5,6
11,6
4,8
PS
20.6
4,8
12,8
3
NPS
18.9
6,7
9,5
2,7
18.1
15.5
21.8
21.6
80
79,5
13,3
13
19,8
19,7
85,8
81
4,8
2,5
2
1,9
23,8
65
13.6
14.1
6.5
7.4
46,3
35,1
2,4
2,5
1,2
1,8
50
63,2
11,2
14
2,4
11,6
16.1
2,3
5,3
24.9
4,5
5,6
22.9
5,2
45,5
87,2
87
25,9
75,6
81,5
9
Autres interventions
Et après …
Conditions spatiotemporelles
Institutions et Acteurs
Rapport au temps
Ressentis affectifs
Affects
Soutien social
Total des mots
% du nombre
de mots total fréquent
7,5
4,1
10,7
3,1
14,5
5,9
13,2
4,5
90
80,3
72,3
78,7
11.3
10.4
14.6
15.6
82
80,2
8,2
3,1
19.4
11,9
7,5
7,9
2,5
21.8
15,3
6,5
13,4
1,2
11.7
7,2
4,5
14,7
0,9
13.3
9,4
3,9
86,2
33,3
60
58,1
63
85
0
49,6
50
48,8
294
354
1032
1038
785
709
76,1
68,3
Concernant la catégorie Les maladies, si les résultats des PS et des NPS concernant le
% du nombre de mots (respectivement 23,9 vs 22) et le % d’occurrences (20,6 vs 18,9)
paraissent relativement proches, on constate en revanche que les PS ont émis plus souvent les
mêmes mots (% de mots fréquents) que les NPS (72,8 vs 59,9). Pour les sous-catégories
Noms et Causes, les PS ont cité plus de mots différents que les NPS (Noms : 6,5 vs 5,6 pour
les NPS, Causes : 5,8 vs 4,8 pour les NPS). Les PS ont également cité plus de mots au total
que les NPS dans la sous-catégorie Nature et Caractéristiques (% d’occurrences : 12,8 pour
les PS vs 9,5 pour les NPS).
Pour les Conséquences individuelles liées à la maladie, nous n’observons pas de
grande différence en ce qui concerne le % du nombre de mots et le % d’occurrences entre les
deux populations. En revanche, nous constatons une différence notable dans la sous-catégorie
Conséquences psychiques où les NPS ont émis bien plus souvent les mêmes mots que les PS
(65 vs 23,8).
Concernant la catégorie Conséquences sociales liées à la maladie, si 7,4% des mots
au total cités par les NPS appartiennent à cette catégorie, contre 6,5% pour les PS ; ces
derniers ont néanmoins utilisé plus souvent les mêmes mots (46,3 vs 35,1). Etant donné que
cette catégorie se compose des sous-catégories Rapport au travail et à l’argent et
Changements de vie, on peut imaginer que les NPS ont fait référence ici à leurs expériences
personnelles de la maladie, alors que les PS ont cité les conséquences générales.
Sur l’ensemble des mots cités par les PS (1032 mots) et les NPS (1038 mots), la
catégorie Traitement est celle qui contient le plus d’évocations au total, comparée aux autres
catégories (24,9% d’occurrences pour les PS et 22,9 % pour les NPS). Néanmoins, les PS ont
émis plus souvent les mêmes mots dans cette catégorie par rapport au NPS (87,2 vs 75,6). Cet
aspect les concerne au premier plan en tant que professionnels.
Les NPS ont quant à eux cité plus de mots que les PS dans la catégorie Conditions
spatio-temporelles (15,6 vs 14,6). Toutefois, au sein de la sous-catégorie Rapport au temps,
les PS ont émis plus souvent les mêmes mots que les NPS. Nous comprenons qu’au vu des
patients qu’ils côtoient quotidiennement, les PS évoquent de façon commune le rapport au
temps face à la maladie, alors que les NPS citent des termes qui renvoient à leur expérience
intime de la maladie, et qui sont donc moins partagés par l’ensemble d’entre eux.
Concernant la catégorie Ressentis affectifs, les NPS ont émis plus de mots au total
que les PS (13,3% d’occurrences contre 11,7%), en citant également plus de mots différents
(21,8% de mots différents contre 19,4%). Néanmoins ce sont les PS qui ont émis plus de mots
fréquents que les NPS (60% vs 49,6%). Cette observation corrobore là encore l’idée selon
laquelle les PS partagent davantage un vocabulaire commun que les NPS.
10
4.2. Résultats concernant les Professionnels de Santé (PS)
4.2.1. Analyse prototypique comparative des médecins, pharmaciens, infirmiers
La comparaison des trois sous-groupes de PS (médecins, pharmaciens, infirmiers)
laisse apparaître des références communes et des spécificités (Cf. Annexes 2-1, 2-2 et 2-3)

Si l’on se limite à la « ZONE CENTRALE » (case 1), seuls deux termes sont
communs aux trois sous-groupes : douleur et souffrance. Au sein de cette zone, d’autres
termes sont partagés par deux sous-groupes, d’autres enfin sont spécifiques à chaque groupe :
chez les médecins : gravité et handicap, qui renvoient au diagnostic et à ses
conséquences, font partie de la zone centrale uniquement pour ce sous-groupe de PS, qui ont
aussi évoqué mort (f = 13, r = 2,77), comme les infirmiers, et cancer (f = 10, r = 3,50) comme
les pharmaciens.
chez les pharmaciens, les termes médecin, traitement, soins, malade et cancer,
spécifiques à leur sous-groupe, rappellent la place professionnelle qu’ils occupent et qu’ils
situent clairement entre le médecin et le malade. Ils sont garants du traitement et des soins, et
citent le cancer comme maladie emblématique. A travers ces différents mots et aussi
médicaments qu’ils partagent avec les infirmiers, nous accédons à la place concrète du
pharmacien et à son rôle dans la maladie : la délivrance des médicaments (f = 20, r = 3,45)
étant la base de son activité et le médecin (f = 22, r = 3,64) son premier partenaire. Nous
observons également, à travers son rang très faible, la place importante accordée au malade (f
= 7, r = 1,43) pour les personnes qui l’ont cité. Ce mot malade n’est cité par aucun autre
groupe.
chez les infirmiers, les termes médicaments, hospitalisation et psychologie, retrouvés
uniquement chez eux dans la zone centrale, renvoient, dans le contexte de l’hôpital où
exercent la majeure partie des infirmiers consultés pour l’enquête, à l’accompagnement du
soin physique et psychologique. Le mot psychologie (f = 7, r = 4,14) exprime de façon
explicite les aspects relationnels qui sont importants au sein de cette profession. Soulignons
que ce mot psychologie n’est retrouvé dans aucun autre groupe.

Concernant les « ZONES POTENTIELLES DE CHANGEMENT » et la « ZONE
»:
chez les médecins, les mots renvoient, pour la plupart, aux conséquences physiques
liées à la maladie et au traitement qui s’en suit. Nous retrouvons ainsi les mots médicaments,
complications, soins (case 2), ou guérison qui correspond à l’objectif des médecins, ou encore
(case 3) symptômes, examens ou fièvre. Le mot pronostic met également en évidence leur rôle
dans la prise de décision. Enfin, notons la présence du terme. Les termes figurant dans la zone
périphérique (case 4) renvoient à différentes notions. Nous trouvons ainsi les mots
hospitalisation (f = 3, r = 7,67) et contagion (f = 4, r = 4,25) qui renvoient l’un à la structure
d’accueil essentielle en cas de maladie, et l’autre aux caractéristiques de la maladie. Le mot
fatigue (f = 3, r = 5,33) met en évidence les conséquences physiques de certaines maladies.
chez les pharmaciens, nous trouvons les mots hôpital, guérison, gravité ou mort (case
2) ou encore pathologie, symptôme, diagnostic, chronicité ou diabète (case 3). Ces deux
derniers termes renvoient à des spécificités, ce qui n’est pas le cas pour les mots situés dans la
case 2 qui renvoient à des caractéristiques sont plus générales liées à la maladie. Notons enfin
la présence du mot diagnostic qui renvoie de façon précise au quotidien des pharmaciens,
pour qui l’activité principale est d’appliquer la médication issue du diagnostic du médecin. Ils
se situent donc clairement du côté du suivi du traitement. Le mot pharmacien (f = 4, r = 4,75)
figurant dans la zone périphérique (case 4), montre que certains de ces professionnels de la
santé considèrent leur profession comme un acteur notoire pour vaincre la maladie, tout
PERIPHERIQUE
11
comme les médecins. L’expression prise en charge (f = 3, r = 4) est intéressante puisqu’elle
fait référence aux conditions techniques que rencontrent les pharmaciens dans leur activité. Le
mot écoute (f = 3, r = 4,67) quant à lui, est le seul terme, cité par les pharmaciens, renvoyant
aux compétences relationnelles.
chez les infirmiers, nous relevons dans les cases 2 et 3 des termes renvoyant aux
compétences techniques des infirmiers interrogés, à savoir à leurs tâches quotidiennes dans le
suivi des patients : soins (f = 10, r = 4,5) et traitement (f = 20, r = 4,90) et à leur rôle
« d’administrateur » des décisions du médecin : médecin (f = 11, r = 5,55) et diagnostic (f = 8,
r = 4,50). Notons qu’il est étonnant d’observer ici le mot diagnostic alors que nous ne le
retrouvons pas chez les médecins. Les termes mal-être, peur, isolement, fatigue et aliter
concernent le malade et non plus la maladie. Ces éléments soulignent, comme dans la zone
centrale, les aspects relationnels de la réalité quotidienne des infirmiers auprès des patients.
Excepté les mots examens (f = 6, r = 5,67) et contagion (f = 4, r = 6,25) qui font partie du
registre médical, les termes figurant dans la zone périphérique (case 4) renvoient
essentiellement aux effets de la maladie sur le patient. Nous trouvons ainsi les termes
contraintes, dépendance, diminution physique, atteinte et faiblesse. Il est intéressant de
souligner également la présence du mot patient (f = 6, r = 5) que l’on ne trouve pas dans les
autres sous-groupes, qui ont utilisé le terme malade.
En résumé, la pensée professionnelle - qu’il s’agisse des médecins, des infirmiers ou
des pharmaciens - est centrée sur les moyens à mettre en œuvre pour prévenir et soigner la
maladie qui, pour tous, est associée à la douleur et à la souffrance. Chaque profession traduit
ensuite la maladie en fonction de son rôle propre. Les médecins se centrent sur le diagnostic
et l’opérationnalisation technique de leur action sur la maladie, les pharmaciens privilégient le
traitement de la maladie et sa prise en charge, et les infirmiers se situent davantage sur le suivi
médical et relationnel avec les patients. Soulignons que les pharmaciens citent le mot malade,
alors que les infirmiers utilisent le mot patient. La personne atteinte d’une maladie est donc
nommée différemment par les différents professionnels de la santé, selon le rapport entretenu
avec celle-ci et leur action respective dans le processus du suivi de la personne malade. Ainsi,
si l’on s’en tient à la définition de ces deux termes, les patients des infirmiers sont forcément
des personnes malades qui ont été amenées à consulter un médecin, mais pour les
pharmaciens, les malades seraient plutôt des personnes dont la santé est altérée.
4.2.2. Analyse catégorielle comparative des médecins, pharmaciens, infirmiers
(Cf. Tableau Annexe 3)
Si la catégorie Types de maladies a été davantage évoquée par les pharmaciens
(28,9% de mots différents et 23,5% d’occurrences), par contre les infirmiers y font référence
de manière plus massive par le recours à 78,4% de mots très fréquents. Nous retrouvons cette
observation dans la sous-catégorie Noms des maladies, où 100% des mots fréquents ont été
dits plus de trois fois par les infirmiers (76,5% pour les médecins et 41,7% pour les
pharmaciens) ; Même observation dans la sous-catégorie Causes des maladies (42,9% de
mots fréquents pour les infirmiers, contre 0% pour les médecins et les pharmaciens). Cela
signifie que, même si les pharmaciens sont ceux qui citent le plus de mots au total, et le plus
de mots différents, les infirmiers, eux, évoquent moins de mots mais ces mots sont très
partagés puisqu’ils ont tous été dits au moins trois fois.
Au sein de la catégorie Conséquences individuelles liées à la maladie, 75% des mots
ont été dits plus de trois fois par les médecins (contre 73,6% pour les infirmiers et 65,5% pour
les pharmaciens). Néanmoins, les infirmiers sont ceux qui ont cité le plus de mots différents
12
sur le total des mots de cette catégorie (22,3% du nombre de mots, contre 17,9% pour les
médecins et 15,5% pour les pharmaciens).
Concernant la catégorie Conséquences sociales liées à la maladie, les infirmiers ont
émis plus de mots au total que les médecins et les pharmaciens (10,4% d’occurrences contre
3,6% pour les médecins et 5,1% pour les pharmaciens), en citant également davantage de
mots différents (15,1% de mots différents contre 8,6% pour les médecins et 11,1% pour les
pharmaciens). De plus, alors qu’aucun mot n’a été dit plus de trois fois par les médecins et les
pharmaciens concernant cette catégorie, 55% du total des mots cités par les infirmiers dans
cette catégorie a été répété au moins trois fois. Cela peut s’expliquer par le rôle des
l’infirmiers et la relation qu’ils entretiennent avec le patient. En effet, ils assurent le suivi du
patient dans les implications concrètes de la maladie. Se situant dans les aspects relationnels,
partageant les difficultés des malades dans leur quotidien, ils sont donc plus enclins à prendre
en compte les conséquences sociales causées par la maladie.
Sur l’ensemble des catégories, la catégorie Traitement est celle qui a été la plus citée
pour les trois populations : 26% de mots émis par les médecins appartiennent à cette
catégorie, 23% pour les infirmiers et 25,4% pour les pharmaciens. Néanmoins, les
pharmaciens ont exprimé plus souvent les mêmes mots que les autres sous-groupes, avec
86,2% de mots dits plus de trois fois (contre 79,8% pour les médecins et 82,1% pour les
infirmiers). Cette différence peut s’expliquer par le rôle tenu par les pharmaciens. En effet,
ceux-ci sont à la fois du côté du diagnostic mais également du côté du suivi du traitement. Ils
sont donc particulièrement disposés à évoquer, et à partager entre eux, des termes appartenant
au registre du traitement médical.
Pour la catégorie Conditions spatio-temporelles, les médecins ont cité 15,5% de
mots différents, alors que les pharmaciens en ont cité 13,3% et les infirmiers seulement 6,5%.
Nous retrouvons ce résultat dans la sous-catégorie Institutions et acteurs, où 11,6% de mots
différents ont été émis par les médecins (contre 6,5% pour les infirmiers et 9,6% pour les
pharmaciens). La population des infirmiers est celle qui a cité le plus souvent les mêmes
mots, avec 81,4% des mots dits plus de trois fois (66,7% pour les médecins et 72,2% pour les
pharmaciens).
Si les médecins ont utilisé sensiblement plus de mots différents sur l’ensemble de la
catégorie Ressentis affectifs par rapport aux infirmiers (20,2% du nombre de mots vs 20,1%),
nous constatons le résultat inverse dans la sous-catégorie des Affects où 15,1% de mots
différents ont été cités par les infirmiers contre 12,4% pour les médecins. Nous observons
également que les infirmiers ont émis, au sein de cette catégorie, un nombre total plus
important de mots par rapport aux deux autres populations (13,7% d’occurrences vs 10,3%
pour les médecins et 10,8% pour les pharmaciens), et que 50,9% des mots ont été dits plus de
trois fois (contre 8,8% pour les pharmaciens et aucun mot pour les médecins). Ce résultat est
à relier à celui rencontré précédemment pour la catégorie « Conséquences sociales liées à la
maladie ». En effet, en se situant du côté du suivi du patient et de la réalité du traitement, les
infirmiers sont plus enclins à partager le ressenti émotionnel et affectif des patients. Ils citent
ainsi davantage de termes reflétant les affects et le sentiment d’empathie envers le patient, que
ne le font les médecins et les pharmaciens. Même si le résultat est moins visible que pour les
infirmiers, nous notons néanmoins que les pharmaciens, eux aussi, évoquent un certain
nombre de termes liés aux ressentis affectifs du patient. En effet, ils se situent à la fois du côté
de l’application du diagnostic et du suivi du traitement. Ils citent donc également des mots
faisant écho aux aspects relationnels et aux ressentis du malade.
13
4.3. Résultats concernant les Non-Professionnels de Santé (NPS)
4.3.1. Analyse prototypique comparative des personnes avec et sans traitement
La comparaison des deux sous-groupes de NPS (personnes avec et sans traitement)
laisse elle aussi apparaître des références communes et des spécificités (Cf. Annexes 3-1, et 32).

Si l’on se limite à la « ZONE CENTRALE », quatre termes sont communs aux
deux sous-groupes : souffrance et douleur qui constituaient déjà les mots communs aux trois
sous-groupes de PS, et médecin et grave qui renvoient au professionnel qui diagnostique la
maladie. Quid des autres termes au sein de cette zone dans chacun des sous-groupes ?
chez les personnes qui suivent un traitement médical, les termes les plus partagés,
en dehors des quatre mentionnés ci-dessus, sont : traitement (f = 16, r = 3,25), soins (f = 15, r
= 4,07), fatigue (f = 9, r = 4,11) et angoisse (f = 7, r = 4,14). Ces personnes utilisent des mots
liés aux soins nécessaires pour lutter contre la maladie, et aussi aux conséquences physiques
liées à la maladie. Ils utilisent également des affects négatifs dont on peut penser qu’ils sont
rapidement réactivés du fait de leur expérience quotidienne avec la maladie. A noter que les
mots fatigue et angoisse ne se trouvent dans aucune autre case centrale de l’ensemble des
sous-groupes.
chez les personnes qui ne suivent pas de traitement médical, les mots composant la
zone centrale, en plus de ceux qui sont communs aux deux sous-groupes, sont cancer (f = 17,
r = 2,76), et santé (f = 8, r = 2,12). Ce sous-groupe est le seul dont le mot santé figure dans le
noyau central de sa représentation. On retrouve, comme pour les médecins et les pharmaciens,
le mot cancer comme emblématique de la maladie.

A travers les éléments qui composent les « ZONES POTENTIELLES DE
CHANGEMENT » (cases 2 et 3) et la « ZONE PERIPHERIQUE »,
chez les personnes qui suivent un traitement médical, les termes entourage (f = 7, r
= 6,43) et alité (f = 6, r = 3,83) renvoient au quotidien du patient atteint d’une maladie qui
l’astreint à rester couché et pour lequel l’entourage, que l’on ne trouve que dans cet
échantillon, semble jouer un rôle majeur. Le terme pourquoi (f = 6, r = 3,17) que l’on ne
retrouve également dans aucun autre échantillon, est très intéressant. Il renvoie, en effet, au
sentiment d’égarement que peuvent éprouver ces personnes quand elles apprennent la
maladie. Le mot combat (f = 4, r = 5,25), qui figure en périphérie (case 4), est d’autant plus
parlant qu’on ne le retrouve lui non plus dans aucun autre groupe. Même s’il se situe dans
cette case et qu’il n’est donc pas exprimé par l’ensemble de l’échantillon, il reflète la
pugnacité de certains dans la lutte contre la maladie. Le terme dépendance (f = 4, r = 5,5) est
également représentatif d’un sentiment que seules les personnes confrontées de près à la
maladie, peuvent nommer. Il indique la position d’asservissement et d’impuissance qu’elles
peuvent ressentir face à l’emprise de la maladie sur leurs vies. Notons que ce mot est
également cité par les infirmiers (dans la zone périphérique).
chez les personnes qui ne suivent pas de traitement médical, nous pouvons
remarquer un écart considérable des fréquences, qui vont de 5 (case 3) à 30 (case 2). Ces
personnes citent des termes généraux à propos de la maladie, tels que hôpital (f = 30, r =
4,33), médicaments (f = 26, r = 4,65), traitement (f = 19, r = 4,58), pathologie (f = 6, r = 3).
Nous retrouvons les mots mal-être (f = 6, r = 2,33) et fatigue (f = 5, r = 3) qui correspondent
au ressenti du malade face à la maladie. Dans la zone périphérique (case 4), nous découvrons
le mot recherche (f = 4, r = 5), que nous n’avons trouvé dans aucun autre échantillon. Bien
qu’ayant aussi cité le mot incurable (f = 5, r = 4), nous pouvons en déduire que certaines
personnes envisagent la maladie comme ayant une issue favorable possible, grâce à la
recherche médicale. Les mots peur (f = 6, r = 4,17) et tristesse (f = 4, r = 5) nous indiquent
14
que, même si ces personnes ne sont pas malades, elles connaissent les effets émotionnels que
la maladie peut engendrer. Cependant ces termes ayant une fréquence et un rang élevé, ils ne
peuvent pas être considérés comme représentatifs de la vision de l’échantillon. Nous pouvons
imaginer que les personnes qui les ont cités connaissent la maladie à travers leurs proches et
expriment ainsi les affects qu’ils ont pu ressentir.
En résumé, la représentation des personnes qui suivent un traitement médical est basée
sur leur vécu, leur expérience personnelle. Comparativement aux PS, elles citent beaucoup
moins de termes en lien avec les caractéristiques des maladies, mais énoncent des termes
renvoyant aux conséquences physiques liées à la maladie (souffrance, fatigue, alité, etc.). De
plus, de nombreux termes renvoient au champ de l’affect (angoisse, pourquoi, combat, etc.),
et aux effets de la maladie sur leur quotidien (arrêt de travail, entourage, dépendance).
Les personnes qui ne sont pas contraintes de suivre un traitement médical utilisent
quant à elles des mots qui font partie d’un registre plus descriptif et général. En effet,
contrairement aux autres échantillons, nous ne retrouvons pas de catégorie sémantique
particulièrement saillante. Ces personnes évoquent, tout à la fois, les caractéristiques des
maladies, leurs conséquences physiques, les traitements mis en œuvre et les lieux et les
personnes que peuvent fréquenter les malades. On constate également que ces personnes ne
citent presque pas de termes appartenant au registre des affects. Ainsi, leur représentation de
la maladie reste assez descriptive et formelle.
4.3.2. Analyse catégorielle comparative des personnes avec et sans traitement
(Cf. Tableau Annexe 5)
Concernant la catégorie Types de maladies, les personnes qui suivent un traitement
médical y ont fait plus référence que celles qui ne suivent pas de traitement (19,6%
d’occurrences vs 18,3%) ; et elles ont cité un plus grand nombre de mots différents (22,6% du
nombre de mots vs 21,9% pour celles qui ne suivent pas de traitement). Nous observons
également qu’elles ont émis plus souvent les mêmes mots dans la sous-catégorie Causes des
maladies (31,3% des mots ont été dits plus de trois fois contre 25% pour les personnes ne
suivant pas de traitement).
Il est intéressant d’observer que, contrairement aux trois populations de PS pour
lesquelles la catégorie Traitement était celle qui comportait le plus de mots cités, les
personnes qui suivent un traitement citent le plus grand nombre de mots au sein de la
catégorie Conséquences individuelles liées à la maladie (21,7% d’occurrences). Ce résultat
est tout à fait intéressant puisqu’il signifie que ces personnes, de par leur expérience intime de
la maladie, associent prioritairement au terme maladie, non pas des caractéristiques médicales
ou des interventions de soins, mais les conséquences (notamment psychiques) que cela
engendre sur le malade. Nous observons que ce sont les personnes qui ne suivent pas de
traitement qui citent le plus de mots différents dans cette catégorie concernant les
conséquences individuelles liées à la maladie (17,4% du nombre de mots vs 16,2% pour les
PS). Alors que les personnes qui suivent un traitement citent plus de mots dans la souscatégorie Conséquences psychiques (2,3% d’occurrences vs 1,6 pour les personnes sans
traitement), les personnes ne suivant pas de traitement évoquent plus de mots dans la souscatégorie Conséquences physiques (20,1% vs 19,4%). Ainsi, les personnes qui suivent un
traitement ont émis plus souvent les mêmes mots dans la sous-catégorie conséquences
psychiques, avec 83,3% des mots dits plus de trois fois (contre 37,5% pour les personnes sans
traitement).
15
Pour la catégorie Conséquences sociales liées à la maladie, les personnes suivant un
traitement ont émis plus de mots au total que celles qui ne suivent pas de traitement (9,4%
d’occurrences contre 5,5%), en citant également plus des mots différents (15,8% de mots
différents contre 10,2%). Néanmoins certains de ces mots différents ont été dits moins de trois
fois par les personnes qui suivent un traitement, puisque 20% des mots ont été dits plus de
trois fois pour ces personnes contre 28,6% pour celles n’ayant pas de traitement. Notons,
toutefois, une différence au sein de la sous-catégorie Changements de vie, où les personnes
suivant un traitement ont cité 14,1% de mots différents contre seulement 6,6% pour celles qui
n’en suivent pas. Ces observations corroborent le fait que les personnes qui suivent un
traitement citent plus de termes en lien avec les conséquences sociales liées à la maladie, au
changement de vie que la maladie a provoqué chez elles.
Comme pour les trois populations de PS, la catégorie Traitement est celle qui
comporte le plus de mots cités pour les personnes ne suivant pas de traitement médical (25%
d’occurrences). Ces dernières ont émis, dans cette catégorie, plus de mots que celles qui
suivent un traitement (25% vs 20,6), ont cité plus de mots différents (17,4% du nombre de
mots vs 15%), et ont évoqué plus souvent les mêmes mots (73,2% des mots ont été dits plus
de trois fois, contre 68,8%). Ils ont également cité plus de mots différents que les personnes
qui suivent un traitement au sein de la sous-catégorie Autres interventions (11,2% vs 9,4%).
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce sont ces personnes ne suivant pas de traitement
qui ont évoqué le plus de mots dans la sous-catégorie « Et après » par rapport à celles qui
suivent un traitement (4,9% d’occurrences vs 4,2%) ainsi qu’un plus grand nombre de mots
différents (3,6% du nombre de mots vs 3%). Les personnes ne suivant pas de traitement ont
donc davantage évoqué l’évolution de la maladie et son issue finale, que celles confrontées
quotidiennement à la maladie.
Alors que les personnes ne suivant pas de traitement évoquent plus de mots différents
au sein de la catégorie Conditions spatio-temporelles (11,7% du nombre de mots vs 9,9%),
les personnes qui suivent un traitement médical citent davantage de mots différents dans la
sous-catégorie Rapport au temps ( 2,6% vs 15%). Ainsi, bien qu’on ait vu que ces personnes
citaient moins de termes en lien avec l’issue finale de la maladie, celles-ci évoquent des
termes liés aux conditions temporelles dans leur quotidien de personnes malades.
Concernant la catégorie Ressentis affectifs, les personnes qui suivent un traitement
médical y font plus référence que celles qui ne suivent pas de traitement (14,7%
d’occurrences vs 12,2%) et émettent plus souvent les mêmes mots (48,7% des mots ont été
dits plus de trois fois contre 25,8% pour les personnes ne suivant pas de traitement). Nous
retrouvons ce résultat dans les sous-catégories affects et soutien social : pour les Affects,
41,8% des mots ont été dits plus de trois fois par les personnes qui suivent un traitement
(contre 37,2%) et elles ont cité plus de mots différents au total (15,4% vs 13,3%) ; pour le
Soutien social, 60,9 % des mots ont été dits par celles-ci plus de trois fois alors qu’aucun mot
ne l’a été pour les personnes sans traitement médical. Ces résultats corroborent les précédents.
En effet, les personnes qui suivent un traitement médical associent le mot maladie à leur vécu
personnel de la maladie au quotidien, et évoquent des termes qui se situent sur un plan plus
émotionnel, du côté des affects.
4.4. Synthèse des résultats pour les PS et les NPS
Grâce à l’analyse prototypique, nous constatons que les mots douleur et souffrance
font partie des zones centrales de chacun des échantillons. Cela signifie que les médecins, les
infirmiers, les pharmaciens, les personnes qui suivent un traitement médical et celles qui n’en
16
suivent pas, partagent tous l’idée que la douleur et la souffrance sont associées à la maladie.
Ce sont donc bien les éléments du système central de l’ensemble de la population étudiée.
Suite à ce consensus, les participants élaborent des représentations différentes, en
fonction de leur appartenance groupale.
Nécessairement en interaction dans la mise en place des comportements de soins liés à
la maladie, les représentations des différents PS semblent co-exister, s’influencer et peuvent
parfois interférer entre elles. Les PS élaborent ainsi leur représentation de la maladie, et de ses
déterminants, sur la base de la représentation de la relation soigné-soignant dont l’objectif est
la guérison, par le biais de leur maîtrise des actions de soins à mettre en place : le diagnostic
pour les médecins, le suivi médical et relationnel pour les infirmiers, et le suivi du traitement
pour les pharmaciens.
Les NPS, quant à eux, élaborent leur représentation de la maladie sur la base de leur
expérience singulière et informelle de la maladie : l’expérience vécue personnellement,
intimement, pour les personnes qui suivent un traitement médical et l’expérience individuelle
basée sur les connaissances plus « abstraites » présentes dans leur environnement pour les
personnes qui ne suivent pas de traitement.
Dans l’analyse catégorielle, la catégorie ayant le poids le plus important pour
l’ensemble des PS et des NPS est celle du Traitement. Les sujets citent plus fréquemment
des mots appartenant à cette catégorie. Cette observation ne se retrouve pas dans les mots
constituant la zone centrale de la représentation sociale de la maladie. En effet, les résultats de
l’analyse prototypique nous indiquent des termes appartenant plutôt aux catégories Nature et
Caractéristiques (grave, symptômes) et Conséquences physiques (douleur, souffrance)
comme étant les éléments constitutifs de cette zone. Les participants citent donc
majoritairement des termes renvoyant au traitement de la maladie, mais ces mots ne sont pas
évoqués en premier lieu. Cela confirme donc l’intérêt d’utiliser différentes analyses pour
étudier les représentations sociales de notre population.
5. Discussion
La première hypothèse générale de cette étude renvoyait aux différences de
représentations sociales de la maladie entre les PS et les NPS, c’est-à-dire au sein de
l’échantillon global. Elle se trouve validée puisque l’analyse prototypique et l’analyse
catégorielle mettent clairement en évidence des registres préférentiels pour chacun des deux
groupes.
 L’hypothèse opérationnelle 1 est validée, les PS ont des représentations de la
maladie fondées sur les implications concrètes de celle-ci : ils soulignent la nature et les
caractéristiques de la maladie ainsi que les conséquences physiques qu’elle peut engendrer sur
le malade.
 L’hypothèse opérationnelle 2 est validée, les NPS ont des représentations de la
maladie basée sur leur expérience singulière et informelle de la maladie : même si, comme
pour les PS, les NPS s’appuient également sur les conséquences physiques liées à la maladie,
ils se référent davantage au vécu personnel de la maladie et aux aspects émotionnels qui
l’accompagnent.
Malgré ces différences, certains éléments sont permanents pour les deux groupes.
Ainsi, les PS et les NPS s’accordent à penser que la maladie est associée à la douleur, la
souffrance et la gravité. Ces termes sont les éléments unificateurs et stabilisateurs de la
représentation sociale, c'est-à-dire ceux qui résisteront le plus au changement.
17
Le système périphérique est complémentaire du système central. Il permet aux
membres d’un groupe de s’approprier, une partie de la représentation. Au sein de nos
différents échantillons, chacun peut donc, via ce système périphérique, inscrire dans la
représentation de la maladie, son histoire, son vécu, et y apporter une certaine hétérogénéité
au vu de leurs pratiques différentes de la maladie. Les éléments périphériques de cette étude
nous apprennent que des représentations personnelles et singulières, cohabitent avec des
représentations socialement partagées.
La seconde hypothèse générale renvoyait aux différences de représentations sociales,
relatives à la maladie, et donc aux représentations professionnelles des médecins, des
infirmiers et des pharmaciens. Elle est validée également. La pratique influence donc bien les
représentations sociales et donne lieu à de véritables représentations professionnelles.

L’hypothèse opérationnelle 1 est validée, les médecins se situent plutôt du
côté du diagnostic en utilisant un vocabulaire scientifique plus descriptif : ils soulignent les
conséquences physiques liées à la maladie.

L’hypothèse opérationnelle 2 est partiellement validée, les pharmaciens se
situent bien du côté de l’application du diagnostic et du suivi du traitement en se référant aux
aspects médicaux, mais ils se réfèrent peu aux aspects relationnels comme nous le
supposions : ils se centrent davantage sur les spécificités des maladies et leurs causes.
Malgré ces distinctions, tous associent majoritairement la maladie à son traitement.

L’hypothèse opérationnelle 3 est également validée, les infirmiers se situent
plutôt du côté du suivi du patient en se référant aux conséquences de la maladie et au
sentiment d’empathie envers le patient : ils soulignent, comme les médecins, les
conséquences physiques liées à la maladie, mais ils sont plus sensibles aux conséquences
sociales et aux ressentis affectifs du malade.
La dernière hypothèse générale renvoyait aux différences de représentations
sociales, relatives à la maladie, entre les personnes qui suivent un traitement médical et celles
qui n’en suivent pas, est aussi validée : la maladie est plus située du côté du ressenti pour les
personnes qui suivent un traitement médical régulier et sur un plan plus cognitif pour celles
qui ne suivent aucun traitement.

L’hypothèse opérationnelle 1 est validée, les personnes qui suivent un
traitement médical régulier ont des représentations de la maladie basées sur leurs expériences
personnelles de la maladie au quotidien et utilisent un vocabulaire se situant sur un plan plus
émotionnel : elles sont plus sensibles aux conséquences individuelles liées à la maladie, aux
conséquences de celle-ci sur leur vie et sur leurs ressentis affectifs.

L’hypothèse opérationnelle 2 est validée, les personnes qui ne suivent pas de
traitement ont des représentations de la maladie plus « abstraites » et utilisent un vocabulaire
appartenant davantage aux caractéristiques communes de toute maladie : elles soulignent les
conséquences physiques liées à la maladie ainsi que le traitement mis en œuvre pour la
vaincre.
Dans le discours des PS nous retrouvons la signification prégnante d’une pensée
professionnelle, articulée autour de deux approches. L’une centrée sur l’agir, la prise de
distance émotionnelle et l’opérationnalisation technique. L’autre centrée sur le désir de
prendre soin de la personne malade, dans une prise en charge relationnelle centrée sur
l’empathie. Cette action professionnelle traduit ainsi une appréhension de la maladie à travers
l’appartenance groupale et le contexte professionnel, et une appréhension singulière en
fonction de l’engagement de chacun.
18
Du côté des NPS, comme le montraient Anagnostopoulos et Spanea (2005), les
différences entre ces représentations s’expliquent par le fait que les personnes en bonne santé
n’ont accès qu’aux informations culturelles et sociales de leur environnement, alors que les
personnes malades ont également accès à leurs expériences personnelles face à la maladie.
Est à souligner aussi qu’aujourd’hui, les NPS ont un accès à l’information médicale de
plus en plus aisé au travers différents supports médiatiques (publicités, reportages, etc.) et
Internet qui est devenu le media privilégié dans la recherche d’informations et dans la mise en
réseau des personnes, notamment via les forums de discussion.
6. Limites, intérêts et perspectives
Conscientes des limites de ce travail, quelques pistes de recherche méritent d’être
présentées.
Sur le plan méthodologique, la critique essentielle qu’appelle l’analyse catégorielle
est la construction des catégories et surtout, par la suite, l’affectation des termes au sein de
chacune d’entre elles. Meme si la méthode inter-juges a été adoptée, certains mots ont été
difficilement classables. Vergès suggère comme principe de regroupement « celui du
rattachement aux mots les plus fréquents » (Vergès, 1992, p. 206), car paradoxalement, ne pas
regrouper des mots synonymes ou sémantiquement proches pourrait constituer un biais en
amenant à privilégier un thème qui s’actualiserait par un ou deux termes seulement et,
corrélativement, à minimiser une autre thématique regroupant un grand nombre de termes.
Les techniques et analyses choisies sont complémentaires. Les associations libres ont pour
avantage de laisser une grande liberté au sujet dans l’expression des termes, l’analyse
prototypique permet le repérage du noyau central, tandis que l’analyse catégorielle permet la
mise en évidence des divers registres sémantiques évoqués et complète ainsi la première
analyse. D’où la nécessité d’une approche pluri-méthodologique dans l’étude des
représentations sociales comme le préconisait Abric (1994). De fait, une analyse factorielle
des correspondances permettrait d’étudier les relations entre les éléments, leur importance
relative et leur hiérarchie dans les différents groupes. De même, une analyse plus qualitative
reposant sur des entretiens approfondis permettrait d’éclairer les différentes « zones »
repérées dans la structure de la représentation sociale. Etudier de manière plus approfondie les
représentations que se font les PS mais aussi les malades sur leur propre maladie, comme le
suggéraient Jopson et Moss-Morris (2003), pourrait permettre une prise en charge plus
adaptée et une meilleure acceptation de celle-ci.
L’étude gagnerait également à prendre en compte le contexte social et économique de
la maladie et de la santé lié aux politiques mises en place, à la prévention médicale et aux
différents supports médiatiques présents dans l’environnement, afin de monter leur influence
sur les représentations sociales. De même, d’autres caractéristiques telles que le lieu
d’exercice, le niveau d’étude ou encore le sexe pourraient être affinés de manière à mettre
l’accent sur une influence possible de ces caractéristiques sur la vision des participants envers
la maladie.
Même si nous n’avons pas pu étudier les liens entre plusieurs représentations lors de
notre étude (Valence, 2010), cette approche ouvre de nombreuses perspectives pour les
recherches à venir. Il pourrait être intéressant d’étudier, comme l’avait fait Herzlich (1969),
les liens entre les représentations sociales de la maladie et celles de la santé aujourd’hui, afin
de mettre en évidence les liens qu’elle entretiennent.
19
Cette étude présente néanmoins l’avantage de permettre de prendre en compte les
statuts professionnels des PS interrogés, et le statut médical des NPS, et de comparer leurs
RS, ce qui constitue véritablement une première. Certains travaux ont étudié les
représentations professionnelles dans d’autres domaines d’applications, notamment dans le
milieu de l’éducation (Piaser, 2000). En étudiant les connaissances et les attitudes des
professionnels de santé à l’égard de la douleur induite par les soins, Peoc’h et al. (2005),
montrent également la manière dont celles-ci guident et influencent les pratiques
professionnelles de prise en charge de la douleur. Ces éclairages dont nous nous sommes
inspirées mériteraient d’être approfondis dans le champ de la santé pour une plus grande
compréhension des représentations chez les professionnels de soins.
Conclusion
Cette étude avait pour objectif de mettre à jour les différences pouvant exister
concernant les représentations sociales de la maladie chez les Professionnels et chez les NonProfessionnels de la Santé. Grâce à l’analyse prototypique et à l’analyse catégorielle, nous
avons pu constater que la maladie est un objet de représentation normatif car certains
éléments sont partagés par les professionnels et les Non-Professionnels de la Santé, mais que
le poids du vécu personnel et de la pratique sociale et professionnelle reste essentiel pour
rendre compte de la globalité de cet objet d’étude. Ainsi, lorsque l’on compare de manière
plus fine les sous-catégories composant les PS et les NPS, on remarque des différences
notables dans leur représentation sociale de la maladie. Nous ne pouvons pas percevoir la
maladie comme le seul fait « biologique ». La maladie est à considérer comme un fait
biopsychosocial (Fischer & Tarquinio, 2006). Il nous faut donc prendre en compte une
diversité de facteurs et leur interdépendance : les aspects biologiques, sociaux et
psychologiques. Les aspects biologiques se sont traduits dans cette étude au travers des
évocations liées aux caractéristiques et aux causes de la maladie, les aspects sociaux sont
traduits au travers des évocations liées au soutien social et aux aspects relationnels, et l’aspect
psychologique se traduit au travers des évocations renvoyant aux conséquences psychiques
liées à la maladie et aux ressentis affectifs.
Pour conclure, mieux connaître les représentations de la maladie du non spécialiste
peut aider les spécialistes de la santé à mieux se faire comprendre auprès des malades et de
leur famille, et améliorer ainsi le dialogue entre savoir « expert » et savoir « profane » (Morin,
2004). De la même manière, mieux connaître les représentations des spécialistes peut aider les
patients à mieux comprendre et appréhender ce que leur expliquent les professionnels. Ce
terrain d’études semble donc prometteur avec des résultats à prendre en compte pour une
prise en charge du patient mieux adaptée.
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22
ANNEXES
Annexe 1 : Répartition de la population interrogée selon les caractéristiques
PS + NPS
PS
NPS
Variable
Sexe
Hommes
Femmes
Total
Ages
18-25
26-35
36-45
46-55
56-65
66-75
76-85
> à 86 ans
Total
Niveau d'études
BEPC/BEP
Bac
Bac + 3
> Bac +3
Non-réponse
Total
Lieu de vie de l'enfance
En ville
En milieu rural
Non-réponse
Total
Style d'habitat
Seul
En famille
Avec amis
Dans un foyer
Autres
Total
Profession
Etudiants
Agriculteurs-exploitants
Artisans- commerçants- chefs d’entreprise
Cadres et professions intellectuelles
supérieures (Non santé)
Cadres et professions intellectuelles
sSUUSUP2RIEUREsupérieures
(Non santé)
supérieures (Santé)
Médecins, Pharmaciens
Professions intermédiaires (Non santé)
Professions intermédiaires (Santé)
Infirmiers
Employés
Effectif
%
Effectif
%
Effectif
%
73
197
270
27,0
73,0
100
35
100
135
25,9
74,1
100,0
38
97
135
28,1
71,9
100,0
71
59
64
58
16
1
1
0
270
26,3
21,9
23,7
21,5
5,9
0,4
0,4
0,0
100,0
24
31
32
40
8
0
0
0
135
17,8
23,0
23,7
29,6
5,9
0,0
0,0
0,0
100,0
47
28
32
18
8
1
1
0
135
34,8
20,7
23,7
13,3
5,9
0,7
0,7
0,0
100,0
0
34
63
170
3
270
0
12,6
23,3
63
1,1
100,0
0
0
0
135
0
135
0,0
0,0
0
100
0,0
100,0
0
34
63
35
3
135
0
25,2
46,7
25,9
2,2
100,0
128
137
5
270
47,4
50,7
1,9
100,0
77
55
3
135
57,0
40,7
2,2
100,0
51
82
2
135
37,8
60,7
1,5
100,0
41
212
3
4
10
270
15,2
78,5
1,1
1,5
3,7
100,0
18
117
0
0
0
135
13,3
86,7
0,0
0,0
0,0
100,0
23
95
3
4
10
135
17,0
70,4
2,2
3,0
7,4
100,0
28
2
2
10,4
0,7
0,7
0
0
0
0,0
0,0
0,0
28
2
2
20,7
1,5
1,5
10
3,7
0
0,0
10
7,4
90
33,3
90
66,7
0
0
58
21,5
0
0,0
58
43,0
45
16,7
45
33,3
0
0
6
2,2
0
0,0
6
4,4
23
Ouvriers
Sans profession
Non-réponse
Total
Si profession de santé, quel secteur :
Libéral
Structure publique
Structure privée
Non-réponse
Total
Lieu d’exercice :
Centre-ville
Périphérie
Milieu rural
Non-réponse
Total
Traitement médical ?
Oui
Non
Non-réponse
Total
Longueur du traitement :
Momentané
A long terme
A vie
Pas de traitement
Total
Type de maladie
Stress
Hypertension
Dépression
Acné
HIV
Règles
Cholestérol
Allergies
Cancer
Asthme
Problèmes veineux
Manque de fer
Eczéma
Glaucome
Troubles respiratoires
Herpès labial
Névrose obsessionnelle
Sinusite chronique
Migraines
Trouble gynécologique
Non-réponse
Total
5
4
20
270
1,9
1,5
7,4
100,0
0
0
0
135
0,0
0,0
0,0
100,0
5
4
20
135
3,7
3,0
14,8
100,0
62
71
38
99
270
23,0
26,3
14,1
36,7
100,0
55
57
23
0
135
40,7
42,2
17,0
0,0
100,0
7
14
15
99
135
5,2
10,4
11,1
73,3
100,0
108
45
33
84
270
40,0
16,7
12,2
31,1
100,0
86
28
16
5
135
63,7
20,7
11,9
3,7
100,0
22
17
17
79
135
16,3
12,6
12,6
58,5
100,0
67
203
0
270
24,8
75,2
0
100,0
0
135
0
135
0
100
0
100,0
67
68
0
135
49,6
50,4
0
100,0
0
40
27
203
270
0,0
14,8
10
75,2
100,0
0
0
0
135
135
0,0
0,0
0,0
100
100,0
0
40
27
68
135
0,0
29,6
20,0
50,4
100,0
7
7
6
7
3
2
4
3
7
5
1
1
1
1
1
1
1
1
1
2
208
270
2,6
2,6
2,2
2,6
1,1
0,7
1,5
1,1
2,6
1,9
0,4
0,4
0,4
0,4
0,4
0,4
0,4
0,4
0,4
0,7
77,0
100,0
0
0
0
1
0
0
0
0
2
0
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
131
135
0,0
0,0
0,0
0,7
0,0
0,0
0,0
0,0
1,5
0,0
0,0
0,7
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
97,0
100,0
7
7
6
6
3
2
4
3
5
5
1
0
1
1
1
1
1
1
1
2
77
135
5,2
5,2
4,4
4,4
2,2
1,5
3,0
2,2
3,7
3,7
0,7
0,0
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
0,7
1,5
57,0
100,0
24
< 7 (=3 mini)
Fréquence
> ou égal à 7
Annexe 2 : Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les PS
2-1. Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les médecins
Rang moyen d'apparition
< 3,7
> ou égal à 3,7
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Douleur
21
3,33
Traitement
19
4,16
Mort
13
2,77
Médecin
18
4,22
Gravité
11
2,73
Guérison
14
5,36
Cancer
10
3,50
Hôpital
12
4,67
Souffrance
9
2,45 Médicaments
12
4,75
Handicap
8
3,12 Complications
11
3,73
Soins
9
5,00
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Symptômes
5
2,00
Contagion
4
4,25
Examens
4
3,50
Evolution
4
5,50
Pronostic
3
1,67
Prévention
3
4,67
Santé
3
2,67 Intervention
3
5,33
Fièvre
3
3,00
Fatigue
3
5,33
Durée
3
3,33 Hospitalisation
3
7,67
Tumeur
3
3,67
< 7 (=3 mini)
Fréquence
> ou égal à 7
2-2. Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les pharmaciens
Rang moyen d'apparition
<4
> ou égal à 4
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Médecin
22
3,64
Hôpital
13
5,46
Médicaments
20
3,45
Guérison
12
4,50
Traitement
19
3,95
Gravité
11
4,36
Douleur
11
2,82
Mort
7
4,86
Soins
9
2,67
Souffrance
8
2,87
Malade
7
1,43
Cancer
7
3,86
Mot
Pathologie
Symptôme
Diagnostic
Chronicité
Diabète
Fréquence
5
5
3
3
3
Rang
Mot
Fréquence Rang
2,00
Fatigue
5
4,60
3,20 Contagiosité
5
6,60
2,00
Pharmacien
4
4,75
3,00 Prise en charge
3
4,00
3,67
Examens
3
4,00
Ecoute
3
4,67
25
< 7 (=4 mini)
Fréquence
> ou égal à 7
2-3. Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les infirmiers
Rang moyen d'apparition
< 4,2
> ou égal à 4,2
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence
Douleur
16
3,32
Traitement
20
Souffrance
12
3,67
Guérison
12
Mort
9
4,11
Médecin
11
Médicaments
8
4,12
Hôpital
11
Hospitalisation
7
3,71
Soins
10
Psychologie
7
4,14
Chronicité
10
Cancer
9
Diagnostic
8
Peur
8
Isolement
7
Mot
Gravité
Fatigue
Pathologie
Aliter
Symptôme
Mal-être
Rang
4,90
5,25
5,55
5,73
4,50
5,10
5,33
4,50
4,87
5,43
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
5
1,80
Contraintes
6
4,67
5
3,60
Patient
6
5,00
4
1,75
Dépendance
6
5,17
4
2,75
Incurable
6
5,33
4
2,75
Examens
6
5,67
4
4,00 Diminution Physique
4
4,25
Atteinte
4
5,00
Faiblesse
4
5,75
Contagion
4
6,25
26
Annexe 3 : Analyse catégorielle de la représentation sociale de la maladie chez les PS
% de mots fréquents
% du nombre de mots
% occurrences
(3 et plus)
Catégorie
PS
PS
PS
s
Méde Infirm Pharma Méde Infirm Pharma Méde Infirm Pharma
cins
iers
ciens
cins
iers
ciens
cins
iers
ciens
Les
21,8
18,7
28,9
19,4
19,1
23,5
64,1 78,4
52,7
maladies
Noms 4,7
0,7
11,1
5,2
2,3
7,6
76,5
100
41,7
Nature et
Caractéris 12,4
11,5
11,9
12,4
13,2
12,7
68,3
84,3
72,5
tiques
Causes 4,7
6,5
5,9
1,8
3,6
3,2
0
42,9
0
Conséque
nces
individuel
17,9
22,3
15,5
24,2
22,5
18,3
75
73,6
65,5
les
liées à la
maladie
Physiques 13,2
16,5
13,3
22,1
19,7
17,4
82,2
80,3
69,1
Psychique
4,7
5,8
2,2
2,1
2,8
0,9
0
27,3
0
s
Conséque
nces
sociales
8,6
15,1
11,1
3,6
10,4
5,1
0
55
0
liées à la
maladie
Rapport
au travail
1,6
2,2
3
0,9
1,3
1,3
0
60
0
et
à l'argent
Changeme
7
12,9
8,1
2,7
9,1
3,8
0
54,3
0
nts de vie
Traiteme
16,2
17,3
11,9
26
23
25,4
79,8
82,1
86,2
nt
Médicame
2,3
2,2
2,2
4,2
2,6
7
85,7
80
90,9
nts
Autres
interventi 8,5
10,8
6,7
14,5
15,5
13,3
91,7
83,3
88,1
ons
Et après
5,4
4,3
3
7,3
4,9
5,1
75
78,9
75
…
Condition
s
spatio15,5
6,5
13,3
16,3
11,1
6,7
66,7
81,4
72,2
temporell
es
Institution 11,6
6,5
9,6
14,2
11,1
5,1
70,2
81,4
79,6
27
s et
Acteurs
Rapport
au temps
Ressentis
affectifs
Affects
Soutien
social
Total des
mots
% du
nombre
de mots
total
fréquent
3,9
0
3,7
2,1
0
1,6
42,9
0
0
20,2
20,1
19,2
10,3
13,7
10,8
0
50,9
8,8
12,4
15,1
9,6
6,7
9,6
5,1
0
48,6
0
7,8
5
9,6
3,6
4,1
5,7
0
56,3
16,7
129
139
135
330
386
316
211
279
188
63,9
72,3
59,5
28
< 7 (=4 mini)
Fréquence
> ou égal à 7
Annexe 4 : Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les NPS
4-1. Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les
personnes avec traitement
Rang moyen d'apparition
< 4,2
> ou égal à 4,2
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Médecin
24
3,79
Hôpital
20
4,75
Souffrance
22
2,82
Cancer
19
4,32
Traitement
16
3,25 Médicaments
18
4,27
Soins
15
4,07
Guérison
14
4,86
Douleur
14
2,36
Mort
14
5,21
Grave
9
3,67
Entourage
7
6,43
Fatigue
9
4,11
Angoisse
7
4,14
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Peur
6
3,00 Hospitalisation
6
6,00
Pourquoi
6
3,17
Examens
5
4,60
Alité
6
3,83
Virus
5
5,00
Fièvre
5
2,60
Combat
4
5,25
Mal-être
4
2,50
Soigner
4
5,25
Symptôme
4
3,00 Arrêt de travail
4
5,50
Sida
4
3,75 Dépendance
4
5,50
Incurable
4
8,00
< 7 (=4 mini)
Fréquence
> ou égal à 7
4-2. Analyse prototypique de la représentation sociale de la maladie chez les
personnes sans traitement
Rang moyen d'apparition
<4
> ou égal à 4
Mot
Fréquence Rang
Mot
Fréquence Rang
Médecin
29
3,35
Hôpital
30
4,33
Souffrance
26
2,77 Médicaments
26
4,65
Cancer
17
2,76
Mort
22
4,64
Douleur
12
3,08
Traitement
19
4,58
Santé
8
2,12
Guérison
15
4,80
Grave
7
3,00
Soins
14
4,28
Mot
Fréquence Rang
Mal-être
6
2,33
Pathologie
6
3,00
Diagnostic
5
2,60
Fatigue
5
3,00
Mot
Fréquence Rang
Peur
6
4,17
Handicap
6
4,17
Fièvre
6
4,50
Incurable
5
4,00
Arrêt de travail
5
5,20
Recherche
4
5,00
Tristesse
4
5,00
29
Annexe 5 : Analyse catégorielle de la représentation sociale de la maladie chez les NPS
% de mots fréquents
% du nombre de mots
% occurrences
(3 et plus)
Catégories
NPS
NPS
NPS
Pas de
Pas de
Pas de
Traitemen
Traitemen
Traitemen
traitemen
traitemen
traitemen
t
t
t
t
t
t
Les maladies
22,6
21,9
19,6
18,3
51,9
53,7
Noms
6,4
6,1
7,4
6,1
59
54,8
Nature et
Caractéristique
11,5
11,7
9,2
9,8
53,1
60
s
Causes
4,7
4,1
3
2,4
31,3
25
Conséquences
individuelles
16,2
17,4
21,7
21,7
72,2
72,7
liées à la
maladie
Physiques
14,5
14,3
19,4
20,1
70,9
75,5
Psychiques
1,7
3,1
2,3
1,6
83,3
37,5
Conséquences
sociales
15,8
10,2
9,4
5,5
20
28,6
liées à la
maladie
Rapport au
travail et
1,7
3,6
1,5
2,2
50
45,5
à l'argent
Changements
14,1
6,6
7,9
3,3
14,3
17,6
de vie
Traitement
15
17,4
20,6
25
68,8
73,2
Médicaments
2,6
2,6
4,3
6,1
78,3
83,9
Autres
9,4
11,2
12,1
14
67,2
69
interventions
Et après …
3
3,6
4,2
4,9
63,6
72
Conditions
spatio9,9
11,7
13,9
17,3
71,6
75
temporelles
Institutions et
7,3
10,2
12,8
16,7
77,9
77,6
Acteurs
Rapport au
2,6
1,5
1,1
0,6
0
0
temps
Ressentis
20,5
21,5
14,7
12,2
48,7
25,8
affectifs
Affects
15,4
13,3
10,4
8,5
41,8
37,2
Soutien social
5,1
8,2
4,3
3,7
60,9
0
Total des mots
% du nombre
de mots total
fréquent
234
196
530
508
312
313
58,9
61,6
30
31
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