Lourmarin 2007 Patients et OTC Vers une plus forte responsabilisation L’assurance-maladie doit trouver des ressources et donc jouer sur les prélèvements obligatoires et/ou sur le patient. Les questions sont clairement posées : faut-il responsabiliser le malade ? Comment ? Et surtout : faut-il le faire payer davantage ? P ourquoi existe-t-il dans l’opinion française le sentiment que la santé doit être gratuite ? Christian Saout, président du Collectif inter associatif sur la santé (CISS) et président de la Conférence nationale de santé, s’est penché sur les raisons du manque d’implication des patients dans la prise en charge de leur santé. Selon lui, il est clair que « la France n’est pas un pays de culture de santé publique ». Il faut ainsi attendre assez tard dans le 20ème siècle pour voir émerger la notion politique que certains comportements sont nocifs : tabac, alcool. En outre, l’idée que la responsabilité repose sur l’éducation est trop peu répandue. Or, pour Christian Saout, il est possible de construire une culture en la matière, car « la responsabilité, c’est le résultat de la responsabilisation ». Il est indispensable d’informer – notamment sur les coûts d’un médicament – et de motiver, en mettant en exergue la bonne attitude par rapport à la pres« Il faut informer cription médicale. Il faut aussi édicter des règles, des droits et des devoirs et sur les coûts » rendre le système plus transparent. En outre, le président du CISS souligne qu’il ne saurait y avoir de responsabilité sans équité. Or, l’absence d’équité est une des caractéristiques de notre système : alors que les médecins et les pharmaciens ont leurs conventions respectives, les patients n’ont aucune marge de négociation, tout leur est imposé. Automédication ou self-care L’accroissement de l’automédication passe forcément par une plus grande implication des patients. David E.Webber, directeur général du WSMI (World Self-Medication Industry), s’est ému de l’absence selon lui révélatrice de traduction officielle française au concept de self-care, que l’on pourrait 52 PHARMACEUTIQUES - OCTOBRE 2007 cependant traduire par « auto-santé ». Le « self care », tel que le définit l’OMS, repose sur la responsabilité du patient qui, en collaboration avec les médecins et les pharmaciens, prend sa santé en main en adoptant un mode de vie adéquat. Selon David E. Webber, ce sont 50 % de certaines maladies chroniques (cancer, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité) qui pourraient être évitées grâce à une C. SAOUT meilleure hygiène de vie. « Le système biomédical, dans lequel les maladies sont vues, soit comme des évènements venus de l’extérieur soit comme des changements internes, est insuffisant ». Les patients ne sont pas tous des victimes passives et il faut mettre en place un modèle fondé sur la prévention plutôt que sur le seul traitement. Jean Parrot, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), se déclare en faveur d’un accroissement des médicaments sans prescription, mais demande une clarification de certains points essentiels : en plus d’être des produits de qualité, les produits d’automédication ne doivent en aucun cas être mélangés à des médicaments qui sont eux-mêmes remboursés car cela fausse complètement le jeu. Leur présentation en officine doit également être améliorée. Quand toutes les conditions seront réunies, les pharmaciens joueront le jeu. n Valérie Moulle