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Pourquoi existe-t-il dans l’opinion française le senti-
ment que la santé doit être gratuite ? Christian Saout,
président du Collectif inter associatif sur la santé
(CISS) et président de la Conférence nationale de
santé, s’est penché sur les raisons du manque d’implication
des patients dans la prise en charge de leur santé. Selon lui, il
est clair que « la France n’est pas un pays de culture de santé
publique ». Il faut ainsi attendre assez tard dans le 20ème siècle
pour voir émerger la notion politique que certains compor-
tements sont nocifs : tabac, alcool. En outre, l’idée que la
responsabilité repose sur l’éducation est trop peu répandue.
Or, pour Christian Saout, il est possible de construire
une culture en la matière, car « la responsabilité,
c’est le résultat de la responsabilisation ». Il
est indispensable d’informer – notam-
ment sur les coûts d’un médicament –
et de motiver, en mettant en exergue la
bonne attitude par rapport à la pres-
cription médicale. Il faut aussi édicter
des règles, des droits et des devoirs et
rendre le système plus transparent.
En outre, le président du CISS souli-
gne qu’il ne saurait y avoir de respon-
sabilité sans équité. Or, l’absence d’équité
est une des caractéristiques de notre système :
alors que les médecins et les pharmaciens ont leurs
conventions respectives, les patients n’ont aucune marge de
négociation, tout leur est imposé.
Automédication ou self-care
L’accroissement de l’automédication passe forcément par
une plus grande implication des patients. David E.Webber,
directeur général du WSMI (World Self-Medication Indus-
try), s’est ému de l’absence selon lui révélatrice de traduction
officielle française au concept de self-care, que l’on pourrait
cependant traduire par « auto-santé ».
Le « self care », tel que le définit
l’OMS, repose sur la responsa-
bilité du patient qui, en col-
laboration avec les méde-
cins et les pharmaciens,
prend sa santé en main
en adoptant un mode
de vie adéquat. Selon
David E. Webber, ce
sont 50 % de certaines
maladies chroniques
(cancer, maladies car-
diovasculaires, diabète,
obésité) qui pourraient
être évitées grâce à une
meilleure hygiène de vie.
« Le système biomédical, dans
lequel les maladies sont vues, soit
comme des évènements venus de l’exté-
rieur soit comme des changements internes, est insuffisant ».
Les patients ne sont pas tous des victimes passives et il faut
mettre en place un modèle fondé sur la prévention plutôt
que sur le seul traitement. Jean Parrot, président du Conseil
national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), se déclare en
faveur d’un accroissement des médicaments sans prescrip-
tion, mais demande une clarification de certains points es-
sentiels : en plus d’être des produits de qualité, les produits
d’automédication ne doivent en aucun cas être mélangés à
des médicaments qui sont eux-mêmes remboursés car cela
fausse complètement le jeu. Leur présentation en officine
doit également être améliorée. Quand toutes les conditions
seront réunies, les pharmaciens joueront le jeu. n
Valérie Moulle
Patients et OTC
Vers une plus forte
responsabilisation
L’assurance-maladie doit trouver des ressources et donc jouer sur les prélèvements
obligatoires et/ou sur le patient. Les questions sont clairement posées : faut-il
responsabiliser le malade ? Comment ? Et surtout : faut-il le faire payer davantage ?
« Il faut informer
sur les coûts »
Lourmarin 2007
C. SAOUT
PHARMACEUTIQUES - OCTOBRE 2007