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ALLEZ DIRE AU MONDE ENTIER
LES MERVEILLES DE DIEU QUI NOUS A SAUVES !
1re Méditation
« C’EST LA MISERICORDE QUE JE VEUX,
ET NON LES SACRIFICES »
2e méditation
LA CROIX GLORIEUSE
SEPTEMBRE – OCTOBRE 2014
1 1re méditation
« C’EST LA MISERICORDE QUE JE VEUX,
ET NON LES SACRIFICES »
1. Acte préparatoire
En septembre 2013, s’adressant à des universitaires, le Pape François parlait d’une « crise de changement
d’époque qui affecte le monde occidental et déstabilise le présent et le futur de notre existence humaine et qui risque
de s’étendre bientôt au monde entier »1. Il souhaitait qu’on puisse, dans un dialogue sincère, avec une
culture de solidarité, faire renaître l’espérance par la mise en valeur de nos richesses mutuelles.
Cette année, le Saint-Père a placé l’année jubilaire de saint Célestin V qu’il vient d’ouvrir en juillet,
sous le signe de la miséricorde. « Il s’agit d’une année où la porte de la Miséricorde divine sera ouverte à tous.
(…) C’est une réponse qui vient de l’Évangile : l’amour comme force de purification des consciences, force d’un
renouveau des rapports sociaux, force pour projeter une économie différente, qui mette au centre la personne, le
travail, la famille, plutôt que l’argent et le profit. »2
2. Objectif à atteindre
Au temps de saint Paul, les Corinthiens connaissaient, eux aussi, des troubles et des oppositions
continuelles entre sagesse du monde et sagesse du Christ. Cherchant à apaiser leurs questions et leurs
difficultés, il voulait les mettre sur le chemin de l’amour réciproque et écrivait :
« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas
d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de
rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait
confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » 3. Ce discours s’adresse à nous aussi aujourd’hui. Nous
n’avons pas à démasquer l’erreur de l'autre d’abord mais nous sommes invités à regarder quelle place
nous donnons à la personne, à la famille, à l’argent, au profit, à notre avenir…
Lors de l’Angélus du 21 juillet 2014, le Pape François a invité les chrétiens à stopper ce système
économique actuel qui exploite l’homme et, à l’exemple de Jésus, à apporter le soulagement et le
réconfort aux personnes qui souffrent, qui sont épuisées, qui ont besoin d’aide, de tendresse et
d’espérance4.
1
Famille Missionnaire, 22 septembre 2013.
Zenit, 5 juillet 2014.
3
1 Co 13, 4-7.
4
Zenit, 20 juillet 2014.
2
2 3. Prière
Seigneur Jésus, aide-moi à voir mes limites et mes fautes au quotidien, et accorde-moi de rester comme
toi, doux et humble au milieu de mes contemporains fatigués et lassés.
4. Passage de l’Évangile Mt 9, 10-13
Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et
beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples
: « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus, qui avait entendu, déclara : « Ce
ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : Je
veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. »
5. Points pour la méditation
a) Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et avec les pécheurs ?
Les pharisiens, dont le zèle avait pris des proportions humaines d’un fanatisme sectaire, contestaient
l’attitude et le comportement de celui qui se présentait comme venant du Ciel et qui, à leurs yeux, ne
respectait pas convenablement la Loi de Moïse.
Il est vrai que la conduite du Messie était très inhabituelle et justifiait qu’on parle de lui en le nommant
avec un certain dédain ‘ami des publicains et des pécheurs’5. Les pharisiens étaient étonnés et ne
comprenaient pas. Ils n’avaient pas compris qu’une des formes les plus profondes de la misère humaine,
le péché, attirait plus particulièrement la compassion du Christ. Quelque 50 ans plus tard, saint Paul,
ancien pharisien, écrivant à Timothée, dira avec conviction : « Le Christ Jésus est venu dans le monde pour
sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. »6.
Cependant, au comportement scandalisé de ces hommes, Jésus répondait : « Ce ne sont pas les gens bien
portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »
b) Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades
Cette réponse s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Par l’Incarnation du Verbe, Dieu nous a libérés de nos
péchés et veut nous communiquer sa vie divine.
Il est venu sauver ce qui était perdu. Dans sa bienveillance, Dieu s’est penché sur le mal pour en tirer un
bien immense et éternel. Il sait que nous avons tous besoin de pardon. Tous les êtres humains ont
besoin de retrouver le chemin de l’amour de Dieu et ce n’est que par un privilège spécial que Marie est
Immaculée Conception : « Elle a été celle qui, la première et d’une façon unique, a bénéficié de la victoire
5
6
Mt 11, 19.
1 Tm 1, 15.
3 sur la mort remportée par le Christ. Elle a été préservée de toute souillure du péché originel et, durant toute sa vie
terrestre, par une grâce spéciale de Dieu, elle n’a commis aucune sorte de péché »7.
Pendant sa vie publique, Jésus, le Fils de Dieu, a multiplié les gestes de miséricorde. Devant les
pécheurs qu’il rencontre, il manifeste une compassion infinie : au puits de Jacob, il accueille la
Samaritaine et lui parle sans tenir compte du ton moqueur de ses paroles quand elle lui répond. «
Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? »8 Jésus connaissait la vie déréglée
de cette femme mais, puisqu’elle est venue « puiser de l’eau à la fontaine », elle y puisera aussi l’eau
vive que le Christ va lui donner à boire. De même, avec la femme adultère, devant la pécheresse
pardonnée ou face aux malades et infirmes qui viennent le trouver, Jésus pardonne, console et guérit.
Nous sommes tous des « enfants prodigues » et, malheureusement, notre attitude ressemble souvent
étrangement à celle du fils aîné de la parabole. Nous critiquons, nous jugeons avec notre justice
humaine sans chercher à comprendre le pourquoi de telle ou telle attitude et nous ne « supportons pas »
ce qui nous semble une injustice.
Regardons aussi la patience du Christ face au groupe des apôtres : ce sont tous des hommes de bonne
volonté mais dont l’intelligence et la culture sont limitées et dont chacune des personnalités a besoin
d’être purifiée : Jacques et Jean veulent les premières places, Thomas ne croit pas sans preuves, Pierre
qui le reniera et Judas qui le trahira. Là, au milieu d’eux, le Seigneur sait qu’il est venu pour servir et
donner sa vie pour la multitude9.
c) C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices.
L’amour infini du Christ est au cœur de notre réconciliation avec le Père. Il est venu pour sauver le
monde, non pour les justes, mais pour les pécheurs : il veut que ses disciples soient sanctifiés dans la
vérité, eux et tous ceux qui, grâce à leurs paroles, croiront en lui. « Que tous soient un, comme toi, Père, tu
es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »10.
Il veut que nous soyons miséricordieux comme le Père est miséricordieux : « Heureux les miséricordieux,
car ils obtiendront miséricorde. »11. Son enseignement est clair et il nous en a lui-même donné l’exemple
« pour que vous fassiez comme j’ai fait »12. Il veut qu’à la place de notre pauvreté, de notre manque de
sagesse et de discernement, nous pratiquions sa sagesse, sa prudence, sa bonté, en un mot : « sa
miséricorde » !
Elle est sans limite. Il ne nous rejettera jamais si nous nous reconnaissons pécheurs, faibles et sans
excuses qui nous permettent de nous « justifier » par ce genre d’excuse qui est de toujours et qui a
commencé à la première chute lorsqu’Adam rejette la faute sur Ève qui la rejette sur le serpent :
chacun se trouve une excuse en accusant l’autre. « C’est la femme que tu m’as donnée. C’est le serpent qui m’a
dit »13.
7
Catéchisme de l’Église Catholique 411.
Jn 4, 9 9
Cf. Mt 20, 28.
10
Cf. Jn 17, 21.
11
Cf. Mt 5, 7.
12
Cf. Jn 13, 15.
13
Cf. Gn 3, 12-13.
8
4 Ailleurs, dans l’Évangile de Matthieu, le Seigneur demande à ses interlocuteurs de cesser toute
hypocrisie et de commencer par enlever la poutre qui nous aveugle avant d’enlever la paille dans l’œil
de notre prochain. La miséricorde de Dieu ne nous reproche jamais nos torts alors même que nous
retombons à la première occasion. Quand nous récitons l’acte de contrition, par exemple, en
promettant de ne pas recommencer et de fuir les occasions de pécher, sommes-nous vraiment déterminés à
accomplir ce que nous professons ? Bien souvent, ce ne sont que des paroles « en l’air » que Dieu
pardonnera dès que nous reconnaîtrons le superficiel de notre comportement.
Toute l’œuvre de Dieu est un mystère d’amour qui le porte à nous élever jusqu’à lui. Pendant le
dernier repas, il distribue le pain et le vin qu’il vient de consacrer après s’être fait nourriture pour
chacun de nous et avoir demandé à ses disciples d’observer le commandement nouveau de l’amour
mutuel et fraternel : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je
vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres »14.
À ce moment-là, les paroles des prophètes sont présentes en lui, il sait qu’il sera repoussant à voir, qu’il
doit mourir et donner sa vie pour nous laver de toutes nos fautes. Il est celui que le Père a promis à
Adam et Ève pour « écraser la tête du serpent des origines ». Il faut qu’il parte, qu’il soit crucifié. Mais
il sait aussi qu’il est venu pour accomplir cet « admirable échange » : il s’est fait homme pour que
l’homme puisse revenir à son Créateur et lui rester fidèle. Quelle bonté et quel amour infinis !
Conclusion
Il est venu appeler les pécheurs, c’est nous qu’il invite à l’imiter, à le suivre : il est le premier né d’une
multitude de frères. La route est difficile, étroite et escarpée et nous ne pouvons nous y engager sans le
secours et la grâce du Maître. Pour accomplir le « commandement nouveau », chacun de nous connaît
bien les conseils du Christ : « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous
aussi »15 mais, à cause de notre faiblesse et de nos limites, quels efforts faisons-nous pour y adhérer
vraiment ? Ne restons-nous pas prisonniers de la mentalité du monde, de la mentalité du pouvoir, de la
mentalité des richesses, de l’individualisme et du relativisme contemporains ? Au dernier jour, nous
l’entendrons nous dire : « j’avais soif, et vous m’avez donné à boire »16, vous avez su vous sacrifier et
pratiquer la miséricorde, entrez dans la gloire de mon Père, celle qu’il vous destine depuis toute
éternité !17
Prière
Seigneur, le chemin est difficile ! Pardonner, être miséricordieux, aimer ceux qui nous contrarient et
nous blessent, qui nous mettent au rebut. Accorde-nous le secours de ton Esprit Saint parce que sans lui
nous ne pouvons rien faire tandis qu’avec lui nous sommes forts ; avec lui nous pourrons suivre
14
Cf. Jn 13, 34.
Cf. Mt 7, 12.
16
Cf. Mt 25, 35.
17
Cf. Mt 25, 31 ss.
15
5 ton exemple de douceur et d’humilité dans les petites comme dans les grandes choses ! Merci,
Seigneur.
Questions :
1)
Le chrétien est appelé « à devenir repos et réconfort pour ceux qui souffrent, avec une attitude douce et
humble » disait le Pape François aux fidèles réunis sur la place Saint-Pierre au mois de juillet 2014. Au
fond de vous, que vous inspirent ces réflexions ? Sur quoi le Saint-Père veut-il attirer notre attention :
ouverture aux autres, disponibilité, générosité ou indifférence face à ces problèmes qui ne sont pas que
des « problèmes de société » ?
2)
Ai-je idée de ce dont notre civilisation a besoin : biens matériels et justice sociale uniquement ?
Connaissance, approfondissement et défense de la foi catholique face aux attitudes des membres de la
société actuelle ? Que faire pour répondre à ce que je ressens ?
3)
« Le témoignage de la charité est la voie royale de l’évangélisation » : est-ce que je sais
évangéliser dans le calme, la disponibilité et la simplicité de ma vie au quotidien ?
∞∞∞
2e méditation
LA CROIX GLORIEUSE
1. Acte préparatoire
Parler, chanter et célébrer la Croix Glorieuse nous invite à méditer un des grands paradoxes de la foi
chrétienne : l’échec de la mort et le triomphe de la vie. Nous pouvons aujourd’hui y méditer le mystère
de la source de vie et de guérison pour chacun d’entre nous. C’est un paradoxe difficilement
compréhensible pour la grande majorité des hommes : nous sommes invités à méditer l’horreur du
supplice de la croix et à découvrir « une vie qui surgit de cet arbre qui donnait la mort »18, rappelant ainsi les
paroles au sujet de l’arbre de vie et de l’arbre de mort du Paradis terrestre19.
18
19
Préface de la Messe du 14 septembre.
Cf. Gn 2, 9.
6 2. Objectif à atteindre
Notre existence au quotidien est pavée de jours d’allégresse et de jours de tristesse au cours desquels on
se demande pourquoi on est là et à quoi peut bien servir notre vie. Lors de la traversée du désert, le
peuple lassé par les épreuves, récriminait contre les difficultés rencontrées dans la marche vers la Terre
Promise et demandait à Moïse pourquoi il les avait faits sortir d’Égypte. Un des versets du psaume du
jour de la « Croix Glorieuse » : « N’oubliez jamais les merveilles du Seigneur », nous donne la réponse et il
est bien possible que nous ayons, nous aussi, à réciter calmement ce verset lorsque le découragement et
la défiance nous guettent. Nous pourrons alors, nous aussi, lever les yeux vers le mât du « serpent de
bronze », « vers celui que nous avons transpercé »20.
3. Prière
« Alléluia, Alléluia : Ô Christ, nous t’adorons et te bénissons parce que tu as racheté le monde par ta
sainte Croix ».
4. Passage de l’Évangile
Jn 3, 13-16
Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de
bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme
qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
5. Points pour la méditation
Troublé par les miracles et l’audace de l’enseignement de Jésus, Nicodème, un notable parmi les juifs,
cherche à savoir si celui qui lui parle est « crédible ». Les Juifs attendaient un Messie combattant et
triomphant alors que celui qui se présente comme l’envoyé de Dieu n’est que le « fils du charpentier » !
Prudent, Nicodème veut comprendre et cherche à identifier celui qui se dit envoyé du Ciel, qui
enseigne avec autorité et auquel certains miracles sont attribués. Au cours des siècles passés, beaucoup,
comme cet homme, se sont présentés comme le Messie attendu. Nicodème manifeste une curiosité
prudente. Dieu est-il avec lui ou non ! Comprenant la profondeur de la question de son interlocuteur,
Jésus entre immédiatement dans le vif du sujet :
a) De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils
de l’homme soit élevé
Ici, Jésus reprend le récit du livre des Nombres relatant des événements vécus par les Hébreux qui,
traversant le désert, perdirent patience et se rebellèrent contre Dieu et contre Moïse en demandant
20
Jn 19, 37.
7 « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ?
»21. Nicodème, en tant que pharisien, ne pouvait pas ignorer ce passage du livre des Nombres qui
évoque le passage de l’Ancienne Alliance à la Nouvelle Alliance, cette traversée du désert pour
rejoindre la terre promise. Évoquant l’épisode du serpent de bronze élevé sur un mât pour guérir la
morsure des serpents venimeux du désert, Jésus rappelle aussi la chute de nos premiers parents,
trompés par le démon, qui se détournèrent du Créateur. Si le serpent de bronze pouvait guérir la
morsure des serpents du désert, lui, le Fils de Dieu, descendu du Ciel, est envoyé par Dieu « pour guérir
et sauver tous les hommes de la mort, conséquence de la faute d’un seul »22.
b) Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique
Jésus continue son entretien avec Nicodème : la faute des Hébreux au désert était une préfiguration des
fautes des hommes dans le monde contemporain et pour les Hébreux comme pour nous, pour que nous
ne nous perdions pas, Dieu a envoyé son Fils unique. Si, au temps de l’Exode, il suffisait de lever les
yeux vers le serpent de bronze pour être guéri, aujourd’hui, les fidèles du Christ auront à contempler
le Fils de l’homme élevé sur la croix pour être lavés du venin de la suspicion, de la médisance, de la
sensualité, de la jalousie, de la suffisance, de l’indifférence, etc. pour être purifiés de leurs péchés et
remis sur le chemin d’éternité qu’il est venu ouvrir à ceux qui croiraient en lui.
Pour insister auprès de Nicodème, Jésus rappelle la réponse d’Abraham lorsque Dieu lui avait demandé
d’offrir Isaac, son fils unique, héritier de la Promesse : « Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve,
Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses »23. En évoquant
cette promesse à Abraham, Jésus veut toucher Nicodème au plus intime de lui-même. Si Abraham, le
Patriarche, n’a pas refusé le Fils unique sur lequel reposait tout l’avenir du Peuple hébreux, combien
plus Dieu lui-même donnera-t-il son Fils unique pour le salut de tous : tel est le sens profond de la
réponse du Messie qui s’identifie ainsi au Sauveur promis par Dieu dès le moment de la première chute.
Il fallait que Nicodème entende de sa bouche que le Fils éternel du Père n’était autre que celui avec
lequel il parlait seul à seul cette nuit même : Jésus lui révèle son éternité divine mais ce dernier ne
pourra véritablement et vraiment comprendre que « lorsqu’il naîtra de l’eau et de l’Esprit »24.
Comme Nicodème, nous sommes invités à méditer ce passage de la lettre de saint Paul aux Philippiens :
« Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son
aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il
l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom »25.
21
Ex 17, 3.
Cf. Rm 5, 18-20.
23
Hb 11, 17.
24
Cf. Jn 3, 5.
25
Cf. Ph 2, 7-9.
22
8 c) Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par
lui, le monde soit sauvé. (Jn 3, 17)
Et le Christ, ici, exprime la totalité et la plénitude de sa mission. La Sainte Trinité a tant aimé le monde
que le Fils s’est incarné et s’est fait « Agneau » pour nous. La croix, de supplice, est devenue source de
vie. Il est venu pour effacer le péché et nous remettre dans le cœur du Père.
Cette fête de la Croix Glorieuse nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit
l’eucharistie au mystère de la Croix. Le sacrifice eucharistique actualise l’offrande de l’Agneau qui se
livre pour épouser la mort et nous donner gratuitement de participer de la vie trinitaire qu’il partage en
plénitude avec le Père et l’Esprit Saint.
Dans son homélie de la Journée Mondiale de la Jeunesse à Cologne, Benoît XVI rappelait que :
« l’Eucharistie, c’est la célébration sacramentelle du mystère pascal de Jésus où Jésus rend grâce pour sa propre
exaltation à venir qui se réalisera dans le mystère de la croix et de la résurrection. Faisant du pain son corps et du
vin son sang, Jésus anticipe sa mort, il l’accepte au plus profond de lui-même et la transforme en un acte d’amour.
Ce qui de l’extérieur est une violence brutale devient de l’intérieur un acte d’amour qui se donne totalement ».
Jésus a donné sa vie mais il veut aussi, et de toute éternité comme son Père le veut, que nous soyons
saints et immaculés. C’est un plan divin élaboré pour chacun et pour tous à la fois parce qu’il veut que
le monde obtienne la vraie vie, la vie véritable, celle qui ne finira jamais. Il insiste et explique à ses
disciples que celui qui le mange vivra par lui26 et que personne ne va au Père sans passer par lui27.
Saint Paul affirmait aux Corinthiens que « puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul
corps, car nous avons tous part à un seul pain »28. Cet enseignement, le même depuis toujours, se retrouve
dans une des catéchèses de Jean-Paul II : « le sacrifice du Christ est un événement unique, accompli une fois
pour toutes et qui diffuse sa présence salvifique dans le temps et dans l'espace de l'histoire humaine »29. Cet
enseignement se poursuit à l’audience suivante : « La communion qui s'instaure à cet instant-là, réalise
l’union entre le fidèle et le Christ ainsi qu’une unité entre tous les fidèles »30.
Conclusion
Quand nous recevons le corps du Christ, il nous unit à lui et nous entrons avec lui au sein du Père.
« Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le
monde croie que tu m’as envoyé »31. Nous sommes, chacun pour notre part, membre de son Église et, dans
sa miséricorde, puisque nous participons à son sacrifice, il nous associe à la Rédemption des hommes,
nos frères. Alors, méditons l’affirmation de saint Paul : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances
que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour
son corps qui est l’Église »32.
26
Cf. Jn 6, 57.
Cf. Jn 14, 6.
28
1 Co 10, 17.
29
Jean-Paul II, catéchèse 4 octobre 2000.
30
Idem 12 octobre 2000.
31
Cf. Jn 17, 21.
32
Col 1, 24.
27
9 Prière
Seigneur, toi qui as attaché le salut du genre humain au bois de la croix, fais que nous sachions nous
associer à ta croix pour répondre à ton invitation de corédemption de nos frères humains, quels qu’ils
soient et que, comme pour le bon larron, leur croix devienne une croix glorieuse qui leur ouvre les
portes du Paradis.
Questions
1) Quelle est ma réflexion devant cette bonté sans limite de Dieu notre créateur qui vient lui-même
récupérer ce qui était perdu ? Il vient et nous tend la main pour nous sortir de cet océan de souffrances,
de mépris, d’humiliations, il veut que nous soyons avec lui, en lui, pour l’éternité alors que nous avions
librement refusé sa paternelle protection.
2) Est-ce que je comprends les deux facettes de la Rédemption : le Christ nous a totalement libérés de
nos fautes et il nous « rend participants de la Vie divine »33 ?
3) Lire et méditer ce texte de saint André de Crète (660-720) : « Nous célébrons la fête de la Croix, de cette
Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. Nous célébrons la fête de la Croix et, avec le Crucifié, nous
sommes portés vers les hauteurs, nous laissons sous nos pieds la terre et le péché pour obtenir les biens du ciel. Quelle
grande chose que de posséder la Croix : celui qui la possède, possède un trésor. Je viens d'employer le mot de trésor
pour désigner ce qu'on appelle et qui est réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens; car c'est en
lui, par lui et pour lui que tout l'essentiel de notre Salut consiste et a été restauré pour nous. En effet, s'il n'y
avait pas eu la Croix, le Christ n'aurait pas été crucifié, la vie n'aurait pas été clouée au gibet et
sans les sources de l'immortalité, le sang et l'eau qui purifient le monde, nous n'aurions pas
reçu la liberté, nous n'aurions pas profité de l'arbre de vie, le Paradis ne se serait pas ouvert
! S'il n’y avait pas eu la Croix, la mort n'aurait pas été terrassée, l'Enfer n'aurait pas été
dépouillé de ses armes. La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu'elle a produit de
nombreux biens, et d'autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage.
C'est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance,
parce que c'est sur elle qu’il est mort volontairement ; elle est son trophée, parce le diable y a été blessé et vaincu, et
que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l'Enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le Salut du monde
entier. La Croix est appelée la gloire du Christ, et son Exaltation. On voit en elle la coupe désirée, la récapitulation
de tous les supplices que le Christ a endurés pour nous ».
33
2 P 1, 4.
10 
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