Pneumonie nosocomiale par peudomonas aeruginosa dans
les soins intensifs
Hospital acquired pneumonia due to pseudomonas aeruginosa in
intensive care
S. Birolleau
Service de Pneumologie
CHT Gaston Bourret, Nouméa. Nouvelle Calédonie—France
Auteur correspondant: Dr. Sophie BIROLLEAU. Service de Pneumologie. CHT Gaston Bourret. Nouméa - Nouvelle
EDITORIAL
Pseudomonas aeruginosa (P. aeruginosa) est une
bactérie ubiquitaire, préférant les milieux humides,
s’adaptant très facilement aux différents hôtes et
conditions environnementales et pouvant très
rapidement modifier son profil de résistance
antibiotique.
P. aeruginosa est un bacille possédant des capacités
génomiques élaborées, comme par exemple celle
d’intégrer un plasmide d’une autre bactérie lui per-
mettant de modifier ses capacités d’efflux ou de
transport de matériel organique. Ces qualités font de
lui un germe très redouté des médecins hospitaliers
qui savent que 10% des infections nosocomiales sont
imputables à P. aeruginosa. Le risque de transmis-
sion exogène de ce germe d’un patient à l’autre peut
prendre parfois la tournure de véritables petites
épidémies qui aboutissent à la fermeture de services
entiers pour désinfection. Jusqu’à 50% des infections
à P. aeruginosa sont transmises de manière directe
ou indirecte (par du matériel ou de l’eau contami-
née) d’un patient à l’autre par les personnes
elles-mêmes en charge des soins.
En effet, P. aeruginosa est d’abord colonisateur d’un
hôte, avant de devenir le germe pathogène. Quand
on sait que dès l’admission dans un service de soins
intensifs, 15 à 17% des patients sont colonisés à P.
aeruginosa, et qu’après deux semaines, 60% des
patients sont colonisés, on mesure toute la difficulté
à éviter le passage à l’infection proprement dite.
D’autant que la pathogénicité de ce germe est
très favorisée par différentes actions, communes et
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même inhérentes à la prise en charge en service de
Soins Intensifs: l’immunodépression de l’hôte,
parfois iatrogène, un inoculum bactérien massif,
des actes invasifs sur le patient et surtout une anti-
biothérapie préalable. En absence d’antibiothérapie
préalable, par exemple, le taux de pneumopathies
nosocomiales à P. aeruginosa est de 4,9%. Il passe à
40 % en cas d’antibiothérapie préalable. Les
infections respiratoires basses sont la première cause
d’infection nosocomiale en Soins Intensifs. Lorsque
cette infection est suspectée, à l’occasion d’une
évolution non favorable pour un patient, elle
nécessite une prise en charge diagnostique et théra-
peutique sans délai.
Une antibiothérapie retardée ou inadaptée risque
d’augmenter la morbi-mortalité de l’infection. Le
retard à la mise en place des mesures de précaution
liée au rendu de l’antibiogramme risque de mécon-
naître une multirésistance et de favoriser la diffusion
de ces résistances aux autres germes présents dans le
service à ce moment. Le choix de l’antibiothérapie
initiale est aidé par les recommandations des
Sociétés Savantes et repose toujours sur une associa-
tion synergique bactéricide. Dans certains cas, on
propose le recours aux nébulisations de colistine.
Ainsi la présence de P. aeruginosa dans les services
de Soins Intensifs est inéluctable à la pratique même
des soins avant et pendant le séjour du patient. Mais
il est possible de renforcer les mesures préventives:
maîtriser le recours aux antibiotiques, renforcer les
mesures d’hygiène et d’isolement contact des
patients porteurs, contrôler, dépister et éradiquer
JOURNAL FRANCO-VIETNAMIEN DE PNEUMOLOGIE
Journal of French-Vietnamese Association of Pulmonology
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J Fran Viet Pneu 2013; 04(13): 1-45
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CrossRef: http://doi.dox:10.12699